- Matveï Golovinski
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Matveï Vassilievitch Golovinski (en russe : Матвей Васильевич Головинский, dit Mathieu en français) (né le 6 mars 1865 à Ivachevka, dans la région de Simbirsk et mort en 1920 à Petrograd), agent provocateur des services secrets russes (Okhrana) et auteur mineur rendu célèbre à titre posthume. En effet, en 1999, l'historien russe Mikhail Lépekhine[1] a découvert que Mathieu Golovinski était en fait l'auteur du célèbre faux antisémite Les Protocoles des Sages de Sion.
Sommaire
Biographie
Issu d'une famille aristocratique d'opinion assez proche des décabristes (son père fut arrêté en même temps que Dostoievski), il avait un oncle en commun avec le père de Lénine et était un camarade d'enfance de celui-ci. Leur deux familles avaient contribué à évangéliser des paysans paîens de la Volga[2]. Golovinski est d'abord avocat, radié pour détournement de fonds. Francophone, il travaille pour les services d'un groupe de pression ultra chrétien, proches du Tsar, en particulier Constantin Pobiedonostsev. L'arrivée au pouvoir de Nicolas II ayant réduit l'influence de ses protecteurs, il est traité publiquement de "mouchard" par Maxime Gorki et suit Pierre Ratchkovski, chargé de la police politique à Paris. Il y est secrètement chargé d'y écrire des articles pour influencer les journaux en faveur de la politique russe, sous la couverture d'études de médecine.
Dans le débat politique russe de l'époque, les milieux réactionnaires qui l'emploient cherchent à convaincre le Tsar que la politique libérale que conduit le gouvernement Serge Witte est le résultat d'un complot judéo-maçonnique. Golovinski est donc chargé par Pierre Ratchkovski de créer un faux ouvrage Les Protocoles des Sages de Sion qui pourrait le prouver. Golovinski décalque un pamphlet antibonapartiste oublié de Maurice Joly (dont il avait connu le fils au Figaro). L'ouvrage initial avait été rédigé pour prouver le risque de domination que faisait courir Napoléon III dans son complot universel contre la liberté. Ce faux est une commande parmi d'autres et ne semble pas marquer la carrière de son auteur, qui rentre en Russie dans les services de différents ministères, publiant un livre des atrocités allemandes en 1916. Il finit par se rallier au mouvement Bolchevik après avoir fait offre de ses services à Lénine lui-même en 1917, alors qu'il était connu comme membre de la police tsariste[2]. Il se prétend médecin, alors qu'il n'a pourtant pas obtenu ses diplômes, en effet, il a falsifié le sien, prétendument obtenu à Paris. Il va alors être considéré comme le premier médecin rallié au bolchévisme, lui amenant une certaine notoriété. Il va collaborer avec Trotski au sein de l'Armée rouge[2]. Il joue un certain rôle dans la mise en place d'organisations de jeunesse et du sport[1].
Bibliographie
- V. Loupan, “L’affaire des Protocoles des Sages de Sion, le faussaire enfin démasqué”, dans Le Figaro Magazine, 7 août 1999, p. 22.
Liens externes
- Éric Conan, “Les secrets d’une manipulation antisémite”, dans L’Express du 16/11/1999.
- “Origine des Protocoles des sages de Sion”.
- Paul-Éric Blanrue, “Les Protocoles et le complot juif”.
- « Les protocoles des sages de sion, histoire d'un faux » 3/6 par Pierre-André Taguieff (passage sur Mathieu Golovinski)
- (en)“Protocols of Zion forger named”, par Patrick Bishop, dans le Daily Telegraph, nº 1638, 19 novembre 1999.
- (en)“Forging Protocols”, par Charles Paul Freund, dans Reason Magazine, février 2000.
Notes et références
- Éric Conan, “Les secrets d’une manipulation antisémite”, dans L’Express du 16/11/1999.
- Pierre-André Taguieff. Film documentaire, Les Protocoles des Sages de Sion, par Quélou Parente, 2005, entrevue de
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