Conférence de Durban

Conférence de Durban

La conférence de Durban, qui s’est tenue du 2 au 9 septembre 2001 à Durban en Afrique du Sud, est la troisième session des Conférences mondiales contre le racisme organisées par l’UNESCO. Elle constitue une initiative lancée après la Seconde Guerre mondiale dans la suite de l’appel consécutif à la publication, en 1950, de The Race Question (La Question raciale), document signé par de nombreux scientifiques et dénonçant le racialisme.

Les deux premières conférences se sont déroulées en 1978 et 1983 à Genève. La conférence de 1978 a mis l’accent sur le régime d’apartheid en Afrique du Sud.

Sommaire

Durban I, 2001

La conférence de Durban a réuni les délégations de 170 États, sous la houlette de Mary Robinson, haut commissaire des Droits de l’Homme à l’ONU et secrétaire générale de la conférence.

Controverse au sujet du conflit israélo-palestinien

La « conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les diverses formes d’intolérance » a été l’occasion de neuf jours de débats houleux, à la suite de l’appel lancé par certains pays[Lesquels ?] en vue de rétablir la résolution 3379 de l’assemblée générale de l’ONU du 10 novembre 1975, révoquée après la conférence de Madrid de 1991, qui, outre des appels à l’autodétermination des peuples et contre l’apartheid en Afrique du Sud, condamnait « l’alliance impie entre le racisme sud-africain et le sionisme » et qualifiait ce dernier de « raciste »[1]. http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/1798889001011/durban-conference-racisme.fr.html L’Australie et le Canada ont alors dénoncé l’« hypocrisie » de la conférence qui ne servait pas la résolution du conflit israélo-palestinien mais qui cherchait surtout, selon le délégué canadien, « à délégitimer l’État d’Israël et à déshonorer son histoire et la souffrance du peuple juif ». D’autre part, les délégations des États-Unis et d’Israël quittent la conférence le 3 septembre[2], tandis qu’une déclaration finale contre le racisme est votée, à l’arraché, par la conférence[3]

Finalement, le 58e point du rapport final de Durban[4] stipulait que « Nous rappelons que l’Holocauste ne doit jamais être oublié », le 61e point critiquait la « montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie dans diverses régions du monde », tandis que le 63e point affirmait :

« Nous sommes préoccupés par le sort du peuple palestinien vivant sous l’occupation étrangère. Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les États de la région, y compris Israël, et engageons tous les États à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement ».

Autres points (esclavage, etc.)

Outre la controverse suscitée par le conflit israélo-palestinien, un certain nombre de pays africains, avec à leur tête le Nigeria et le Zimbabwe, accompagnés d’ONG afro-américaines, ont exigé des excuses individuelles de la part de chaque État s’étant engagé autrefois dans l’esclavage, ainsi que la reconnaissance de celui-ci comme crime contre l’humanité, assorti de réparations. Les États européens se sont opposés à cette requête, se rangeant à l’avis du Royaume-Uni. En fin de compte, la conférence publia un appel à soutenir la Nouvelle Initiative Africaine, à ré-aménager la dette, à financer la lutte contre le SIDA, à recouvrer les fonds transférés dans les pays riches par les dictateurs et enfin à mettre un terme au trafic d’êtres humains[5].

Le rapport final réaffirmait le droit des réfugiés et la nécessaire protection des minorités ethniques, culturelles, linguistiques et religieuses, critiquait la discrimination contre les Roms et les gens du voyage (point 68), reconnaissait explicitement le lien entre sexisme et racisme (point 69) et la plus grande vulnérabilité des filles à l’égard du racisme (point 71) :

« Nous sommes convaincus que le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée se manifestent de manière différente à l’égard des femmes et des filles, et peuvent être parmi les facteurs qui entraînent la dégradation de leurs conditions de vie, qui engendrent la pauvreté, la violence et des formes multiples de discrimination, limitent leurs droits fondamentaux ou les en privent. Nous reconnaissons qu’il convient d’intégrer à la lutte contre les formes multiples de la discrimination, la notion d’équité entre les sexes au niveau des politiques, des stratégies et des programmes de lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée » (point 69)[4].

Le forum des ONG

Parallèlement à la conférence de l’UNESCO, un forum réunissait 6 000 ONG jusqu’au 2 septembre. Il a adopté une déclaration contenant des passages très controversés qualifiant Israël d’« État raciste » et l’accusant d’« actes de génocide », affirmant l’existence d’un « apartheid israélien ». La déclaration des ONG a été par la suite dénoncée par plusieurs ONG, dont Amnesty International, Human Rights Watch (HRW) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH)[3].

Jampal Chosang, à la tête d’une délégation d’associations de Tibétains en exil participant au forum des ONG[6], a dénoncé « une nouvelle forme d’apartheid » au Tibet, en affirmant que la « culture tibétaine, la religion, et l’identité nationale sont considérées comme une menace » pour la politique et le contrôle de Pékin[6].

Durban II, Genève, 2009

Article principal : en:Durban Review Conference.

Le Canada, Israël, les États-Unis, l’Italie, l’Australie, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande et la Pologne ont boycotté la conférence[7],[8]. La République tchèque, la Suède et le Maroc ont, pour leur part, quitté la conférence afin de protester contre le « danger grandissant représenté par l’Iran ».

Le 20 avril 2009, quinze intervenants se sont succédé à la tribune : Botswana, Brésil, Sri Lanka, Tunisie, Mozambique, Norvège, Mexique, Afrique du Sud, Cameroun, Égypte, Sénégal, Iran[9]. Dans la matinée Stéphane Hessel, ancien résistant déporté à Buchenwald et Berthe Kayitesi, survivante du génocide rwandais, ont fait partie de ceux qui se sont exprimés pour rappeler l’importance de cette conférence[10].

Israël est à nouveau un sujet de polémiques du fait des propos du président iranien le qualifiant d’État raciste[8],[11]. 22 des 27 pays de l’Union européenne ont néanmoins choisi de rester à cette conférence[12].

Le 23 avril 2009, les Nations unies expulsent de la conférence trois groupes d’activistes pour « comportement inacceptable »[13] : le groupe iranien Neda Institute for Political and Scientific Research pour avoir distribué des « documents incitatifs », l’Union des étudiants juifs de France et l’organisation londonienne Coexist car « étroitement mêlés aux incidents qui ont accompagné le discours prononcé par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad »[13],[14][réf. incomplète]. Au final, les accréditations des 64 membres de ces organisations sont retirées[15]. Deux journalistes du magazine conservateur américain Townhall sont également expulsés après avoir tenté de s’emparer de force du podium[16].

Le dernier jour de la conférence, le 24 avril 2009, la Chine a empêché deux ONG pro-tibétaines, la Société pour les peuples menacés et International Campaign for Tibet, de terminer leurs discours, qui évoquaient notamment la situation au Tibet comme exemple d’incitation à la haine raciale[17].

Notes et références

  1. (en) Résolution 3379[PDF], site officiel de l’ONU.
  2. Durban, conférence racisme, Soir 3 journal - 03/09/2001, INA : « Ce pays précéde des etats unis a donc quitté la conférence » (orthographe fautive d'origine).
  3. a et b La réunion de Durban, Afrique du Sud, 31 août - 8 septembre 2001, La Documentation française.
  4. a et b Rapport de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, ONU.
  5. (en) Africans back down at UN race talks - Special report: UN conference against racism, The Guardian, publié le 9 septembre 2001.
  6. a et b (en) Paul Goble, China: Analysis From Washington -- A Breakthrough For Tibet, World Tibet Network News, Canada Tibet Committee, 31 août 2001 : « The United Nations secretariat this week gave official accreditation to a coalition of Tibetan exile groups to attend a meeting of non-governmental organizations in Durban, South Africa, in advance of the government-level World Conference Against Racism that opens there today ».
  7. L’ONU contre les droits de l’Homme, Lettre ouverte de la LICRA, le Monde, 28 février 2009.
  8. a et b Lancement de la Déclaration de Principe de la société civile palestinienne au sujet de la Conférence de suivi de Durban des Nations Unies, par Badil (cité par ISM - International Solidarity Movement), publié le 29 novembre 2008.
  9. Compte rendu de séance des Nations Unies [PDF].
  10. (en)Live webcast - Durban Review Conference, Site des Nations unies.
  11. (en) NGO-monitor.
  12. 22 des 27 pays de l’UE ont décidé de rester, 7sur7.be, publié le 21 avril 2009.
  13. a et b (en) UN kicks Jewish, Iranian groups out of racism meet, Associated Press, 23 avril 2009.
  14. ONU-Racisme : L’UEJF expulsée de Durban II, leJDD.fr, 23 avril 2009.
  15. (en) John Zaracostas, Turbulent U.N. racism forum closes, Washington Times, 25 avril 2009.
  16. (en) Laura MacInnis, U.N. kicks out three groups from racism conference, Reuters (cité par le Washington Post, 23 avril 2009).
  17. Durban II : les discours de deux ONG pro-tibétaines interrompus, article reproduit sur le blog de Briançon Urgence-Tibet, 25 avril 2009.


Sources

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Conférence de Durban de Wikipédia en français (auteurs)

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