- Clément Ier
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Clément de Rome ou Clément Romain (en latin Clemens Romanus) est une personnalité du christianisme ancien issue du judaïsme hellénistique. Il est considéré par la tradition catholique comme le 4e évêque de Rome[1], aux alentours de la fin du Ier siècle, succédant à Anaclet. On le considère également comme l'un des pères apostoliques : depuis la seconde moitié du IIe siècle, la tradition lui attribue deux épitres anonymes adressées de Rome à la communauté chrétienne de Corinthe. Il est vénéré comme saint et martyr par nombre d'églises chrétiennes.
Sommaire
Historicité
Clément Ier est le quatrième évêque de Rome, selon la liste d'Irénée de Lyon écrite en 180; il siège de 88 à 97 selon la chronologie d'Eusèbe de Césarée au IVe siècle.
Irénée de Lyon dit qu'il avait vu les bienheureux apôtres et conversé avec eux[2], et Origène et Jérôme considèrent que Clément est le disciple de Paul de Tarse mentionné dans l'Épître aux Philippiens[3]. Pour d'autres il s'agit plutôt là d'un affranchi de T. Flavius Clemens, qui fut consul en même temps que son cousin, l'empereur Domitien. Clément Ier a également été assimilé par certains auteurs des premières années du christianisme à ce consul Flavius Clemens, assassiné par Domitien mais cette identification n'est pas plus probante, même si l’exécution pour cause de mœurs juives, du consul a pu influencer les récits du martyre de Clément.
Le texte chrétien du IIe siècle Le Pasteur d'Hermas[4] évoque un Clément qui avait pour fonction de maintenir le contact entre les différentes communautés.
En Lorraine, la tradition en faisait le fils d'un dénommé Faustinus, le frère de l'évêque Clément de Metz (assimilé lui même au consul Flavius Clemens)[5].
Lettre aux Corinthiens
La tradition lui attribue depuis le IIe siècle une lettre anonyme - connue sous le nom de Épître de Clément aux Corinthiens[6] - adressée de Rome aux alentours de 95[7] à la communauté chrétienne de Corinthe en proie à des troubles internes graves, alors que de jeunes membres s’étaient insurgés contre les presbytres, au point de les déposer de leurs charges. L'auteur suggère alors le rétablissement dans leur fonction des pasteurs légitimes et appelle les révoltés à l’obéissance envers ces derniers. Ce texte peut témoigner de la structure hiérarchique de la communauté chrétienne dont le gouvernement semble encore de type collégial à ce moment. Cette épître sera lue par la tradition catholique comme un premier document en faveur de la primauté de l'évêque de Rome, bien que la communauté chrétienne de Rome relève d'une direction collégiale au moins jusqu'au début du IIIe siècle[8].
Cette lettre rédigée en grec et dans un style simple et clair, est un véritable exposé sur la foi telle qu'elle était vécue à la fin du Ier siècle. Il s'agit d'un des plus anciens textes théologiques du christianisme, si l'on excepte bien sûr certains Évangiles. L'auteur cite l’Ecriture dans la version des Septante et on relève des citations ou des emprunts libres à Euripide et à Sophocle ainsi que des éléments de la pensée stoïcienne.
Oubliée à partir du IVe siècle, cette lettre est retrouvée au XVIIe siècle dans le Codex Alexandrinus. En 1894, un bénédictin belge trouve à Namur un manuscrit du XIe siècle contenant la traduction en latin populaire de la lettre de Clément, traduction remontant au IIe ou IIIe siècle, soit presque contemporaine de son écriture. La parenté du texte avec l’Epître aux Hébreux est indéniable et la question se pose de savoir si les deux textes émanent de la même source.
Il existe une deuxième épître de Clément au Corinthiens qui date d'environ 150 et s'apparente davantage à une homélie qu'à une épître, et qu'on ne peut attribuer à Clément. Adolph von Harnack a cru pouvoir l'identifier avec une lettre de l'évêque Soter, adressée vers 170, à l'église de Corinthe. Des traits communs avec Le Pasteur d'Hermas laissent penser également à une origine romaine.
On a attribué à tort d'autres ouvrages à Clément : Les Homélies Clémentines, le Roman des Reconnaissances, et deux lettres sur la Virginité, citées par Jérôme mais inconnues d'Eusèbe de Césarée et qui paraissent dater au IVe siècle.
Données de la tradition orale
Clément est très vénéré dans les pays de l'Est à cause d'une tradition qui le fait mourir en exil au bord du Pont Euxin dans l'actuel Inkerman qui se trouve aujourd'hui en Crimée (Ukraine). À cause de la même tradition de la présence de ses reliques à une extrémité de la route des Varègues aux Grecs, la première église construite en bois en Scandinavie lui aurait été dédiée.
Martyre et vénération
Selon une tradition, Clément est mort en martyr, mais les Actes de son supplice, rédigés au IVe siècle ont un caractère légendaire.
Saint Clément est le patron des mariniers pour avoir été martyrisé sous l'empereur Trajan vers 99, précipité au fond de la mer une ancre de marine accrochée au cou. Ses reliques auraient été ramenée de Crimée à Rome par saints Cyrille et Méthode au IXe siècle. Elles sont vénérées dans la basilique Saint-Clément, près du Colisée, édifice dont la légende veut qu'il a été érigé à l'emplacement de la maison du saint à Rome.
Son nom est cité avec ceux de ses prédécesseurs Lin et Clet dans l'ordinaire de la messe catholique traditionnelle.
Il est fêté le 23 novembre par les catholiques latins et les anglicans. Les églises syriaque orthodoxe, syro-malankare orthodoxe, grecque orthodoxe, catholique syriaque et catholiques orientales le célèbrent le 24 novembre, l'Église orthodoxe russe, le 25 novembre et l'Église copte orthodoxe le 8 décembre.
Iconographie
Clément est représenté avec l'ancre de son martyre au cou[9].
Bibliographie
Textes
- Clavis Patrum Græcorum 1001-1022
- Épître de Clément de Rome aux Corinthiens. Traduction de Sœur Suzanne-Dominique o.p., in Les Pères Apostoliques, coll. Foi vivante, éd. Cerf 1990) en ligne
- Le Roman pseudo-clémentin, apocryphe judéo-chrétien du III° s., met en scène Clément de Rome et saint Pierre : trad. Alain Le Boulluec, in Écrits apocryphes chrétiens, Gallimard, coll. "La Pléiade", t. II.
Études
- article du Dictionnaire de Théologie Catholique, sur Clément de Rome, numérisé par Jesusmarie.com en ligne
- Yves Maris, article "Clément de Rome", in Chemins cathares, article en ligne
- Paul Fargues, Histoire du christianisme, éd. Fischbacher, 1929, Tome II, ch. 1, en ligne
Textes du Pseudo-Clément
- Homélies, dites Homélies clémentines, trad. A. Siouville, Verdier, 1991, 418 p.
- Deuxième épître de Clément au Corinthiens (vers 150), éd. Hemmer, Les Pères apostoliques, t. X, Paris, Picard, 1909.
- Roman des Reconnaissances (Syrie, III° s.) : Les Reconnaissances du Pseudo-Clément. Roman chrétien des premiers siècles, Brepols, 1999, 649 p.
Liens externes
- Clément de Rome dans Lire les Pères de l'Église, sœur Gabriel Peters o.s.b.
- (en) Clément Ier dans Catholic encyclopedia
- Audience du pape Benoît XVI du 7 mars 2007 consacrée à Clément de Rome
Notes et références
- Pape apparaît au cours du IIIe siècle, et ne soit pas attesté pour l'évêque de Rome avant le début du IVe siècle. Philippe Levillain, Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 2003, s. v. « Pape ». Le titre de
- Adversus Haereses III, 2, 3
- 4, 3
- Vision 2, 4, 3
- Le grand dictionaire historique, ou le mélange curieux de l'histoire sacrée et profane, Louis Moréri 1740
- Cf bibliographie pour la traduction
- C'est la date généralement retenue, même si les dates peuvent osciller selon les chercheurs entre 80 et 140.
- Calixte Ier, vers 217, est le premier personnage semblant avoir assumé le poste d’évêque et ayant quelque consistance historique, cf. Yves-Marie Hilaire, Histoire de la papauté : 2000 ans de missions et de tribulations, éd. Folio, coll. Histoire, Paris, 2003. Certains chercheurs parlent plutôt de Victor Ier, son prédécesseur (vers 199)
- B. Des Graviers et T. Jacomet, Reconnaître les saints : Symboles et attributs, Massin, 2006 (ISBN 2-7072-0471-4)
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