- Abbaye Saint-Martin de Tournai
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L’ancienne abbaye Saint-Martin, sise au cœur de la ville de Tournai, date du VIIe siècle. Refondée par Odon de Tournai à la fin du XIe siècle, elle fut supprimée en 1797, durant la période révolutionnaire française. Son palais abbatial est aujourd’hui l’hôtel de ville de Tournai.
Sommaire
Origine
Avant même l’édit de tolérance du christianisme dans l’empire romain (313) promulgué par l’empereur Constantin, Saint Piat (mort à Tournai vers 286) évangélisait la région de Tournai, alors bourg romain (Tornacum) ayant une certaine importance. Des chrétiens y sont présents dès le IVe siècle.
Une nouvelle évangélisation commence au VIIe siècle avec Saint Éloi, évêque de Noyon et Tournai[1] qui pour promouvoir l’activité missionnaire dans la région du Tournaisis fonde un monastère à Tournai. Les invasions normandes y mettent la fin à la vie monastique.
Refondation par Odon de Tournai
Lorsque Odon, écolâtre de la cathédrale de Tournai et homme de grande culture se convertit à une vie spirituelle plus intense, et décide de se faire moine, l’évêque Radbod II et les autorités de la ville tentent de le garder chez eux en lui offrant ce qui reste des bâtiments à l’abandon de l’ancien monastère Saint-Martin. En 1092, avec quelques élèves devenus disciples, Odon fonde une communauté d’abord canoniale, et bientôt monastique. Ils sont rapidement une vingtaine. Suivant le conseil de Alvise, abbé d’Anchin, Odon adopte en 1095 la règle de Saint Benoît pour sa communauté. L’ancien écolâtre est élu abbé et est ordonné évêque le 4 mars 1095. Sous sa direction l’abbaye prend rapidement un grand essor, en particulier grâce à son atelier de scribes et copistes.
L’abbaye devient un centre culturel et religieux de renom, ou spiritualité et littérature religieuse ont une place prépondérante. Au temporel, le monastère est prospère. Une brasserie y est en activité. A la fin du XIIIe siècle une petite centaine de moines gèrent un vaste domaine foncier et immobilier, à l’aide d’une quarantaine de prieurés (dont celui de Frasnes-lez-Gosselies), des bois, une vingtaine de moulins et l’exercice de droit de justice en de nombreux endroits.
Au début du XIVe siècle l’abbaye passe par une crise grave. La mauvaise gestion, les dépenses fastueuses alors que la région est pleine récession économique due à d’incessants conflits, font que l’abbaye est ruinée. C’est ce que découvre une enquête papale faite en 1332. L’abbé et plusieurs moines sont excommuniés…
Un nouvel abbé est nommé, Gilles Le Muisit - 17e abbé de Saint-Martin - qui parvient à rétablir la situation au temporel. Au spirituel, cependant l’abbaye ne retrouvera jamais le même prestige.
Sous l’abbatiat de Robert Delezenne (XVIIIe siècle) - qui sera le dernier abbé - de grands travaux sont entrepris. Une nouvelle église abbatiale est édifiée. Il est fait appel au meilleur architecte de l’époque, Laurent-Benoît Dewez, pour la construction d’un grandiose palais abbatial, ayant une façade de 130 mètres de long. Les travaux durent de 1763 à 1767.
Suppression et XIXe siècle
La révolution française et ses excès subséquents dans les Pays-Bas méridionaux signent l’arrêt de mort de l’abbaye Saint-Martin, comme de tant d’autres. Elle est supprimée en 1797. Son impressionnante église sert de « temple de la Raison » quelque temps avant d’être démolie. Elle est vidée de ses richesses et pillée.
Le quartier abbatial, facilement transformable en résidence de luxe est cependant sauvegardé. L’administration communale de la ville de Tournai l’occupe provisoirement en 1809, et s’y installe définitivement en 1830, lorsque la Belgique devient indépendante.
Patrimoine
- Le palais abbatial (aujourd’hui : hôtel de ville de Tournai) est un chef d’œuvre exemplaire du classicisme de la Renaissance (XVIIIe siècle). Son fronton triangulaire de pierre blanche porte encore les armoiries du dernier abbé de Saint-Martin, Robert Delezenne. Incendié et fort endommagé par les bombardements allemands durant la seconde guerre mondiale (16 mai 1940) il a été restauré, meublé et décoré tel qu’il était au XVIIIe siècle.
- Un portail monumental (1722) donne entrée dans la cour d’honneur du palais abbatial.
- Le cloître gothique, dont il ne reste qu’un côté, date du XVe siècle.
- Une crypte romane rectangulaire à deux nefs (XIIe siècle) subsiste sous le palais abbatial.
- L’autel de l’église abbatiale se trouve dans la cathédrale de Tournai. Un certain nombre de manuscrits et livres enluminés de la bibliothèque de l’abbaye se trouvent au musée d’histoire et d’archéologie de la ville.
Notes et références
- Saint Médard en 545, avec siège à Noyon Les deux diocèses de Noyon et Tournai ont été réunis en un seul par
Catégories :- Abbaye de Wallonie
- Abbaye bénédictine belge
- Tournai
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