Première Junte

Première Junte
La Première Junte, imagerie du début XXe siècle.

Il est dusage en Argentine de désigner par Primera Junta de Gobierno, litt. Première Junte de Gouvernement, ou plus simplement par Primera Junta, le comité de gouvernement instauré à Buenos Aires le vendredi 25 mai 1810, pour remplacer le vice-roi Baltasar Hidalgo de Cisneros, destitué suite à la révolution de Mai. La dénomination officielle de ce premier gouverment autonome cependant était Junta Provisional Gubernativa de las Provincias del Río de la Plata a nombre del Señor Don Fernando VII (soit : Junte exécutive provisoire des Provinces du Río de la Plata au nom de notre seigneur Don Ferdinand VII), et illustre lambiguïté des nouvelles autorités quant à la poursuite ou non de lallégeance à la couronne d'Espagne.

En dépit de cette apparence de continuité dont elle saffubla (le masque de Ferdinand), la Junte eut à faire face à plusieurs séditions, ― dont, en particulier, celle de Córdoba, dirigée par le ci-devant vice-roi Jacques de Liniers, et implacablement répriméeet à lopposition, ouverte ou secrète, de divers organes de lancien régime, tels que le Cabildo de Buenos Aires et la Real Audiencia ; les réfractaires furent bannis et renvoyés en Espagne.

Pour le reste, le nouveau gouvernement sattacha à organiser le jeune État, en le dotant dune série dinstitutions nationales (bibliothèque nationale, établissements denseignement supérieur, journal officiel, académie militaire, etc.) et en mettant sur pied une armée organisée. Les principes sous-tendant laction politique de la Première Junte sont ceux quavaient proclamés la révolution de Mai, savoir : la souveraineté populaire, le principe représentatif et fédéral, la séparation des pouvoirs, la durée des mandats, et la publicité des actes de gouvernement.

La vie politique de la nouvelle république fut demblée marquée par la rivalité entre Cornelio Saavedra, président de la Junte, et Mariano Moreno, secrétaire à la guerre, incarnant respectivement la tendance conservatrice, désireuse de perpétuer les rapports sociaux antérieurs, et la tendance plus radicale, œuvrant à lémancipation de toutes les couches de la population.

Le siège du nouveau gouvernement fut établi dans le Fort de Buenos Aires, qui avait été depuis 1776 la résidence des vice-rois du Río de la Plata et à lemplacement duquel se dresse aujourd'hui la Casa Rosada. La Première Junte, qui au départ nétait composée que des seuls représentants de Buenos Aires, gouverna en tant que telle jusquau 18 décembre de la même année, date à laquelle elle se mua, en admettant en son sein les députés des provinces de lintérieur, en la Junta Grande, la Grande Junte, qui gouverna jusquà lavènement du premier triumvirat en septembre 1811. Les députés provinciaux appartenant en majorité au camp conservateur, cet élargissement de lexécutif signifia un sérieux revers pour Moreno et porta celui-ci à démissionner.

Sommaire

Fondements théoriques et antécédents

La Première Junte, gouvernement autonome issu de la révolution de Mai, sappliqua dans un premier temps à ne pas apparaître comme une rupture avec lordre préexistant, mais comme le prolongement de lautorité souveraine du monarque Ferdinand VII, maintenu prisonnier en France. Cependant, les historiens conviennent en général que les proclamations de loyauté à légard de Ferdinand VII nétaient pas authentiques, mais un faux-semblant, connu sous le nom de masque de Ferdinand VII, destiné à occulter les motivations indépendantistes réelles de ses initiateurs, dans le but déviter des représailles.

Linstauration de la Junte se fondait sur la théorie de la rétroversion de souveraineté, exposée par Juan José Castelli lors du cabildo ouvert, pendant la journée du 22 mai 1810. Cette théorie politique, qui était traditionnelle en Espagne, postulait le droit des peuples à conférer à une junte exécutive lautorité ou le commandement en cas dabsence ou dempêchement du monarque. En Espagne même, pendant la guerre dindépendance espagnole, de telles juntes sétaient constituées en vertu de ce principe dans les villes non encore tombées aux mains des troupes françaises, , répudiant lautorité du roi José Bonaparte, nommé par Napoléon 1er en remplacement du Désiré, elles faisaient fonction de gouvernement transitoire ou durgence, dans une tentative de sauvegarder la souveraineté de lEspagne. En ce qui concernait lAmérique espagnole, la plus importante de ces juntes était la Junte de Séville, laquelle revendiquait la souveraineté sur les possessions espagnoles doutremer, en sautorisant pour cela de ce que la province de Séville bénéficiait historiquement du monopole du commerce avec les Amériques ; cette junte, dont les revendications furent rejetées par les Espagnols américains, fut bientôt supplantée par le Conseil de Régence dEspagne et des Indes, qui avait en son sein une représentation américaine. Dautre part, dès avant la formation de la Première Junte, dautres tentatives similaires de mettre en place des juntes de gouvernement avaient existé dans la Vice-royauté du Río de la Plata, mais aucune ne fit long feu.

À ces fondements théoriques sajouta la théorie de la subrogation, selon laquelle, après la substitution de la junte à lautorité vice-royale, lensemble des fonctions et dignités de celle-ci devait être assumé par le nouvel exécutif, cela impliquant en particulier que toutes les villes et cités étaient tenues de reconnaître son autorité.

Sils étaient pénétrés des idées des Lumières et aiguillonnés par les mouvements démocratiques et républicains contemporains, les instigateurs de la révolution de Mai nen avaient pas moins aussi des motivations dordre économique ; en effet, le monopole commercial détenu par la couronne dEspagne, qui tendait à asphyxier léconomie locale, et que Buenos Aires singéniait du reste à contourner par une contrebande à grande échelle, leur était aussi un objet de grande préoccupation.

Des hommes politiques locaux, tels que Juan José Castelli, ancien membre du Cabildo et conseiller juridique du vice-roi, qui souhaitaient une évolution vers une autonomie accrue et vers le libre-échange, invoquèrent donc la théorie politique espagnole traditionnelle de la rétroversion et arguaient que, le roi étant captif des Français, la souveraineté devait revenir au peuple. Ainsi le peuple devait-il exercer le gouvernement jusquau retour du roi, de la même manière quavaient procédé, deux ans auparavant, les sujets dEspagne en établissant des juntes. Les révolutionnaires récusèrent lautorité du Conseil de Régence sur le territoire américain, en se basant dune part sur son manque de représentativité relativement aux territoires dAmérique, dautre part sur son absence de légitimité, attendu que lorgane qui lui avait transféré ses pouvoirs, la Junte suprême centrale, nétait pas habilitée à le faire. Le vice-roi et ses partisans tenaient en revanche que les colonies appartenaient à lEspagne et navaient pas de relation politique avec le roi uniquement ; il sensuit quelles devaient obéissance à tout organe gouvernemental établi en Espagne et porteur de lautorité légale, c'est-à-dire en lespèce la Junte suprême centrale, ou son successeur, le Conseil de Régence. Lorsque le Conseil de Régence décida en 1810 de se dissoudre elle-même, les militants révolutionnaires de Buenos Aires crurent lheure venue détablir enfin un gouvernement local.

Instauration et composition

Le président de la Première Junte Cornelio Saavedra.

Le cabildo ouvert (réunion extraordinaire du conseil municipal) qui fut convoqué le 22 mai 1810 à Buenos Aires pour débattre de lavenir politique du territoire, et auquel assistèrent plus de 200 notables appartenant à la haute administration, au clergé, aux guildes et à dautres groupements, eut à subir la pression constante des milices criollos et dune foule qui sétait massée devant le bâtiment du cabildo, sur la Plaza Mayor (actuelle place de Mai), et qui se campa sur les lieux jusquau 25 mai. La pression de cette foule, qui appuyait la position des politiciens locaux, fut décisive, et amena les débats du cabildo ouvert à aboutir finalement à létablissement de la Première Junte, premier gouvernement local autonome de ce territoire appelé à devenir plus tard lArgentine, territoire sur lequel lEspagne ne serait plus jamais en mesure par la suite de restaurer son autorité.

La Première Junte se composait comme suit :

Président
Secrétaires
Membres votants (vocales)

Demblée, dès les premiers jours du nouveau gouvernement, des désaccords se firent jour entre deux factions, lune, plus radicale, dont le chef de file était le secrétaire à la guerre, Mariano Moreno, et lautre, qui correspondait à laile conservatrice de la Junte et qui soutenait le président de celle-ci, Cornelio Saavedra.

Action gouvernementale

Une des premières mesures prises par la Junte fut dexiger le serment dobéissance ; lAudiencia de Buenos Aires, le Cabildo et la Cour des Comptes sy soumirent de mauvaise grâce. Afin dimpliquer le reste de la vice-royauté dans le processus révolutionnaire, une circulaire fut expédiée le 27 mai aux autres villes et localités du territoire, les instruisant du changement politique intervenu, exigeant delles quelles reconnussent le nouveau pouvoir politique, et les requérant de désigner des représentants, qui auraient ensuite à se porter vers Buenos Aires pour se joindre à la Junte « dans lordre de leur arrivée ».

La Junte rédigea son propre règlement le 28 mai. Les affaires du gouvernement furent réparties entre deux secrétariats : celui du Gouvernement et de la Guerre, pris en charge par Mariano Moreno, et celui des Finances, confié à Juan José Paso. Les milices, converties en régiments réguliers, fournirent la base dune armée révolutionnaire nationale. La Junte reconnut le droit de pétition, déclarant que tout citoyen pouvait aviser la Junte de ses préoccupations en matière de sécurité et de bonheur public. Elle promulga un décret portant création de la Gazeta de Buenos Ayres, journal officiel, mais en même temps outil de propagande du gouvernement. Dautres mesures de la Junte visaient à créer la Bibliothèque nationale de la République d'Argentine, à mettre en place lenseignement primaire, à se pencher sur les besoins des indigènes et sur la santé publique, à mettre sur pied la première escadrille navale et à organiser larmée, à créer le Département de commerce et de guerre, à ouvrir lÉcole militaire de mathématiques, destinée à la formation des jeunes officiers, à permettre la construction de nouveaux ports pour faciliter lexportation des productions locales, à favoriser la vente de terres dans les zones frontalières, pour inciter au peuplement de lensemble du territoire et exploiter les richesses naturelles, etc.

Il existe un document secret, intitulé Plan dopérations (en esp. Plan de Operaciones), généralement attribué à Mariano Moreno, qui trace les contours dune politique gouvernementale assez dure dans les domaines économique, politique et des relations internationales. Toutefois, ce document fait lobjet chez les historiens dune controverse quant à son authenticité.

Mesures face aux menées contre-révolutionnaires

À Buenos Aires même, les principaux noyaux dopposition étaient, ― outre les hauts fonctionnaires espagnols opposés à lévincement de Cisneros,― lAudiencia, le Cabildo et le vice-roi Cisneros récemment destitué. Dans les provinces de lintérieur, les autorités de Córdoba (le 20 juin), de Potosí, de Cochabamba, de La Paz, de Chuquisaca (actuelle Sucre), du Paraguay et de Montevideo dénièrent toute légitimité à la Junte de gouvernement.

À Buenos Aires

La Real Audiencia et le Cabildo continuaient, en dépit de la destitution de Cisneros, de ne vouloir reconnaître que les anciennes autorités, et firent opposition à la Junte dès sa création. LAudiencia refusa dabord de jurer allégeance au nouveau gouvernement, et exigea que celui-ci se soumît au Conseil de Régence ; la Junte déclina, au motif que Cisneros ne se soumettait pas davantage, sans que lAudiencia ne lui adressât dinjonction en ce sens. Lorsque lAudiencia finit par se résigner à reconnaître le nouvel exécutif, le procureur Caspe le fit avec dostensibles gestes de mépris (Caspe devait plus tard périr dans une ambuscade tendue en représailles près de son domicile[1]). Peu après pourtant, lAudiencia jura allégeance au Conseil de Régence, suite à quoi tous ses membres (à lexception de Márquez del Plata, qui se trouvait alors dans la Bande Orientale, et de loctogénaire Lucas Muñoz Cubero), ainsi que Cisneros lui-même, furent frappés de bannissement et contraints en juin 1810 de sembarquer sur le navire britannique Dart, qui les déposa dans les îles Canaries[2].

Quant au Cabildo, il imposa un ultimatum à la Junte, en ces termes : si le Congrès général nétait pas réuni dans les six mois, le Cabildo se verrait obligé de reprendre lui-même la direction des affaires. La Junte répliqua le jour même, en rejetant cette mise en demeure. Le Cabildo du reste poursuivit son opposition, laquelle ne cessa quaprès que ses membres eurent été remplacés par des partisans du nouveau régime.

Dans les provinces de lintérieur

La première localité à reconnaître la Junte fut Luján, le 2 juin 2010. Lui emboîtèrent le pas Maldonado (le 4 juin) et Colonia del Sacramento (le 5 juin), mais ces deux villes furent occupées par les royalistes de Montevideo. Vinrent ensuite Concepción del Uruguay (8 juin), Santo Domingo Soriano (9 juin), Santa Fe (12 juin), Fortaleza de Santa Teresa, San Luis (13 juin) et Corrientes (16 juin), puis Salta le 19 juin au milieu dune forte opposition, Gualeguay, Gualeguaychú et Catamarca (le 22 juin), Mendoza (le 23 juin), Tarija (le 25 juin). San Miguel de Tucumán avait décidé le 11 juin dattendre la décision de Salta, et donna donc le 26 juin une réponse positive, de même que Santiago del Estero (le 29 juin) et le gouverneur de Misiones le 8 juillet. Le Cabildo de San Juan rejeta la Junte le 13 juillet, mais la reconnut le 28 du même mois. San José de Jáchal (6 août) et San Agustín de Valle Fértil (10 août) suivirent leur exemple. Après lécrasement de la contre-révolution de Liniers firent également allégeance Córdoba (le 8 août) et Río Cuarto (13 août), tandis que La Rioja évita de se prononcer favorablement jusquau 1er septembre. San Salvador de Jujuy reconnut la Junte le 4 septembre, Cochabamba le 23 septembre, Santa Cruz de la Sierra le 24 septembre, Chuquisaca le 13 novembre, La Paz le 16 novembre, et Oruro le 4 décembre. De façon générale, le Haut-Pérou, qui tirait grand profit du système de la mita dans lexploitation des mines de Potosí, soutint le système absolutiste pendant longtemps encore. Le gouveneur de Montevideo, Francisco Javier de Elío, refusa de reconnaître la Junte. Le Paraguay était déchiré entre les partisans des deux tendances, mais les royalistes lemportaient.

Plusieurs mouvements contre-révolutionnaires organisés apparurent, dont le plus dangereux, par sa proximité à Buenos Aires, était celui surgi à Córdoba. Emmenés par Jacques de Liniers, les insurgés de Córdoba établirent des contacts avec les autorités du Haut-Pérou et semployèrent à constituer une force armée. La Junte riposta en donnant mission à Francisco Ortiz de Ocampo de combattre cette sédition et de ramener ses meneurs comme prisonniers à Buenos Aires. Une contre-instruction émise ultérieurement, et approuvée par lensemble des membres de la Junte, hormis le prêtre Manuel Alberti, ordonna à Ocampo de les faire exécuter ; cependant, après avoir vaincu Liniers, Ortiz de Ocampo décida de passer outre cette nouvelle consigne et de suivre lordre dorigine. En raison de cet acte de désobéissance, la Junte releva Ocampo de ses fonctions et le remplaça par Juan José Castelli. Le 26 août, celui-ci ordonna lexécution des contre-révolutionnaires, à lexception du prêtre Orellana. Vers cette époque, Mariano Moreno était vu par le peuple comme le chef de la révolution, dont lattitude résolue permettait les changements radicaux que la Junte avait jusque- réussi à apporter à lancien système absolutiste[3].

Par ailleurs, la Junta organisa trois campagnes militaires pour en finir avec lopposition des hauts fonctionnaires métropolitains dans diverses régions du territoire : la Campagne à lintérieur et vers le Haut-Pérou (1810-1811), la Campagne vers le Paraguay (1811) et la Campagne vers la Bande Orientale (1811-1812).

Politique étrangère

Au plan extérieur, les visées expansionnistes portugaises sur le Río de la Plata, quelles fussent indirectes, par le biais du projet dit charlottiste, ou directes, étaient pour la Première Junte un important sujet de préoccupation.

La diplomatie espagnole sefforçait déviter lenvoi dune expédition punitive, et de limiter les conflits armés à ceux existant au Paraguay, dans le Haut-Pérou et dans la Bande Orientale. La Junte se déclara lallié naturel de toute ville qui se révolterait contre les royalistes, peu importait au demeurant quelles le fissent en soutien à la révolution de Mai ou de leur propre mouvement (comme le Chili, puis le Paraguay peu après la défaite de Belgrano)[4].

La Grande-Bretagne, alliée à lEspagne dans les guerres napoléonniennes, sappliquait à rester neutre dans les conflits opposant patriotes et royalistes. La politique anglaise consistait en lespèce à chercher à développer son propre commerce, en ayant soin de ne pas compromettre sa neutralité[4].

Crise et transformation de la Junte

Mariano Moreno, secrétaire de la Première Junte.

Vers la fin de 1810, les divergences au sein de la Junte entre morénistes radicaux, conduits par Moreno, et éléments plus conservateurs, dont Saavedra était le chef de file, culminèrent dans une première crise de gouvernement. Selon Ignacio Núñez, il y eut, dès les premiers jours de la Première Junte, une forte rivalité entre Saavedra et Moreno, les morénistes accusant Saavedra de comploter afin de restaurer la tyrannie des vice-rois dans son propre cabinet de président, les saavédristes reprochant à Moreno dusurper des pouvoirs politiques qui ne lui appartenaient pas[5]. Matheu nota dans ses mémoires que les morénistes soffusquaient de ce que Saavedra avait pris à leurs yeux un goût trop prononcé pour les honneurs et les distinctionschoses auxquelles ils avaient pourtant résolu de renoncer[5]. En réaction au geste dun officier du Régiment de Patriciens, qui lors dun banquet avait glorifié outre mesure la personne de Saavedra, linterpellant par « roi ou empereur dAmérique », Moreno présenta à la Junte le projet de décret dit de Suppression des Honneurs, portant que les honneurs devaient être réservés dorénavant à la seule Junte, en tant quinstitution de gouvernement, tandis quétaient abolis ceux destinés au président. Saavedra ne fit pas opposition et le document fut approuvé le 6 décembre 1810. Cependant, les chefs miliciens, appréhendant une perte de pouvoir de Saavedra, firent pression pour que Moreno fût évincé.

En décembre 1810, la tension était à son comble. Fort du soutien des députés quavaient envoyés, conformément à la circulaire du 27 mai, les provinces de lintérieur, et quemmenait Gregorio Funes, Saavedra fut alors en position dinfliger un lourd revers à son rival. Certes partisans de la révolution, mais modérés en majorité, les députés de lintérieur avaient des conceptions différentes de celles des Portègnes, que ceux-ci fussent modérés ou radicaux. Redoutant la suprématie de la capitale, ils revendiquaient le droit des populations de lintérieur de participer au gouvernement du pays, et cest donc en grande majorité quils votèrent le 18 décembre 1810 en faveur de leur propre incorporation au sein de lexécutif ; ce faisant, ils sinscrivirent en faux contre la vision de Moreno, pour qui la vocation des députés provinciaux était de former un Congrès général des peuples, chargé de rédiger une constitution afin que le jeune État pût se doter de structures politiques et institutionnelles définitives. Moreno mettait en garde que laugmentation du nombre des membres de lexécutif était susceptible de porter atteinte à lunité didées du gouvernement et à ralentir sa prise de décision. Bien quil considérât que la décision prise allait à lencontre de lintérêt général de lÉtat, il sinclina devant la volonté de la majorité et, le 18 décembre, remit sa démission, laquelle tout dabord ne fut pas acceptée. Plus tard, il sollicita dêtre envoyé en mission diplomatique à létranger ; il se vit alors confier la gestion de quelques affaires diplomatiques à Río de Janeiro et à Londres, mais mourut en haute mer, dun empoisonnement accidentel.

Le nouvel exécutif formé par ladmission des nouveaux députés à la Junte reçut le nom de Junta Grande et fut installé officiellement le jour même.

Références

  1. Galasso, Norberto, pp. 6-7
  2. Galasso, Norberto, pp. 11
  3. Galasso, Norberto, p. 22
  4. a et b Abad de Santillán, p. 571
  5. a et b Galasso, Norberto, pp. 12

Bibliographie

  • (es)Diego Abad de Santillán, Historia Argentina, Buenos Aires: TEA (Tipográfica Editora Argentina), 1965 
  • (es)María Alonso, Roberto Elisalde, Enrique Vázquez, Historia Argentina y el Mundo Contemporáneo, Buenos Aires: Editorial Aique, 1994 
  • (es)Félix Luna, Breve historia de los argentinos, Buenos Aires: Planeta / Espejo de la Argentina, 1994 
  • (es)Felipe Pigna, Los mitos de la historia argentina, Argentine, Grupo Editorial Norma, 2007 (ISBN 987-545-149-5) 

Liens externes

  • (es) Primera Junta (Production du ministère argentin de l'Éducation et de la Nation)

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Première Junte de Wikipédia en français (auteurs)

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