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Boule de fort
La boule de fort est le jeu traditionnel de boule en Anjou.
La Boule de fort est classée « Jeu patrimonial ligérien » par le Ministère de la Culture.
Sommaire
Historique
La plus ancienne référence connu d'un jeu de boule dans la région date de 1660. On y fait référence à un jeu de paume possédant des jardins « dans l’un desquels jardins est un jeu de boule couvert d’ardoise, et un petit logement basty sous comble ». Emile Joulain cite un texte d'un certain Furetière faisant référence à plusieurs reprises à la boule de fort, expliquant notamment que « le fort de la boule est l’endroit où est le bois est le plus serré et, par conséquent, le plus lourd » (1691)[1].
La passion de la boule est ancienne en Anjou. Au XVIIIe siècle, des « sociétés » où l'on joue à la boule de fort sont très répandues.
L'origine de ce sport est sujet à de nombreux mythes et croyance. La version la plus répandu parle des mariniers de la Loire qui aurait pris l'habitude de jouer au fond de leur embarcations[2]. Cette théorie est jugée peu crédible du fait que les gabares, les bateaux de la Loire, sont beaucoup plus courts que le jeu, sont parcourus de membrures et où le mât se trouvait au milieu du navire.[3]. Une autre croyance fait remonter le jeu à Louis XV (ou le Premier Empire, selon les version[1]), où des prisonniers espagnols auraient eu l'idée de jouer avec des boulets lors de la construction de la Levée de la Loire[3] (celle-ci ayant en réalité été construite par Henri II Plantagenêt à partir de 1170[4]). Cette croyance est reprise en parlant de prisonniers de Jeanne de Laval[1]. En réalité, le mystère demeure encore concernant la véritable origine du jeu qui reste encore aujourd'hui inconnu.
C'était un jeu essentiellement pratiqué par des hommes. La femme n'étant présente que par des représentations, le plus souvent, suggestives. A Saumur, en 1871, « Les mères ,épouses ,filles, brus, sœur, et belle sœur seront admises a la promenades dans 1 'allée du grand jardin ,et ,à se placer autour du jeu de boule, mais elles ne seront admises à aucun jeu (...) En aucun cas il ne devra être question de nos dames »[5]. Cependant depuis les années 1970, certaines sociétés de jeu de boule de fort acceptent dorénavant les femmes. Il existe même des challenges mixtes. Néanmoins la femme est encore peu présente dans cet univers masculin.Géographique
La boule de fort est un jeu typiquement local qui rassemble plus de 50 000 joueurs dans 392 sociétés dont 315 en Maine et Loire. Elle fait partie essentiellement du patrimoine angevin. Cependant on pratique également la boule de fort aux limites extérieures de l'Anjou de façon marginale, à Vouvray ainsi qu'à Langeais et Lerné en Touraine, sans oublier Saint-Nazaire et quelques villages à l'Est de la Loire-Atlantique.
Néanmoins sa pratique, est essentiellement répandue dans l'ancienne province d'Anjou (départements du Maine-et-Loire, l'Ouest de l'Indre-et-Loire (Bourgueil, Château-la-Vallière), le Sud de la Sarthe (le Maine angevin comme à La Flèche), et la Mayenne (la Mayenne angevine).
Hommages
Des écrivains angevins, tels que : René Bazin, Marc Leclerc, puis Emile Joulain ont vanté ce jeu :
« Si vous avez eu le temps de lier amitié avec quelques-uns de nos joueurs de boules Vous pourrez prétendre que vous connaissez les monuments les plus curieux de l'Anjou. »— René BazinEmile Joulain, écrivain et poète patoisant, disait de la boule de fort :
« La boule de fort, en Anjou, comme hors de l'Anjou, est une chose de Loire ou de ses affluents : Loir, Maine, Thouet, Louet, Authion. Elle est ligérienne au même titre que les châteaux, le saumon, le sable des grèves… »Descriptif du jeu de la boule de fort
Les particularités de ce sport de boules sont principalement :
- une boule de 13 centimètres de diamètre, légèrement aplatie de chaque côté, en bois dur (buis, cormier ou frêne) ou en plastique cerclée d'acier, dont la bande de roulement est décalée, donc asymétrique et réglable grâce à une vis coulissante vers le « côté faible » ou le « côté fort » d'où le nom du jeu ;
- un terrain en forme de gouttière particulièrement grand : 20 m de long sur 7 de large. Les bords longitudinaux sont relevés de trente à quarante centimètres ;
- des boules pouvant mettre plus d'une minute pour atteindre leur destination d'où des parties très longues, jusqu'à trois heures, pour un objectif de points de 10 ou 12 (dont la pétanque s'est inspirée) ;
- port de chaussons obligatoire sur la piste dû au fait que,originellement, les jeux étaient conçus en terre "roulée".
Fillettes et vin d'Anjou
Les frais d'entretien des cercles et sociétés de jeux de boule de fort, sont couverts par les recettes obtenues à la buvette des salles de jeux de boules. La consommation de vin est de tradition, même si aujourd'hui certains préfèrent boire jus de fruits et limonades. Le vin, bon marché, est choisi au sein des comités des sociétés. Il est mis en petite bouteille, appelée « fillette » par les membres mâles des sociétés, car les femmes sont exclues de la manœuvre. Même si les hommes boivent moins (chopinent moins) qu'avant, il est de tradition de « baiser des fillettes de vin d'Anjou rouge ou blanc ». Selon que les rencontres soient des challenges ou amicales, les vainqueurs ou les perdants payent la tournée générale.
Bibliographie
- "La boule de fort", Jacques Sigot, Editions CMD, 1997.
- "La boule de fort", Emile Joulain, Editions Paquereau 33, 197, Angers.
- "La boule de fort" de Denis Libeau et Emile Joulain, Editions Herault, 1986, Maulévrier.
- "Papy, raconte-moi la boule de fort", de Didier Serain, Editions Paquereau, 2004.
- "Notre boule Angevine", Marc Leclerc, 1933, Editions de l'Ouest, 40 rue du Cornet à Angers.
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