Johannes Ghiselin

Johannes Ghiselin Verbonnet – Verbonetto – Barboneto
Naissance	vers 1455 Picardie  Pays-Bas bourguignons
Décès	entre 1507 et 1511 Flandre  Pays-Bas des Habsbourg
Activité principale	compositeur - musicien
Style	École franco-flamande musique sacrée messe - motet musique profane chanson français et néerlandais
Lieux d'activité	Pays-Bas bourguignons ( ? ) Ferrare République florentine Royaume de Naples Royaume de France  Pays-Bas des Habsbourg
Éditeurs	Ottaviano Petrucci

Johannes Ghiselin, aussi Verbonnet, Verbonetto, Barboneto, né en Picardie vers 1455, et mort, sans doute, en Flandre, entre 1507 et 1511, est un compositeur et chanteur de l’école franco-flamande.

Biographie

Charles le Téméraire, portrait attribué à Van der Weyden, Musée de Berlin

Buste d’Alphonse II de Naples

Louis XII de France, portrait par Perréal, Windsor, coll. de Sa Majesté la Reine d'Angleterre

Ghiselin est probablement né aux alentours de 1455 en Picardie. Le surnom Verbonnet est peut-être à mettre en rapport avec son lieu de naissance, non encore identifié.

On ne sait rien de ses années de formation. Il se peut qu’il fût au service de la chapelle bourguignonne. La chanson Je l’ay empris donne lieu à cette conjecture, car elle porte la devise du duc bourguignon Charles le Téméraire. Ghiselin a employé cette chanson dans la partie Christe de sa Missa De les armes.

Hercule Ier d'Este, portrait attribué à Dosso Dossi (Galleria Estense, Modena)

Le nom de Ghiselin apparaît pour la première fois dans les archives à l’occasion de son séjour à Ferrare. En 1505, il y desservit la chapelle de la cour d’Hercule Ier d'Este, grand amateur de musique. Dans une lettre, rédigée le 10 juillet 1491 à Reggio, Ghiselin - alors sans doute déjà au service de la cour ducale depuis plusieurs années, s’adressa au duc pour lui demander l’obtention de quelques bénéfices à Rubiera au nom de son fils Hercules :

« [...] puisque - heureux de mon mariage - je n’ai pas droit à un tel bénéfice, je supplie Son Eminence par la présente de bien vouloir accorder à mon fils une telle faveur, pour qu’il puisse trouver la voie de la vertu grâce à votre médiation. »

On ignore si la requête de Ghiselin ait eu quelque effet positif. La même année, Isabelle d'Este l’envoya en France dans le but de recruter deux jeunes chanteurs pour la chapelle de la cour. Peu après son retour, cependant, il quitta Ferrare de nouveau.

Ghiselin fut chanteur à Florence à partir d’octobre 1492. Il chanta au baptistère Saint-Jean, à la cathédrale et à la Santa Annunziata. Lorsque la chapelle fut dissoute en mars 1493, il perdit son emploi. Dans l’incapacité de rembourser ses dettes à un certain Bonaventura di Mostro de Ferrare, il fut arrêté et ce ne fut que grâce à l’intercession d’Hercule d’Este, en avril 1493, qu’il retrouva sa liberté.

Il serait ensuite devenu membre de la chapelle royale de France. Une indication en est le poème qu'il mit en musique en 1493 et qui avait été composé par Octavien de Saint-Gelais en 1493 à l’occasion du retour forcé à Bruxelles, en venant de Paris, de Marguerite d’Autriche. Une autre indication en donne la déploration de la mort de Johannes Ockeghem en 1497, mise en vers par Crétin et dans laquelle Ghiselin est mentionné, comme d’ailleurs Alexander Agricola et Johannes Prioris – deux compositeurs de la chapelle royale de France – ; finalement, il y a la circonstance récemment révélée que Ghiselin et Agricola (le dernier ayant manifestement demeuré en France entre février et mars 1494) se trouvèrent ensemble à Naples à la cour d’Alphonse II de Naples, dont le règne commença cette année-là.

Dans une lettre du 21 juillet 1501, De Cavalieri, messager de Ferrare, appela Ghiselin chanteur du roi de France. En même temps Ghiselin continua à occuper sa position à la cour d’Hercule à Ferrare jusqu’à sa mort, faisant fonction d'un genre d’agent musical en France au service du duc. Ainsi, en 1501, il remit au messager de Ferrare quelques compositions (entre autres de Josquin Desprez), que celui-ci envoya à Ferrare, accompagnées d’une lettre, le 25 septembre 1501. Lorsque Desprez accepta l’offre du duc de devenir maestro di cappella (maître de chapelle), Ghiselin reçut l’ordre d'escorter Desprez de France à Ferrare. Le 12 avril 1503, le messager du Mantoue rapporta à la cour française que Josquin et Ghiselin avaient quitté Paris dans un attelage splendide et qu’ils avaient atteint Lyon pour y passer la nuit dans sa maison. Des documents d’archives récemment découverts semblent pourtant indiquer que Ghiselin n’aurait pas accompagné Josquin jusqu’à Ferrare même.

Les messes de Ghiselin furent publiées en 1503 en Italie par Ottaviano Petrucci. Après Josquin Desprez, Ghiselin est le second compositeur à qui cet éditeur accorda un tel honneur

Lorsque Desprez quitta la ville de Ferrare au printemps de 1504 et que Jacob Obrecht fut attiré afin de combler la vacance de maître de chapelle, se fut probablement de nouveau Ghiselin, pour autant qu’en témoigne la correspondance, qui accompagna Obrecht dans son voyage du Nord en automne 1504. On ne sait pas combien de temps Ghiselin demeura à Ferrare. Il se peut qu’il prît la fuite vers les Pays-Bas à cause de la peste. Obrecht, par contre, resta sur place et y mourut.

Les documents d’archives confirment l'activité de Ghiselin au sein de la Guilde de Notre-Dame à Bergen op Zoom en 1507. Il y aurait demeuré au moins un an. Que les comptes n’ont pas été conservés pour les années suivantes, et que le compositeur ne figure plus dans les comptes en 1511, indique sans doute que son passage d’un monde à l’autre s’est produit entre 1507 et 1511.

Œuvre

Comme Josquin, Ghiselin s’intéressait aux problèmes posés par la composition d’une messe à plusieurs parties, mouvant autant verticalement qu’horizontalement. Les messes de Ghiselin devinrent réputées et appréciées, comme en témoigne le fait que l’éditeur italien Petrucci, initiateur de l’impression de la musique polyphonique, les publia dans le second ouvrage d’une collection entièrement consacrée à l’œuvre d’un seul compositeur (1503). La plupart des messes de Ghiselin sont basées sur des chansons, entre autres d’Antoine Busnois, Alexander Agricola, Guillaume Dufay, Loyset Compère et Ghiselin même.

Ghiselin écrivit des motets, chansons et chansons profanes néerlandaises. L’éditeur anversois Tielman Susato insère encore en 1551, dans un de ses musyck boexkens (série d’ouvrages comprenant des chansons sur des paroles en néerlandais), du compositeur défunt - décédé depuis quelques décennies - une chanson néerlandaise, Ghij sijt die wertse boven al, que l’on ne retrouve dans aucune autre source. Parmi ses rares compositions instrumentales figure son arrangement à quatre parties du thème populaire La Spagna. Bien qu’il n’y ait pas de documents concluants confirmant la datation de la pièce, il s’agit vraisemblablement, d’un des premiers arrangements polyphoniques de cette célèbre mélodie de basse danse.

Messes

1. Missa La belle se siet ;
2. Missa De les armes ;
3. Missa N’arayge ;
4. Missa Gracieuse ;
5. Missa Je nay dueul ;
6. Missa Le renvoy (seules les voix de ténor et de basse préservées) ;
7. Missa Ghy syt die wertste boven al ;
8. Missa Joye me fuyt (uniquement Sanctus et Agnus Dei préservées).

Motets

Chansons-Motets

1. Anima mea liquefacta est I, 3v ;
2. Favus distellans, 3v (uniquement incipit) ;
3. Miserere, Domine /In patiëntia, 3v ;
4. O florens rosa, 3v.

Arrangements de choraux

1. Ad te suspiramus, 2v ;
2. Anima mea liquefacta est II, 4v ;
3. Maria virgo semper laetare, 4v ;
4. Salve Regina, 4v.

Motets ténor

1. Inviolata, integra et casta, 4v ;
2. Regina coeli laetare, 4v.

Motets libres

1. Ave Domina, sancta Maria, 4v ;
2. O gloriosa Domina, 4v.

Œuvres profanes

Chansons françaises

1. A vous madame, 3v ;
2. De tous biens playne, 3v ;
3. Fors seulement 3vv (2 arrangements) ;
4. J’ayme bien mon amy, 3v ;
5. Je l’ay empris, 3v ;
6. Je loe amours, 3v ;
7. Je suis treffort, 3v ;
8. Las me lares vous donc, 3v ;
9. Le cueur le syuit, 3vv (après 1493, paroles de : Octavien de Saint-Gelais) ;
10. Rendez le moy mon cueur, 3v ;
11. Si jay requis, 3v ;
12. Vostre a jamays, 3vv.

Chansons néerlandaises

1. Een frouwelic wesen, 3v ;
2. Ghy syt die wertste, 4v ;
3. Helas hic moet my liden, 3v ;
4. Wet ghy wat mynder jonghen herten dert, 3v.

Œuvres profanes latines, italiennes et instrumentales

1. Carmen in sol, 3v ;
2. De che te pasci amore, 3v ;
3. Dulces exuviae, paroles de : Virgile, Aeneis IV, 651-654 4v ;
4. L’Alfonsina, 3v (Ferrare, avant 1491) ;
5. La Spagna, 4v.

Bibliographie

• Richard Sherr, éd., The Josquin Companion. Oxford, Oxford Univ. Press, 2000. ISBN 0-19-816335-5
• Gustave Reese, Music in the Renaissance. New York, W.W. Norton & Co., 1954. ISBN 0-393-09530-4

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