- Fontaine de Birague
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La fontaine de Birague (également appelée fontaine Sainte-Catherine) est une fontaine parisienne créée au XVIe siècle et reconstruite à deux reprises jusqu'à sa destruction définitive en 1856.
Elle était située devant l'église Saint-Paul-Saint-Louis, au croisement de la rue Saint-Antoine et de la rue Culture Sainte-Catherine (actuelle rue de Sévigné).Sommaire
Histoire et description
La première fontaine (1579-1627)
La fontaine doit son nom au chancelier René de Birague, qui la fit construire[N 1] en 1579 pour approvisionner en eau non seulement son hôtel particulier (situé en bordure du prieuré Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers) mais également tout le quartier. Il y fit placer une inscription dédicatoire sur une plaque de marbre :
HENRICO III.
Franciæ et Poloniæ rege christianissimo ;
RENAT. BIRAG.
Sanctus Romanæ ecclesiæ presbit. cardin.
Et Franc. cancellar. illustriss.
Beneficio ;
Claudio d'Aubray, Præfecto Mercator
Johann. le Comte ; Renat. Baudert ;
Johann. Gedoyn ; Petr. Laisné
Trìbunis plebis, curantibus.
Anno Redemptionis M. D. LXXIX.
—
Hunc deduxit aquam Duplicem Biragus in usum ;
Serviat ut Domino, serviat ut populo.
Publica sed quanta privatis commoda, tanto
Præstat amore domus publicus urbis amor.
—
Renat. Bìrag. Franc. cancell.
Publ. comm.
M. D. LXXIX[N 2].La fontaine était alimentée par un cours d'eau (dit « fontaine de Savy » ou Savies) dont la source se trouvait au bas de Belleville et qui desservait auparavant l'hôtel Saint-Pol. Cette fontaine monumentale, dont la forme est mal connue[N 3], comportait des sculptures d'« anges montés sur des dauphins » attribuées par Sauval à Germain Pilon[1]. Cette attribution est d'autant plus vraisemblable que Pilon avait déjà réalisé d'autres travaux pour Birague, tels que le tombeau de son épouse Valentine Balbiani (1573) et un portrait en médaillon du chancelier (1577).
La deuxième fontaine (1627-1707)
Tarie, elle fut reconstruite en 1627, sous la prévôté de Nicolas Bailleul, selon les plans d'Augustin Guillain, « maître des œuvres » (architecte) de la ville. Elle fut alors érigée par l'entrepreneur Jehan Chériot[1] non loin de son emplacement initial, sur une nouvelle place établie sur l'ancien « cimetière des Anglais »[N 4] et destinée à servir de parvis à l'église des Jésuites (église Saint-Paul-Saint-Louis) dont la première pierre fut posée la même année.
Visible au premier plan d'une gravure de Jean Marot (milieu du XVIIe siècle)[2], la fontaine de 1627, isolée sur la place (appelée place de Birague) et protégée par des bornes, était bâtie sur un plan carré ou rectangulaire, ornée de pilastres toscans, d'une frise à triglyphes et surmontée d'un dôme en pierre d'appareil et d'une lanterne pourvue d'une fleur de lys en guise d'amortissement. Sur les côtés perpendiculaires à l'axe de la rue Saint-Antoine, on voyait des frontons triangulaires. Aux quatre angles étaient sculptées les initiales « S.C. », qui indiquaient la limite de la censive des chanoines réguliers du prieuré Sainte-Catherine-du-Val-des-Écoliers[1].La troisième fontaine (1707-1856)
Entre 1707 et 1708, lors de la mise en service de la pompe Notre-Dame, la fontaine fut reconstruite une seconde fois par Jean Beausire. La première pierre fut posée lors d'une cérémonie le 13 mai 1707[3].
Rebâtie sur un un plan pentagonal et pourvue d'un étage destiné à contenir un réservoir, cette fontaine bénéficiait d'un riche décor architectural. Au premier niveau de chacun de ses pans, une arche cintrée aveugle était encadrée par des pilastres toscans et surmontée d'une frise à triglyphes et d'un fronton décoré d'un écusson comportant des attributs du Commerce et de l'Industrie[3]. L'une de ces arches donnait sur une niche abritant l'unique robinet de la fontaine. Au second niveau, entre de fines consoles, des bas-reliefs figurant des nymphes couchées, des naïades ou des fleuves surmontaient des distiques latins. Le dôme (ou calotte) et sa lanterne étaient quant à eux assez semblables à ceux de la fontaine de 1627. Omis lors de la reconstruction, les marques de la censive du prieuré Sainte-Catherine furent rajoutés à la demande des chanoines en août 1708[3].Au XVIIIe siècle, jusqu'à la création du marché couvert Sainte-Catherine en 1783, la place autour de la fontaine, appelée place de Birague, accueillait un marché en plein air.
En 1856, dans le cadre des travaux haussmanniens de prolongement de la rue de Rivoli, la fontaine fut démolie.
Notes et références
Notes
- Antoine Sanguin de Meudon, propriétaire entre 1545 et 1559 de l'ancien hôtel d’Évreux et commanditaire de la demeure rachetée après 1559 par Birague (à l'emplacement de l'actuelle caserne Sévigné). Selon Jacques-Antoine Dulaure (cf. bibliographie), Birague aurait simplement achevé la construction d'une fontaine déjà commencée. Son véritable fondateur serait alors
- Amaury Duval (cf. bibliographie, p. 65-66) la traduit ainsi : « Sous le règne de Henri III, roi très chrétien de France et de Pologne ; Claude d'Aubray étant prévôt des marchands ; Jean Lecomte, René de Baudert, Jean Gedoyn, Pierre Laisné, échevins de la ville ; ce monument a été érigé par la munificence de René de Birague, cardinal de l’Église romaine, et chancelier de l'Église de France. L'an de la rédemption 1579. »
« Birague fit amener ici cette onde pour l'usage de sa maison et pour les besoins de la ville ; mais autant l'intérêt public doit l'emporter sur l'intérêt privé, autant la ville est plus chère à Birague que sa propre maison. »
« Birague, chancelier de France, pour la commodité publique, l'an 1579. »
L'historien - curieux dessin de la collection Destailleur (consultable sur Gallica) représenterait la fontaine « avant la construction de l'église Saint-Paul-Saint-Louis ». Cette dernière ayant été édifiée après 1627, le monument représenté pourrait être aussi bien la fontaine de 1579 que celle de 1627. L'attribution de ce dessin à Israël Silvestre, installé à Paris en 1631 (à l'âge de dix ans), plaiderait pour la seconde solution. Or, le bâtiment représenté ne ressemble pas à l'édifice de plan carré décrit par la gravure de Marot (cf. Danielle Chadych, p. 179), qui était pourtant le contemporain de Silvestre. Il est au contraire bâti sur un plan polygonal et possède une élévation assez semblable à celle du premier niveau de la troisième fontaine. S'agirait-il par conséquent d'une représentation de la fontaine de 1579 ? Dans ce cas, Beausire l'aurait presque reproduite en concevant le premier niveau de la fontaine de 1707. Un
- traité de Troyes (Jean de Marlès, Paris ancien et moderne, t. III, Paris, 1837, p. 348, n. 1). Ainsi nommé car il servait de sépulture aux Anglais présents à Paris dans les années ayant suivi le
Références
- Louis Tesson, p. 172.
- Danielle Chadych, p. 179.
- Louis Tesson, p. 174.
Bibliographie
- Danielle Chadych, Promenades d'architecture et d'histoire - Le Marais - Évolution d'un paysage parisien, Paris, Parigramme, 2010, p. 179 et 263-264.
- Louis Tesson, « Communication sur la fontaine de Birague », Procès verbaux de la Commission municipale du Vieux Paris, 1917, p. 168-176.
- Jacques-Antoine Dulaure, Histoire physique, civile et morale de Paris, quatrième édition, t. IV, Paris, 1829, p. 336.
- Amaury Duval, Les Fontaines de Paris, anciennes et nouvelles, nouvelle édition, Paris, Bance aîné, 1828, p. 65-68 et pl. XXX.
Voir aussi
Liens externes
- Vue de l'église Saint Louis et Paul, et de la fontaine de Birague, située rue Saint-Antoine, à Paris, vers 1810, aquarelle de Jean Victor Nicolle (musée de Malmaison), sur le site de la réunion des musées nationaux.
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