- Tsepon W. D. Shakabpa
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Tsepon W. D. Shakabpa (1908 - Corpus Christi (Texas), 23 février 1989) était un historien[1] et homme politique tibétain. Tsepon était le titre du ministre des finances du Gouvernement du Tibet.
Sommaire
Biographie
Tsepon Shakabpa est né au Tibet en 1908. Il devint membre du Gouvernement tibétain à l'âge de 23 ans et fut ministre des finances de 1939 à 1951 lors de la période de l'indépendance de facto.
En 1948, le Kashag envoya une délégation tibétaine conduite par Tsepon Shakabpa en tant que ministre des finances du Tibet, notamment aux États-Unis pour des négociations commerciales. Il reçut aussi un visa sur son passeport en 1947 pour échanges commerciaux, il se rendit en Chine, Inde, Angleterre, États-Unis, Italie, Suisse et France[2]. Selon Thupten Samphel, un porte-parole du dalaï-lama, représentant du gouvernement tibétain en exil : « Ceci indique que là où Tsepon W.D. Shakabpa s'est rendu en visite, on a reconnu le passeport délivré par le gouvernement tibétain »[3].
En 1950, il faisait partie de la délégation tibétaine en Inde qui rencontra le premier ministre indien Nehru[4].
Quand la RPC occupa le Tibet en 1950, il rejoignit l'Inde. L’appel du Tibet aux Nations unies, signé par le kashag et l’assemblée nationale du Tibet daté du 7 novembre 1950 fut envoyé par fax de la résidence de Tsepon W.D. Shakabpa, à Kalimpong[5].
Selon un compte rendu de conversation (memorandum of service) rendu public récemment par les États-Unis, mis en ligne sur le site de la Western Shugden Society (en), une réunion entre Fraser Wilkins, premier secrétaire, et Shakabpa en sa qualité de « représentant personnel du dalaï-lama », eut lieu le 24 mai 1951 à l'ambassade américaine à la Nouvelle-Delhi, avec pour objet « les rapports entre les États-Unis et le Tibet ». Shakabpa pose la question suivante : « Si le dalaï-lama quittait le Tibet, est-ce que les États-Unis seraient disposés à lui fournir une assistance militaire et financière ? ». Shakabpa ajoute que le dalaï-lama étant « à jamais le chef spirituel et temporel du Tibet », « il voudrait, pour cette raison, lorsque la situation serait mûre, fournir des armes à des groupes pour qu'ils puissent se soulever contre l'envahisseur ». Shakabpa avait déjà eu une discussion sur une éventuelle assistance militaire à l'été 1950[6].
Jusqu'en 1966, il fut le représentant principal du 14e Dalaï Lama à New Delhi.
Shakabpa est l'auteur de plusieurs livres, dont "Tibet, une histoire politique", publié en 1967 aux éditions Yale University Press[7].
Tsepon Wangchuk Deden Shakabpa est mort d'un cancer de l'estomac en 1989 chez un de ses fils à Corpus Christi au Texas. Il avait 82 ans et avait vécu à New Delhi et Manhattan.
Passeport découvert en 2003
En 2003, le passeport tibétain de Tsepon Shakabpa fut découvert au Népal. Delivré par le 13e Dalai Lama à son ministre des finances Tsepon Shakabpa en voyage à l'étranger, le passeport était une feuille de papier rose. Complétée par une photographie, elle avait reçu les visas de nombreux pays, dont la Grande-Bretagne. Elle comporte un message tapé en anglais et un autre écrit à la main en tibétain, similaire au message des officiers nominaux qui distribuent les passeports aujourd'hui. Il n'y a pas de chinois sur le passeport, mais deux timbres pourraient correspondre à des cachets officiels chinois, ou à des timbres d'entrée chinois[3]. Selon Tenzin Tsundue, secrétaire général de Friends of Tibet (India), une association solidaire des Tibétains en exil, l'existence de ce passeport authentique démontre que le Tibet était indépendant en 1948[2]. Pour la famille Shakabpa, ce passeport publié en 1967 dans le livre de Tsepon W.D. Shakabpa Tibet: A Political History, est un élément de plus prouvant l'indépendance du Tibet[8].
Le juriste et politologue Barry Sautman, pour sa part, déclare que les passeports d'un état non reconnu n'ont pas de valeur aux yeux des états reconnus et que l'apposition d'un visa ne saurait impliquer reconnaissance[9]. Il cite à cet égard un texte sur la politique en matière de visa dans l'Union européenne : « en règle générale on n'appose pas de visa sur un passeport non reconnu ou, si on le fait, il est expressément stipulé que cet acte n'implique pas de reconnaissance de la part de l'autorité délivrante » [10].
Ouvrages
- Tibet: A Political History, 1967, Yale University Press, New Haven and London, 369 pages
- The Vaidurya g.yaʼ sel of Sde-srid Sangs-rgyas-rgyamtsho, together with the Snyan sgron nyis brgya brgyad pa; two works clarifying and elucidating controversial points in the author's monumental astronomical and astrological treatise, the Vaidurya dkar po, Volume 1, 1971, avec T. Tsepal Taikhang, Éd. Taikhang
- Rare Tibetan historical and literary texts : from the library of Tsepon W. D. Shakabpa, 1974, compilé and publié par T. Tsepal Taikhang, Éd. Taikhang
- One hundred thousand moons: an advanced political history of Tibet, 2010, traduit par Derek F. Maher, Ed. Brill, 1184 pages, (ISBN 9004177329),
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- (en) The 17-Point Agreement, The full story as revealed by the Tibetans and Chinese who were involved (Mars 1950 : implication de Tsepon W.D. Shakabpa des tentatives de négociations avec la Chine)
- (fr) La genèse de l’accord sino-tibétain de 1951 par Tsering Shakya
Notes et références
- (en) Bhuchung Tsering, Did I have a hand in translating Shakabpa’s new book on Tibetan History?, 11 avril 2010
- (en) Tenzin Tsundue, Shakabpa's Passport Recovered, Phayul.com, 1er avril 2004
- (en) Jeremy Page, Crumpled passport ‘proves’ Tibet independence claim, The Times, 23 juin 2007.
- One hundred thousand moons, Volume 1, p. 575 « The Tibetan Delegation to India met with Indian Prime Minister Nehru at his residence in New Delhi in 1950. Front row: Tsecha Thubten Gyalpo, Pema Yudon Shakabpa (wife of Tsepon Shakabpa), Indira Gandhi, Prime Minister Jawaharlal Nehru, Tsering Dolma (older sister of His Holiness the Dalai Lama), Tsepon Wangchuk Deden Shakabpa, Depon Phuntsok Tashi Takla (husband of Tsering Dolma). Back row: Dzasa Jigme Taring, Unknown monk, and Chepon Chemo Driyul (brother-in-law of Tsepon Shakabpa). » Tsepon W. D. Shakabpa, Derek F. Maher ,
- Claude Arpi, Tibet, le pays sacrifié, 2000, Calmann-Lévy, pp. 301-302
- (en) The Dalai Lama Cables: No Nobel Peace - Part 1 : « If the Dalai Lama left Tibet would the United States be willing to supply the Dalai Lama with military assistance and loans of money?' The Dalai Lama, Shakapba explained, would always be the spiritual and temporal head of Tibet and [...] would therefore when the time was ripe want to supply groups with arms so they could rise against the invader. (...) Shakabpa recalled his previous conversation the summer of 1950 with respect to military assistance and wondered if we were still willing to help. » Ce document, assorti d'un commentaire, est consultable sur le site de la Western Shugden Society (WSS), à la page intitulée
- Tsepon W. D. Shakabpa, Tibetan Scholar, 82, The New York Times, 25 février 1989.
- Statement from Shakabpa family regarding Tsepon Shakabpa's passport, Phayul.com, 5 avril 2004
- (en) Barry Sautman, “All that Glitters is Not Gold”: Tibet as a Pseudo-State : « Passports of an unrecognized state have not standing with recognized states ; placing of visa on them can't imply recognition. »
- « an unrecognized state or government is considered to have no authority to issue passports. Documents issued by urecognized states or governments are not regarded as "passports". They are accorded no official standing ; generally no visa is affixed on an unrecognized passport or, if a visa is affixed, such action is expressly said not to imply recognition of the issuing authority » (source : Annalisa Melone, Visa Policy Within the European Union Structure, Berlin, Springer, 2006) (« On considère qu'un état ou un gouvernement non reconnu n'a aucune autorité pour délivrer des passeports. Les documents délivrés par des états ou des gouvernements non reconnus ne sont pas considérés comme étant des "passeports". On ne leur accorde aucune validité officielle, en règle générale on n'appose pas de visa sur un passeport non reconnu ou, si on le fait, il est expressélment stipulé que cet acte n'implique pas de reconnaissance de la part de l'autorité délivrante »). Barry Sautman, op. cit., p. 13, note 93 :
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