- Philadelphes
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Les Philadelphes étaient membres d'une société secrète à vocation démocratique, fondée en France à la fin du XVIIIe siècle et influente à l'époque napoléonienne en Suisse et dans le nord de l'Italie. Après la Restauration ( 1815 ) apparurent également des loges "Philadelphia" dans le Royaume des Deux-Siciles, mais c'étaient sans doute des sociétés secrètes nées spontanément dans le sud de l'Italie, sans aucun rapport avec la société secrète de même nom, surgie en France au cours de la période précédente.
Sommaire
Histoire
Durant la Révolution
Dans la mouvance des Philalèthes fondés par le garde général du trésor royal Savalette de Langes s'était constitué en 1787 une arrière-loge désirant affronter la monarchie. Cette loge était souché sur celle des "Amis réunis", réunissant de hauts représentants de l'État monarchique[1]. Cette arrière-loge accueillit en 1787 dans son second convent, Johann Joachim Christoph Bode, chef de fait (après la dissolution de l'ordre et la fuite d'Adam Weishaupt) des Illuminés de Bavière, qui y lut un mémoire. Il y fut décidé la création d'une loge secrète, les Philadelphes, engagée dans le processus révolutionnaire[2]. La chose fut contée par Bode lui-même dans son « Journal de voyage », le noyau secret de « Philadelphes » devait ressembler aux Illuminaten allemands[3]. La loge "Philalèthes" reçu également la visite du baron William von den Busche, membre éminent des Illuminés. Ces deux visites se produisirent en 1787 et 1789.
Les loges Philadelphes napoléoniennes
L'une des sources principales sur les rituels et les buts de la "Philadelphie" proviennent d'une "Histoire des sociétés secrètes dans l'armée sous Napoléon", texte de l'écrivain romantique et fantastique Charles Nodier, publié anonymement en 1815[4]. Nodier serait l'un des membres fondateurs de la loge, réunis à Besançon en 1796. La date de naissance de la société secrète en France est située suivant les historiens en 1797 ou 1799. Son centre d'irradiation originaire serait la Franche-Comté, où des survivants des groupes Jacobins tentent d'organiser les confréries anti-napoléoniennes formées au sein de l'armée, en réaction au néo-césarisme de Napoléon. Selon Nodier, le fondateur de ce premier mouvement était le colonel Jacques Joseph Oudet (1772-1809) et étaient des membres éminents le général Jean Victor Moreau Marie et Claude François de Malet. D'autres sociétés secrètes proches des Philadelphes, dont celles ménées par les leaders italiens Luigi Angeloni et Filippo Buonarroti, ont eu une certaine importance dans l'organisation des complots militaires anti-napoléoniens sous l'Empire. Ce type d'organisation secrète est issu de la franc-maçonnerie[5]. En Italie, l'influence des sociétés secrètes d'origine française a diminué rapidement avec l'émergence du Carbonarisme, l'idéal devenant plus nationaliste et patriotique et moins universaliste.
Les Philadelphes après la Restauration
Les rébellions homonymes d'inspiration carbonari, qui ont soulevées le sud de l'Italie, en particulier dans les Pouilles[6] et dans le Cilento, entre 1816 et 1828, sont indépendantes de la Philadelphie française. Dans le Cilento, en 1828 , une insurrection de Philadelphiens, qui a appelé à la restauration de la Constitution de Naples en 1820, a été violemment réprimée par le directeur de la police du Royaume bourbonnais des deux siciles, Francesco Saverio Del Carretto : entre autres exactions, il faut noter la destruction du village de Bosco ( 7 Juillet 1828 )[7].
Notes
- Le livre de poche, article "Barruel", p.67 Encyclopédie de la franc-maçonnerie,
- Le livre de poche, article "Philalèthes", p.658, 659 Encyclopédie de la franc-maçonnerie,
- Pierre-Yves Beaurepaire, Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Le Livre de Poche, 2008 (ISBN 978-2-253-13032-1).
article « Bode », p.89
- lire en ligne) Charles Nodier, Jacques Rigomer Bazin, Didier, Lemare, Vincent de Langres Lombard, Histoire des sociétés secrètes de l'armée et des conspirations militaires qui ont eu pour objet la destruction du gouvernement de Bonaparte, Paris : Gide Fils; H. Nicolle, à la Librairie stéréotype, 1815 (
- ISBN 2-8004-0912-6 Armand de Hagen, Maçonnerie et politique au XIXe siècle : la Loge verviétoise des "Philadelphes". Bruxelles : Université de Bruxelles, 1986,
- Giuseppe De Ninno, Filadelfi e carbonari in Carbonara di Bari negli albori del Risorgimento italiano : 1816-1821. Bari : Pansini, 1922
- Giovanni De Luca, Figure eroiche nei moti del 1828 nel Cilento; prefazione di Filippo de Nicolellis, Caserta : Casa Editrice G. Maffei, 1928
Bibliographie
- James E. McClellan III, « L’historiographie d’une académie coloniale : le Cercle des Philadelphes (1784-1793) », in Annales historiques de la Révolution française, n° 320, avril-juin 2000, p. 77-88.
- Walter Bruyère-Ostells, « Les officiers républicains sous l'Empire : entre tradition républicaine, ralliement et tournant libéral », in Annales historiques de la Révolution française, n° 346, octobre-décembre 2006, p. 31-44.
- Bernard Gainot, « L’opposition militaire autour des sociétés secrètes dans l’armée », in Annales historiques de la Révolution française, n° 346, octobre-décembre 2006, p. 45-58.
Voir aussi
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Filadelfi » (voir la liste des auteurs)
Catégories :- Société secrète ou fraternité
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