- Abbaye du Jardinet
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L'ancienne Abbaye du Jardinet (ou Notre-Dame du Jardinet) était un monastère cistercien, d’abord de moniales et ensuite de moines, se trouvant à Walcourt, en province de Namur (Région wallonne de Belgique). Fondé en 1232, le monastère vit ses derniers moines expulsés en 1793 : il fut finalement incendié par les révolutionnaires français.
Sommaire
Origine
La légende de Notre-Dame du Jardinet
L’histoire de l’origine de l’abbaye se mêle à la légende. En 1228 un incendie ravage la collégiale de Walcourt. Alors que le bâtiment est presque entièrement détruit l’image de la Vierge Marie s’élève au-dessus des flammes et se pose sur un arbre à quelque distance, en un endroit qui s’appelle ‘le Jardinet’. La statue demeure sur l’arbre : on ne parvient pas à l’en tirer.
Les habitants font appel au seigneur, Thierry II de Walcourt. Arrivé sur les lieux celui-ci s’agenouille et fait le vœu d’établir au Jardinet un monastère et de reconstruire la collégiale. Dès que le vœu fut prononcé la statue descendit dans ses bras[1]
Le fait de la fondation
Ce qui est certain c’est que, par une charte datée de 1232, Thierry II de Walcourt (1192-1234) fonde financièrement l’abbaye Notre-Dame du Jardinet (Jardinetum Beatae Mariae) renonçant à ses droits sur les lieux et donnant aux moniales cisterciennes des moyens de subsistance.
Histoire
Période des moniales cisterciennes
Les moniales ont laissé peu de souvenir. Alix, abbesse de Fontenelle, devient abbesse au Jardinet en 1242. Le cartulaire d’Aulne (dont dépend le Jardinet) mentionne une abbesse Marie en 1311.
Au XVe siècle, la discipline monastique laisse gravement à désirer, au point que, après inspection faite par les abbés d’Aulne et de Cambron, le chapitre général de l’ordre de Cîteaux décide de la dispersion de la communauté des moniales. Quand les deux abbés viennent au Jardinet, signifier l’exécution du décret (en 1340) il ne s’y trouve plus que six religieuses. Elles sont déliées de leurs vœux de stabilité et d’obéissance.
Période des moines cisterciens
En 1441 les deux abbés délégués installent Jean Eustache originaire de Mons et prieur de Moulins, comme premier prélat masculin du Jardinet. La renaissance du monastère est remarquable. Dans une abbaye plus pauvre, à la vie austère, régulière et plus sévèrement fermée au monde extérieur, l’abbé Eustache reçoit la profession religieuse de 46 moines et 35 frères convers. Etant donné son âge avancé il demissionne en 1477.
Dans l’entre-temps la réputation des moines fait qu’ils sont sollicités comme confesseurs auprès de monastères féminins : au Saulchoir (Tournai), Ath, Valduc, et même chez des moniales bénédictines. Attaché à la tradition cistercienne d’aide mutuelle (comme inscrite dans la Carta Caritatis de l’Ordre) Le Jardinet prête son concours à d’autres abbayes. Des abbayes voisines (entre autres Moulins, Saint-Rémy (Rochefort), Boneffe et Villers) se choisissent des moines du Jardinet comme abbé. Il meurt en 1481.
Le successeur de Jean Eustache est Martin de Lannoy, élu en 1471. Le troisième abbé se nomme Arnould de Solbrecq, originaire de Ath. Son cas est exceptionnel en cela qu’il est un ancien bénédictin (de l’abbaye Saint-Martin de Tournai), entré au Jardinet en 1483. Elu abbé du Jardinet en 1489 il y maintient les bonnes traditions et la réputation d’austérité et de fidélité à la règle. Sous son abbatiat, 28 moines et 9 convers sont admis. Exceptionnel également le fait que, avec la permission de l’abbé général de Cîteaux, il accepte d’être élu abbé des moines bénédictins de Gembloux où il est investi de sa nouvelle charge en 1502. Il y meurt en 1511.
Les abbés suivants se succèdent les uns aux autres assez rapidement. L’un d’eux, Guillaume Flecquier, élu en 1520 démissionne 6 ans plus tard pour se faire ermite à Thirissart (près de Chimay). Jacques Raveschot démissionne également en 1530. Jean Rosa, moine de Cîteaux, lui succède. ‘Homme d’esprit et de grande science’ (d’après le chroniqueur), Jean Rosa ne manque pas d’ambition non plus. Il parvient à s’annexer l’abbaye de Vaucelles en 1557 qu’il dirige conjointement avec le Jardinet. C’est mal vu de ses propres moines. Rosa tente d’obtenir l’abbaye de Loos également. Il échoue. Contraint par le chapitre général de Cîteaux de choisir entre le Jardinet et Vaucelles, il opte pour la seconde et y emporte pas mal de biens appartenant au Jardinet, y compris chevaux et bœufs. L’appréciation finale du chroniqueur est acerbe : il a gouverné non sicut pater sed sicut tyrannus et latro.
Il y a encore quelques belles figures au Jardinet. Robert de Namur (de la famille des vicomtes d’Elzée de Namur), moine de Villers, est élu abbé du Jardinet en 1631. Avec ses moines il fit face courageusement aux troupes allemandes, françaises, et espagnoles qui, en différentes occasions, ravagent la région durant les graves troubles du XVIIe siècle. Le monastère subit de nombreux dégâts.
Le départ de Robert de Namur pour l’abbaye de Villers où il est élu abbé (1647) est comme un tournant. C’est le début d’une lente décadence au Jardinet. La prospérité appartient au passé, et le nombre de moines décroît. Sous Bernard Loyetz, élu en 1665, il ne s’y trouve plus que 17 moines. Le 19e abbé, Ignace Malfroid, élu en 1710, n’a plus autour de lui que 11 moines. L’abbaye végète durant tout le XVIIIe siècle sous les abbés Maréchal, Sébastien Delestenne et Paul Lebecque.
Jean Wautelet, élu abbé en octobre 1790 et consacré à Aulne l’année suivante, est le 24e et dernier abbé du Jardinet. En 1793, Wautelet et les quelques moines qui restent au Jardinet sont chassés de l’abbaye par les révolutionnaires français qui, en outre, mettent le feu aux bâtiments. Le monastère est officiellement supprimé en 1796.
Aujourd'hui
- A part une longue rue du Jardinet et une ferme de l'abbaye il ne reste plus, à Walcourt, que le portail d'entrée de l'abbaye construit en 1713 par Ignace Malfroid, 19e abbé, qui le signa en y laissant sur le tympan son écussion avec sa devise: Praeit et urget.
- Une trentaine de manuscrits provenant de la bibliothèque du Jardinet, - certains très anciens - sont conservés au musée provincial des arts anciens du Namurois (à Namur).
Bibliographie
- Toussaint: Histoire civile et religieuse de Walcourt, Namur, 1887.
- Joseph-Marie Canivez: L'ordre de Cîteaux en Belgique, Abbaye de Scourmont, 1926.
Notes
- La statue, de bois très ancien, est encore vénérée dans la Basilique de Walcourt. Des pèlerinages à Notre-Dame de Walcourt ont régulièrement lieu.
Voir aussi
Catégories :- Abbaye cistercienne belge
- Abbaye de Wallonie
- Walcourt
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