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Chinois classique
Le chinois classique (en sinogrammes simplifiés 古文 ; en sinogrammes traditionnels 古文 ; en pinyin Gǔwén) est une forme traditionnelle de la langue chinoise écrite fondée sur la grammaire et le vocabulaire d'états anciens de la langue chinoise, ce qui en fait une langue écrite différente de toute langue chinoise écrite contemporaine. Le terme désigne parfois le chinois littéraire (en sinogrammes simplifiés 文言文 ; en sinogrammes traditionnels 文言文 ; en pinyin Wényánwén), généralement considéré comme la langue qui a succédé au chinois classique. Cependant, la distinction entre d'une part le chinois classique et le chinois littéraire est floue.
Le chinois classique ou littéraire écrit à l'intention des Coréens est connu sous le nom de Hanmun; pour les Japonais, il s'agit du Kanbun (tous deux écrit 漢文, ce qui signifie "langage écrit des Han); au Vietnam, c'est le Chữ nho (字儒).
Sommaire
Définitions
Bien que les expressions chinois classique et chinois littéraire soient généralement considérés comme équivalentes, il convient cependant de quelque peu les nuancer. Les sinologues ont tendance à les considérer comme deux choses différentes. Selon diverses définitions académiques, le chinois classique (古文, Pinyin Gǔwén, "Ancienne écriture"; ou plus littéralement 古典漢語 Gǔdiǎn Hànyǔ "chinois classique") renvoie à la langue chinoise écrite de la dynastie Zhou, et en particulier à la Période des Printemps et des Automnes, ce jusqu'à la fin de la dynastie Han. Le chinois classique est dès lors la langue utilisée dans nombre des livres chinois classiques de référence, tels les Entretiens de Confucius", le Mencius et le Dao De Jing (la langue de textes plus anciens, tels le Classique des vers, est parfois appelé chinois archaïque).
Le chinois littéraire (文言文, Wényánwén, « écriture littéraire », ou plus couramment simplement 文言 Wényán) est la forme du chinois écrit utilisée entre la fin de la dynastie Han jusqu'au début du XXe siècle, quand il fut remplacé par le chinois écrit vernaculaire (Baihua). Le chinois littéraire diverge davantage des dialectes chinois que le chinois classique, ayant évolué à travers les époques de façon de plus en plus divergente de la langue chinoise parlée. Cependant, le chinois littéraire est essentiellement basé sur le chinois classique, et les personnes écrivant en chinois littéraire n'hésitaient pas à reprendre des éléments du chinois classique en leur chinois littéraire. Ces deux formes écrites sont toujours restées relativement proches, même si le chinois littéraire a divergé de sa source au cours des siècles.
Cette situation, l'usage de chinois littéraire comme langue commune entre la Chine, le Japon, la Corée et le Vietnam, peut être comparée à celle de l'usage universel de la langue latine qui a subsisté malgré l'apparition locale des langues romanes, ou encore à la situation actuelle de l'arabe classique et des ses variétés locales. Les langues romanes ont continué à évoluer, influençant les textes latins qui leur étaient contemporains, si bien qu'au Moyen Âge, la langue latine incluait diverses adaptations nouvelles qui auraient posé problème aux romains. Il en devint de même de la langue grecque. La coexistence du chinois classique avec les langues locales de la Corée, du Japon, du Vietnam peut être comparée à l'utilisation de la langue latine en des pays n'utilisant pas de langue dérivée du latin, telles les langues germaniques, les langues slaves, où à la place de l'arabe en Inde ou en Perse.
Prononciation
Les sinogrammes ne sont pas une écriture alphabétique, et leur évolution ne reflète pas l'évolution de la prononciation. Les tentatives de reconstruction du chinois archaïque oral restent extrêmement difficiles. Le chinois classique n'est dès lors pas lu en tentant de le faire avec la prononciation qui prévalait à l'époque, qui reste hypothétique. Les lecteurs utilisent généralement la prononciation qui est celle de la langue dans laquelle ils s'expriment habituellement (mandarin, cantonais…) ; ou encore, pour certaines langues chinoises telles le minnan, avec une série de prononciations standards prévues pour le chinois classique, hérités d'usages anciens. En pratique, toutes les langues chinoises combinent ces deux techniques, le Mandarin et le Cantonnais par exemple utilisant pour certains caractères des prononciations anciennes ou typées, mais généralement pour d'autres la prononciation contemporaine.
Les lecteurs coréens, japonais, ou vietnamiens du chinois classique utilisent des prononciations propres à leur langue. Par exemple, les japonais les prononcent On'yomi ou (plus rarement) Kun'yomi, qui sont la prononciation utilisée pour les kanji (caractères chinois utilisés en japonais). Kunten, un système spécifique pour exprimer le chinois classique, est aussi utilisé.
Depuis que la prononciation du chinois archaïque ou d'autres formes historiques du chinois oral (telle le chinois médiéval) ont été depuis longtemps perdues, des textes et des caractères qui les composaient ont depuis perdu leurs rimes et leur poésie (plus fréquemment en mandarin qu'en cantonais). La poésie et l'écriture basées sur les rimes ont dès lors moins de cohérence et de musicalité qu'à l'époque de leur composition. Cependant, certaines caractéristiques des dialectes modernes semblent plus proches du chinois archaïque ou médiéval, de par la préservation du système de rimes. Certains pensent[Qui ?] que la littérature wenyan, en particulier sa poésie, est mieux préservée lorsqu'elle est lue en certains dialectes, qui seraient plus proche de la prononciation du chinois archaïque. Il s'agit essentiellement de langues issues du sud de la Chine, telles le cantonais ou le minnan.
Un autre phénomène important qui apparaît à la lecture du chinois classique est l'homophonie, soit des mots à la signification et éventuellement à l'écriture différente, qui se prononcent d'une même façon. Jusqu'à plus de 2500 ans de changement de prononciation séparent le chinois classique des langues chinoises et leurs dialectes parlés de nos jours. Dès lors, de nombreux caractères qui à l'origine une prononciation différente sont depuis devenus homophones, en une langue chinoise, ou encore en vietnamien, coréen ou japonais. Il existe un célèbre essai de chinois classique écrit au début du XXe siècle par le linguiste Y. R. Chao appelé Le poète mangeur de lions dans son repère de pierre qui illustre ce phénomène. Le texte est parfaitement compréhensible lorsqu'on le lit, mais il ne comprend que des mots qui se prononcent désormais "shi" (et ses quatre tons en mandarin : "shi1", "shi2", "shi3" et "shi4"), ce qui le rend incompréhensible à l'audition. Le chinois littéraire, de par sa nature de langue écrite employant une écriture logographique, s'accommode d'autant plus facilement d'homophones, qui ne pose pas de problème par le vecteur écrit traditionnel, mais qui devait s'avérer source d'ambiguïté à l'oral, y compris pour les locuteurs de la langue orale archaïque.
La situation est similaire à celle de certains mots d'autres langues qui sont homophones, tels par exemple en français "saint" (latin: sanctus) et "sein" (latin: sine). Ces deux mots ont une même prononciation, mais ont des origines différentes, ce qui est rendu par la façon dont ils sont écrits; ils avaient cependant à l'origine des prononciations différentes également, dont l'écrit est une trace. L'orthographe française n'est ancienne que de quelques centaines d'années et rend pour part compte de prononciations anciennes. L'écriture chinoise est par contraste vieille de plusieurs millénaires, et logographique, et les homographes sont dès lors sensiblement plus présents que dans les écritures de langues basées sur la prononciation.
Grammaire et lexique
Le Guwen plus encore que le Wenyan se distingue du baihua par son style qui apparaît comme extrêmement compact pour les locuteurs chinois modernes, et utilisant un vocabulaire différent. Pour ce qui est de la concision et du caractère compact, par exemple, le Guwen utilise rarement des mots de deux caractères, ils sont pratiquement tous d'une seule syllabe. Ceci tranche fortement avec le chinois moderne où les mots de deux caractères constituent une bonne part du lexique. Le chinois littéraire a aussi généralement plus de pronoms que la langue moderne. Le mandarin en particulier n'utilise qu'un seul pronom pour la première personne ("Je"/"moi"), alors que le chinois littéraire en a plusieurs, dont plusieurs pour des usages honorifiques, et d'autres pour des usages spécifiques : (première personne collective, première personne possessive, etc.).
Ce phénomène existe notamment parce que des mots polysyllabiques évoluent en chinois pour lever des ambiguïtés homophones. Ceci est similaire en anglais au phénomène pen/pin merger du sud-États-Unis. De parce que les sons sont proches, il peut y avoir une confusion, ce qui entraîne l'ajout régulier d'un terme permettant de lever l'ambiguïté, par exemple "writing pen" et "stick pin". De même, le chinois moderne a vu apparaître de nombreux mots polysyllabiques pour lever les ambiguïtés sur les mots monosyllabiques homophones, qui apparaissent aujourd'hui comme des homophones, mais qui ne l'étaient pas par le passé. Depuis que le guwen se veut ostensiblement une imitation du chinois archaïque, il a tendance à faire disparaître tout mot plurisyllabique présent en chinois moderne. Pour la même raison, le guwen a une forte tendance à laisser tomber les sujets, les verbes, les objets, etc, quand ceux-ci sont compris d'une façon ou d'une autre, ou qu'ils peuvent être inférés, tendant vers une simplicité et une optimalisation de la forme; le guwen n'a par exemple développé de pronom neutre (le "it" en anglais en tant que sujet) que très tardivement. Une phrase comprenant 20 caractères en baihua n'en comprend souvent que 4 ou 5 en guwen.
Il existe également des différences pour le classique, en particulier pour les particules grammaticales, aussi bien que pour la syntaxe.
En plus des différences grammaticales et de vocabulaire, le guwen se distingue par des différences littéraires et culturelles : il y a une volonté de maintenir un parallélisme et un rythme, même dans les œuvres en prose, et une utilisation importante d'allusions culturelles.
La grammaire et le lexique du chinois classique sont également quelque peu différents entre le chinois classique et le chinois littéraire. Par exemple, la montée de 是 (Mandarin moderne shì) en tant que copule ("être") plus que comme un démonstratif de proximité ("ce") est typique du chinois littéraire. Ce dernier a également eu tendance à utiliser davantage les combinaisons de deux caractères que le classique.
Notes et références
- Jerry Norman, « Pharyngealization in Early Chinese », Journal of the American Oriental Society, 1994.
Voir aussi
Articles connexes
- Chéngyǔ
- langue historique Han'er
- Sino-Japonais
- Sino-Coréen
- Sino-Vietnamien
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Catégorie : Langue chinoise
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