- CIWLT
-
Compagnie des wagons-lits
La Compagnie des wagons-lits (CWL) est une entreprise française, prestataire de services dans le domaine ferroviaire : hôtellerie ferroviaire (voitures-lits et couchettes) mais aussi restauration à bord (voiture-restaurant, restauration à la place, voiture-bar et mini-bar) et à terre (buffet de gare). Présente à l'origine dans le monde entier, elle s'est recentrée désormais sur l'Europe. Elle jouit notamment du monopole de la restauration ferroviaire en Italie ou Autriche et assure, entre autres, la restauration sur les nouveaux TGV de la SNCF, les Rapides AVE de la Renfe (Chemins de fer espagnols) sur la nouvelle ligne Madrid-Barcelone et poursuit sa mission d'origine: le service à bord de la grande majorité des wagons-lits européens. C'est une filiale du groupe Accor.
Sommaire
De 1872 à 1945
Cette société fut fondée en 1872 par un homme d'affaires belge, Georges Nagelmackers. S'inspirant du modèle des trains de nuit lancés aux États-Unis par la société du colonel Pullman, avec lequel il s'associa dans les premiers temps, il fit construire les premières voitures-lits et voitures-restaurant d'Europe, et lança en 1883 le grand express d'Orient entre Paris et Constantinople, qui deviendra le fameux Orient-Express.
En 1884, la société prend le nom de « Compagnie internationale des wagons-lits et des grands express européens », et adopte le célèbre monogramme aux deux lions. Si le siège est alors à Bruxelles, le centre nerveux de la compagnie est à Paris, ce qui justifie la construction d'un immeuble, au 40, rue de l'Arcade, dans un style flamand à pignons inhabituel à Paris (abandonné par la compagnie, il est toujours visible, avec son horloge typique et un moulage aux lettres W-L de "Wagons-lits, à l'angle de la rue de l'Arcade et des Mathurins)
L'ambition de Nagelmackers est de créer un réseau international de trains de luxe, évitant les changements aux frontières. C'est un précurseur visionnaire des voyages modernes.
Au fil des ans, il lancera le Sud-Express de Paris vers Madrid et Lisbonne, le Nord-Express vers la Scandinavie, la Pologne et la Russie, le Transsibérien de Moscou vers la Chine et le Japon par la Sibérie. Il créera même la première chaîne hôtelière pour ses voyageurs, "Les grands hôtels des Wagons-lits", dont un exemplaire demeure à Paris, sous la forme de la banque H.S.B.C. au 103-107, Champs-Elysées (Pour l'anecdote, André Malraux écrira La Condition humaine au "Grand-Hôtel des Wagons-lits" de Pékin) Après la mort du fondateur, son oeuvre perdurera.
En 1926, afin d'assurer, pour les trains de jours, le même confort que les wagons-lits de nuit, est imaginé le wagon-salon-Pullman, sorte d'"appartement de luxe roulant", où les repas sont servis à la place même du voyageur, lui évitant d'avoir à se déplacer au wagon-restaurant. Les petites lampes roses sur les tables marqueront d'un style "Années folles" le "Pullman". Des trains entiers seront formés de ces voitures, "La Flèche d'or" Paris-Calais, qui a son pendant côté britannique, la "Golden Arrow", de Douvres à Londres et bien d'autres, mais certaines seront incorporées dans des trains à la composition panachée. Les toutes dernières voitures circuleront jusqu'en 1971.
En 1930, association avec Cook pour former le premier réseau mondial d'agences de voyages sous le nom de "Wagons-lits/Cook". La compagnie est de nouveau un précurseur. Cet attelage tiendra plus de soixante ans jusqu'au rachat par Accor et à la vente des agences à un groupe américain qui les commercialisera sous le nom de "Carlson-Wagon-lit".
En 1936, est créé le premier train direct Paris-Londres, le "Train-Ferry", composé de wagons-lits spéciaux pouvant être embarqués sur le transbordeur Dunkerque-Douvres et circuler sur le réseau britannique, d'un gabarit plus étroit que le continental. Ce train, interrompu pendant la guerre, circulera jusqu'à la fin de 1980, sous le nom de "Night Ferry", lorsque l'âge vénérable de son matériel l'obligera à quitter la scène. Une décennie plus tard, son successeur, l'Eurostar prendra le relais en passanr sous la mer.
De 1945 à ...
En 1945, le matériel de la compagnie a subi de très lourdes pertes, dues à la guerre. La reconstruction commence dans un monde qui a changé.
De 1955 à 1957: Lancement du nouveau wagon-lits de l'après-guerre, le "P", tout en inox, selon le procédé américain de "Budd" et réception de nouveaux wagons-lits de "réparation de guerre", les Hansa, construits en Allemagne.
En 1957, lancement du réseau des Trans-Europ-Express (TEE), ces trains de prestige modernes qui relieront entre elles, pendant trente ans, les grandes villes européennes, avant l'arrivée du TGV. La Compagnie des wagons-lits est partie prenante dans cette entreprise, assurant le service à bord pour la majorité des trains.
En 1967, s'étant diversifiée dans l'hôtellerie et le tourisme, elle transforme sa raison sociale en "Compagnie internationale des wagons-lits ET du tourisme" (CIWLT)
En 1968, la compagnie lance le révolutionnaire wagon-lits T2 qui permet à la clientèle de seconde classe, pour la première fois, de voyager en couple. Le succès sera tel qu'en moins d'une décennie le nombre de voyageurs wagons-lits en France atteindra le million annuel. Ce sera aussi le dernier matériel construit directement par la compagnie.
En 1969, création d'une nouvelle chaîne hôtelière économique, "Etape-Hôtels".
En 1971, elle se recentre sur les prestations de services et revend son parc de voitures, à l'exception des voitures historiques, aux compagnies de chemin de fer. Un pool européen est alors créé pour assurer les services de voitures-lits, dénommé Trans-Euro-Nuit (TEN) sorte de pendant nocturne aux trains de jour Trans-Europ-Express (TEE). Etant choisie pour assurer le service à bord, pour la majorité des lignes, la Compagnie maintient l'image de marque de qualité liée aux wagons-lits. L'essor de la réservation électronique, généralisée progressivement dans toutes les gares, permet la promotion du voyage en voiture-lits, soutenue par des campagnes publicitaires. Ce sera une grande période pour la Compagnie, dégagée désormais de la construction du matériel. Son activité d'entretien de matériel ferroviaire continuera néanmoins jusqu'en 2001, où elle sera finalement cédée aux chemins de fer.
En 1975, elle crée un autre chaîne hôtelière, de catégorie intermédiaire, les "Hôtels Arcade" (du nom de la rue de l'Arcade, alors siège parisien) qui deviendront les "Hôtels Ibis".
En 1976, elle célèbre son centenaire avec faste. La Compagnie des Wagons-lits se voit aussi confier à cette époque la restauration ferroviaire à bord des trains régionaux et lignes transversales ne passant pas par Paris (axes Rennes - Nice via Toulouse, Lyon - Bordeaux via Limoges, Toulouse - Lyon via Montpellier, etc...). Elle crée à cette occasion une filiale SOREFI (SOciété de Restauration Ferroviaire Inter-régionale).
En 1981, arrivée du TGV qui va révolutionner le monde des transports. La Compagnie des wagons-lits est choisie pour assurer le service à bord (voiture-bar et restauration à la place en première classe. La compagnie des Wagons-lits crée à cette occasion une filiale SORENOLIF (Société de REstauration de la NOuvelle LIgne Ferroviaire). Le nom commercial sera "Service 260", en référence à la vitesse en exploitation du TGV en 1981.
En 1991, la Compagnie des wagons-lits, devenant ainsi française, est rachetée par le groupe Accor qui désormais gère directement ses hôtels.
Aujourd'hui, la compagnie s'est recentrée sur son activité traditionnelle, voitures-lits (et voitures-couchettes) ainsi que les services de restauration à bord des trains, en France et en Europe.
Outre ses activités sur les trains de jour et de nuit réguliers, la Compagnie des wagons-lits organise des dîners-voyages et des circuits à la carte, sous le label Pullman-Orient-Express avec un train composé de sept voitures datant des années 1920, restaurées en 2003 (quatre sont classées monument historique) : une voiture-bar, une voiture bar-restaurant, trois voitures-restaurant et deux voitures-salon.
Perte de marchés en France
Le 9 décembre 2007, après une cascade de suppressions dans les années 2000, les trois derniers services nationaux de voitures-lits, le Train bleu et le "Lorazur" (respectivement de Paris et l'Est vers le Sud-Est) ainsi que le "Val de Durance" (Paris - Hautes-Alpes) disparaissent, condamnés par la SNCF qui privilégie le TGV. Une reprise de ces services intérieurs par Veolia, des chemins de fer étrangers ou par les Régions est à l'étude.[réf. souhaitée] Les services internationaux de voitures-lits transitant par la France n'ont pas été touchés par ces suppressions.
À noter que les voitures-lits SNCF ont été vendues d'occasion aux chemins de fer grecs ("Amitié-Express" Salonique-Istamboul), serbes et monténégrins (Trains autos-couchettes Belgrade-Bar) enfin aux Chemins de fer marocains ("Train-Hôtel" Casablanca-Rabat-Fès-Oujda/Frontière algérienne) Deux voitures-lits SNCF de type T2 ont toutefois été conservées pour la location (particuliers ou trains spéciaux)
- Exception en Europe, la France est actuellement le seul grand pays du continent à ne pas exploiter de lignes intérieures de voitures-lits alors que ses voisins ont investi dans du matériel neuf.
Enfin, en 2009, le renouvellement de la concession des services de restauration en France a profité principalement à une société italienne, Cremonini, proposant des tarifs plus économiques mais des prestations de niveau inférieur (gobelets et couverts en plastique, tenues du personnel style fast-food) Une très longue grève ainsi que l'annonce rapide d'un déficit d'exploitation record pourraient provoquer une renégociation ultérieure de cette concession.
La Compagnie n'a pu que prendre acte de ces décisions sur lesquelles elle n'a pas eu prise.
Bibliographie
- Albert van Dievoet, "Monographies industrielles." "Compagnie Internationale des Wagons-Lits et des Grands Express Européens", dans, L'expansion belge, revue mensuelle illustrée, Bruxelles, décembre 1908, n° XI, p. 485 à 489.
Liens internes
Liens externes
- Portail des entreprises
- Portail du chemin de fer
Catégories : Ancienne compagnie de chemin de fer en France | Entreprise fondée en 1872 | Entreprise disparue en 1991 | Marque du Groupe Accor
Wikimedia Foundation. 2010.