- Charles Bourbaki
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Charles Denis Bourbaki
Pour les articles homonymes, voir Bourbaki.Charles Denis Bourbaki (Pau, 22 avril 1816 - Cambo-les-Bains, 27 septembre 1897), est un officier français qui se distingue dans l'armée d'Afrique et notamment dans la guerre de Crimée. Il sera ensuite nommé général et servira dans l'armée du Rhin puis l'armée de l'Est lors de la guerre franco-allemande.
Fils d'un colonel grec, mort pendant la guerre d'indépendance grecque en 1827. Français patriote, brillant soldat, Bourbaki, comme certains autres généraux du Second Empire dont la formation s'est déroulée Afrique, est appelé aux plus hauts commandements lorsque la Patrie est malmenée en 1870. [1]
Sommaire
Carrière militaire
Il entre à Saint-Cyr, et en 1836 il rejoint les zouaves, puis promu au grade de lieutenant, il entre dans de la Légion étrangère. Il assumera également la charge d'aide de camp du roi Louis Philippe. C'est lors d'une expédition en Afrique qu'il connait le combat pour la première fois. Capitaine des zouaves en 1842, lieutenant-colonel du Premier Zouaves en 1850, colonel des Turcos en 1851, et brigadier général en 1854. Il commanda une partie des troupes algériennes pendant la guerre de Crimée, et il rendit son nom célèbre à Alma, Inkerman et Sébastopol. En 1857 il est nommé général de division, et commande à Lyon en 1859. Son succès dans la campagne d'Italie est dépassé par celui de MacMahon, et en 1862 il est proposé comme candidat au trône vacant de Grèce, mais il décline l'honneur. [1]
Metz
En 1870 l'Empereur lui confie le commandement de la garde impériale, et il joua un rôle important dans les opérations liées au siège de Metz.
Un curieux évènement du siège de Metz implique Bourbaki. Un homme, qui se fait appeler Regnier, apparait à Hastings vers le 21 septembre, pour demander une entrevue à l'impératrice réfugiée Eugénie, et ne réussit pas à l'obtenir. Il réussit cependant à recevoir du jeune prince impérial une photographie signée avec un message pour Napoléon, qu'il use comme sauf-conduit pour Bismarck, et comme pièce d'identité pour le maréchal Bazaine, auquel il se présente à Metz, lui racontant sous l'autorité de l'impératrice que la paix doit être signée et que le maréchal Canrobert ou le général Bourbaki doit se rendre à Hastings dans ce but. Aussitôt Bourbaki se rend au Royaume-Uni, avec la connivence de la Prusse, croyant qu'il a une mission officielle. Dès qu'il découvre par l'impératrice que l'on s'est moqué de lui, il retourne aussitot en France.
Au secours de Belfort
Il offre ses services à Léon Gambetta et reçoit le commandement de l'armée du Nord, mais il est destitué le 10 novembre et transféré à l'armée de la Loire. À la tête de troupes hâtivement entraînées et mal équipées de l'armée de l'Est, il tente de lever le siège de Belfort mais cette opération, après la victoire inexploitée de Villersexel, finit par la retraite des Français dans la bataille des 3 jours de Lisaine. Les officiers ayant participé à ces évènements font état du peu de combativité et l'excès de prudence de Bourbaki, qui, à l'image de Bazaine à Mars-la-Tour, surestime l'adversaire et sous-estime ses forces, abandonnant finalement le combat sans avoir lancé toutes ses forces dans la bataille[2].
Retraite et internement
La retraite de Bourbaki vers Besançon est coupée par d'autres forces allemandes dirigées par Manteuffel, et il est contraint de replier son armée vers la frontière suisse. Ses troupes sont dans la situation la plus déplorable, et manquent de nourriture. Des 150 000 hommes avec qui il était parti, il n'en reste plus que 84 000.
C'est alors le passage en Suisse aux Verrières (commune proche de Pontarlier-Doubs), mais aussi à Sainte-Croix (Vaud) et Vallorbe, où l’armée de l'Est est désarmée puis internée dans les divers cantons de la Confédération, suite à la Convention des Verrières. Cet épisode dramatique est immortalisé par le peintre Édouard Castres (voir note ci-après). Bourbaki lui-même, plutôt que de se soumettre à l'humiliation de la reddition, le 26 janvier 1871, délégue ses fonctions au Général Clinchant, et dans la nuit se tire une balle dans la tête, mais la balle, ayant déviée, ricoche contre son crâne et il est sauf. Le général Clinchant transporte Bourbaki en Suisse, où il retrouve assez de force pour retourner en France.[3]
Nouveau commandement
En juillet 1871 Bourbaki devient gouverneur militaire de Lyon. En 1881, du fait de ses opinions politiques, il est placé dans le cadre de réserve. En 1885, sa candidature au Sénat est un échec.
Anecdotes
Dans l'armée française, l'expression l'armée à Bourbaki désigne de nos jours de façon péjorative un groupe hétérogène mal équipé, comme par exemple lorsque le port de l'uniforme n'est pas règlementaire. C'est sans doute une référence aux troupes mal équipées de l'armée de l'Est que Bourbaki se vit attribuer par l'état-major.
Une petite vacherie de Maupassant dans Boule de Suif : le général Bourbaki passait aux yeux du capitaine Épivent, bel homme vain et superficiel, pour le plus grand des généraux français : « Il [Épivent] ne respectait, en somme, que les beaux hommes, la vraie, l'unique qualité du militaire devant être la prestance. Un soldat c'était un gaillard, que diable, un grand gaillard créé pour faire la guerre et l'amour, un homme à poigne, à crins et à reins, rien de plus. Il classait les généraux de l'armée française en raison de leur taille, de leur tenue et de l'aspect rébarbatif de leur visage. Bourbaki lui apparaissait comme le plus grand homme de guerre des temps modernes. Il riait beaucoup des officiers de la ligne qui sont courts et gros et soufflent en marchant, mais il avait surtout une invincible mésestime qui frisait la répugnance pour les pauvres gringalets sortis de l'École polytechnique, ces maigres petits hommes à lunettes, gauches et maladroits, qui semblent autant faits pour l'uniforme qu'un lapin pour dire la messe, affirmait-il. »
Le panorama Bourbaki de Lucerne
Le panorama circulaire Bourbaki à Lucerne (Suisse)[4], se présente sous le forme d'une rotonde d'un diamètre de plus de 40 m. Il existe peu de panoramas de ce genre dans le monde. Réalisé sur la base de nombreuses esquisses dessinées pendant cette guerre, il est le témoignage historique d'une qualité documentaire exceptionnelle. Cette œuvre constitue un document à la mémoire de la première grande action humanitaire de la Croix-Rouge suisse, et de la politique de neutralité de la Confédération.
Le thème très particulier - on peut même dire unique - du panorama est l'immense misère des soldats blessés, affamés et gelés qui ont passé la frontière suisse aux verrières (NE) le 1er février 1871. Après avoir réalisé un grand nombre de projets, le peintre Édouard Castres, auteur de l'ouvrage, aidé de collaborateurs, a ainsi associé à l'idée de guerre, non pas la notion de victoire, mais la notion de douleur. Le cadre choisi : un triste paysage d'hiver gris-blanc, d'immenses champs couverts de neige, a permis d'accentuer la tragédie humaine soigneusement décrite. C'est en colonnes interminables que les soldats traversent le champ de vision des visiteurs... [5]
Notes
- ↑ a et b Qui était le général Charles Denis Sauter Bourbaki, 22 avril 1816, 22 septembre 1897 ; Alfred Guye ; Chézard : A. Guye, 1976. ; (OCLC 82663820)
- ↑ Le général Bourbaki, par un de ses anciens officiers d'ordonnance ; Louis d' Eichthal ; Paris, E. Plon, Nourrit et cie, 1885. (OCLC 12526525)
- ↑ Le général Bourbaki, 1816-1897. ; G de Corlay ; Abbeville, C. Paillart 1900. (OCLC 23425910)
- ↑ Site officiel du Panorama Bourbaki de Lucerne
- ↑ Das Bourbaki-Panorama von Edouard Castres ; Brigit Kämpfen-Klapproth, Edouard Castres; Luzern : Komm. Keller, cop. 1980. (OCLC 25916035)
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