- Œuvre peint de Pieter Brueghel l'Ancien
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L'Œuvre peint de Pieter Bruegel l'Ancien est constitué d'une cinquantaine de tableaux répertoriés aujourd'hui comme étant de sa main, dont le tiers se trouve au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Un grand nombre d'œuvres ont été perdues, et certains tableaux jadis attribués à Bruegel l'Ancien se sont avérés être des copies plus tardives réalisées par ses fils.
Article principal : Pieter Brueghel l'Ancien.Catalogue raisonné
Le Retable de Saint-Bavon
- autrefois à Malines
- Huile sur bois, deux volets extérieurs en grisaille
- Œuvre perdue exécutée en collaboration avec Pieter Balten et sous la direction de Claude Dorizi, commandité par la corporation des gantiers de Malines
Le Christ et les apôtres au lac de Tibériade
- Huile sur bois, 1553
- Collection privée
- En collaboration avec Maarten de Vos
La Tentation de saint Antoine
- National Gallery of Art, 1557, Washington (D.C.)
- Huile sur bois
- Les sources mentionnent les combats aériens et les épreuves nocturnes affrontés par saint Antoine. La tentation de l'ermite a de tout temps inspiré aux peintres des paysages d'une grande diversité. Avec cette représentation d'une hutte au milieu d'une sombre forêt ainsi que d'une forteresse incendiée, Brueghel se rapproche d'une évocation des enfers.
Paysage fluvial avec la parabole du semeur
- Huile sur bois, 70,2 x 102 cm , 1557
- Timken Museum of Art, San Diego
- La représentation des paraboles du Christ fait son apparition au XVIe siècle. Auparavant, on peignait presque exclusivement des épisodes de sa vie. Quand il désirait prêcher, Jésus se trouvait confronté à une assistance si nombreuse qu'il se servait comme d'une chaire posée sur l'eau. Pourtant en l'état actuel du tableau, c'est en vain que l'on recherchera dans les embarcations représentées. Son personnage pourrait avoir disparu à la suite d'une restauration qui a gravement affecté toute la partie supérieure de l'œuvre. la parabole a ici pour sujet le grain et le caractère incertain de la récolte : selon le bon vouloir de Dieu, il peut soit tomber sur la roche, soit sur le chemin, avant de trouver un sol fertile. Du côté gauche un paysan ceint d'un tablier de semeur traverse son champ ombragé. La présence devant sa chaumière de la roue brisée de la fortune ne doit rien au hasard. À l'arrière-plan, du côté droit, c'est au contraire une bonne récolte qui attend un autre paysan, même s'il reste avec ostentation assis paresseusement au bord de son champ. Évoquant la parole de Dieu, qui, à l'image du grain ne porte pas toujours ses fruits, la parabole engage le croyant à la patience.
La Chute d'Icare
- Huile sur bois, vers 1558
- Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles.
- Ce paysage insulaire avec un laboureur, un pêcheur, un berger et Icare tombant du ciel, est le seul tableau mythologique de Bruegel. Il suit mot pour mot l'histoire de Dédale et Icare exposée par Ovide dans le huitième livre des Métamorphoses au point de montrer au premier plan les témoins cités succinctement par le texte. Même si Ovide précise que la chute d'Icare intervient seulement quelques îles après la rencontre avec ces témoins, Bruegel fait nôtre leur « perspective », d'où l'on prête à peine attention au tragique événement. On est surpris par l'absence de Dédale. Mais selon Ovide, il aurait perdu son fils des yeux et aurait été contraint de rechercher sa dépouille. Détail grivois: on a découvert sous la couche de peinture de la tête de l'homme qu'il était en train de déféquer[1]
Proverbes flamands
- Huile sur bois, 117 × 163 cm, 1559
- Staatliche Museen zu Berlin – Gemäldegalerie, Berlin
- La représentation de proverbes est une innovation, une invention de Breugel. Les catalogues d'expressions étaient alors surtout apprécié comme aide à la rédaction de discours. Cependant des exemplaires précoces de livres illustrés, ressemblant à des proverbes et des locutions montre que le langage des images était déjà compris comme un genre en soi. Brueghel a ici peint près de 120 proverbes et expressions, offrant toujours de nouveaux aspect d'un monde à l'envers expression souvent utilisée commhe titre du tableau. De fait le globe terrestre pend, retourné - telle une enseigne - sur le mur de la ferme.
- Huile sur bois, 1559
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Comme dans un tournoi, Carnaval et Carême en arme chevauchent l'un vers l'autre et s'affrontent. Vêtue d'un habit de pénitent et armée d'une planche à pain, Carème est assise épuisée sur un chariot de procession. Carnaval, bien en chair, chevauche un tonneau de vin ou de bière en brandissant un cochon de lait sur une broche. Tirant et poussant, des escortes de personnages maigres ou gros, rapprochent les protagonistes. L'ensemble du tableau en appelle à la répartition en deux camps qui se partagent par erreur cette place au lieu de s'exclure d'eux-mêmes, conformément au calendrier.
- Huile sur bois, 39,8 x 69,5 cm, circa 1560
- Galerie Doria-Pamphilj, Rome
- Cette vue du port de Naples n'a été exécutée qu'après le voyage du peintre en Italie. Mais si Bruegel s'est bien rendu sur place, il s'inspire ici de vue plus ancienne de la cité. La représentation de bateaux à voile répond à une mode de l'époque. On conserve plus d'une douzaine de gravures sur cuivre de moindre importance, presque entièrement couvertes de navires de guerre et de commerce, et mentionnant Bruegel comme le dessinateur. Pourtant le peintre n'a pas réalisé le moindre tableau figurant une bataille historique.
Les Jeux d’enfants
- Huile sur bois, 118 × 161 cm, circa 1560
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- L'enfance est une invention de la modernité et il ne faut pas s'étonner de rencontrer dans ce tableau des enfants ressemblant à de petits adultes et de voir des jeux de différentes générations se mélanger. Une bonne part des jeux présentés sont en fait des parodies du monde des adultes. Diverses scènes nous montrent des jouets, d'autres des sports, et des jeux pouvant être pratiqués en plein air, sans aucun accessoire. On a supposé que le tableau faisait partie d'un cycle subordonné aux saisons. Mais aucun des tableaux à la composition analogue ne semble s'inscrire dans un cycle. Ainsi, ce tableau reste un cas unique de l'histoire de la peinture.
Le Suicide de Saül
- Huile sur bois, 33,5 × 55 cm, 1562
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Saül, roi d'Israël, défait par les Philistins, décide de se donner la mort. Pourtant dans la suite du récit biblique, c'est David appelé à devenir roi, qui apparaît comme le vrai vainqueur. Dans les reproductions, l'étendue du paysage fait souvent oublier que cette œuvre compte parmi les plus petites peintures de Bruegel, d'un format à peine supérieur à ses dessins.
Les Deux Singes
- Huile sur bois, 20 × 23 cm, 1562
- Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie, Berlin.
- Au XVIIe siècle, l'œuvre était plus connue sous le titre La Ville d'Anvers et les deux Singes, témoignage de l'importance accordée à cette vue de la ville à l'arrière-plan, ne serait-ce que pour identifier le tableau. la restitution réussie de l'atmosphère brumeuse, au-dessus de l'Escaut est surprenante à une date aussi précoce que 1562. Les singes sont des mangabey couronnés, une espèce rare mais appréciée des collectionneurs d'animaux comme le cardinal de Granvelle. Dans le port d'Anvers on faisait le commerce d'animaux exotiques.
Le Triomphe de la Mort
- Huile sur bois, c. 1562
- Museo del Prado, Madrid,
- Dans le paysage macabre de Bruegel se déploient les attributs de la mort : sablier, faux, squelettes, cercueils, croix et toutes les formes d'agonies. La fin par noyade ou sous la torture s'accompagne du meurtre et de la mort de la vieillesse, et l'inventaire des peines capitales. Enfin, ceux qui semblent ignorer la mort s'adonnent à des jeux déraisonnables.
La Chute des anges rebelles
- Huile sur bois, 1562
- Musées royaux des beaux-arts de Belgique,Bruxelles
- La chute de Lucifer, qui avait pris la place de Dieu, était au XVIe siècle un symbole de la victoire du catholicisme. Tout comme ici, c'est en général l'archange Michel qui fait office d'adversaire victorieux des rebelles. Mais chez Bruegel, le premier des anges est une apparition lumineuse et nom le guerrier comme peint dans le tableau de Frans Floris en 1554.
Dulle Griet ou Margot la folle
- Huile sur bois, circa 1562
- Museum Mayer van den Bergh, Anvers
- La figure féminine fantastique de la Dulle Griet a mainte fois suscité la recherche de récits populaires, de légendes, de contes ou même de légendes à caractère historique. Pourtant, son identité n'a pas encore été percée à jour. Un proverbe semble pourtant lui être destiné : Piller devant les Portes de l'Enfer, autrement dit profiter de la fortune d'autrui. Comme elle parvient manifestement à ses fins en prenant la fuite avec son butin, il convient peut-être de la considérer comme l'antihéros d'une époque troublée.
La Tour de Babel
- Huile sur bois, 114 × 155 cm, 1563
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
L'histoire de la tour de Babel figure dans le onzième chapitre de la Genèse. Dieu empêche l'achèvement de la tour en plongeant les bâtisseurs dans la confusion des langues pour ensuite les disperser à la surface de la terre. À la confusion « babélienne » des langues, le Nouveau Testament répond par la Pentecôte, où l'on célèbre la passion purificatrice de Dieu dans le miracle des langues. À l'époque de Brueghel l'Ancien, l'éclatement de l'Église donne un regain d'actualité aux querelles linguistiques.
La Fuite en Égypte
- Huile sur bois, 1563
- Institut Courtauld, Londres:
- La Fuite en Egypte est liée thématiquement au Massacre des Innocents Alors que la Sainte Famille fuit les menaces de mort, à Bethléem, Hérode fait systématiquement tuer les nouveau-nés pour conjurer la prophétie annonçant la venue d'un nouveau souverain. D'un point de vue formel, les deux tableaux n'ont pourtant rien en commun. Si le massacre est perpétré en hiver, ici s'imposent le printemps ou l'automne. Par contre rien n'évoque l'Égypte, même si l'idole tombant à droite d'un autel pour voyageurs est supposée rappeler la christianisation des terres païennes.
La Petite Tour de Babel
- Huile sur bois, 60 x 74,5 cm, c. 1563
- Musée Boymans-van Beuningen, Rotterdam
- Dans le plus petit des tableau figurant la tour de Babel, la construction semble presqu'achevée. Dépourvue de l'avant-scène montrant le roi Nemrod et ses maîtres d'ouvrages, elle apparaît encore plus éloignée que celle de la grande version. Le thème avait déjà fourni aux enlumineurs un prétexte tout trouvé pour figurer l'art des bâtisseurs. Bruegel donne moins à voir l'échec de l'entreprise que la fascination suscitée par un bâtiment si gigantesque et inhabituel. De même la critique de la Rome païenne, et de son Colisée bien connu du peintre et utilisé comme modèle, s'en tient à d'étroite limites. Il est rare de voir Breugel répéter, comme ici, un même thème.
La Dormition de la vierge
- Huile sur bois, grisaille, 1564, 36 x 55 cm
- Upton House, Banbury, Oxfordshire, Angleterre
- La Dormition de la Vierge surprend par la vision proposée. Peinte en grisaille, mais avec une tonalité de camaïeu brun chaud qui en renforce l'esprit de recueillement, ce petit panneau éveille, par toutes ses nuances et surtout par les effets d'un éclairage artificiel, bien avant Caravage, un climat qui annonce l'art du XVIIe siècle et, en particulier, celui de Rembrandt ou de Georges de La Tour. Le tableau fut vraisemblablement peint pour Abraham Ortelius qui le fit graver, dans le même sens, par Philippe Galle en 1574. Lors de la publication de l'estampe, Ortelius en fit don à quelques amis, dont Coornheert, qui exprima son appréciation en ces termes: Je l'ai examinée avec plaisir et admiration de haut en bas pour son art du dessin et le soin de sa gravure, Bruegel et Philippe se sont surpassés. Aucun des deux n'aurait pu mieux faire. Il ajoutait qu'elle survivra pour les amoureux de l'art de tous les temps[2].
Tête de paysanne
- Huile sur bois, 1564
- Alte Pinakothek, Munich
- La vieille paysanne fait exception dans l'œuvre de Bruegel l'Ancien, car il ne nous reste ni un autre portrait de ce genre, ni étude ultérieure. La vielle femme, coiffée d'un fichu blanc, se détache sur un fond sombre et dépourvu de profondeur. Ses lèvres fines et sans vie sont entrouvertes, l'éclat blanc de quelques dents venant souligner l'orifice de la bouche. Elle fixe son regard vide vers le haut et sa mâchoire inférieure béante témoigne de son apathie et non de son désir de parler. Ainsi le peintre dévoile non seulement les marques de son grand âge, mais montre aussi, sans ménagement, une perte de contrôle de la mimique, traits qu'une commanditaire n'aurait sûrement pas acceptés. Nous ne sommes donc pas en présence d'un portrait, mais plutôt d'une étude de tête, dont le prétexte demeure inconnu.
Le Portement de Croix
- Huile sur bois, 124 x 170 cm, 1564
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Le tableau associe deux thèmes fort répandus. Il s'agit d'une part du Portement, ayant déjà inspiré à Jan van Eyck la composition de vastes paysages et, de l'autre, d'une anticipation de la Déploration, figurée en plan rapproché sur un mode plus intimiste. Tous deux sont noyés dans une multitude de personnages accessoires faisant l'objet d'un travail de création aussi attentif que les scènes chrétiennes elles-mêmes. Dès l'époque de Bruegel, cette trouvaille picturale témoignait d'une volonté de se mesurer aux anciens maîtres. La rhétorique et la théorie de l'art ont appelé de telles interprétations Æmulatio.
L’Adoration des Mages
- Huile sur bois, 111 x 83,5 cm, 1564
- National Gallery Londres
Dans ce tableau, le seul a présenter un format vertical, Breugel l'ancien figure les trois Rois-Mages de la Sainte-Famille en plan rapproché. La douceur des contours de l'Enfant Jésus et la délicatesse du visage de Marie ont été comparées à des œuvres de Raphaël. Le contraste avec les traits grossier de Joseph et des autres figurants, à l'évidence placé là en réaction à l'habituel decorum, est saisissant. Chez Bruegel, que le visiteur soit roi ou berger n'a presque plus d'importance.
La Montée au Calvaire
- Huile sur bois, 1564
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
Les Chasseurs dans la Neige (Décembre-Janvier)
- Huile sur bois, 1565
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Ce tableau hivernal de Breughel l'Ancien est le plus célèbre des paysages de neiges de toute l'histoire de la peinture. Les flocons ne tombent pas, comme dans d'autres tableaux, mais de nombreuses nuances de blanc, où dominent les teintes vertes, suggèrent avec vraisemblance l'atmosphère d'une campagne enneigée depuis fort longtemps. Toits, branches d'arbres et murs permettent au peintre de conférer à la neige des qualités plastiques. Au premier rang, il dispose des ronces qui percent le manteau neigeux et en laissent deviner le poids. S'en revenant de la chasse avec leurs chiens, des hommes laissent dans la neige de profondes traces de pas. Leur descente vers la vallée accompagne le regard du spectateur qui y découvre une multitude de scène hivernales : de divers jeux sur un étang gelé à un feu de cheminée. À l'horizon, sur la droite, des rochers escarpés font contrepoint à la diagonale de la colline au premier plan et marquent de leurs formes minérales le caractère rebutant de l'hiver.
La Journée sombre (Février-Mars)
- Huile sur bois, 118 × 163 cm, 1565
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Ce paysage côtier est le plus sombre de toute l'œuvre de Bruegel l'Ancien. Des touches noires accentue encore l'impression d'un temps tourmenté. Les dangers de la navigation, reconnaissable au navire échoué et aux naufragés, ne sont pas traité par les autres peintres avec une ampleur et une richesse de détails comparable à celle de Bruegel. Au premier pal, on élague les arbres, on fixe des sarments à la façade d'une maison. Une famille vient de gravir la pente. Les gaufres tenues par l'homme et la couronne de papier coiffant l'enfant sont autant d'attributs qui apparaissaient déjà dans le Combat de Carnaval et de Carême. L'action de la Journée Sombre doit donc se situer en février ou en mars. Par rapport à la tradition des calendriers, Bruegel l'Ancien se contente d'évoquer la confection de fagots et les soins de la vigne, grâce à un personnage fixant des sarments à un mur, à droite du tableau. On a à juste titre décrit la scène comme un avant -printemps, car rien n'évoque encore la pousse ou la croissance des plantes.
Avril-Mai
- présumé disparu
- Blasius Hütter, secrétaire privé de l'archiduc Ernst précise que les magistrats de la cité d'Anvers offrirent en cadeaux le 5 juillet 1594, six panneaux représentant les saisons[3] et lors de l'inventaire du 17 juillet 1595, à la mort du Duc[4]. Enfin David Teniers le Jeune, dans son Theatrum pictorium cite qu'il a vu au Stallburg à Vienne: ... soubz et entre les fenestres, sont posées autres peintures, plusieurs desquelles vous sont incognues. Entre icelles sont six piéces de l'ancien Bruegel, qui représentent la diversité des douze mois de l'année.[5],[6]. Le panneau manquant aurait donc disparu au XVIIIe siècle à Vienne.
La Fenaison (Juin-Juillet)
- Huile sur bois, 1565
- Galerie nationale à Prague, Prague
- Du chemin argileux de l'avant scène, se déploie un vaste paysage de prairie, collines et rivières, dont la cohésion est assurée, sur toute la largeur du second plan, par cette fenaison qui donne son titre à l'œuvre. Au premier plan, des paysans prennent à droite le chemin du marché. Trois femmes d'âges différents, la plus jeune fixant le spectateur, portant une cruche et des râteaux, se dirigent à l'inverse vers la gauche. Bruegel sera copié par Rubens. En bordure du chemin, un paysan se tient à l'ombre, penché sur sa faux.
La Moisson (Août-Septembre)
- Huile sur bois, 1565
- Metropolitan Museum of Art, New York
- La période de la moisson est clairement fixée et correspond au mois d'août dans tous les calendriers flamands. Mais comme le tableau présente de toute évidence une abondance de fruits mûrs, on est ici sans doute en présence d'une représentation d'août et de septembre. En effet généralement connu pour être le mois des fruits, ce dernier était aussi figuré comme tel. Du plan le plus rapproché à la portion la plus reculée, du paysage, Bruegel l'Ancien ponctue sa représentation du plein été de plusieurs scènes annexes: une cruche reposant au frais à l'ombre des blés, deux perdrix s'envolant, effrayées par le bruit des faucheurs, trois servantes portant des gerbes de blés vers le chariot de la moisson, un étang avec des baigneurs et à l'arrière, un verger flanqué sur sa droite d'un pacage de village où s'ébattent des joueurs.
La Rentrée des troupeaux (octobre-novembre)
- Huile sur bois, 117 × 159 cm, 1565
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- La rentrée des troupeaux ne trouve pas ses origines dans les calendriers flamands. Peut-être Bruegel l'Ancien combine-t-il ici son expérience des paysages alpins, avec l'intention convaincante, du point de vue de la composition de peindre un paysage de montagne à l'automne. De fait, il relègue au second plant les traditionnelles vendanges, et leur accorde peu d'espace. L'orage qui s'approche tire une grande partie de ses effets des montagnes se dressant devant lui. Le troupeau de vache se dirigeant vers le village constitue une de ses création les plus libres. Vues de dos, les bêtes apparaissent proportionnées au chemin forestier et leur fourrure est rendue par un sens consommé de la matière par de fines couches de couleurs transparentes. S'il fallait décider quel tableau de la série des mois a été exécuté en dernier, ou du moins par la main la plus rapide et expérimentée, on pourrait bien s'accorder sur ce paysage de fin d'automne.
Le Christ et la femme adultère
- Huile sur bois, 24,1 x 34,3 cm, 1565
- Institut Courtauld, Londres
A même le sol, au pied de l'élégante femme adultère, Jésus vient d'écrire en flamand: Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre (Jn, VIII, 3-11). Les manteaux des juristes juifs sont décorés d'inscriptions hébraïques. Breugel ici tient compte du contexte historique qui vois Jésus s'opposer aux anciennes lois juives. Mais simultanément, le peintre reproduit la célèbre sentence en langue commune, accessible à tous.
Le Massacre des innocents
- Huile sur bois, 116 x 160 cm, c. 1565
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Ayant appris qu'un nouveau souverain vient de naître à Bethléem, Hérode craint pour son trône. C'est cette peur et un malentendu qui sont en fait à l'origine du massacre des innocents. Jésus expliquera plus tard que sont royaume n'est pas de ce monde. Bethléem est ici figuré sous la neige, les habitations éloignées les unes des autres,. On enfonce les portes, on expulse les occupants de leur maison. Nourrissons et enfants sont étendus, morts, dans la neige. D'autres sont encore protégés par leurs parents. Mais la supériorité des soldats laisse entrevoir le caractère désespéré de ces tentatives.
La Prédication de saint Jean-Baptiste
- Huile sur bois, 1566
- Szépmüvészeti Muzeum, Budapest
- Ce n'est qu'à partir du XVIe siècle que saint Jean-Baptiste est figuré en prédicateur. Il se tient ici loin à l'arrière plan, mais l'attention dont il fait l'objet et la tribune que lui offre la nature pour prêcher suffisent à le mettre en évidence. De la main gauche, il semble annoncer l'importance de Jésus qui se tient légèrement à l'écart. Jean est ainsi représenté à la fois en prédicateur ambulant, maître de jésus, et prophète annonçant la venue du Messie.
Le Recensement de Bethléem
- Huile sur bois, 1566
- Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles
- Ce dénombrement montre des caractéristiques propres à une foire engourdie par le froid hivernal. Des voitures transportant des tonneaux, le cochon qu'on égorge, les patineurs et bien d'autres détails sont plus immédiatement accessibles que la situation de cette taverne, a gauche du tableau, qui fait office de bureau de recrutement. Mais près des carrioles, et de leurs tonneaux, un charpentier mène un âne sur lequel une femme se tient assise, enveloppée dans un manteau bleu. Cette représentation traditionnelle de la Vierge, richement vêtue, constitue ici la référence la plus évidente à la proximité de Noël.
L'Adoration des Rois-Mages
En 1564, Bruegel peint deux "Adoration" où il cherche à rivaliser avec Hieronymus Bosch. Bruegel souligne la signification universelle de l'Epiphanie en associant la visite de ces souverains orientaux à des gens du commun. On chuchote, on se gausse, et bien peu de visages exprime la piété. Cette œuvre appartient aux rares toiles qui ont été conservées. Peinte à l'eau (a tempera), ces dernières se détérioraient en effet facilement.
La Danse de la mariée en plein air
- Huile sur bois, circa 1566
- Detroit Institute of Arts, Detroit
- Le lieu des réjouissance tient à la fois de la forêt et de la clairière, et semble, à l'avant-scène, presque exclusivement réservé à la danse sur une musique de cornemuse. Sur les côtés, les membres de l'assistance s'entretiennent, boivent ou observent les joueurs. À l'arrière, la mariée est assise à une table, derrière laquelle est suspendue une tenture. Bruegel a ordonné sa composition en ménageant deux passages moins fréquentés entre l'assistance et les danseurs, délimitant ainsi deux diagonales qui convergent vers le tronc d'arbre au centre du tableau. Dans le triangle de la danse ainsi délimité, presque tout le monde agite les jambes, lance ses bras en l'air ou se déhanche. Sous la fine couche de peinture, on peut aujourd'hui encore observer à l'œil nu le soin apporté au dessin préparatoire, conférant au tableau un surcroît de vie.
L'Adoration des mages dans un paysage d'hiver
- Huile sur bois, 1567
- Collection Oskar Reinhart, Winterthour
Avec cette adoration, Bruegel offre son interprétation la plus moderne de l'évènement. La composition met l'accent sur une vision quotidiennne, sinon pauvre, du récit et non sur la présentation de riches parures de souverains fortunés.
La Conversion de saint Paul
- Huile sur bois, 1567
- Kunsthistorisches Museum, Vienne:
- Après Pierre, Paul est le plus important des apôtres. Sa conversion à la foi chrétienne a de tout temps constitué une des légendes centrales du christianisme. En comparaison, du paysage du Suicide de Saül, la formation montagneuse apparaît comme plus capricieuse. Les versants sont escarpés et le chemin tortueux souligne leur forte dénivellation, image dont on a cherché l'origine dans l'expérience alpine de Brueghel.
Le Pays de Cocagne
- Huile sur bois, 52 × 78 cm, 1567
- Alte Pinakothek, Munich
- Le pays de Cocagne et ses habitants constituaient un thème fort prisé au début de la Renaissance. Le tableau combine vision utopique et critique de l'oisiveté et de la prodigalité. Autour de l'arbre, ceint d'une table, un paysan, un soldat et un érudit sont allongés comme les rayons d'une roue. Leur présence simultanée prouve que les hommes de toute condition succombent aux délices du pays de Cocagne.
Le Trébuchet' '
- Aussi appelé Paysage avec la trappe aux oiseau
- Huile sur bois, 38 × 56 cm, 1565
- Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles
- Le Paysage avec trappe à oiseaux de 1565 pourrait être une peinture méditative. Contemporain de la célèbre série des Mois ou des Saisons, il traduit cependant aussi, dans un format plus restreint, une vision de l'homme et de la nature. L'hiver règne, mais la saison offre un autre visage que celui que proposent les célèbres Chasseurs dans la neige. Neige et glace sont présentes, mais le chromatisme y est moins froid, l'air moins aigu. L'ocre du ciel, que réfléchissent l'eau gelée et les arbres, incite les oiseaux à chercher la nourriture et les hommes à se divertir. N'est-ce pas un leurre ? Une trappe attend rouges gorges, merles ou moineaux qui sortent des buissons ou descendent des branches, la glace peut céder sous le poids des patineurs insouciants; elle fond déjà, laissant voir un cercle sombre en pendant au carré qui menace les oiseaux. Ce tableau s'intitule aussi Le Trébuchet.
La Pie sur le gibet
- Huile sur bois, 1568
- Musée régional de la Hesse, Darmstadt
- L'époque de Bruegel nous a transmis de rares titres de tableaux dont fait partie la Pie sur le Gibet. Le Biographe Carel van Mander date l'œuvre de 1604 et écrit que l'oiseau sur la potence symbolise les excès de bavardage. Selon ce même auteur, sur le point de mourir, Bruegel aurait légué ce tableau à sa femme pour l'engager à se garder des ragots. Mais outre la pie, la danse près du gibet pourrait avoir valeur de proverbe. En effet la pie n'est pas l'unique motif pouvant servir de point de départ à l'interprétation de l'œuvre, Jouer sur le Pilori et Chier sur la Potence pourrait être deux expressions flamandes qui pourraient trouver ici leur illustration avant d'être reprises par Bruegel dans les Proverbes.
La Perfidie du monde ou Le Misanthrope
- Huile sur bois, 1568, Tüchlein
- Musée Capodimonte de Naples, Naples
- Un misanthrope est par définition une personne mal disposée envers le genre humain, apparaissant ici de façon inattendue sous les habits d'un moine portant une escarcelle. Le vagabond, qui cherche à lui subtiliser sa bourse, symbolise la vanité du monde. Bruegel joue du caractère contradictoire de de ses personnages, et en les associant, tisse un réseau inextricable de paradoxes. Quel but peut bien poursuivre le personnage dans le globe et volant de l'argent, si ici-bas tout est vanité et sans objet? Le berger semble, en spectateur, faire contrepoids à la métaphore de la misanthropie au milieu d'un monde hostile. Qu'il s'agisse du larcin du personnage symbole de la vanité, ou des clous à quatre pointes placé sur le chemin du moine, Bruegel ne suggère aucun moyen d'infléchir ou de stopper la spirale des événements.
La Parabole des aveugles
- Tüchlein, , 1568,
- Musée Capodimonte de Naples, Naples
- "Si un aveugle conduit un autre, ils tomberont tous les deux", affirme le célèbre proverbe. Mais ce long cortège ne facilite pas la définition du niveau de correspondance entre tableau et locution ou citation biblique. Sommes-nous en présence de l'évocation de la cécité humaine au sens large ou d'une mise en scène de la communauté des incroyants. Ces aveugles sont sans doute le témoignage le plus marquant de l'existence, chez Bruegel l'Ancien, d'un style original de personnages tardifs. La file des personnages qui trébuchent, se pressent et s'agrippent l'un à l'autre, semble osciller en un mouvement des plus expressifs. Les trois compagnons au centre se tiennent par l'épaule, main gauche sur l'épaule droite, leurs bras tendus croisant la ligne médiane et accentuant d'autant l'expression de confusion.
Le Repas de noce
- Huile sur bois, 1568
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Le service des boissons et des mets occupe le premier plan du tableau des noces. En dehors de cette composition, Bruegel l'Ancien ne peindra aucune autre scène d'intérieur de grand format. Seuls les murs arrières de la grange figurent les limites de la pièce. La décoration murale distingue discrètement la mariée du reste des convives. Elle est assise devant une tenture verte à côté de ses parents, au-dessus desquels sont suspendues des gerbes de blés croisées, en signe de fertilité.
La Danse des Paysans
- Huile sur bois, ,1568
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Si la fête se déroule bien dans une rue de village, la disposition des tables et du terrain de danse serait tout à fait envisageable dans un espace fermé. Le mouvement est introduit dans la composition par la droite, où un vieux paysans entraîne derrière lui sa partenaire. Ses jambes dérogent volontairement aux règles de l'anatomie, de façon a donner une impression de vitesse. C'est avec de telles compositions à grands personnages que Bruegel l'Ancien s'est inscrit dans notre mémoire visuelle. Pourtant, il n'a que rarement peint de telles figures et uniquement dans les dernières années.
Les Mendiants
- Huile sur bois, 1568
- Louvre, Paris:
- Les mendiants donnent l'impression de danser. Moignons et prothèses ne touchent pas tous le sol: Les membres vont en tous sens et les bouches sont entrouvertes. Au XVIe siècle, en dépit des soins apportés aux indigents, la mendicité et les maladies constituaient toujours un grave problème. La population vouait une véritable haine aux mendiants, car nombre d'entre eux étaient d'anciens soldats en maraude. Mutilés, ils cherchaient de préférence refuge dans les grandes villes, car à la campagne il ne pouvait compter sur aucune aide.
Le Proverbe du dénicheur
- Huile sur bois, 1568
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- L'énigme posée par le jeune homme désignant le voleur d'oiseau ou le nid n'est toujours pas résolue. A-t-il déjà mis sa proie dans le sac déposé à terre ou, comme le prétend le proverbe, "Connaît-il seulement le nid?", un autre étant sur le point de s'emparer de l'oisillon? Impossible de trancher. Quoi qu'il en soit, il est menacé d'une chute imminente dans le ruisseau. Dans ses figures tardives, Bruegel adopte un mode de représentation bien particulier qui donne aux vêtements des allures de seconde peau. Le large bassin du voleur de nid, la courbe du ruisseau, l'arrondi du premier plan, et la sobriété du paysage avec son horizon bas, à l'arrière plan, évoque une image déformée par un miroir convexe.
La Tempête
- Huile sur bois, 70,5 × 97 cm, 1568
- Kunsthistorisches Museum, Vienne,
- Ce tableau est probablement l'œuvre d'un suiveur, il a été réattribué à Joos de Momper
- Légende de Jonas
Le Bouffon Gonella
- Huile sur bois, 36 x 24 cm, circa 1445
- Kunsthistorisches Museum, Vienne
- Longtemps attribué à Brueghel, il est maintenant réattribué à Jean Fouquet.
- Un dessin, copie du tableau a permis d'identifier le modèle comme étant le bouffon Pietro Gonnella, au service de Nicolas II d'Este, à Ferrare. Ses poils de barbes gris et son nez luisant sont restitués avec réalisme. Les vêtements et les mains ont fait l'objet de retouches d'un autre peintre, ce qui a longtemps rendu l'attribution fort difficile.
Le vin de la Saint-Martin
- Huile sur bois, 92,5 x 73,5 cm, fin du XVIe
- Kunsthistorisches Museum, Vienne; Copie d'après un original
- Le vin de la Saint-Martin ...
Les 12 proverbes
- Huile sur bois, 74 X 98 cm, vers 1558
- Museum Mayer van den Bergh, Anvers
- Les 12 proverbes
Le bon Berger
- Huile sur bois (copie)
- Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
- Le bon Berger ...
L'excision de la pierre de folie
- Huile sur bois
- Autrefois à Prague
- Perdue dans un incendie pendant la guerre 1940-1945.
Bibliographie
Article détaillé : Bibliographie de Bruegel l'Ancien.Notes et références
- Allard D. Mémoire, ULg
- Popham Arthur Edwart Pieter Bruegel and Abraham Ortelius, 1931, page 187
- P. Coremans, L'Archiduc Ernest, La cour et ses dépenses d'après les comptes de Blaise Hütter, son secrétaire intime et premier valet de chambre, Bulletin de la Commission d'Histoire 13(1947), pp.101, 141:
- M. de Maeyer, Albrecht und Isabella en de Schilderkunst, Verandelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Wettenschappen, Letteren und Schone Kunsten van Belgie. Klasse der Schone Kunsten Verhandelingen vol.9), Brussels 1955, p.259, doc.7-12: Seebs Taffell, von 12 Monatben des Jahrs von Bruegel
- K. Demus, F, Klauner and K. Schutz, Flämische Malerei van Jan Van Eyck bis Pieter Bruegel der Ältere, Vienna (Kunsthistoritches Museum) 1981, p. 87
- H. Vlieghe, "David Teniers II en het hof van aartshertog Leopold Wilhelm en Don Juan van Oostenrijk," Genese Bijdragen tot de Kunstge schiedenis 19(1966), pp. 23-49.
Catégories :- Bruegel l'Ancien
- Tableau de Pieter Bruegel l'Ancien
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