Cirque glaciaire

Cirque glaciaire
Le cirque de Gavarnie, un amphithéâtre glaciaire

Situés à l'amont des vallées glaciaires, les cirques glaciaires sont des dépressions de forme semi-circulaire, entourée de versants raides, que lon trouve en montagne, qui est ou qui a été occupée par un bassin dalimentation glaciaire, simple glacier de cirque ou glacier plus long.

Termes étrangers ou locaux : « Kar » ou « Kessel » (allemand), « creux » ou « van » (Valais), « oule » (Pyrénées), « cwm » (Pays de Galles), « corrie » (Écosse).

Les cirques contiennent souvent un lac dombilic glaciaire, lorsque le cirque est abandonné par le glacier ou un glacier de cirque lorsque le cirque se situe au niveau de la ligne déquilibre glaciaire régionale. Il convient de distinguer les cirques des niches de nivation, plus petites et des amphithéâtres glaciaires, en bout de vallée glaciaire, qui sont des individus de taille beaucoup plus grande (cirque de Gavarnie).

Sommaire

Localisation et description des cirques glaciaires

Les cirques glaciaires présentent généralement un rapport entre la hauteur et la longueur variant de 1 à 3.

La localisation des cirques

Le problème de la localisation des cirques glaciaires est double : il doit tenir compte de leur présence de la limite des neiges persistantes et de leur orientation par rapport à la course du soleil au-dessus de lhorizon.

  • À la limites des neiges permanentes  : Les cirques se localisent plus volontiers au voisinage de la limite des neiges persistantes, actuels pour les cirques fonctionnels, héritée pour les cirques anciens, cest-à-dire autour de 2000 m dans les Alpes (Veyret, 1967). Ceci est vraisemblablement au rôle majeur des eaux de fonte des neiges, dans les montagnes soumises à des oscillations thermiques. Lenneigement permanent dépend, comme lenneigement général, de la température et de la quantité de précipitations neigeuses.
  • À léchelle du globe, laltitude des neiges persistantes actuelles est plus basse dans lhémisphère austral, plus humide et plus froid que lhémisphère boréal, du fait de la répartition relative des terres et des océans.
  • À léchelle zonale, laltitude des neiges persistantes actuelles est plus basse dans les régions équatoriales, plus humides que les régions tropicales sèches. On considère que dans les Andes sèches, elle est de 6000 m, contre 4600 m en Nouvelle Guinée dans la zone de climat tropical humide.
  • À léchelle régionale et locale, laltitude des neiges persistantes actuelles est plus basse dans les hauts versants orientés à ladret que dans les versants ubacs.

Cette limite varie assez nettement dans le temps. Ainsi, au cours du Pléniglaciaire würmien supérieur (Würm), la limite des neiges persistantes serait localisée autour de 1100 m dans les Alpes du Nord, contre 800 m dans les Vosges. Dans les Andes péruviennes, au voisinage de lÉquateur, les oscillations diurnes sont plus fortes que les oscillations thermiques saisonnières. Les cirques sont liés à des alternances de temps froid avec enneigement et de temps plus clément avec neigement et évolution des talus déboulis fins.

  • Lorientation des cirques : Les cirques ont un rapport étroit avec lorientation par rapport à la course du soleil au-dessus de lhorizon. Dans lhémisphère Nord, les cirques les mieux développés sont ceux qui regardent vers le Nord, la fonte des neiges est plus tardive. Un autre cas dorientation préférentielle correspond à la sensibilité à récolter les précipitations issues des vents humides. Cette capacité peut sexprimer de deux manières, directement ou indirectement :
  • Soit directement et cest le cas général car la neige saccumule au sein du versant le plus arrosé ;
  • Soit indirectement car la neige peut être chassée par le vent le long du versant au vent, la neige saccumulant au pied de la paroi située sous le vent : cest leffetchasse-neige”.

Dans la vallée de Chamonix, on constate une dissymétrie des cirques glaciaires entre le massif du Mont-Blanc, regardant vers le Nord-Ouest et celui des Aiguilles Rouges, regardant vers le Sud-Est. Cette dissymétrie est due à la fois à lorientation par rapport au soleil et par rapport aux vents dOuest apportant les précipitations et audéterminisme structural”, le massif du Mont-Blanc est plus élevé que le massif des Aiguilles Rouges. Dans le Val Vény, ce schéma se reproduit dans lautre sens : les cirques glaciaires actifs sont localisés à ladret, au sein du massif du Mont-Blanc, plus élevé que les crêtes du versant ubac, dont laltitude ne dépasse guère 3000 m.

Les groupements de cirques

Les cirques sont rarement isolés dans un massif montagneux, et il est fréquent de les rencontrer en assez grand nombre ; on peut alors distinguer deux combinaisons principales, qui ne sexcluent mutuellement pas, la deuxième prenant le relais de la première lorsque laltitude diminue :

  • Les cirques de même niveau : Les cirques se trouvent à peu près au même niveau, alignés sur les flancs des hauts sommets, ils se touchent parfois et certains cirques ont des parois onduleuses formées de niches successives séparées par de petits promontoires. Ces cirques de plus grande taille sont liés à la coalescence de cirques simples.
  • Les cirques étagés : Les cirques séchelonnent le long dune même vallée, à des altitudes différentes, et lon remarque souvent une bonne hiérarchisation des formes, au fur et à mesure que laltitude décroît : un ensemble de petits cirques plus ou moins coalescents rongeant la base des sommets, des formes plus grandes mais moins nombreuses dominant la vallée principale et un vaste amphithéâtre glaciaire, situé à lextrémité amont dune vallée glaciaire. La hiérarchisation des cirques glaciaires nest pas sans rappeler la hiérarchisation des talwegs dans le bassin de réception torrentiel.
  • Le cas des amphithéâtres glaciaires : Lamphithéâtre glaciaire, pouvant être nommé aussi bout dauge ou mégacirque, est défini comme une vaste dépression à la naissance des vallées glaciaires, creusée ou surcreusée par les glaciers. Cest au sein des amphithéâtres glaciaires que la hiérarchisation théorique des différents cirques sus-décrite sobserve le mieux. Ils sont généralement bien conservés dans les roches massives, cohérentes et homogènes, dans les calcaires, comme le cirque du Fer-à-Cheval (Alpes du Faucigny) ou le cirque de Gavarnie (Pyrénées occidentales) ou dans les granites, comme la vallée du Lis à lamont de Luchon (Pyrénées centrales).

Lélaboration des amphithéâtres glaciaires est liée à la confluence des glaciers quaternaires, voire actuels, descendus des cirques élémentaires situés plus en amont. Certains de ces cirques peuvent être occupés par des lacs. Les amphithéâtres déglacés possèdent souvent sur leurs murailles impressionnantes, de hautes cascades (cascade de Gavarnie : 426 m), qui soulignent les gradins de confluence. Le spectacle des cascades est exacerbé dans les cirques calcaires, par temps dorage. Si les roches ne sont pas suffisamment résistantes ou si elles présentent une grande variété lithologique, à lamont des vallées glaciaires, les gradins de confluence entre les cirques perchés et le fond de lauge nont pas de dénivelée suffisante pour engendrer un amphithéâtre glaciaire. Cest le cas pour la haute vallée de l'Ubaye léventail pétrographique est très large et les hautes vallées du Guil et de lAigue Agnelle (Queyras) les schistes lustrés dominent le paysage.

La genèse des cirques glaciaires

La genèse des cirques procède parfois de la transformation dun bassin de réception torrentiel en bassin dalimentation glaciaire. La naissance du glacier saccompagne de la formation de rimayes, qui jouent un rôle essentiel dans la genèse des cirques glaciaires.

Les anciennes interrogations

Laltitude de la crête dominant les cirques glaciaires est assez constante au sein dune même région, cest l’« oberes denudations », niveau à partir duquel émergent les roches les plus résistantes, constituant les horns. Le problème principal posé par les cirques glaciaires est, en fait, celui de laltitude de leur base. Deux hypothèses ont longtemps été en balance (Péguy, 1947):

  • Lhypothèse morphologique  : selon certains auteurs davisiens de lécole parisienne des années 1940-1950, les cirques correspondraient à des replats dérosion préglaciaire simplement remaniés par lenneigement.
  • Lhypothèse climatique : selon les auteurs germaniques et lécole grenobloise des années 1940-1950, la base des cirques correspondrait à un ancien niveau denneigement persistant. Ainsi, Ch.-P. Péguy (1947) a effectué un recensement des lacs et laquets en haute-Durance. Il ressort de cette étude que les lacs occupent indifféremment les hauts adrets et les hauts ubacs, mais il apparaît assez nettement que les lacs de cirqueles plus élevésse localisent plus bas à lubac quà ladret, confortant ainsi lhypothèse de lorigine dynamique des cirques.

Du torrent au glacier

Au début de la glaciation, le bassin de réception d'un torrent peut devenir une zone de flaques à neige, neige qui se transforme ensuite en névé puis en glace.

  • La phase de névé : Au début des périodes froides, naissent les niches de nivation à la faveur de conditions favorables : un creux mal exposé par rapport au soleil, permettant la conservation de la neige toute lannée et/ou un point de convergence de couloirs et de cône davalanches, qui accumulent de la neige préalablement durcie.
  • Du névé au glacier : À lamont dun glacier, le passage du névé au bassin dalimentation glaciaire peut se faire en trois grandes étapes :
    • La phase de névé immobile : Le névé va rester quasiment immobile tant que son épaisseur nest pas suffisante, pour que sa masse puisse vaincre le coefficient de frottement sur le plancher.
    • La genèse de lécoulement glaciaire : Lorsque la masse est suffisante, des glissements par paquets avec composante ascendante vers laval dans la partie inférieure du cirque se produisent, avec une intensité variable. Dans certains cas, ils permettent même une extirpation du matériel rocheux du fond du cirque.
    • Le glissement par rotation : Pour passer à la phase suivante, celle du glissement par rotation, outre la nécessité dun cirque déjà creusé, deux conditions nécessaires sont requises : il faut, dune part que le mouvement des couches inférieures de glace soit bloqué par un verrou fermant le cirque à laval, ou des aspérités considérables. Il faut dautre part une épaisseur de glace suffisante, pour quelle puisse sécouler par plasticité.

Lorsque le cirque est englacé, il contient donc trois types de matériaux : la neige fraîche, le névé et la glace. Dans la Vallée Blanche (amont de la Mer de Glace), on totalise 170 m dépaisseur, dont 30 m de névé, résultat obtenu par sondage sismique (Gaudet, 1973). Cependant, la genèse dun cirque à partir dun bassin de réception torrentiel nest pas nécessaire et la plupart dérivent en fait de lévolution dun simple creux saccumule la neige en saison chaude. Lexistence de cirques dans les roches perméables (calcaires) ou très fissurées (schistes cristallins du massif du Mont-Blanc) en est la meilleure preuve.

Le rôle majeur de la rimaye

Ces divers mouvements se produisent ainsi sous la contrainte du névé et du glacier, notamment grâce aux différences de densité entre la neige fraîche ou déjà évoluée, la neige de névé et la glace. Ces différences de densité permettent donc un mouvement notable du glacier par rapport au névé et un léger mouvement du névé. Ces mouvements induisent donc de larges fentes, appelées rimayes entre glacier et névé dune part, entre névé et rocher dautre part.

  • Un moteur : la gélifraction : Le processus dérosion dominant pour lévolution du cirque glaciaire est lactivité considérable de la gélifraction qui sexerce le long de la rimaye amont située entre rocher et névé, largement ouverte pendant la saison chaude. Cette action est particulièrement intense par suite de labondance de leau, qui sourd en été, provenant de la fusion superficielle aussi bien que des sources. Elle est beaucoup moins intense sur la paroi rocheuse abrupte, qui domine le glacier et qui est soumise à lévaporation directe, sous laction du soleil. Cependant, des études effectuées dans la Jungfraujoch (Lliboutry, 1965) montrent que les températures de lair dans la rimaye oscillent entre 0 et -1 °C et que seule une variation rapide des températures (+0,1 °C par minute) permet la gélifraction le long de la rimaye, alors que les parois en amont subissent une gélifraction intense et quasi-permanente. Ceci se produit lorsque les rimayes sont largement ouvertes, lorsque le niveau du glacier est très bas. Il semblerait donc que seule la rimaye amont soit à lorigine du creusement du cirque, par recul des parois.
  • Les autres effets de la rimaye : La descente de leau en été, le long de la paroi rocheuse a dautres conséquences : ces eaux peuvent saccumuler sur le plancher du cirque, sous la glace et y occuper les creux. Elles sont comprimées par la glace occupant le fond du cirque, elles exercent sur elle une pression hydrostatique et tendent à la faire se décoller du bedrock, donc à faciliter son mouvement rotationnel. Le glacier de cirque peut donc entraîner des débris en provenance des terrains ameublis lors dune phase de décollement, voire dune phase de retrait, ce qui explique le recul de ces derniers. En fait, il semble que lévolution du plancher des cirques ait un façonnement réduit voire nul tandis que reculent activement les parois en formant muraille. Ainsi naissent lombilic et le verrou de cirque : lombilic se situe dans la zone surcreusée, le verrou ferme le cirque.
  • Les rimayes dynamiques : Selon G. Galibert (1965), la rimaye dynamique existant entre les carapaces nivales de versant et le cirque glaciaire joue un grand rôle dans la genèse des cirques et notamment dans la formation dencoches dans les murailles du cirque. Il sagit dun site dattaque privilégié de la cryoclastie qui connaît une humidité quasi constante jusquà 4000 m daltitude, excepté lhiver et qui ne soppose pas à la pénétration des oscillations thermiques, principalement dans les petites rimayes, jusquà 10 m de profondeur les variations thermiques diurnes pénètrent avec un certain retard et de plus en plus atténuées si la rimaye est profonde (Bozonnet, 1981).

Les influences litho-structurales

Comme toute forme dérosion, les cirques glaciaires occupent les positions structurales les plus favorables. Ces influences litho-structurales guident lérosion.

  • Le rôle de la lithologie : Les cirques élémentaires sont particulièrement bien développés dans les types de roches le démolissage dune paroi par le gel donne une paroi raide et progresse rapidement. Les cirques se localisent souvent dans des zones de roches plus facilement détruites (roches plus diaclasées donc plus poreuses). En effet, selon G. Galibert (1965), la mécanique des roches consécutive à lenlèvement par lérosion dune tranche de versant, desserre la roche suivant les directions structurales antérieures. Seule la hiérarchie de limportance des plans de fractionnement est modifiée en profondeur.
  • Le rôle du pendage : Dans les régions comportant des roches sédimentaires, le pendage des couches géologiques joue également : les cirques qui attaquent le front des couches à pendage monoclinal ont des murailles très hautes, et leur recul est contrarié par le pendage. Au contraire, les cirque de revers, dans le sens du pendage, sont le plus souvent nombreux et petits, médiocrement étagés les uns par rapport aux autres. En outre, lorsque la dissymétrie lithologique sexprime nettement dans la géomorphologie, la dissymétrie climatique peut sexprimer. Les versants en pendage conforme, la pente est moins forte que celle des versants en pendage contraire peuvent être affectés par leffet chasse-neige.

Synthèse

Dans les bassins-versants du Drac et de la Romanche (Oisans), G. Monjuvent (1978) a tenté une hiérarchisation des conditions favorables et défavorables à létablissement des cirques élémentaires au Würm.

  • Les conditions favorables : Par ordre dincidence décroissante dans la genèse des cirques, on a :
  • La topographie initiale : Il peut sagir dune surface régulière ou irrégulière, à partir de laquelle la pente est comprise entre 10° et 30-35°.
  • Laltitude : Elle doit être supérieure ou égale à 1900 m, altitude des neiges persistantes au Würm dans les Alpes du Nord.
  • La lithologie : Les cirques glaciaires sont, le plus souvent creusés dans un site lalternance roche dure/roche tendre est la règle, permettant le jeu de lérosion différentielle.
  • La structure : Les cirques sont souvent creusés dans des zones broyées ou faillées, guidant lérosion glaciaire et déterminant la densité des cirques glaciaires.
  • Lorientation : Lorientation des cirques napparaît pas comme un facteur fondamental de leur développement au Würm. En effet, les cirques würmiens du massif des Écrinssemblent se distribuer de façon indifférente et ne présenter aucun rapport altitude/orientation” (Monjuvent, 1978). Cependant, lorientation au Nord apparaît un facteur favorable à la conservation des glaciers au Postglaciaire.
  • Les conditions défavorables : Il existe deux conditions défavorables à létablissement des cirques élémentaires au Würm : une topographie verticale ou subverticale, interdisant le mouvement de la glace et une altitude inférieure à 1900 m.

On voit ainsi le rôle fondamental des conditions litho-structurales dans la genèse des cirques. Celles-ci jouent également un rôle prédominant dans la classification des cirques.

Les grands types de cirques

La typologie proposée sappuie sur la forme et la profondeur des cirques, étroitement dépendante du contexte lithostructural.

Les cirques en fauteuil

Ils sont relativement nombreux dans les Alpes, d le nom de cirquealpinquon leur donne parfois. Comme leur nom lindique, ces types de cirques sont à limage du fauteuil, avec trois principales caractéristiques :

  • Ils sont plus profonds quils ne sont larges ;
  • Ils ont des bords verticaux ou subverticaux escarpés appelés murailles de cirque comprenant assez souvent une haute pyramide dominant le niveau des crêtes, appelée horn ;
    • Lorsquils sont libérés par la glace, ils contiennent souvent un lac profond, à laccumulation des eaux à laval du verrou glaciaire, ce dernier étant en général assez imposant.

Les cirques en fauteuil se rencontrent souvent dans les roches de faciès homogènes et résistants, comme les granites, les gneiss et roches métamorphiques compacts, les calcaires massifs un déblaiement vertical lemporte sur lérosion du plancher. Ils sont souvent dominés par le horn. À limage du Cervin (4478 m), il sagit dune haute pyramide rocheuse dominant généralement le niveau altitudinal moyen des crêtes de recoupement au sein dun modelé glaciaire de haute montagne. Les arêtes des horns sont concaves et leurs sommets tendent à devenir de plus en plus aigus. Ces pyramides sont liées au recul progressif des cirques glaciaires, essentiellement par cryoclastie, au sein de la rimaye lorsque les cirques sont englacés ou à lair libre.

Les cirques en van

Le terme de « van » correspond un instrument servant à vanner le grain. Relativement fréquents dans les Pyrénées, ils ont pu parfois être nommés « cirques pyrénéens ». Ils sont assez larges, leur fond est plat ou modérément ondulé, les crêtes qui les dominent sont peu élevées et les parois moins pentues que dans le cirque en fauteuil. Les versants sont couverts de débris qui les régularisent : ils sont donc nettement moins raides ; ces accumulations peuvent être, à haute altitude, des éboulis fluants voire de véritables glaciers rocheux, comme aux environs du lac d'Allos (Jorda, 1976). Le lac contenu dans un cirque en van est donc beaucoup moins profond que dans le cirque en fauteuil. Le plancher du cirque en van étant constitué de roches plus résistantes que les parois, le surcreusement y est beaucoup plus difficile, la langue glaciaire qui en sort est moins épaisse, lérosion est donc moindre et le déblaiement latéral domine par rapport à lapprofondissement.

Les formes moins nettes

Parfois nomméescirque en entonnoir damont”, ce sont des formes molles, assez bâtardes, qui ne sont généralement ni surcreusées ni verrouillées. Lérosion postglaciairetorrentialité, solifluxion et gélifluxion de tous types, éboulisation… — a largement contribué à la dégradation de ces formes peu nettes dès lorigine. On les trouve dans les roches se débitant en plaquettes (flyschs et schistes notamment…), qui ne permettent pas une action nette de lérosion par le névé. Ainsi, dans le Queyras schisteux (environ 75 % de la superficie du Queyras), on observe des esquisses de cirques glaciaires, aux formes larges, évasées et cernées de crêtes ruinées ou très émoussées.

Les niches de nivation

Les niches de nivation correspondent à des alvéoles plus ou moins grands, concaves, la neige saccumule en hiver, et la fonte, même partielle reste relativement difficile en été, ce qui permet une diagenèse partielle de la neige vers la neige de névé. La période de fonte et de regel de la neige est plus longue dans les nivhes de nivation des régions tropicales. Ce sont des formes nettement plus petites que les cirques glaciaires s.s. Elles sont actuelles dans les régions périglaciaires (hautes altitudes et hautes latitudes), parfois héritées comme dans les régions de moyenne montagne ou le domaine nord-méditerranéen.

Les sites des niches de nivation

Les principales causes de la persistance des flaques de neiges sous une paroi rocheuse plus ou moins haute sont la répétition des avalanches au sein de couloirs davalanche convergeant vers un site précis et la suralimentation neigeuse, par effet dechasse-neige”, le long dun versant au vent, la neige saccumulant au pied de la paroi située sous le vent. Ainsi, les sites préférentiels des niches de nivation se trouvent être les creux ombragés, une convergence de couloirs davalanches ou un replat, un vallonnement dorigine quelconque, favorisant laccumulation de la neige par le vent au sein du versant. En Islande, on peut observer le sol gelé sous la flaques de neige, car leau de fonte, percolant à travers la neige, vient geler superficiellement en été. Les deux processus dérosion majeurs sont donc la fragmentation du matériel par la gélifraction et son exportation par les eaux de fonte qui effectuent un lavage du matériel.

La partie aval des niches de nivation

À laval de la plaque de neige, associée aux niches de nivation, la concentration des produits fins par le ruissellement favorise laction dune gélivation intense, qui engendre la formation de sols géométriques, la reprise du matériel par la gélifluxionformes en bourrelets —, puis, vers laval, on remarque des langues étalées en gradins. Une fois que les creux de nivation sont suffisamment profonds, les flaques de neige persistent dune année sur lautre et peuvent devenir de véritables névés, avec transformation physique de la neige par diagenèse.

Les niches de nivation fossiles en Basse Provence

Souvent, en basse-Provence, des vallons possèdent plusieurs niches de nivation héritées du Würm, même à de très basses altitudes : dans le chaînon de la Nerthe, au sud de létang de Berre, on peut en rencontrer à 70 m au-dessus du niveau marin actuel. Leur orientation vers le Suden position dadretapparaît a priori surprenante. Elle sexplique néanmoins par leffet de chasse-neige lié au mistral.

Bibliographie

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  • R. Bozonnet R. (1981) Contribution à létude géomorphologique de la haute montagne tempérée : lexemple du massif du Mont Blanc. Thèse, Grenoble, 139 p.
  • Fr. Gaudet (1973) Les cours deau alpins de régime glaciaire. Thèse dÉtat, Univ. de Bretagne occ., 413 p.
  • M. Jorda (1975) Les montagnes du haut Verdon. Étude géomorphologique. Méditerranée, 25, 1, 37-58.
  • L. Lliboutry (1965) Traité de glaciologie. t. 2 :Glaciers. Variations du climat. Sols gelés. Paris, Masson, 614 p.
  • G. Monjuvent (1978) Le Drac. Morphologie, stratigraphie et chronologie quaternaires dun bassin alpin. Grenoble, Inst. Dolomieu-CNRS éd., 431 p.
  • Ch.-P. Péguy (1947) Haute Durance et Ubaye. Esquisse physique de la zone intra-alpine des Alpes françaises du Sud. Thèse Lettres, Grenoble, Imp. Arthaud, 291 p.
  • J. Tricart (1963) Géomorphologie des régions froides. P.U.F., Paris, 289 p.
  • J. Tricart (1981) Précis de géomorphologie. t. III : Géomorphologie climatique. Paris, SEDES-CDU, 313 p.
  • P. & G. Veyret (1967) Au cœur de lEurope, les Alpes. Paris, Flammarion, 546 p.
  • R. Vivian (1975) Les glaciers des Alpes occidentales. Grenoble, Imp. Allier, 513 p.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Cirque glaciaire de Wikipédia en français (auteurs)

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