Louis de Froidour de Sérizy

Louis de Froidour de Sérizy

Louis de Froidour de Sérizy (vers 1625 - 1685) était un très bon connaisseur des affaires forestières qui organisa un vaste inventaire de l'exploitation forestière dans les années 1660. Lieutenant général des Eaux & Forêts à 26 ans, en 1651, il est nommé en 1662 Grand-maître des Forêts par Colbert, quand de nombreux décrets et édits paraissent en faveur des bois de marine, qui l'amènent à arpenter les Pyrénées et l'Auvergne. Après la mort de Colbert, son rôle est de seconder Michel Chamillart, ministre et secrétaire d'État à la guerre.

Sommaire

Le triste bilan de 1661 sur la forêt française

D'origine picarde, écuyer du roi, seigneur de Sérisy, lieutenant civil et criminel au bailliage de Marle et de La Fère, Louis de Froidour naît à La Fère dans l'Aisne dans le premier quart du XVIIe siècle[1].

En 1661, Colbert venait d'être nommé Contrôleur général des Finances et son attention fut bientôt attirée sur l'état du domaine forestier du royaume. L'avocat général des Eaux et Forêts de France, le sieur Levassor, adressait, en effet, cette même année 1661, une lettre et un mémoire alarmants· sur la situation forestière de la France[2].

Dès le mois d'octobre 1661 un arrêt du Conseil d'État prescrivit aux Grands Maîtres de procéder d'urgence à une enquête sur les forêts royales soumises à leur gestion. Les résultats de ces investigations parurent insuffisants et, comme il importait de mettre un terme aux abus menaçant de tarir une des sources de la prospérité du pays, une Réformation Générale des Eaux et Forêts de France fut décidée.

Les cartes et le recensement des exploitations forestières

Dans les Pyrénées et en Auvergne, des milliers de plans d'inventaire seront adressés à Colbert par Louis de Froidour de Sérizy, même si au début la tâche s'avère immense, car il doit recenser tous les titres de propriété et la façon dont ils sont utilisés, ce qui l'amène à découvrir de nombreuses preuves de concussion[3]. Résultat, une instruction de Colbert aux Commissaires réformateurs sort en 1663, concernant les forêts appartenant au clergé, sur lesquelles le roi a désormais "droit de gruerie", ce qui permet de multiplier par vingt les recettes des forêts royales, passant de 50.323 livres en 1662 à 1,05 million de livres en vingt ans[4], selon l'historien Michel Vergé-Franceschi.

De lourdes amendes pour ses prédécesseurs à Toulouse

Le 3 mars 1666, Froidour reçoit les lettres de commission qui le désignent pour procéder, avec les intendants, à une réorganisation des forêts de la grande Maîtrise de Toulouse de manière à en améliorer le rendement et à mettre le holà dans les habitudes que les habitants ont prises d'aller s'y servir librement en bois de construction et de chauffage. Arrivé à Toulouse le 8 août 1666, Froidour fit suspendre de leurs fonctions ses deux co-prédécesseurs à la Maîtrise de Toulouse, qui se voient condamnés à de lourdes amendes[1]. Il ne perdit pas de temps pour commencer ses tournées, puisqu'il prit la route des Pyrénées dès le 26 août 1666.

Il s'enquiert des nombreux droits des communes et des seigneuries, en fait une nouvelle répartition garantissant tant les approvisionnements des arsenaux de la Marine que la satisfaction des besoins locaux, et crée une nouvelle Maîtrise des Forêts à Pamiers[1]. Sa grande habileté consiste à organiser l'exploitation des forêts de manière à en augmenter le rendement et à leur permettre de couvrir tous les besoins. Il publie en 1668 une « Instruction sur les ventes des bois du Roy » puis un imposant guide à l'usage des préposés forestiers, ouvrages qui font autorité pendant plus d'un siècle.

L'instigateur de l’ordonnance de 1669

L’ordonnance de 1669, pour la rédaction de laquelle Colbert s'appuie sur lui[1], divise le domaine forestier en 18 "grandes maîtrises" et 134 maîtrises. L’édit d’avril 1667 est alors appliqué, portant suppression des anciens offices de Grands maîtres et réductions du nombre d’officiers des maîtrises particulières à un maître particulier (caractérisé par son épée), un lieutenant (caractérisé par sa longue robe), un procureur du Roi particulier (caractérisé par sa longue robe).

Cette Ordonnance sur le fait des Eaux et Forêts est un véritable code forestier protégeant les forêts royales et mettant en place une conduite forestière ainsi qu'un règlement d'exploitation, enregistrés le 13 août 1669, dans un lit de justice par le Parlement de Paris. Divisée en 32 titres, elle fixe également les attributions des autorités administratives en la matière, et les règles de police spéciale ainsi que les peines encourues (dans le dernier titre).

Au Pays basque et dans le Tarn, un regard critique sur la surexploitation

Ses conclusions lors de la visite en 1666 de la Forêt domaniale de la Grésigne, dans le Tarn qui était alors la plus grande des forêts de la Maîtrise de Toulouse sont sans appel : exploitation anarchique par les riverains et exactions des ateliers de merrain clandestins. Selon Froidour, la forêt n’apporte aucun profit au roi, compte tenu de son enclavement qui rend impossible son utilisation pour la marine de Colbert par exemple, mais profite au contraire aux populations locales qui en usent et en abusent comme leur propre bien. Une canalisation de la rivière, pour la désenclaver, sera proposée mais bien plus tard, en 1748.

L’industrie verrière nécessite la présence de bois en quantité et les verriers se sont généreusement servis à la Grésigne selon Froidour. En 1666, la forêt compte quatre verreries, de petits ateliers où exerçaient quatre à cinq membres de familles nobles, selon la tradition corporative[5].

Il visita aussi la Soule, au Pays basque, en octobre novembre 1672 et rédigea des comptes-rendus de ses visites dans les forêts, et le « Mémoire du Pays de Soule », une présentation générale de la province, au regard affûté, qui relève des "bois et espèces mal plantés" et des "bois ruinés par l'exploitation qui en est faite"[6].

Froidour n'est resté que quelques jours mais son sens de l'observation, sa curiosité font de son mémoire un témoignage précis et particulièrement intéressant sur la Soule à la fin du XVIIe siècle. Il note que le jambon de Soule était appelé jambon de Bayonne parce qu'il était exporté par le port de Bayonne.

Notes et références

Bibliographie

Articles connexes


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