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Chapelle de Kermaria an Iskuit
Située dans le hameau de Kermaria en Plouha (Côtes-d'Armor), la chapelle de Kermaria an Iskuit (ou Kermaria an Isquit) se dresse au milieu de la campagne. Elle a été bâtie au XIIIe siècle.
Sommaire
Architecture
La chapelle est formée d'une nef centrale à sept travées, flanquée de deux bas-côtés. Le chœur, orienté à l'est, est à trois pans coupés. Au sud, une chapelle privative forme l'amorce d'un bras de transept. Au niveau de la troisième travée s'ouvre, également sur la façade sud, le porche.
Les quatre travées côté ouest sont datées du XIIIe siècle, les trois autres travées, la chapelle privative et le porche sont du XVe siècle. La tour qui surplombe le pignon ouest est coiffée d'une flèche en charpente et couverte d'ardoises, elle porte la date de 1702. Le chœur a été construit entre 1720 et 1721.
Le porche
Il s'ouvre sur une large baie en ogive, supportée de part et d'autre par de fines colonnettes. À l'intérieur, les parois abritent les statues en bois polychrome des douze apôtres, dans des niches pour les six du côté est. À l'extérieur, deux niches surmontées de dais recevaient encore au début du XXe siècle les statues de saint Pierre et saint Paul, très abimées par le temps. Au 1er étage, un édifice rectangulaire entouré par une fine balustrade servait de secrétairerie et aussi d'auditoire : le seigneur de Lizandré-Kermaria y rendait la justice et recevait l'hommage de ses vassaux.La porte intérieure du porche est surmontée par une Vierge en pierre polychrome. La voûte est à deux travées, décorée d'anges peints a fresco.
L'extérieur de la chapelle
La porte principale, sur la façade ouest, est datée du XIIIe siècle. Le bas-côté nord montre la trace du raccordement des travaux du XIIIe siècle et de l'agrandissement du XVe siècle. De part et d'autre du chevet, et sur la chapelle privative, des gargouilles du XVIe siècle sont finement sculptées.La nef
Dans sa partie la plus ancienne, les travées sont rythmées par des piliers cylindriques massifs, dépourvus de base. Les arcs doubleaux sont portés par des chapiteaux non sculptés. Les trois travées récentes s'élèvent sur des colonnes octogonales plus fines, qui supportent les arcs directement sans chapiteau.Les nefs sont voûtées en bois, les poutres d'entraits sont décorées d'engoulant sculptés dans la partie XVe siècle.
La nef aurait comporté un jubé en bois sculpté et peint, entre les quatrième et cinquième travées.
L'escalier de pierre conduisant à la secrétairerie est toujours en place, dans le collatéral sud.
La sacristie
La petite sacristie actuelle, dans le prolongement du collatéral nord vers le chœur, se prolongeait dans le chœur lui-même. Elle en était séparée par un maître-autel à retable montant jusqu'à la voûte.Histoire
Le fondateur de la chapelle de Kermaria an Iskuit serait Henry d'Avaugour, qui accompagna le duc de Bretagne Pierre Mauclerc à la croisade en Terre sainte, et revint dans ses terres en 1240.
En 1747, la chapelle qui appartenait aux La Feillée, seigneurs de Langarzeau, passe dans les mains de la famille Taillart. Un enfeu, sans inscription, sépulture d'un Taillart seigneur de Lézobré, se trouve sous la fenêtre du bras sud du transept.
Étymologie
Avant la construction du sanctuaire, le lieu-dit s'appelait Kergrist, le village du Christ. Aujourd'hui Kermaria (du breton ker, village), signifiant le village de Marie.
An Iskuit est à comprendre à partir du breton is (ou es) - kuit, « qui tire d'affaire, rescapé ».
Le vocable Itron Varia an Iskuit est à traduire par « Madame Marie qui tire d'affaire », « Madame Marie qui sauvegarde », et est à rapprocher du vocable liturgique Notre-Dame-des-Sept-Douleurs [1].
La décoration
Danse macabre
La chapelle de Kermaria est, avec l'église de Kernascléden (Morbihan), le seul santuaire de Bretagne à posséder une fresque représentant ce thème de l'art macabre du Moyen Âge. Cette fresque comportant 47 figures d'environ 1,3 m de haut, avait été recouverte de badigeon au XVIIIe siècle, et remise au jour en 1856 par Charles de Taillart. La réalisation de cette fresque est située entre 1488 et 1501, soit environ un demi-siècle après celle du cloître des Innocents à Paris.
À Kermaria, la farandole macabre est située en hauteur, de part et d'autre de la nef principale, au-dessus des arcs séparant les bas-côtés de la nef. Elle commençait par le personnage de l’Acteur (ou l’Auteur), aujourd'hui disparu, situé près du chœur côté épître, chargé de rédiger les sentences morales de huit vers chacune, tracées sous chaque personnage. Après l’Acteur, la chaîne comprend, séparés par des squelettes au rire sardonique :
- le pape,
- l'empereur,
- le cardinal,
- le roi,
- le patriarche,
- le connétable,
- l'archevêque,
- le chevalier,
- l'évêque,
- l'écuyer,
- l'abbé,
- le bailly,
- l'astrologue,
- le bourgeois,
- le chartreux,
- le sergent,
- un groupe de quatre sujets non séparés par des squelettes : le médecin (avec sa fiole de potion), la femme accrochée aux bras de ses voisins, l'usurier et le pauvre,
- l'amoureux, portant pourpoint et poulaines,
- le ménétrier, dont le biniou est à terre,
- le laboureur, avec sa serpe et son hoyau à l'épaule,
- le cordelier,
- l'enfant.
La réalisation est dans les tons clairs pour les personnages, marqués par un trait léger, sur fond ocre rouge-brun. Le décor de la farandole est une galerie séparée par des colonnettes, dans les travées desquelles évoluent les personnages.
Dit des trois morts et des trois vifs
Dans le bas-côté nord, face à la chapelle privative, une frise de 7 m de long à l'origine représentait, également a fresco, un Dit des trois morts et des trois vifs, dans les tons de grisaille sur fond ocre rouge.
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- La mort dans l'art, page sur la Danse macabre de Kermaria.
- page sur la chapelle de Kermaria
Notes
- ↑ Cocaign (Jean), Mesnard (Maurice), Itron Varia an Iskuit, Plouha, sl, 1995.
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