Cocatrice

Cocatrice

Cocatrix

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Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Basilic (mythologie).
Cocatrix sur une imposte du Belvedere Castle à New York.

La cocatrix, coquatrix, caucatrix ou cocatrice est un animal fabuleux et imaginaire, qui possède selon la légende une tête de coq, des ailes de chauve-souris et un corps de serpent ou de coq. Il est très proche du basilic et fut souvent confondu avec ce dernier dans les bestiaires médiévaux. La cocatrix, que personne n'a jamais vue, est « née par accident à la fin du XIIe siècle et est morte au milieu du XVIIe, victime de la science »[1]. Dans les œuvres modernes et en particulier le jeu de rôle, cocatrix et basilic sont dissociés, le basilic étant vu comme un reptile terrestre, la cocatrix plutôt comme un oiseau avec des ailes.

Sommaire

Étymologie et terminologie

L'usage semble assez hésitant pour ce qui est de trancher entre le masculin et le féminin, mais c'est le masculin exclusivement que les dictionnaires relèvent, encore que ce terme ne se trouve que dans les dictionnaires anciens : Littré, La Curne, Furetière. Il semble qu'on l'appelle également cocatrice en français, ce qui pourrait être un anglicisme. Dans ce cas aussi, l'usage semble hésitant quant au genre.

On trouve également les termes coquatrix, caucatrix, cocodrille, codrille et cocadrille[2].

Légende

Origine

Article connexe : basilic (mythologie).

La cocatrix fut décrite pour la première fois à la fin du XIIe siècle, d'après une interprétation de l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien[3], comme une variété du basilic[4] bien qu'à la différence de ce dernier, la cocatrix possède toujours des ailes. La vulgate latine, traduction de la Bible, mentionne le basilic bien qu'il ne s'agisse que d'une mauvaise traduction de l'hébreux Tsépha. La présence du basilic dans la Bible força les encyclopédistes chrétiens à trouver une explication plus rationnelle à l'existence de cette créature que celle fournie par la pharsale de Lucain[5].

Selon Alexander Neckam dans De naturis rerum (1180), la cocatrix naît d'un œuf pondu par un Coq[6] couvé par un crapaud, auquel s'est parfois substitué un serpent dans les versions postérieures. La traduction de basiliscus à cockatrice s'effectua quand le basiliscus de Bartholomy l'Anglais, dans De proprietatibus rerum (1260) devint la cockatrice dans l'ouvrage de John Trevisa, en 1397[7].

Un basilicoq, tel qu'on se le représentait en 1665.

Le basilic est confondu avec la cocatrix, notamment en ce qui concerne sa naissance. Au XIVe, Chaucer parle de basilicoq[5]. Cet animal est censé naitre d'un œuf de coq âgé de sept à quatorze ans, nommé « coquatrix », qui est pondu dans du foin et ensuite couvé par un serpent ou un crapaud[2] :

« Quelques-uns forgent l'origine et naissance du basilic en ceste sorte, à sçavoir que quand un coq commence à devenir fort vieil, ce qui arrive au septième ou au neuvième ou au plus tard au quatorzième de son âge, il pond un œuf aux plus chauds mois de l'ésté, qui s'est formé de l'excrément pourri de sa semence ou d'un ord et bourbeux amas d'humeurs, et de cet œuf plusieurs pensent que le basilic naist »

— Manuscrit du XVIe[8]

Un coq accusé d'avoir pondu un œuf de « cocadrille » fut brûlé publiquement au bûcher durant le moyen âge[9].

Dans le Berry, le basilic était confondu avec la cocatrix sous le nom de cocadrille. Paul Sébillot rapporte ainsi qu'en Berry, « tant que la cocadrille n'est pas sortie de l'œuf, elle y vit sous la forme d'un serpent très délié, mais fort long. Celui qui a l'imprudence de casser l'œuf tombe mort si le serpent le voit le premier; dans le cas contraire, le reptile crève instantanément. Il n'acquiert tout son développement qu'au bout de sept ans; au sortir de l'œuf, ce n'est toujours qu'un serpent au regard homicide; un peu plus tard, il lui vient des pattes, ce qui accroit encore son funeste pouvoir, à tel point qu'il lui suffit de passer sous le ventre d'un bœuf pour l'éreinter »[8].

Le folkloriste Laisnel de la Salle rapporte au XIXe que les œufs d'où naissent les « cocadrille » ont la taille des œufs de merle, sont presque ronds, mais n'ont pas de jaune. Ils sont nommés « œufs de jau » ou « coquard » et les paysans leur attribuaient toutes sortes de propriétés magiques et malfaisantes, tandis que les sorciers étaient réputés recherchés avidement ces œufs, particulièrement ceux pondus au pays des infidèles, pour leur puissance évocatrice[2].

Les tentatives visant à l'identifier à telle ou telle espèce biologique se sont avérées généralement futiles.

D'autres légendes rapportent une forme d'un dragon, mais avec une tête de coq, parfois avec des yeux rouge foncés ou noirs. Son regard ou son souffle sont dits empoisonnés, mais elle peut être tuée par une belette ou par le son du chant du coq.

Loup de Troye

Selon la légende, Loup de Troyes aurait vaincu le cocatrix, ce qui a donné naissance à la coutume, en Champagne, de défiler avec l'effigie du monstre pendant les trois jours précédent l'Ascension. Le cocatrix serait né d'un œuf de serpent couvé par une poule noire, l'une des image satanique du Moyen-Age. Il est symbole de mort. Aucun ouvrage de référence de langue française ne semble mentionner que le cocatrix est doté du pouvoir de pétrifier, ce qui est souvent signalé dans la littérature anglo-saxone, et qui le rapprocherait de la gorgone dans la mythologie gréco-romaine, Méduse.

Héraldique

Cocatrix héraldique.

La cocatrix est une figure héraldique imaginaire.

Mentions modernes

  • Le photographe Joan Fontcuberta a repris la légende du cocatrix pour une de ses œuvres, exposée au château d'Oiron, en parodiant le discours scientifique et les présentations des musées.

Notes et références

  1. (en) Laurence A. Breiner, The Career of the Cockatrice, Isis 70. 1 Mars 1979 p. 30
  2. a , b  et c Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Éditions le pré aux clercs, Paris, 14 septembre 2007, 435 p. (ISBN 978-2842283216), p. 143-144 
  3. Historia Naturalis VIII. 37.90.
  4. The Jewish Encyclopedia, en 1906, ne fait pas de différence entre cocatrix et basilic
  5. a  et b Jorge Luis Borges, Le livre des êtres imaginaires, Gallimard, coll. L'imaginaire, Paris, juin 2009, 254 p. (ISBN 978-2-07-071102-4), p. 47-49 
  6. L'impossibilité de la présence d'un œuf de coq est à l'origine du terme péjoratif Cockney (œuf de coq) à Londres
  7. (en)Laurence A. Breiner, The Career of the Cockatrice, Isis 70:1 (Mars 1979), p.35
  8. a  et b Cité par Paul Sébillot dans Croyances, mythes et légendes des pays de France, La Faune
  9. Claude Seignolle, Contes, récits et légendes des pays de France, tome 4, Omnibus, 1997
  10. Cockatrice sur http://gatherer.wizards.com/. Consulté le 7 septembre 2009

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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