Chasuble

Chasuble
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Une chasuble au XVe siècle

La chasuble est un vêtement sacerdotal à deux pans et sans manche avec une ouverture pour la tête, que le prêtre revêt par dessus l'aube et l'étole pour célébrer la messe, et pour d'autres actions liturgiques quand elles précèdent ou suivent immédiatement la messe[1].

Sommaire

Origine et historique

Le mot vient du latin casula, qui signifie « petite maison ». On l'appelle également pænula en latin (comme le manteau que l'apôtre Paul avait oublié à Troas lors d'un de ses voyages[2]). C'était en effet, à l'origine, une vaste rotonde qui enveloppait complètement le prêtre, appelée chasuble romane ou chasuble cloche. Au centre, il y avait un trou pour passer la tête et on la relevait sur les bras pour dire la messe.

A force de l'enrichir de parements, de broderies, de fils précieux (or, argent), le tissu s'est épaissi est la pliure est devenue impossible, le vêtement incommode : il fallait deux assistants à chacun des prélats lors du sacre royal à Reims pour soutenir les pans des vêtements.

Les deux faces d'une chasuble baroque richement décorée

On a donc échancré les côtés, aboutissant à Rome aux XVIIe et XVIIIe siècles à une forme s'éloignant nettement de l'antique planeta, la chasuble romaine, parfois appelée « baroque », souvent très épaisse et ornée. Ce type de chasuble est encore couramment utilisée de nos jours en Italie. La forme variait légèrement selon les pays. En France, on pouvait en voir dans les églises majeures pour les grandes cérémonies, les petites paroisses, souvent pauvres, adoptant une forme plus réduite encore, comme celle que l'on peut voir sur les représentations du Curé d'Ars. Appelée familièrement « boite à violon » ou chasuble « violon » en raison de la forme de sa partie antérieure, très étroite au niveau de la poitrine, qui n'était suspendue que par deux petites bandes de tissu, sa partie postérieure ne dépassait guère la largeur des épaules. En Espagne, la partie postérieure de la chasuble, comme sa face antérieure, se rétrécissait légèrement au-dessous des épaules pour s'évaser et s'arrondir en son bas.

Chasubles « semi-gothiques »

Le diocèse de Moulins, qui fut parmi les premiers diocèses français a adopter le rite romain au cours du XIXe siècle, avait choisi, avec une autorisation spéciale du Saint-Siège, une forme inspirée d'anciennes chasubles romaines qui existaient avant la chasuble « baroque », telle qu'on peut en voir sur les illustrations du liturgiste Batholomée Gavantus au XVIe siècle. Retrouvant une forme ovale parfois qualifiée de « semi-gothique », souvent ornée d'une croix latine dans le dos et d'une simple bande à l'avant, elle était un peu moins ample que celle qui lui succédera en France quelques décennies plus tard. Pour ce diocèse, la face avant de la chasuble « doit mesurer cent cinq centimètres de haut et l’arrière, cent vingt centimètres. Cinquante centimètres séparent le haut des épaules de l’extrémité, l’envergure est alors à peu près égale à un mètre[3]. »

Une chasuble moderne

Ce retour à une forme plus ancienne marque les prémices d'un renouveau liturgique qui, au début du XXe siècle, va aboutir à l'utilisation de tissu souple et de formes inspirées des illustrations médiévales, donnant naissance à la chasuble dite « gothique. » C'est elle qui était majoritairement utilisée en France avant la réforme liturgique de Vatican II, parfois en concurrence avec les chasubles romaines des grandes fêtes ou des funérailles.

Depuis la réforme liturgique, en France, les chasubles romaines ont disparu et les chasubles gothiques ne sont plus utilisées que rarement, exception faite dans les deux cas de la célébration de la forme extraordinaire du rite romain. Le tissu utilisé actuellement pour la confection des chasubles est devenu très souple, souvent sans doublure, les ornements légers, et la forme s'est rapprochée (à plat) de l'ovale, sans couture sur les manches, comme les chasubles romanes.

Dans les rites orientaux, la chasuble a presque toujours conservé sa forme originelle, mais fendue en avant, ce qui lui donne l'aspect du pluvial des rites latins.

Utilisation liturgique

La chasuble symbolise la charité, l'amour du Seigneur, qui doit envelopper le prêtre[2] et le joug du Seigneur[4].

Sa couleur, en rite romain, varie en fonction du temps liturgique  : rouge, blanc, vert, violet, parfois aussi rose, noir, gris cendré, ou encore de drap d'or (qui peut remplacer le blanc, le rouge et le vert), ou d'argent (qui se substitue au blanc).

Chasuble pliée

Dans le rite tridentin, « expression extraordinaire » du rite romain[5], lors de l'ordination, le nouveau prêtre reçoit d'abord la chasuble pliée dans le dos. Ce n'est qu'ensuite, lorsqu'il fait promesse d'obéissance à l'évêque que celle-ci est dépliée : c'est le signe que les pouvoirs soumis à juridiction lui sont accordés - confession et prédication.

Aux temps de pénitence, dans les grandes églises, la dalmatique du diacre et la tunique du sous-diacre étaient remplacées, jusqu'à la réforme des rubriques romaines par le pape Jean XXIII, en 1960, par des chasubles violettes (ou noires le vendredi saint), pliées en avant ou coupées vers le milieu de la partie antérieure.

Annexes

Notes et références

  1. Présentation générale du Missel romain, article n° 337, traduction officielle en français de la PGMR tertia typica de 2002 sur le site du Vatican
  2. a et b La sainte messe, hier aujourd'hui et demain, Dom Jean Denis chalufour osb, Petrus et Stella, 2000. p21
  3. Décret du synode diocésain du 3 et 4 août 1865, cité par Aurore Chatard in : Les ornements liturgiques au XIXe siècle : origine, fabrication et commercialisation, l’exemple du diocèse de Moulins, Yzeure, Amis du patrimoine religieux en Bourbonnais, 2006 (ISBN 2-9518027-2-2)
  4. Domine, qui dixisti: Jugum meum suave est et onus meum leve: fac, ut istud portare sic valeam, quod consequar tuam gratiam. Amen.
  5. La traduction du motu proprio Summorum Pontificum sur le site de la Conférence des évêques de France

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