- Édesse (chrétienne)
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Édesse, urḥa en syriaque, Şanlıurfa en turc, était la capitale de l'Osroène, un petit État d'abord indépendant (132 av. J.-C. - 216 ap. J.-C.), devenu province romaine en 214 puis incorporé au diocèse d'Orient, de 244 aux Omeyyades.
Sommaire
Aspects historiques
Vers 204, Abgar IX se convertit au christianisme. C'est, dans l'histoire du christianisme, le premier roi chrétien. À la suite de cette conversion, le christianisme syriaque se développa autour d'Édesse et de nombreux monastères furent construits, en particulier celui de la colline, le Torâ d-Ourhoï.
En 216, sous le règne d'Abgar X Severus Bar Abgar (IX), l'empereur Romain Caracalla s'empara définitivement du petit royaume, qui devint une province romaine. Cependant on a trouvé des monnaies au nom d'un Ma'Nu IX Bar Abgar(X) Severus et d'un Abgar XI Farhat Bar Ma'Nu avec sur l'autre face la tête de l'empereur romain Gordien III le Pieux, ce qui laisse supposer aux spécialistes que les Romains laissèrent encore quelque temps des souverains en place.
En 262, le roi des Perses sassanides Chahpuhr Ier occupa brièvement Édesse puis l'abandonna du fait de l'arrivée du roi de Palmyre Odenath II venu défendre la ville. Celui-ci, allié de l'empereur romain Gallien, avait en charge la défense de ses territoires en Orient.
À partir de 250, Édesse, où le christianisme avait bien progressé, accueillit les chrétiens chaldéens, chassés de Perse par les Sassanides.
Dans la ville même existaient des sources (auxquelles les Grecs donnèrent le nom de kallirroé) qui sont encore connues aujourd'hui. Les carpes sacrées toujours élevées dans le bassin (Ayn-i Züleyha), sont la manifestation de la légende du miracle d'Abraham. Selon celle-ci, ce serait à cet emplacement que le roi d'Assyrie Nimrod aurait jeté Abraham dans une fournaise qui se changea aussitôt en eau poissonneuse.
En 605, Édesse devint à nouveau perse puis fut reprise par l'empereur byzantin Héraclius. Le syriaque édessénien resta la langue pour la littérature et l'Église, ainsi que celle des grands écrivains comme par exemple Jacques de Nisibe, Éphrem le Syrien et plus tard Jacques d'Édesse.
Éléments d'histoire ecclésiastique
La légende d'Abgar date probablement de l'époque du début du christianisme à Édesse, dans la première partie du IIIe siècle.
En 384, la ville est visitée par Égérie, qui y décrit ses nombreux sanctuaires.
Quand Nisibe fut cédée par les Byzantins aux Perses en 363, Éphrem le Syrien quitta sa ville natale et s'installa de l'autre côté de la nouvelle frontière, à Édesse où il fonda une école théologique fameuse. Celle-ci est concurrente, à certains égards, de l'école d'Antioche; sous l'évêque Rabbula, par exemple, elle prit le parti de Cyrille d'Alexandrie contre Nestorius.
Mais la tendance s'inversa sous son successeur Ibas, au point que l'école d'Antioche se voit accusée de nestorianisme. C'est ce qui entraîna sa fermeture provisoire en 457, puis de manière définitive en 488, sous l'empereur Zénon. Les enseignants et leurs élèves quittèrent alors Édesse et retournèrent dans la ville de leur fondateur, à Nisibe, où ils furent au point de départ de l'Église dite "nestorienne"[1]
A contrario, à partir de cette époque et jusque bien après la conquête arabe, l'Église miaphysite se développa à Édesse, qui est comme le centre spirituel historique de l'Église syriaque.
Note
- Labourt, Le christianisme dans l'empire perse, Paris, 1904, 130-141.
Lien
Liens externes
Catégories :- Édesse (époques romaine et byzantine)
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