Clément 1er

Clément 1er

Clément Ier

Clément Ier.
Peinture murale, monastère Saint-Clément en Macédoine, v. 1295

Clément de Rome ou Clément Romain (en latin Clemens Romanus) est une personnalité du christianisme ancien issue du judaïsme hellénistique. Il est considéré par la tradition catholique comme le 4e évêque de Rome qui gouverna l’Église romaine[1], aux alentours de la fin du Ier siècle, succédant à Anaclet. On le considère également comme l'un des pères apostoliques : depuis la seconde moitié du IIe siècle, la tradition lui attribue deux épitres anonymes adressées de Rome à la communauté chrétienne de Corinthe. Il est vénéré comme saint et martyr par nombre d'églises chrétiennes.

Sommaire

Historicité

On ne sait pas précisément qui était ce Clément. Pour l'Église catholique romaine, Clément Ier est le quatrième pape, selon la liste d'Irénée de Lyon écrite en 180, de 88 à 97 selon la chronologie d'Eusèbe de Césarée au IVe siècle. Son nom est cité avec ceux de ses prédécesseurs Lin et Clet dans l'ordinaire de la messe traditionnelle.

Sans que ce soit vraisemblable, Irénée de Lyon dit qu'il avait vu les bienheureux apôtres et conversé avec eux[2], et Origène et Jérôme de Stridon ont fait de Clément un disciple de Paul de Tarse mentionné l'Épître aux Philippiens[3]. Il s'agit plutôt là d'un affranchi de T. Flavius Clemens, qui fut consul en même temps que son cousin, l'empereur Domitien. Clément Ier a également été assimilé par certains auteurs des premières années du christianisme à ce consul Flavius Clemens, assassiné par Domitien mais cette identification n'est pas plus probante, même si l’exécution pour cause de mœurs juives, du consul a pu influencé les récits légendaires du martyr de Clément.

Le texte chrétien du IIe siècle Le Pasteur d'Hermas[4] évoque un Clément qui avait pour fonction de maintenir le contact entre les différentes communautés ; on lui a probablement, en fait, ajouté cette fonction pour lui attribuer la lettre à la communauté de Corinthe.

Lettre aux Corinthiens

Vision de la Trinité du pape Clément, toile de Giovanni Battista Tiepolo, v. 1730

La tradition lui attribue depuis le IIe siècle une lettre anonyme - connue sous le nom de Épître de Clément aux Corinthiens[5] - adressée de Rome aux alentours de 95[6] à la communauté chrétienne de Corinthe en proie à des troubles internes graves, alors que de jeunes membres s’étaient insurgés contre les presbytres, au point de les déposer de leurs charges. L'auteur suggère alors le rétablissement dans leur fonction des pasteurs légitimes et appelle les révoltés à l’obéissance envers ces derniers. Ce texte peut témoigner de la structure hiérarchique de la communauté chrétienne dont le gouvernement semble encore de type collégial à ce moment. Cette épître sera lue par la tradition catholique comme un premier document en faveur de la suprématie de l'évêque de Rome, bien que la communauté chrétienne de Rome releve d'une direction collégiale au moins jusqu'au début du IIIe siècle[7].

Cette lettre rédigée en grec et dans un style simple et clair, est un véritable exposé sur la foi telle qu'elle était vécue à la fin du Ier siècle. Il s'agit d'un des plus anciens textes théologiques du christianisme, si l'on excepte bien sûr certains Évangiles. L'auteur cite l’Ecriture dans la version des Septante et on relève des citations ou des emprunts libres à Euripide et à Sophocle ainsi que des éléments de la pensée stoïcienne.

Oubliée à partir du IVe siècle, cette lettre est retrouvée au XVIIe siècle dans le Codex Alexandrinus. En 1894, un bénédictin belge trouve à Namur un manuscrit du XIe siècle contenant la traduction en latin populaire de la lettre de Clément, traduction remontant au IIe ou IIIe  siècle, soit presque contemporaine de son écriture. La parenté du texte avec l’Epître aux Hébreux est indéniable et la question se pose de savoir si les deux textes émanent de la même source.

Il existe une deuxième épître de Clément au Corinthiens qui date d'environ 150 et s'apparente davantage à une homélie qu'à une épître, assez banale et décousue mais pleine de gravité[8] et qu'on ne peut attribuer à Clément. Adolph von Harnack a cru pouvoir l'identifier avec une lettre de l'évêque Soter, adressée vers 170, à l'église de Corinthe. Des traits communs avec Le Pasteur d'Hermas laissent penser également à une origine romaine.

On a attribué à tort d'autres ouvrages à Clément : Les Homélies Clémentines, le Roman des Reconnaissances, et deux lettres sur la Virginité, citées par Jérôme de Stridon mais inconnues d'Eusèbe de Césarée et qui paraissent dater au IVe siècle.

Données de la tradition orale

Clément est très vénéré dans les pays de l'Est à cause d'une tradition qui le fait mourir en exil au bord du Pont Euxin dans l'actuel Inkerman qui se trouve aujourd'hui en Crimée (Ukraine). À cause de la même tradition de la présence de ses reliques à une extrémité de la route des Varègues aux Grecs, la première église construite en bois en Scandinavie lui aurait été dédiée.

Martyr et vénération

Saints Cyrille et Méthode amenant les restes de Saint Clément Rome.
fresque du XIe siècle, Basilique St-Clément de Rome

Selon une tradition, Clément est mort en martyr, mais les Actes de son supplice, rédigés au IVe siècle ont un caractère légendaire.

Saint Clément est le patron des mariniers pour avoir été martyrisé, selon la tradition, sous l'empereur Trajan vers 99, précipité au fond de la mer une ancre de marine accrochée au cou. Ses reliques auraient été ramenée de Crimée à Rome par saints Cyrille et Méthode au IXe siècle. Elles sont vénérées dans la basilique Saint-Clément, près du Colisée, édifice dont la légende veut qu'il a été érigé à l'emplacement de la maison du saint à Rome.

Il est fêté le 23 novembre par les catholiques romains et les anglicans. Les églises syriaque orthodoxe, syro-malankare orthodoxe, grecque orthodoxe, catholique syriaque et catholiques orientales le célèbrent le 24 novembre, l'Église orthodoxe russe, le 25 novembre et l'Église copte orthodoxe le 8 décembre.

Iconographie

Clément est représenté avec l'ancre de son martyre au cou.[9]

Bibliographie

  • Clavis Patrum Græcorum 1001-1022
  • Epître de Clément de Rome aux Corinthiens. Traduction de Soeur Suzanne-Dominique o.p., in Les Pères Apostoliques, coll. Foi vivante, éd. Cerf 1990) en ligne

Notes et références

  1. Le titre de Pape apparaît au cours du IIIe siècle, et ne soit pas attesté pour l'évêque de Rome avant le début du IVe siècle. Philippe Levillain, Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 2003, s. v. « Pape ».
  2. Adversus Haereses III, 2, 3
  3. 4, 3
  4. Vision 2, 4, 3
  5. Cf bibliographie pour la traduction
  6. C'est la date égnéralement retenue même si les dates peuvent osciller selon les chercheurs entre 80 et 140
  7. Calixte Ier, vers 217, est le premier personnage semblant avoir assumé le poste d’évêque et ayant quelque consistance historique, cf. Yves-Marie Hilaire, Histoire de la papauté : 2000 ans de missions et de tribulations, éd. Folio, coll. Histoire, Paris, 2003. Certains chercheurs parlent plutôt de Victor Ier, son prédécesseur (vers 199)
  8. Paul Fargues, cf. sources
  9. B. Des Graviers et T. Jacomet, Reconnaître les saints : Symboles et attributs, Massin, 2006 (ISBN 2-7072-0471-4) 

Voir Aussi

Sources partielles

  • article du Dictionnaire de Théologie Catholique, sur Clément de Rome, numérisé par Jesusmarie.com en ligne
  • Yves Maris, article Clément de Rome, in Chemins cathares, article en ligne
  • Paul Fargues, Histoire du christianisme, éd. Fischbacher, 1929, Tome II, ch. 1, en ligne

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