Conspiration de Malet

Conspiration de Malet

Claude François de Malet

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Claude François de Malet
Claude François de Malet
Naissance 28 juin 1754
Dole
Décès 29 octobre 1812 58 ans)
Paris
Origine France France
Grade Général d'Empire

Claude François de Malet, né à Dole (Jura) le 28 juin 1754 et mort le 29 octobre 1812, est un général d’Empire, auteur du coup d'État de 1812 contre Napoléon, durant la retraite de Russie.

Sommaire

Pendant l'ancien régime

Membre d'une famille noble et aristocratique de Franche-Comté, il s’engage à dix-sept ans comme mousquetaire, dans un régiment qui est dissout en 1775. Il revient dans sa famille après le licenciement de la maison du roi.

Révolution française

S'étant prononcé en faveur des idées nouvelles, il est déshérité pour son soutien à la Révolution française. Chef de la garde nationale de Dôle, il participe à la fête de la Fédération en 1790 à Paris. Il s’engage ensuite dans l’armée, et sert comme capitaine au 50e régiment d'infanterie, dans l’armée du Rhin. Il est réformé en 1795.

Il reprend du service, est nommé chef d’état-major de la 6e division militaire en mars 1797, puis auprès du général Championnet à l’armée des Alpes en 1799. Il est nommé général le 19 octobre 1799, puis combat en Helvétie en 1801. Championnet et Masséna le citent honorablement dans plusieurs rapports.

Malet se montre hostile à Napoléon Bonaparte dès le Consulat.

Conspirateur républicain

Distrait de l'armée active, envoyé à Bordeaux pour commander le département, il vote contre le Consulat à vie, puis contre l’Empire. On le relègue aux Sables-d'Olonne, où il fait éclater une opposition encore plus vive ; en vain, essaie-t-on de le gagner en lui envoyant le titre de commandeur de la Légion d'honneur[1].

Quelque temps après, Napoléon se fait proclamer Empereur[2]. Il envoie sa démission.

Il est mis en disponibilité, puis en retraite en 1805. Nommé gouverneur de Pavie, puis de Rome, il est chassé par le prince Eugène de Beauharnais pour propagande républicaine. Il est interné de 1807 à 1808.

Malet a pu appartenir à la société des Philadelphes, une société secrète républicaine ; il est au moins certain qu'il ourdit une conspiration en 1808, pendant que l'Empereur était en Espagne. Trahi par un de ses complices, il est arrêté, et 55 personnes avec lui ; mais au lieu de lui infliger la peine capitale, on se contenta de le retenir dans une prison d'État à la Force en 1809, puis placé en résidence dans une maison médicale, où il met au point son coup d’État.

Coup d’État de 1812

Cette détention dure depuis quatre ans lorsqu’il conçoit son plan de coup d’État. Il prépare les décrets à faire prendre au Sénat. En vertu de ces décrets, le gouvernement impérial est aboli ; un gouvernement provisoire le remplace. Le général Malet, chargé du commandement militaire de Paris, se charge des mesures d'exécution.

Ce gouvernement provisoire est composé de Mathieu de Montmorency, d'Alexis de Noailles, du général Moreau, vice président, de Carnot, président, du maréchal Augereau, de Bigonnet, ex-législateur, du comte Frochot, préfet de la Seine, de Florent-Guiot, ex-législateur, de Destutt de Tracy, de Malet lui-même, du vice-amiral Truguet, de Volney, sénateur, et de Garat, sénateur.

Malet prépare des instructions pour tous les hommes qui doivent être ses complices sans le savoir. Ce travail préparatoire est immense, puisqu'il faut remettre à chaque acteur un peu important, outre ses instructions particulières, des copies de sénatus-consulte et des proclamations. Dès qu'un rôle est complètement préparé, la dépêche est close, cachetée, numérotée et portée chez un prêtre espagnol qui demeure rue Saint-Gilles, près la caserne de la 10e légion.

Dans la nuit du 22 au 23 octobre, échappant aux faibles consignes sous lesquelles il était détenu, Malet annonce la mort de Napoléon, pendant la campagne de Russie[3], avec l’abbé Lafon.

Revêtu de son uniforme de général de brigade, il se présente d'abord à la prison de la Force, et, par de faux ordres, en fait sortir les généraux Lahorie et Guidal ; il leur annonce que l'Empereur est mort le 7 octobre devant Moscou, que le Sénat a pris des mesures et qu'il faut marcher. Lahorie et Guidal le suivent.

Ils se transportent devant la caserne de la garde de Paris (qui est dissoute par la suite et forme le régiment d’infanterie de ligne), qui obéit à ses ordres, suivie par la 10e cohorte de la garde nationale.

Un détachement commandé par Lahorie se dirige sur l'hôtel du duc de Rovigo, ministre de la police, en surprend l'entrée, enlève le ministre et le conduit à la prison de la Force; un autre détachement s'empare du préfet de police et le met également en lieu de sûreté ; une troisième colonne marche sur l'hôtel de ville de Paris, et la troupe prend position sur la place de Grève, tandis que ses commandants se font remettre la clef du tocsin Saint-Jean, appellent le préfet Frochot et font préparer, par ses soins, la salle que le gouvernement provisoire doit venir occuper.

Malet se dirige ensuite sur le quartier général de la place Vendôme, qui lui offre toutes les facilités pour jouer son rôle de commandant. Mais le général Hulin lui pose des questions avant d’accepter ses ordres. Le chef de bataillon Laborde, officier de la police militaire qui se trouve là, le reconnaît, se jette sur lui, le désarme et le fait enfermer en prison.

Les généraux Malet, Guidal et Lahorie, traduits le 29 octobre 1812 devant un conseil de guerre, sont fusillés le jour même dans la plaine de Grenelle avec douze autres personnes, dont un Corse, libéré de la prison de la Force et qui avait accepté de devenir préfet de la Seine et le colonel Soulier, trop naïf commandant de la 10e cohorte. Plusieurs malheureux officiers que les chefs avaient entraînés sont condamnés avec eux.

Ce coup d’État provoque la colère de Napoléon Ier : personne n’avait eu l’idée de crier Napoléon est mort. Vive Napoléon II.[4] En revanche, il déplore cette rigueur et la promptitude avec laquelle on l'a exercée. [5]

Décorations

Voir aussi

La bande dessinée Malet de Nicolas Juncker s’inspire de ce coup d’État.

Notes et références

  1. il répond à M. de Lacépède, grand chancelier de l'Ordre : « Citoyen, j'ai reçu la lettre par laquelle vous m'annoncez la marque de confiance que m'a donnée le grand Conseil de la Légion d'honneur. C'est un encouragement à me rendre de plus en plus digne d'une association fondée sur l'amour de la patrie et de la liberté. »
  2. Voici la lettre de félicitations que lui adressa Malet :« Citoyen premier Consul, nous réunissons nos vœux à ceux des Français qui désirent voir leur patrie heureuse et libre. Si un empire héréditaire est le seul refuge contre les factions, soyez empereur, mais employez toute l'autorité que votre suprême magistrature vous donne pour que cette nouvelle forme de gouvernement soit constituée de manière à nous préserver de l'incapacité ou de la tyrannie de vos successeurs, et qu'en cédant une portion si précieuse de notre liberté, nous n'encourions pas un jour de la part de nos enfants, le reproche d'avoir sacrifié la leur. » En même temps, il écrit au général de division Gobert : « J'ai pensé que, lorsqu'on était forcé par des circonstances impérieuses de donner une telle adhésion, il fallait y mettre de la dignité et ne pas trop ressembler aux grenouilles qui demandent un roi. ».
  3. Le grand éloignement de Napoléon, son expédition au fond de la Russie, l'irrégularité et l'interruption fréquente des courriers avaient préparé les esprits
  4. « La célèbre affaire de Malet était, en petit, mon retour de l'île d'Elbe, ma caricature. Cette extravagance ne fut, au-fond , qu'une véritable mystification : c'était un prisonnier d'État, homme obscur qui s'échappe pour emprisonner à son tour le préfet, le ministre de la police, ces gardiens de cachots, ces flaireurs de conspirations, lesquels se laissent moutonnement garrotter. C'est un préfet de Paris, le répondant né de son département, très-dévoué d'ailleurs, mais qui se prête, sans la moindre opposition, aux arrangements de réunion d'un nouveau gouvernement qui n'existe pas. Ce sont des ministres nommés par les conspirateurs, occupés de bonne foi à ordonner leur costume, et faisant leur tournée de visites, quand ceux qui les avaient nommés étaient déjà rentrés dans les cachots ; c'est enfin toute une capitale, apprenant au réveil l'espèce de débauche politique de la nuit, sans en avoir éprouvé le moindre inconvénient. Une telle extravagance ne pouvait avoir absolument aucun résultat. La chose eût-elle en tout réussi, elle serait tombée d'elle-même quelques heures après; et les conspirateurs victorieux n'eussent eu d'autre embarras que de trouver à se cacher au sein du succès.» (Napoléon à Sainte-Hélène.)
  5. « C'est une fusillade, c'est du sang », s'écria-t-il à la nouvelle du jugement, « quelle impression cela va faire en France ». Ce fut à la hauteur de Mikalewka, et le 6 novembre, qu'une estafette, la première qu'on eût reçue depuis dix jours, vint apporter la nouvelle de cette étrange conspiration. À peine arrivé à Paris, Napoléon fit venir l'archichancelier, et dès qu'il l'aperçut, il courut à lui l'œil enflammé de colère : « Ah ! vous voilà, lui dit-il d'une voix tonnante; qui vous a permis de faire fusiller mes officiers ? Pourquoi m'avez-vous privé du plus beau droit du souverain, celui de faire grâce; vous êtes bien coupable ! »

Source partielle

« Claude François de Malet », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)

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