- Remorquage d'iceberg
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Pour les articles homonymes, voir Iceberg (homonymie).
Le remorquage d'icebergs (en anglais : towing icebergs) est un projet et une technique de remorquage d’icebergs afin de s'approvisionner en eau douce ou bien de préserver les installations offshore d’un risque de collision.
Sommaire
Disponibilité en eau douce
Sur Terre, 97 % de l'eau de surface est salée ; les 3 % restant constituent les réserves d'eau douce de la planète. L'eau douce se répartit de la manière suivante: 2/3 d'eau douce sous forme de glace et 1/3 sous forme liquide.
La demande en eau douce ou en eau potable mondiale dépasse bien souvent les ressources en eau et certaines parties du globes se trouvent en situation de stress hydrique
La production d'eau potable est devenue une préoccupation majeure.
Quand les réserves en eau douce ou en eau potable ne suffisent plus, on fait alors appel à des techniques de filtration et d'épuration couteuses et grand consommateur d'énergie, que ce soit pour le traitement de l'eau douce ou de l'eau de mer(dessalement...)
La recherche s'intensifie et des initiatives insolites et originales naissent telles le remorquage des icebergs. Projet visionnaire ou utopie mégalomane, le projet a en tout cas le mérite de captiver plus d'un chercheur, plus d'un scientifique ou de plus d'un aventurier.
Aller puiser dans les réserves de glace
Les deux-tiers de l'eau douce de la planète sont gelées dans les calottes glaciaires, comme celles de l'Antarctique ou du Groenland ainsi que dans les glaciers.
Un iceberg de 30 millions de tonnes pourrait fournir 30 milliards de litres d’eau, soit l’équivalent de la consommation annuelle d’une ville de 555 000 habitants.
Disponibilité en icebergs pour le Groenland
Autour du Groenland il se détache tous les ans pas moins de 40000 icebergs qui pèsent de 180000 t à 30 millions de tonnes[1] 350 milliards de tonne de glace se détachent ainsi du Groenland et disparaissent dans l'eau salée de l'océan[2].
Disponibilité en icebergs dans l’Antarctique
En Antarctique, les sites les plus appropriés pour aller chercher des icebergs seraient la Barrière de Ross ainsi que la Barrière d'Amery qui pourraient fournir respectivement l'Australie et Le désert d'Atacama au Chili[3],[4]
Projets de remorquage d’icebergs
Si cette manne en eau semble à certains inaccessible, d'autres ont imaginés qu'il serait possible de tracter les Icebergs vers les endroits de la terre où le besoin en eau potable se fait le plus sentir.
L’idée d’exploiter les icebergs pour produire de l’eau douce n’est pas nouvelle[3],[5].
Ni de les remorquer d'ailleurs: les compagnies pétrolières sont régulièrement amenées à tracter sur de courtes distances, les icebergs qui menacent les installation pétrolières[6].
L'initiative de Georges Mougin
L'ingénieur Georges Mougin, un ami proche de l'explorateur polaire français Paul-Émile Victor, travaille depuis plus de 40 ans sur l'idée de convoyer un iceberg de l'Antarctique vers le sud de l'Europe[7].
L'aventure démarre dans les années 1970, lorsque le prince saoudien Mohamed Al-Fayçal, inquiet des carences en eau douce dans son pays, contacte Georges Mougin pour lui faire part de son rêve : remorquer par voie maritime un iceberg géant pour s'en servir de réservoir naturel d'eau douce[8]. A l'occasion, en 1976, une entreprise est même fondée, Iceberg Transport International, qui est chargée d'étudier la faisabilité de ce projet. En 1977, les deux hommes organisent le premier congrès international sur l’utilisation des icebergs, qui réunit des ingénieurs, des scientifiques et des militaires. Malheureusement, l'entreprise se heurte à des problèmes techniques et financiers et est abandonnée. Depuis 2003, compte-tenu de la création de services de prévisions océaniques, et de la disponibilité des moyens maritimes développés pour l'offshore pétrolier, Georges Mougin s'efforce de réactiver ce projet d’exploitation d'icebergs.
L'expertise de Dassault Systèmes
Georges Mougin contacte l'entreprise Dassault Systèmes[2], éditeur de logiciels CAO. Dans le cadre de son programme de mécénat, Dassault Systèmes met à disposition de Georges Mougin ses outils de modélisation 3D et simulation 3D pour tester le transfert de l'Iceberg. Entre autres problématique l'étude s'intéresse aux aspects suivants:
- La manière dont va fondre l'iceberg sur le trajet. Une simulation hydraulique délivre une carte des échanges thermiques entre l'iceberg et sont environnement en fonction de la vitesse des courants marins, des vents, et de la houle.
- Une simulation thermique réalisée avec le logiciel SIMULIA détermine de quelle manière l'iceberg va fondre (très généralement, plus la surface de contact avec l’eau est grande et plus rapide sera la fonte. La partie émergée est peu sensible au rayonnement solaire, grâce au pouvoir fortement réflectif du blanc immaculé de la glace (Albédo)) et vérifie qu'un système de protection du genre jupe textile synthétique, diminue bien la fonte de la glace.
- Les données météorologiques et océanographiques, les lois de fonte, la dérive de l'iceberg, sous l’effet des différentes forces naturelles (vents, courants, houle…), la force de traction exercée par le remorqueur et la consommation de mazout engendrée, les phénomènes de trainée d’air et d’eau avec l’iceberg et le bateau, la rotation de ta terre (force de Coriolis) sont injectées dans le logiciel Dymola (en) et fournissent une simulation jour après jour de la transhumance de l'iceberg.
Une expérience concrète
Cette collaboration devrait déboucher en printemps 2013, sur une première expérience concrète : le transport d'un iceberg de 7 millions de tonnes depuis Terre-Neuve jusqu'aux îles Canaries.
Partant d'un iceberg tabulaire de 7 millions de tonnes, un seul remorqueur avec une force de traction de 130 tonnes serait nécessaire. La vitesse moyenne estimée de remorquage est de l'ordre de 1,5 km/h. La durée du transport, 141 jours. On parle de dérive assistée, qui vise à s’adapter aux conditions de « dérive naturelle » du convoi. A l’arrivée, l'iceberg aurai perdu 38% de sa masse. L'étude démontrerait que l'entreprise est faisable.
L'iceberg serait protégé par un voile de protection (géotextile de type Bidim) que l'on utilise aussi sur les glaciers notamment en Autriche, pour éviter leur fonte. Ce matériau vient s'insérer au plus près de la glace, laissant une mince pellicule d'eau plus fraîche que l'eau de l'océan, qui sert de réfrigérant. Une ceinture flottante encerclerait l’iceberg sur une hauteur de douze mètres (six mètres en surface et six mètres sous l’eau) pour le protéger de l’érosion.
A l'aide de 2 remorqueurs évoluant de chaque côté de l'iceberg, on placerait un filet de capture. Le filet et sa capture seraient ensuite tractés par un remorqueur puissant. Cette procédure est délicate, car elle nécessite une approche au près de l'iceberg, avec les risques inhérents à une exposition aux ruptures brutales de la glace, sous l'effet de la fonte, et submersions partielles, qui provoquent elles-mêmes des pressions de dislocation[9],[10].
Pour diminuer la consommation de carburant et limiter les rejets de CO2, le trajet exploitera au mieux la dérive naturelle dans les océans. Une voile de tractage de type delta, arrimée à une élingue permettrait d'exploiter l'énergie du vent. Ce système de voile de tractage est actuellement développée par une société allemande, SkySails, à destination de la marine marchande. La longueur de l'élingue permet d'aller chercher en altitude au-dessus de l'océan des vents favorables. Ce système permet des réductions de consommation de 10 à 35%.
Le résultat estimé après fonte, de l'apport d'eau douce potentiel pour les îles Canaries est de l'ordre de 4 millions de tonnes. 4 000 tonnes de fioul seraient nécessaires à la réalisation de cet ouvrage[11].
Associés au projet
Sont associés au projet[2] :
- François Mauviel: Ingénieur en génie océanique.
- Pr. Olav Orheim (no): Glaciologue, directeur de l'Institut Polaire Norvégien.
- Pr. Peter Wadhams (en): Professeur de Physique des Océans, Directeur du Groupe de Physique des Océans Polaires dans le département de Mathématiques Appliquées et Physique Théorique, Université de Cambridge.
- Bruno Voituriez: Océanographe et ancien Directeur Associé de IRD Research
- Tina Jensen: Responsable de section et chef de projet "Ice Water" au Groenland
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) « Watch A Tugboat Drag An Arctic Iceberg To Parched People Half A World Away » sur fastcompany.com [vidéo]
Notes et références
- http://www.leparisien.fr/environnement/un-iceberg-au-secours-des-canaries-04-03-2011-1342383.php Un iceberg au secours des Canaries sur le site www.leparisien.fr
- http://www.3ds.com/fr/icedream/ icedream sur le site de Dassault système]
- towing icebergs to irrigate arrid lands
- 100 icebergs only 260km off the South Island Des Icebergs passent à 260 km des côtes New zeelandaises sur le site du New Zeeland Herald
- http://iahs.info/redbooks/a095/iahs_095_0255.pdf W. F. WEEKS W. J. CAMPBELL "ICEBERGS AS A FRESH-WATER SOURCE: AN APPRAISAL"
- Stability and Drift of Icebergs Under Tow. Petrollum research atlantic Canada. sur les site pr-ac.ca
- Thalassa diffusée sur France 3 le 4 mars 2011. Reportage dédié dans l'émission
- http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/03/04/bientot-de-l-iceberg-au-robinet_1488253_3244.html Bientôt de l'iceberg au robinet? sur le site www.lemonde.fr
- Article Senego
- Article Le Figaro
- Remorquer un iceberg du Groenland aux Canaries sur le site manger-la-mer.org
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