- Jacques-Antoine Dulaure
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Jacques-Antoine Dulaure, né le 3 décembre 1755 à Clermont-Ferrand et mort le 18 août 1835 à Paris, est un archéologue et historien français.
Sommaire
Biographie
Dulaure fit de bonnes études au collège de Clermont, cultiva le dessin, étudia les mathématiques. Avant de commencer sa carrière littéraire, il s’adonna successivement à l’architecture et à la topographie. Il se rendit à Paris au mois d’octobre 1779, et fut admis comme élève chez l’architecte Rondelet, qui, après la mort de Soufflot, avait été chargé d’achever les travaux de l’église de Sainte-Geneviève, et, avant tout, de renforcer les piliers qui semblaient ne pouvoir plus soutenir le dôme. Un jour que Dulaure, chargé de prendre des mesures verticales, marchait dans l’intérieur, sur de hautes corniches, il fut saisi d’un éblouissement, et près de tomber et de se briser sur les dalles du monument. Dès lors dégoûté de l’architecture, il voulut être ingénieur-géographe.
Il devait travailler, sous la direction d’un ingénieur en chef, à la confection d’un canal projeté entre Bordeaux et Bayonne. la guerre de l’indépendance américaine ayant fait manquer cette entreprise, Dulaure se mita donner des leçons de géométrie. Il inventa un instrument propre à la levée des plans et des cartes topographiques. Il soumit, en 1781, son invention à l’Académie des sciences : chargés de l’examiner, Rossut et Cousin firent un rapport favorable.
L’année suivante Dulaure commença sa carrière littéraire, qui devait embrasser plus d’un demi-siècle. Ses premiers écrits furent des critiques sur quelques monuments de Paris, principalement sur l’Odéon qui venait d’être bâti sur l’ancien terrain de l’hôtel de Condé. Dulaure en fit une critique, sous forme de dialogue, où il faisait dialoguer, raisonner et critiquer les loges, les décorations et les murailles du bâtiment. Inspirè par les premières expériences aérostatiques, il publia un Voyage dans la Lune de 60 pages, précédent ainsi Beffroy de Reigny, le « Cousin Jacques », qui, l'année suivante, commença son journal intitulé les Lunes. Pour se créer des moyens d'existence, il se chargea (1785-1786) du compte-rendu des pièces de théâtre, dans le Courrier lyrique et amusant, ou Passe-temps des toilettes de Dufrénoy, et il introduisit, dans cette feuille légère et frivole, une partie archéologique.
Bientôt après il publia divers ouvrages où perçait sa détestation des abus, des injustices, des fausses doctrines de l’Ancien Régime. Telles furent sa Description de Paris et une Nouvelle Description des curiosités de Paris, guide pour les étrangers mêlés d’attaques contre la monarchie. (1785), sa Description de Paris et de ses environs, ses Singularités historiques, etc. (1re éd., 1786). Vivement attaqué dans l'Année littéraire, Dulaure y opposa une réponse vigoureuse.
Il était attelé à la rédaction d’une Description de la France par provinces (1788-1789, 6 vol.), ouvrage savant et fait avec soin, lorsque le cours de la Révolution, dont il adopta avec chaleur les principes, le força à interrompre ce travail. Dulaure se lança dans l’action politique par ses brochures et par ses écrits périodiques publiés pendant près de trois ans : il rédigea, en 1790, un ouvrage dont il ne parut que seize numéros, sons le titre de : Évangélistes du jour, dirigé contre les auteurs des Actes des Apôtres et, du 1er août 1791 au 25 août 1793, un petit journal intitulé : le Thermomètre du jour.
Constamment attaché au club des Jacobins, il fut nommé, en septembre 1792, à la Convention nationale par l’assemblée électorale du département du Puy-de-Dôme. Siégeant d’abord avec le Marais, il se prononça, lors du procès de Louis XVI, d’abord pour l’appel du peuple, avant de voter la mort sans sursis et sans appel. Le jour de la mise en accusation de Jean-Paul Marat, il est prudemment absent.
Effrayé de la marche des évènements, il finit par se ranger cependant parmi les girondins. Le 3 octobre 1793, lorsque Amar fit son rapport contre les chefs de ce parti, le nom de Dulaure s’y trouva plusieurs fois cité parmi ceux des conspirateurs ; mais il ne se figurait pas sur la liste des quarante-et-un députés qui furent décrétés d’accusation. Lorsque Amar vint réparer cette omission, le 20, le décret d’accusation fut adopté sans discussion. Dulaure crut devoir se soustraire à ce danger, et, après s’être tenu caché pendant près de deux mois à Paris et à Saint-Denis se réfugia en Suisse, où il vécut un an employé dans une manufacture d’indiennes.
Après le 9 thermidor, il écrivit a la Convention pour lui demander des juges. Le manufacturier chez lequel il travaillait lui fournit tous les moyens nécessaires pour rentrer en France. Il était en chemin pour se rendre à la frontière, lorsque il apprit par les journaux qu’un décret le rappelait dans le sein de la Convention.
Il fut nommé membre du comité d’instruction publique, le 20 germinal an III, et fut ensuite envoyé en mission dans les départements de la Corrèze et de la Dordogne. Après la clôture de la session conventionnelle, il fut réélu par trois départements, ceux du Puy-de-Dôme, de la Corrèze et de la Dordogne. Comme il n’avait pas atteint l’âge de quarante ans, il dut être classé dans le conseil des Cinq-Cents, où il fut conservé par le sort en germinal an V.
En germinal an VI, son département le nomma député pour la troisième fois. Il s’occupa principalement, pendant qu’il siégea au Corps législatif, de travaux sur l’instruction publique. Après le coup d'État du 18 brumaire, Dulaure, qui s’était écrié « À bas le dictateur ! », renonça à la politique et rentra dans la vie privée, pour reprendre le cours de ses études historiques. Il obtint néanmoins, en 1808, dans une administration financière, une place de sous-chef, qui lui était devenue nécessaire par suite de la faillite d’un notaire de Paris, dépositaire de toute sa fortune.
En 1814, à la première Restauration, une circulaire, datée du 1er juillet, lui annonça qu’il n’était pas conservé dans la nouvelle organisation. Se voyant, dans un âge avancé, sans autres ressources autres que son talent, Dulaure y trouva des compensations suffisantes aux rigueurs du sort. Cantonné désormais dans les travaux historiques, il écrivit beaucoup et fonda l’Académie celtique, ancêtre de la Société des antiquaires de France.
Ses nombreux ouvrages se rapportent presque tous à Paris, à la France et à la Révolution. Le plus important est son Histoire civile, physique et morale de Paris, Paris, 1821, 10 vol. in-8° ; 3e édit, Paris, 1825, 10 vol. in-12, avec fig. et atlas. Cet ouvrage, plein de recherches curieuses et de faits peu connus, qui accumule les accusations encourues par les rois le et le clergé[1], souleva contre l’auteur les attaques les plus violentes des partisans de l’ancien régime. Parmi les principaux écrits de Dulaure, on trouve encore : Pogonologie, ou histoire philosophique de la barbe 1780, 2 vol. in-12 ; Réclamation d’un Citoyen contre une nouvelle enceinte de Paris, élevée par les fermiers généraux, 1787, in-8° ; Liste des noms des ci-devant nobles, nobles de race, robins, prélats, financiers, intrigants, et de tous les aspirants à la noblesse ou escrocs ficelle, avec des notes sur leurs familles, Paris, in-8° ; Étrennes à la Noblesse, ou précis historique et critique sur l’origine des ci-devant ducs, comtes, barons, etc., monseigneurs et grandeurs, etc., 1790, in-8° ; Des cultes qui ont précédé et amené l’idolâtrie et l’adoration des figures humaines, 1805, in-8° ; Des Divinités génératrices, ou du culte du Phallus chez les anciens et les modernes, des cultes du dieu de Lampsaque, de Pan, de Vénus, etc., 1806, in-8°. Ces deux derniers ouvrages ont été réimprimés sous ce titre : Histoire abrégée des différents cultes, 2e édit., Paris, 1825, 2 vol. in-8° ; Esquisses historiques des principaux événements de ta Révolution française, depuis la convocation des états généraux jusqu’au rétablissement de la maison de Bourbon, Paris, 1823-1825, 6 vol. in-8° ; Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu’à nos jours, Paris, 1825-1827, 6 vol. in-8°.
Il a publié dans les Mémoires de la Société royale des Antiquaires de France plusieurs dissertations sur les Gaulois. Enfin, il a laissé des manuscrits inédits.
Notes
- C’était moins de la part de Dulaure un calcul passionné que l’effet des longues persécutions qu’il avait subies dans sa jeunesse.
Œuvres
Mémoires ;
- Description des principaux lieux de France, en 6 volumes 1789, 1. Provence, 2. Languedoc, 3. Aquitaine, 4. Poitou, 5. Auvergne, 6. Lyonnais, Bourbonnais
- Histoire critique de la noblesse ;
- Vie privée des ecclésiastiques ;
- Crimes et forfaits de la noblesse et du clergé ;
- Cause secrètes des excès de la Révolution (1815) ;
- Esquisses historiques des principaux événements de la Révolution française (1823-1825) en 6 vol. ;
- Histoire physique, civile et morale de Paris, 1821-1822, 7 vol. in-8 (réimprimée en 1825, 8 vol. in-8, avec des additions et des notes par J. L. Belin) ; texte de l'édition 1829 sur Gallica, en dix tomes et un atlas : I II III IV V VI VII VIII IX X Atlas
- Histoire des environs de Paris, 1825, 7 vol. ;
- Histoire abrégée des différents cultes, 1825 ;
- Histoire de la révolution de 1830 (ouvrage posthume publié en 1838)
- Liste des noms des ci-devant nobles, nobles de race, robins, prélats, financiers, intrigants, et de tous les aspirants à la noblesse ou escrocs ficelle, avec des notes sur leurs familles, Paris, in-8° ;
- Étrennes à la Noblesse, ou précis historique et critique sur l’origine des ci-devant ducs, comtes, barons, etc., monseigneurs et grandeurs, etc., 1790, in-8° ;
- Des cultes qui ont précédé et amené l’idolâtrie et l’adoration des figures humaines, 1805, in-8° ;
- Des Divinités génératrices, ou du culte du Phallus chez les anciens et les modernes, des cultes du dieu de Lampsaque, de Pan, de Vénus, etc., 1806, in-8°, etc.
Sources
- Jean Chrétien Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. XV, Paris, Firmin-Didot, 1868, p. 126-7.
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