Louis De Lentdecker

Louis De Lentdecker

Louis De Lentdecker, né à Termonde, le 22 avril 1924 et mort à Bruxelles le 10 octobre 1999, est un journaliste belge de langue néerlandaise. Il a fondé sa réputation sur sa plume acerbe et son esprit critique. De 1947 à 1990, il était sténographe judiciaire pour le journal flamand De Standaard.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Né à Termonde, il déménagea une première fois à Gand pour, par la suite, s’établir définitivement à Bruxelles. Il s’identifiera néanmoins toujours à la ville où il est né. Même à un âge avancé, il sera encore ému lorsque le cheval Bayard monté par les quatre fils Aymon, sortit à Termonde lors du cortège décennal. Louis De Lentdecker fit des études gréco-latines, mais ne pus jamais fréquenter l'université, empêché par la Seconde Guerre mondiale : durant l'occupation allemande, il devint membre d’une organisation de résistants, l’Armée secrète (en néerlandais : Geheim Leger), et dut même se cacher en Wallonie. Il rencontrera sa femme, Mariette Vierset, une Wallonne. Mariette ne maitrisa jamais le néerlandais, et pour que la génération suivante ne subisse pas ce handicap courant en Belgique, deux de leurs quatre enfants furent élevés en néerlandais ; les deux autres en français[1]. Toute sa vie, De Lentdecker s'est sentit plus belge que flamand : Parmi ses ancêtres se trouves de nombreux francophones ; ses racines remontent entre autres à Renaix, en province de Flandre-Orientale. En dépit d’une certaine sensibilité flamingante, il restera un partisan de la monarchie et du système gouvernemental belge.

Carrière journalistique

Après la guerre, Louis De Lentdecker tenta de devenir acteur de théâtre. En 1945, il travailla comme rédacteur en chef du journal Het Volk (le peuple). En 1947, il passa au journal De Standaard et Het Nieuwsblad y continua à travailler jusqu'à sa retraite en 1990. Il se spécialisa dans le journalisme judiciaire spécialisation. Publiant sous les initiales LDL, il fit sa réputation comme reporter de tous les grands procès et cas d’assises qui eurent eu lieu en Belgique entre 1945 et 1990. Après la Seconde Guerre mondiale, durant la répression, de nombreux collaborateurs furent condamnés. Bien que De Lentdecker ait apporté sa contribution à la résistance contre l’occupant nazi, il n'hésita pas à dénoncer l’incapacité et la partialité des magistrats lorsque ils traitèrent ceux accusés de collaboration, faisant ainsi le procès de la répression de l’après-guerre en Belgique. À plusieurs reprises, il eut dû être évacué de la salle d'audience. Dans ses articles, il émit sa critique, à la fois à l’égard des juges et du prévenu lui-même.

De Lentdecker écrivit dans un style très épique, inspiré par Homère qu’il eut lu à l'école, lorsqu’il était encore un jeune homme. Il se montra très attaché à sa profession et fut ému par les drames qui se passaient dans les salles d'audience. De Lentdecker se trouva sur les barricades pour davantage de justice et il ne se tut pas. Il nagea souvent à contre-courant, bravant ainsi l'opinion publique. Dans ses articles, il présenta les faits comme il pensa qu’ils eurent pu se produire. De Lentdecker eut également passé par des actes inhabituels pour un magazine catholique des années 50 et 60 ; ainsi il interviewa des prostituées pendant les heures de travail et aux frais du patron.

Autres occupations

De Lentdecker a également écrit quelques livres. « Zware jongens, lichte meisjes » (garçons lourds et filles légères) sur le crime organisé et la prostitution et « Moordenaars zijn vedetten » (les assassins sont des vedettes) sur les criminels. C’est en raison de ses connaissances juridiques qu’il a également été consulté en tant que scénariste pour la série « Beschuldige, sta op » (accusé, levez-vous), qui passait à la télévision flamande, la BRT, de 1964 à 1980.

Grâce à ses apparitions à la radio et la télévision, où on l’a souvent entendu faire des déclarations controversées, il devint l'un des journalistes les plus célèbres de la Flandre. En outre, il fit le compte rendu des grands événements mondiaux et il écrivit des éditoriaux sur le Tour de France, dans lesquelles il se concentra plutôt sur les Cyclistes ordinaires et de petite taille, que sur la course en général.

Vie privée

De Lentdecker eut des opinions très fortes qu’il s'obstinât à défendre. Il aima se trouver au centre de l'intérêt et parla avec la plus grande facilité devant toute sorte d’audience.

De Lentdecker fut un homme conservateur, presque machiste. Il publia dans 't Pallieterke et s'y opposa à l'Émancipation des femmes, l'avortement, l'immigration et l'homosexualité. Ce qui lui valut de nombreuses critiques émises par des féministes et des organisations homosexuels, notamment. Dans ses mémoires (1997), il affirma que sa grande bouche avait plus à voir avec le fait que il fut « un bonhomme si timide » comme enfant. Il affirma même qu'il eut trop peur pour acheter du pain chez le boulanger.

Dernières années

Après sa retraite en 1990, il est resté actif. Il fut régulièrement l’invité de la BRT et de VTM pour des interviews et des commentaires professionnels. Jusqu'à sa mort, il s’occupa à écrire des chroniques pour des magazines populaires tels que Dag Allemaal, équivalent néerlandophone du Paris Match francophone.

Le 8 juin 1999, Jan van Rompaey l’interrogea encore pour le programme Spraakmakers du canal télévisé Canvas. Pour cause de sa santé, il se fit interviewer chez lui, dans son fauteuil, plutôt que dans le studio. Dans l'interview, l'ancien journaliste revint sur des déclarations controversées que De Lentdecker eut faites, dans le passé. Il rectifia un certain nombre de ses opinions antérieures ; d'autres pas.

Le dernier article de De Lentdecker traite du même sujet sur lequel il eut déjà écrit au début de sa carrière : la prostitution. Pour cause de maladie, il n'a jamais pu terminer l'ouvrage. De Lentdecker est décédé en 1999, à l'âge de 75 ans, d'un cancer de la prostate.

Conformément à sa volonté, lors de son enterrement, l’on joua The Last Post. La cérémonie s'est déroulée dans l’intimité de son cercle d’amis et de parents. Freddy Horion lui téléphona deux jours avant sa mort pour lui insuffler du courage, l'homme que De Lentdecker a autrefois critiqué sans pitié.

Souvenir

  • De nos jours, Louis De Lentdecker est considéré, avec Maurice De Wilde et Johan Anthierens, comme un des trois grands journalistes flamands critiques.
  • En 2005, il aboutira à la 550e place dans la version flamande du jeu/concours télévisé de Les plus grands belges, De Grootste Belg, juste en dehors de la liste des nominations officielles.

Œuvres

  • Het dagboek van Irma Laplasse (Le journal d'Irma Laplasse), 1950
  • Het proces Romsee, secretaris-generaal van binnenlandse zaken (Le processus de Romsée, Secrétaire Général de l'Intérieur), 1950
  • Blanken en zwarten in de wilde Congo (Blancs et noirs au Congo sauvage), 1956
  • Moord in de krant (L’assassinat dans les journaux), 1960
  • Zware jongens, lichte meisjes (Garçons lourds et filles légères), 1962
  • Horens voor de stier (Des cornes pour le taureau), 1964
  • Moord te Liederkerke (Meurtre à Liedekerke), 1968
  • Requiem voor Leopold III (Requiem pour Léopold III), 1983
  • Flor Grammens 1899-1985. Rebel die zijn revolutie overleefde (Flor Grammens 1899-1985. Rebel ayant survécu à sa révolution), 1985
  • Tussen twee vuren (Entre deux feux), 1985
  • Beroemde processen (Procès célèbres), 1987
  • Prins Karel (Le prince Charles), 1987
  • Boudewijn (Baudouin), 1991
  • De misdadigers (Les criminels), 1992
  • De rechters (Les juges), 1993
  • Van LDL tot Louis De Lentdecker, Memoires (De LDL à Louis De Lentdecker. Mémoires), 1997


Références

  1. la coutume de pratiquer l'immersion linguistique des enfants pour pallier l'absence de bilinguisme dans les familles belges, n'est pas rare en Belgique ; de nos jours encore des familles francophones font suivre l'enseignement en néerlandais, et des familles néerlandophones font suivre à la génération suivante les cours en français

Sources & Références

  • Mark Vlaeminck, Journalist Louis De Lentdecker (1924-1999), Dwarsligger die publiek nodig had, Het Nieuwsblad du 11 octobre 1999, p. 3
  • Bart Franssen, Slepende ziekte velt journalist Louis De Lentdecker, Gazet van Antwerpen du 11 octobre 1999, p. 2
  • Caspar Naber, Louis De Lentdecker zwijgt voorgoed, De Morgen du 11 octobre 1999, p. 3

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Louis De Lentdecker de Wikipédia en français (auteurs)

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