A bout de souffle

A bout de souffle

À bout de souffle

À bout de souffle
Réalisation Jean-Luc Godard
Acteurs principaux Jean-Paul Belmondo
Jean Seberg
Daniel Boulanger
Scénario Jean-Luc Godard d’après l'œuvre originale de François Truffaut
Musique Martial Solal
Photographie Raoul Coutard
Montage Cécile Decugis
Production Georges de Beauregard
Format Noir et blanc
1:66.1
Monophonique
35 mm
Genre Drame
Durée 89 min
Sortie 16 mars 1960
Langue(s) originale(s) français
Pays d’origine France France
Brasserie Le Select
99, boulevard du Montparnasse

À bout de souffle est un film français, emblématique de la « Nouvelle Vague », réalisé par Jean-Luc Godard, sorti en 1960.

Sommaire

Synopsis

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Michel Poiccard, jeune homme insolent mêlé au milieu de délinquants et de trafiquants de drogue, vole une voiture à Marseille pour se rendre à Paris. Mais en route, lors d'un contrôle de police, il panique et tue un policier qui le poursuivait.

Arrivé à Paris, il retrouve la jeune étudiante Américaine Patricia, avec laquelle il a une liaison amoureuse libre. Elle veut devenir journaliste et, pour pouvoir financer ses études à la Sorbonne, elle vend le journal Herald Tribune sur les Champs-Élysées. Tout au long du film, Michel essaiera de la persuader de coucher à nouveau avec lui, et elle lui résistera pendant longtemps en affirmant qu'il ne l'aime pas vraiment.

Michel veut quitter la France pour l'Italie (plus précisément Rome) où il pense trouver refuge. La police l'a déjà identifié comme étant l'assassin de la N7 et sa photo figure dans tous les journaux. Patricia, tout d'abord, ne dit rien par amour pour Michel.

Celui-ci rencontre plusieurs amis délinquants pour rassembler ses gains accumulés grâce à de petits crimes. Un de ses complices, se sentant trahi par lui, le dénonce à la police. Michel doit se cacher avec Patricia chez l’amie d'un ami dans le quatorzième arrondissement. La veille de leur départ présumé pour l'Italie, Patricia le dénonce à la police afin de le forcer à partir loin d'elle. Mais Michel refuse de prendre la fuite et, abattu par un policier, s'écroule au carrefour de la rue Campagne-Première, « à bout de souffle ». Avant d’expirer, allongé sur le bitume, il dit à Patricia : « je suis vraiment dégueulasse ». N'ayant pas compris, la jeune femme demande aux policiers : « Qu'est-ce qu'il a dit ? », à quoi on lui répond : « Il a dit : vous êtes vraiment une dégueulasse ». « C'est quoi dégueulasse ? » demande-t-elle enfin.

Fiche technique

Distribution

Musique

Jean-Luc Godard, n'ayant pas d'idée précise pour la musique du film, demanda conseil à Jean-Pierre Melville qui lui proposa Martial Solal[1].

Autour du film

  • En 1983, le film a fait l'objet d'un remake américain réalisé par Jim McBride, À bout de souffle, made in USA (Breathless), dans lequel le rôle interprété par Jean-Paul Belmondo était repris par Richard Gere et celui de Jean Seberg par Valérie Kaprisky.
  • Le tournage a eu lieu du 17 août au 15 septembre 1959 à Paris et à Marseille.
  • Jean-Luc Godard apparait vers le milieu du film en tant que figurant. On le voit dénoncer Michel Poiccard à un policier.
  • Claude Ventura a réalisé un documentaire TV sur À bout de souffle, intitulé Chambre 12, Hôtel de Suède, en référence à la chambre d'hôtel (aujourd'hui disparue) qui apparaît dans le film.
  • Raymond Cauchetier, photographe de plateau[2] :
    • Collaboration avec Godard sur le tournage : « Tout d’abord, avec lui, tout était improvisé ou presque. On tournait dans les rues, dans les chambres d’hôtels, avec juste quelques lampes éclairant le plafond, sans prise de son directe. Godard écrivait ses dialogues sur une table de bistrot, soufflait leur texte aux comédiens pendant les prises, et arrêtait le tournage quand il n’avait plus d’idées. Le délire complet pour les tenants du cinéma classique ! Mais la Nouvelle Vague était en train de naître ! J'ai trouvé intéressant d’ajouter aux photos traditionnelles une sorte de reportage autour du film. Lorsqu’il a vu les planches, le producteur s’est montré fort mécontent. Qu'est-ce que c'est que ce travail ? Vous n'êtes pas payé pour faire ça ! Je lui ai expliqué que c'était un travail personnel. Bon, m'a-t-il dit, mais vous paierez vos frais de laboratoire. Les choses en sont restées là. Or il se trouve que ce sont surtout ces photos « hors film » qui ont été finalement choisies pour la promotion du film, et qui continuent d’être publiées un peu partout, quarante ans plus tard. »
    • Célèbre photo de Belmondo et Seberg (avec son tee-shirt Herald Tribune) déambulant sur les Champs-Élysées : « Ce qui est bon pour le cinéma ne l’est pas toujours pour la photo. Pour la séquence des Champs-Élysées, j’ai préféré, et c’était une première, emmener les comédiens loin de la foule, en bas de l’avenue, pour rejouer la scène. Seuls les professionnels savent que cette photo, qui a fait le tour du monde, n’est pas une photo du film. »

Point de vue de la critique

Contrairement à ce qui s'est vite écrit, À bout de souffle n'invente pas. Il ne fait que rappeler, en le soulignant, que le cinéma, c'est parfois de l'idée en mouvement, après Griffith, pour la manière d'interpeller les visages de femmes, et Rossellini, pour l'allure générale, faussement débraillée.

En cette fin des années 1950, hormis Melville (Bob Le Flambeur), Franju (La Tête contre les murs) et Bresson (Pickpocket), qui tutoyait la réalité, qui malmenait la prétendue logique narrative ? Quasiment personne, et le cinéma français était en train de couler paisiblement.

Or, de ce film, tourné en moins d'un mois, entre Sud et Nord, et dédié à la Monogram Pictures, ni Melville, qui interprète le rôle de Parvulesco (« Devenir immortel et puis mourir »), ni Franju pour le cadre, ni Bresson, pour le rythme, ne sont absents.

Davantage par ruse que par calcul, Godard convoque, pour ce premier long métrage, tous ces maîtres, conjugue toutes les influences, y compris les américaines, pour toutes les trahir. En vérité, À bout de souffle, tel le termite de la fable, dévore, et anéantit, ce qu'il montre. Même les acteurs n'en sortiront pas intacts. Jean Seberg ira jusqu'à la mort, et Belmondo, malgré le sursaut de Pierrot le fou, choisira de n'être plus grand-chose.

À sa façon, Godard déclare la guerre à l'univers sensible. Dans le même temps, toute une génération, nourrie d'extrêmes, entame sa montée au ciel. Normal alors qu'ensuite le cinéma de Godard s'en ressente. Collé au présent, il ne pourra plus s'en détacher, et finira par confondre l'apparence avec l'être.

Dans À bout de souffle, les deux coïncident. Et c'est sa force essentielle. Le matin naît toujours de la nuit. Le tout est de se camper de face devant le miroir, et de ne pas esquiver le reflet entrevu, quitte à le briser, si nécessaire. Le tout est de se vouloir dans l'éternité au moment même où la caméra enregistre le fortuit. Et l'hasardeux.[3]

Hommages

Des références au film apparaissent dans l'album Promenade de The Divine Comedy. When The Lights Go Out All Over Europe contient des extraits de dialogue d'À bout de souffle et l'un des personnages de la chanson déclare : « ...my mission is to become eternal and to die », paraphrasant une ligne d’À bout de souffle. The Booklovers contient le vers : « Tu connais William Faulkner ? », une autre citation d’À bout de souffle.

Ce film est également très présent dans le troisième épisode de la première saison de la série animée japonaise Ghost in the Shell: Stand Alone Complex, intitulé en français Androïde, mon amour[4],[5]. Les deux enquêteurs trouvent une bobine du film dans l'appartement du suspect ; rentrant chez lui après l'arrestation, l'enquêteur trouve sa femme en train de visionner la toute dernière scène du film, et se rend alors compte que le suspect et l'androïde (dont le visage est assez finement calqué sur celui de l'actrice Jean Seberg[6]) se parlaient en reprenant des répliques issues des dialogues du film, allant même jusqu'à rejouer la dernière scène devant les enquêteurs de la Section 9.

Étrangement, dans le film pour adolescents La Folle Journée de Ferris Bueller, le principal du collège, Ed Roonney (Jeffrey Jones), reprend la citation « Entre le chagrin et le néant, je choisis le chagrin » entraînant un regard perplexe de Sloane Peterson (Mia Sara).[7]

Récompenses

Voir aussi

Notes et références

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