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Classique des vers
Le Classique des vers, ou Livre des Odes (詩經, Cheu King, Shi Jing ou Shi) est un recueil d'environ trois cents chansons chinoises antiques dont la date de composition pourrait s’étaler des Zhou occidentaux au milieu des Printemps et des Automnes. Il contient les plus anciens exemples de poésie chinoise. C’est depuis les Han un des Cinq classiques au programme de la formation des futurs fonctionnaires. Il a à ce titre exercé une grande influence sur la littérature chinoise. En Chine il est également appelé Trois cents poèmes (1) ou Poèmes de Mao (2), du nom des glosateurs Han de la seule édition qui nous soit parvenue. Le jésuite Seraphin Couvreur en a traduit l’intégralité. Le sinologue Marcel Granet a étudié ce recueil en profondeur et en a déduit les traits principaux de la culture chinoise antique.
(1) 詩三百 (2) 毛詩
Sommaire
Composition
Il contient 305 poèmes répartis en quatre catégories (1) : chansons des royaumes (2), grandes odes (3), petites odes (4), hymnes religieux (5). Les petites odes comprennent en outre 6 titres vides de paroles (6), le Shi Jing contient donc 311 titres.
- Les chansons des royaumes, au nombre de 160, seraient des chants populaires des différents états de l’empire Zhou répartis en 15 groupes régionaux (7). À l’exception de quelques uns, leur style évoque effectivement une origine rurale, mais il est impossible de déterminer si ce sont d’authentiques chants recueillis sur le terrain ou des imitations.
- Les grandes et les petites odes, comprenant respectivement 31 et 74 poèmes, sont clairement une production de la classe lettrée et ont pour thème essentiel l’approbation ou la critique des gouvernants et de leur politique.
- Les hymnes de cour comprennent 40 œuvres : 31 hymnes de Zhou (antérieurs aux rois Zhao (8) et Mu (9) pour la plupart), 4 hymnes de Lu (Duc Xi) (10) et 5 hymnes de Song (11).
Les glosateurs ont divisé les poèmes en six catégories stylistiques (12) : trois types de musique (chansons feng, odes ya et hymnes song) et trois modes d’expression (fu exposition directe (13), bi comparaison explicite (14), xing évocation (15)).
(1) Sishi 四始 (2) guofeng 國風 (3) daya 大雅 (4) xiaoya 小雅 (5) song 頌 (6) shengshi 笙詩 (7) Zhounan 周南, Zhaonan 召南, Bei 邶, Yong 鄘, Wei 衛, Wang 王, Zheng 鄭, Kuai 檜 Qi 齊、Wei 魏 Tang 唐 Qin 秦、豳 Chen 陳 Cao曹 (8) 周昭王 (9) 周穆王 (10) 魯僖公 (11) 宋國 (12) liu yi 六義 (13) 賦 (14) 比 (15) 興
Origine
Le Shi fut considéré comme un classique jing (1) sous les Han et sa compilation attribuée officiellement à Confucius, qui aurait sélectionné trois cents et quelques poèmes parmi trois mille d’origine en raison de leur valeur d'illustration des rites, une des bases essentielles du gouvernement et de l’ordre social confucéens. Cette opinion, reflétée entre autres dans le Shiji, ne fut jamais unanimement acceptée. Le Livre des Han (2) voit dans l’ouvrage l’œuvre de fonctionnaires Zhou envoyés chaque année au moment des récoltes dans les campagnes pour recueillir les chants populaires afin de renseigner le souverain sur l’état d’esprit de la population. Le Zuo Zhuan mentionne le Shi Jing comme existant déjà du temps de l’enfance de Confucius.
Les lieux mentionnés dans le Shi se trouvent dans la vallée du Fleuve jaune entre le Shanxi et une partie du Gansu à l’ouest, le Shandong à l’est, le sud-ouest du Hebei au nord et la région entre le Chang Jiang et la Han au sud.
Les historiens chinois estiment que les poèmes étaient un mode possible de communication diplomatique à l’époque des Printemps et des Automnes.
(1) 經 (2) 漢書•食貨志
Commentaires
Qu’il ait ou non participé à sa compilation, Confucius mentionne souvent le Shi, dont il dit : « Qui n’étudie pas le Shi ne sait ni parler ni agir correctement » (1).
Sous les Han occidentaux, alors que les exemplaires existant avaient été théoriquement détruits sur ordre de Qin Shihuang, trois lettrés enseignaient le Shi qu’ils avaient mémorisé : Shen Pei (2) du pays de Lu, Yuan Gu (3) de Qi et Han Ying (4) de Yan. De leur enseignement ne reste que la version non-officielle de Han (5), le Hanshi waizhuan. À la fin du IIe siècle av. J.-C., un nommé Mao Heng (6) de Lu remit au prince Xian de Hejian (7), parent de l’empereur Wudi et grand collectionneur de textes pré-Qin, une version prétendument plus ancienne. Glosée par Mao Heng et son disciple Mao Chang de Zhao (8), puis les célèbres commentateurs de classiques Zheng Xuan (9) (Han orientaux) et Kong Yingda (10) (Tang), cette version est devenue le Classique des vers actuel.
Chaque poème est précédé d’une préface expliquant sa signification (11). La préface du Guansui (12), premier poème (Chansons des royaumes, Zhounan) contient une présentation de l’ensemble de l’ouvrage. Les sources ne s’entendent pas sur l'identité de leur(s) auteur(s). Bien que leur pertinence vis à vis du sens originel des poèmes soit contestée, leur influence fut et reste grande.
(1) 不學詩, 無以言 .不學詩, 無以立 (2) 申培 (3) 轅固 (4) 韓嬰 (5) 韓詩外傳 (6) 毛亨 (7) 河間獻王 (8) 毛萇 (9) 鄭玄 (10) 孔穎達 (11) xiaoxu 小序 (12) 關睢
Voir aussi
- Marcel Granet Fêtes et chansons anciennes de la Chine, 1re éd. 1919, rééd. 1929, Paris, E. Leroux.
- Séraphin Couvreur Le Cheu king, Ho-kien-fou, 1896, rééd. Sien-hien, 1926
- Shi Jing en ligne (UQAC). Traduction de Séraphin Couvreur (1896).
- (zh) (en) Shi Jing, University of Virginia Chinese Text Initiative. Texte chinois et traduction anglaise de James Legge (1879).
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Catégorie : Classique chinois
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