Royaume des Aït Abbas

Royaume des Aït Abbas

Royaume des Ait Abbas
Tagelda n Ait Abbas (ber)

15201871

Drapeau
Blason

et

Accéder aux informations sur cette image commentée ci-après.

Carte des tribus de Grande Kabylie et du Drapeau de Béjaïa (sous les Hafsides). Le fondateur du Royaume d'Ait Abbas prince de Béjaïa est un allié des Hafsides avant de s'émanciper en 1510 date de leur défaite face aux espagnols. Il reprendra les symboles et l'administration locale à son compte. Le second drapeau a été capturé par l'armée française dans le Djurdjura lors de la conquête de l'Algérie et il est semblable à la description du drapeau de Boumezrag Mokrani[1].

Informations générales
Statut Monarchique et tribus fédérées
Capitale Kalâa Ait Abbas
Langue Kabyle
Religion Islam
Histoire et évènements
1510 Abderahmane, sultan de Béjaïa pour le compte des hafsides puis fondateur de la Kalâa.
1547 Abdelaziz prend le pouvoir sous son règne la Kalâa prend de l'importance et son royaume s'oppose aux Ottomans pour s'allier au Royaume de Koukou.
1559 Abdelaziz meurt au cours d'une bataille contre les Turcs.
1609 Les Kabyles entrent en guerre contre la régence d'Alger et dévastent la Mitidja.
1824 Dernière révolte et dernier traité de paix avec la régence d'Alger.
1870 Révolte des Mokrani et chute de la dynastie des Amokranes face à la France.

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le Royaume des Aît Abbas est un état dont l'autorité s'étendait sur la petite Kabylie du XVIe siècle au XIXe siècle. Sa capitale était la Kalaa Ait Abbas une citadelle dans les Bibans. Ce sera un bastion de résistance aux Espagnols puis aux Ottomans et enfin aux Français face auxquels il maintiendra l'indépendance de la région.

Sommaire

Fondation

Arbre Généalogique des Amokrane du Royaume des Ait Abbas.

En 1510, sur la lancée de la Reconquista, les Espagnols s'emparent de Béjaïa aux mains des berbères Hafsides. Ils organisent à partir de cette position des razzias dans l'arrière-pays. Les berbères de la région cherchent protection à l'intérieur des terres et prennent pour nouvelle capitale la Kalâa des Aït Abbas, au cœur de la chaîne des Bibans. Cette ville était une ancienne place fortifiée de l'époque Hammadide et une étape du triq sultan la route commerciale allant des Hauts Plateaux à Béjaïa, c'est le sultan Abderahmane qui choisira le site pour des raisons sécuritaires. Le règne de son petit-fils Abelaziz fera sortir le nom de la Kalâa de l'anonymat, a son apogée la citée comptait 70 000 habitants et rivalisait alors avec Tunis, il prendra alors le titre d'Amokrane. C’est durant son règne que la Kalâa se dotera de fabriques d’armes avec l’aide des renégats, des chrétiens et des Andalous chassés d’Espagne qu’elle accueille en grand nombre et qui apportent leur savoir-faire[2].



Relation au Royaume de Koukou

Le royaume de Koukou implanté en Kabylie de l'autre côté de la vallée de la Soummam, sera un rival dans la région. Les Ait Abbas durant le XVe siècle entreront plusieurs fois en guerre avec lui s'alliant parfois avec les Ottomans qui jouait sur la rivalité entre les deux royaumes pour espérer s'implanter en Kabylie. Cependant les relations se détériorant avec la Régence d'Alger et à l'occasion de mariages entre les grandes familles des deux royaumes il deviendront progressivement alliés[3].

Résistance aux Ottomans

Entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle il y aura plusieurs conflits entre les royaumes kabyles d'Aït Abbas et de Koukou et la Régence d'Alger dont les principaux ont eu lieu en 1609 où les Kabyles ont dévasté la Mitidja et menacé Alger, entre 1758 et 1770 dans toute la Kabylie et entre 1805 et 1813 dans la vallée de la Soummam[2]. Enfin en 1823 ils entrent en révolte contre l'autorité de la Régence et coupent les voix de communications entre Alger et Constantine. Ce n'est qu'après plusieurs mois de combats que l'agha Yahia parvient à négocier la soumission des tribus et en 1824 est signé le dernier traité de paix[4]. Globalement le royaume, qui bénéficie d'une certaine reconnaissance internationale (représentations diplomatiques en Espagne, notamment), contribue à préserver une relative autonomie de la région par rapport au reste de la régence d'Alger[5].

Après une période de rivalité où alternent phases de paix et de guerre entre Ottomans et Kabyles pour le contrôle d'Alger, leurs relations se stabilisent à l'époque des deys. Son autonomie fait l'objet d'une reconnaissance tacite qui marque une étape importante dans la constitution de l'identité régionale.

Le royaume contrôle le passage stratégique des Portes de Fer appelés Tiggoura par les Kabyles et Demir kapou par les Turcs qui est un point de passage obligatoire sur la route reliant Alger à Constantine. La Régence d'Alger devait payer un tribus pour le passage de ses troupes, dignitaires et commerçants. C'est d'ailleurs dans l'Algérie de l'époque le seul endroit où le pouvoir Makhzen de la régence payait un tribus à des populations locales insoumises[6].

Le voyageur français Peyssonnel écrivit en 1725:

« Ces troupes (la milice, turque) si redoutables dans tout le royaume, sont obligées de baisser leurs étendards et leurs armes, en passant par un détroit fâcheux appelé la Porte de fer, entre des montagnes escarpées. La nation dite Benia-Beïd (Beni-Abbas), qui habite ces montagnes, les force à la soumission.[...]et ils s'estiment encore heureux d'être en paix avec eux, sans quoi il faudrait aller passer dans le Sahara pour aller d'Alger à Conslantine[6]. »

Chute du Royaume

Avec l'arrivée progressive des Français dans la région le royaume des Ait-Abbas aura une position changeante, soutenant la Régence d'Alger face a l'invasion française puis les révoltes de Lalla Fatma N'Soumer mais signant plus tard la paix avec la France qui nommera Bachagha son chef Mohamed Amokrane. Mais face aux tentatives d'expropriation Mohamed Amokrane dernier Amokrane (chef) du royaume entrera en guerre en 1871 avec la « révolte des Mokrani », où la confrérie de la Rahmaniya joue un grand rôle. La répression se solde par de nombreuses arrestations, des spoliations et des déportations en Nouvelle-Calédonie (c'est l'origine des « Kabyles du Pacifique »)[7].

Notes et références

  1. Louis Rinn, HISTOIRE DE L’INSURRECTION DE 1871 en Algérie,ALGER, LIBRAIRIE ADOLPHE JOURDAN, un poème populaire ancien rapporté sur la revolte de 1871 p.285
  2. a et b Youcef Allioui, Les Archs, tribus berbères de Kabylie:histoire, résistance, culture et démocratie,L'Harmattan, 2006, 406 pages , (ISBN 2-296-01363-5), p205
  3. Tahar Oussedik, Le royaume de Koukou
  4. Ernest Mercier, Histoire de la Berbérie, tome III, p. 515-516.
  5. Henri Aucapitaine, Les confins militaires de la Grande Kabylie sous la domination turque (Province d'Alger), Moquet, 1857.
  6. a et b Société Archéologique Coloniale,Notices et Mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine , Volume 5 de la deuxième série, 1871-1872, BnF ,p249
  7. Alain Mahé, Histoire de la Grande Kabylie XIXe XXe siècles : Anthropologie historique du lien social dans les communautés villageoises, Bouchêne, Paris, 2001 (ISBN 2-912946-12-3).



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Royaume des Aït Abbas de Wikipédia en français (auteurs)

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