- Chrétien de Troyes
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Chrétien de Troyes Activités Ecrivain, poète Naissance vers 1135 Décès vers 1183 Langue d'écriture Ancien français Genres Roman courtois Œuvres principales - Érec et Énide (v. 1170)
- Cligès ou la Fausse morte (v. 1175)
- Lancelot ou le Chevalier de la charrette (v.1175-1181)
- Yvain ou le Chevalier au lion (v.1175-1181)
- Perceval ou le Conte du Graal (v.1182-1190)
Chrétien de Troyes, sans doute originaire de Troyes, né vers 1135 et mort vers 1185, est un poète français, considéré comme un des premiers auteurs de romans de chevalerie.
Sommaire
Biographie
Chrétien de Troyes par lui-même
On ne sait à peu près rien de sa vie, si ce n'est ce qu'il en dit lui-même dans ses ouvrages. Il se désigne sous le nom de « Chrétien de Troyes » [1], ce qui permet d'imaginer qu'il est né ou a vécu dans cette ville ; au début du Lancelot ou le Chevalier de la charrette, il affirme avoir écrit sur le « comandemant de ma dame de Champagne », c'est-à-dire Marie de Champagne, fille d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII. Dans le prologue de sa dernière œuvre, le Conte du Graal, il indique être au service de Philippe d'Alsace, comte de Flandre et soupirant de Marie de Champagne. Ce sont ces informations qui nous permettent de dater avec certitude l'écriture de ces romans entre 1164 (année du mariage de Marie avec le comte de Champagne Henri le Libéral) et 1191 (année du décès du comte de Flandre).
On[Qui ?] a supposé que Chrétien aurait été issu d'une famille de la petite noblesse, en s'appuyant notamment sur la description du vavasseur père d'Énide dans Érec et Énide : suggérant que les vavasseurs constituent le socle moral et le fondement social de l'ordre féodal, il aurait ainsi rendu hommage à son milieu d'origine. Dans cette perspective, l'auteur de Cligès aurait été le fils cadet d'une famille aristocratique qui aurait été destiné à la carrière cléricale. Mais cette hypothèse se heurte au fait que Chrétien rattache son nom à la ville de Troyes, et non, comme cela aurait l'usage pour un aristocrate, à un château ou à un fief[2].
Il a été également évoqué la possibilité d'une origine juive de Chrétien, Troyes ayant été l'un des centres européens de la culture judaïque (avec notamment Rachi, mort en 1105. Cette hypothèse est étayée par le fait que, dans Philomena, il se désigne comme étant « Crestien li Gois » (vers 734) : le fait de se désigner comme « goy » impliquerait que l'auteur était un juif converti. Mais « Gois » n'est peut-être qu'une déformation de « Gouaix », village situé à proximité de Troyes[3].
L'œuvre
Chrétien a écrit cinq romans chevaleresques en vers octosyllabiques. S'inspirant des légendes bretonnes et celtes du Roi Arthur et de la quête du Graal, Chrétien de Troyes produit Lancelot ou le Chevalier de la charrette (1176), Yvain ou le Chevalier au lion (vers 1176), ou encore Perceval ou le Conte du Graal (vers 1180). Ces aventures mythiques sont parfaitement réadaptées dans le cadre de la littérature courtoise. Les héros sont souvent confrontés à un choix difficile entre leur amour et leur devoir moral de chevalier.
Sa source d’inspiration se trouve dans la tradition celtique et les légendes bretonnes (la matière de Bretagne). Mais il leur confère, du moins dans son dernier roman, une dimension chrétienne nouvelle, fortement imprégnée par les chansons de geste en langue d’oïl de la seconde moitié du XIIe siècle et la fin'amor des troubadours. Le secret de son art réside dans sa capacité à opérer, selon ses propres mots, la bonne « conjointure », c'est-à-dire l'alliage savamment dosé entre la matière et le sens.
Œuvres et inspirations
Sa principale œuvre est celle des romans de la table ronde avec pour représentant le roi Arthur. Ce personnage, a priori principal, n'est pourtant pas au centre des quêtes qu'invente Chrétien de Troyes. À l'inverse, on y trouve des chevaliers connus comme Yvain ou Lancelot, dont la ligne de conduite réside dans la courtoisie. La base de ses romans est bien souvent la quête implicite du personnage vers la reconnaissance et la découverte de soi, comme vers la découverte des autres, à l'image d'une intégration à la cour et de l'amour de la reine Guenièvre. À l'inverse de la chanson de geste, dont le thème est patriotique (histoire de Charlemagne par Roland par exemple) et dont la quête est dite « collective », le roman du XIIIe siècle propose une quête personnelle du chevalier, quasi-intime.
La cour du roi Arthur est un lieu fixe dans tous les romans de Chrétien de Troyes. Cette dernière est bien sûr imaginée par l'auteur, qui se base sur des croyances populaires celtes et anglo-normandes. La cour est un point de repère idéal pour les romans de la table ronde, elle est le lieu de la plénitude où règnent la grande vie et les biens en abondance. Les aventures de la table ronde trouvent leur source d'existence dans la femme, dans l'être aimé. On peut penser que ces œuvres ont ouvert à la littérature le monde de l'Amour avec un A majuscule. Chrétien de Troyes oppose déjà cet Amour à la Raison, et c'est ce symbole qui marquera durablement la littérature française. Si le thème de la courtoisie disparaitra peu à peu de l'histoire littéraire, au fil de l'avancement des mœurs populaires, le thème de l'amour, lui, s'y ancrera très profondément.
Dans l'introduction de Cligès, Chrétien indique qu'il est également l'auteur de cinq autres œuvres antérieures à ses romans : quatre sont des adaptations d'Ovide en langue vernaculaire, dont une seule nous est parvenue ; la cinquième est une version de Tristan et Iseut, malheureusement disparue.
On connait encore deux poèmes lyriques de sa plume. Tous ses textes sont en langue romane et nous ne lui connaissons aucun écrit en latin.
On lui a aussi parfois attribué le roman Guillaume d'Angleterre, inspirée par la vie de saint-Eustache. Simplement signée « Crestiiens », on considère aujourd'hui qu'il y a peu de chances qu'elle ait été écrite par l'auteur de Perceval.
Ouvrages
Traductions d'Ovide
- Les Commandemanz Ovide (perdu), d'après Remèdes à l'amour ;
- L'Art d'amors (perdu), d'après L'Art d'aimer ;
- Le mors de l'épaule (perdu), d'après l'histoire de l'épaule de Pélops mangée par Démeter, livre VI des Métamorphoses ;
- La Muance de la hupe, de l'aronde et del rossignol, connu sous le titre de Philomena, d'après l'histoire de la métamorphose de Térée, Philomèle et Procné, livre VI des Métamorphoses ;
Romans arthuriens
- un roman del roi Marc et d'Ysalt la blonde (Tristan et Iseult, perdu) ;
- Érec et Énide, vers 1170 ;
- Cligès ou la Fausse morte, vers 1176 ;
- Lancelot ou le Chevalier de la charrette, roman de Lancelot, vers 1175-1181 (achevé par Godefroiz de Leigni) ;
- Yvain ou le Chevalier au lion, roman d'Yvain, vers 1175-1181 ;
- Perceval ou le Conte du Graal ou roman de Perceval, vers 1182-1190 (inachevé).
Bibliographie
Éditions
- Chrétien de Troyes, Œuvres complètes, édition et traduction sous la direction de Daniel Poiron, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1994, 1600 p.
Études sur Chrétien de Troyes
- Estelle Doudet, Chrétien de Troyes, Tallandier, Paris, 2009
- Philippe Walter, Chrétien de Troyes, Presses universitaires de France, collection « Que sais-je ? », Paris, 1997
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Dossier sur Chrétien de Troyes dans l'exposition virtuelle de la BnF : "Arthur, la légende du roi" Bibliothèque nationale de France
- (fr) Dictionnaire Électronique de Chrétien de Troyes Le DÉCT est un outil interactif permettant d'interroger les textes (transcriptions du manuscrit P BnF fr. 794), permettant de comprendre le sens des mots grâce au lexique qui l'accompagne. LFA Université d'Ottawa / ATILF CNRS & Nancy Université
- Dictionnaire de l'œuvre de Chrétien de Troyes, en ligne, Wendelin Foerster, 1914
Références
- Érec et Énide, vers 9, sous la forme : Crestiens de Troies
- Cf. Isabelle Doudet, Chrétien de Troyes, p.35-36.
- Cf. Isabelle Doudet, op. cit., p.39-42.
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