Jean de Criquebœuf

Jean de Criquebœuf

« « Cricqueboeuf, tu es un beau faiseur de guerre ; tu ne la faisois que en un regard » Le sieur de Cricquebeuf lui dit : « Plessis, tu m'as bien pris en traître. Je pensois que nous étions amis comme m'avoit dit Vallinière et par lettres qu'il m'avoit apporté dempuis deux jours sous ton seing qui sont ici avec mes lettres. »  »

Jean de Criquebœuf, seigneur et militaire français, mort le 17 octobre 1591 à Montjean.

Sommaire

Château de Montjean

En 1591, Henri IV avait confié la garde des puissantes murailles du château de Montjean au vieux Jean de Criquebœuf, chevalier de ses ordres.

Criquebœuf avait soixante-dix ans ; il avait épousé Claude de Saint-Melaine de la famille du Bourg-Lévêque, qui avait eu de longs différends avec Pierre Le Cornu, Blason Famille Le Cornu.svg sieur du Plessis de Cosmes, à raison des affaires de religion[1] ; Criquebœuf avait naturellement pris parti pour les parents de sa femme.

Le parti royal

Enfin il représentait dans le Bas-Maine le parti royal et avait pour mission de défendre ce pays contre les déprédations et les excès de du Plessis et des ligueurs. Le Cornu lui voua une haine implacable.

Mais Criquebœuf était vieux ; il connaissait les horreurs de la guerre civile ; il eût voulu les éviter à ces contrées. Il essaya de vivre en bonne intelligence avec son terrible voisin et fit faire près de lui des démarches ; il écrivit même aux filles de du Plessis en leur disant que tout le passé devrait être oublié.

Du Plessis pour mieux cacher ses projets, sembla se prêter aux propositions de Criquebœuf. Il envoya plusieurs fois à Montjean, comme messagers de paix, deux maîtres chirurgiens, François Rousseau et son frère Vaslinière. Ils traitèrent d'un accord entre le vieux royaliste et le ligueur et du Plessis écrivit de sa main une lettre de sauvegarde, promettant qu'il n'entreprendrait rien contre Montjean et Criquebœuf[2].

Cependant, on faisait bonne garde[3]. Chaque soir à tour de rôle, des paysans, venaient prendre la garde et monter sentinelle. Dans le donjon une petite garnison commandée par Jean de Pihourde sieur de la Fontaine veillait jour et nuit. Toutes les précautions semblaient prises ; on avait compté sans la trahison.

Drame de Montjean (octobre 1591)

Le château de Montjean fut le théâtre d'un drame où le rôle de Pierre Le Cornu fut des plus odieux. Il réussit à y surprendre Jean de Criquebœuf, catholique, qui était devenu son ennemi personnel à la suite d'un duel dans les faubourgs de Laval, et son rival en tant que ligueur. Cricqueboeuf fut mortellement blessé d'un coup de dague au ventre le 16 octobre 1591.

Témoignages

L'abbé Angot a retrouvé pour les événements de la nuit tragique du 16 au 17 octobre 1591, la déposition de cinq nouveaux témoins qui n'étaient pas les seuls, et, sur ce qui se passa à Laval lors de la venue des Ligueurs dans les premiers jours de juin 1592, deux témoignages importants et curieux. Ils furent recueillis le jeudi 9, le samedi 11 et le mercredi 22 septembre 1599 par le notaire royal Michel Briand et le sergent Michel Duchemin[4].

Une deuxième enquête sur cette affaire fut faite au lieu de la Daguerie voisin du château de Montjean, par Denis Couesmier sergent royal à Laval, le 6 septembre 1599. Plus de vingt témoins furent entendus et rapportèrent tous les faits. Le plus important fut Antoinette du Bois-Halbrant, âgée alors de 33 ans, épouse de Daniel de Pouchère sieur de Harpont et demeurant avec lui à la grande Valinière, commune de Courbeveille. Elle donna tous les détails de ce drame où elle avait joué un rôle ; elle fit connaître tout ce qui s'était passé dans cette nuit fatale dont elle ne pouvait perdre le souvenir.

Punition

Ce crime abominable commis au mépris de l'amitié jurée sur un vieillard de soixante dix ans, eut un grand retentissement et souleva une violente indignation. Madame de Criquebœuf en poursuivit énergiquement la punition.

Article détaillé : Pierre Le Cornu.

Bibliographie

  • Arrêt en forme de commission, pour informer de la prise, viol et assassinat du château de Montjean, en l'an 1591, par Pierre Le Cornu, sieur du Plessis de Cosmes, alors gouverneur de la ville et du château de Craon, suivie de l'information. Copie faite par Louis Planté de Courbeveille en 1725 sur une autre copie existant au greffe de Laval. Impr. à la fin de l'ouvrage de Louis René Duchesne : Craon et ses barons, Laval. in-8°. 1836 ;
  • Articles accordez par le Roy au Sr Duplessis de Côme, sur la réunion des villes et baronnie de Craon et Montjean au service de sa majesté. Angers, in-8°. 1598 ;
  • Lettre du roy contenant confirmation des articles accordez… ibid. 1598. (Lb. 35) 723 et 724 ;
  • Histoire universelle de de Thou[7]. Traduction française de 1834, 16 vol. in-4°.

Notes et références

  1. Vers 1579 à Laval, au faubourg Saint-Martin ; Jacques Le Cornu, écuyer, sieur de Changé, frère germain de Pierre Le Cornu, sieur du Plessis de Cosmes, s'était battu avec Jean de Criquebœuf. Les deux protagonistes furent blessés. Il était connu que de tous temps il y a des querelles entre les maisons du Bourg-l'Évêque, et ceux de la maison du Plessis de Cosmes et se sont toujours voulu mal. L'idée de vengeance était présente, et il était dit que les Plessis de Cosmes auraient un jour la vie du dit de Cricqueboeuf.
  2. De Thou, t. VIII, p. 12.
  3. En effet les pauvres gens du pays avaient déposé dans le château leurs meubles, leurs hardes, leurs effets les plus précieux, non seulement eux, mais encore toute la petite noblesse des environs qui y avait apporté ses coffres et ses bahuts ; les salles en étaient encombrées : il y en avait bien quatre ou cinq cents, dit un des témoins de l'enquête.
  4. Le texte est parvenu jusqu'à nous, grâce à Gabriel-F. de Preaulx qui l'a copié vers 1750, époque à laquelle il copiait également les remembrances de Quelaines. Malheureusement ce scribe bénévole était fort peu expert en ces sortes de travaux et, loin de tenir un compte exact de l'orthographe, il n'a pas toujours compris ce qu'il lisait ; il semble au reste qu'il le lisait fort mal car les dates, entre autres choses, paraissent souvent fautives. Il a été trouvé au chartrier de Thubœuf en Nuillé-sur-Vicoin.
  5. « Essais d’histoire locale [I. Une expropriation pour cause d'utilité publique en 1499 : le cimetière Saint-Vénérand à Laval. - II. Un épisode des guerres de la Ligue dans le Maine : le drame de Montjean (octobre 1591). - III. L'année 1790.]»
  6. « L'assassinat de Criqueboeuf au château de Montjean », dans Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1912, tome 28, p. 298-314.
  7. C'est le grand monument historique du XVIe siècle. On y trouve une foule de faits relatifs à l'histoire de la Ligue dans le Maine.

Sources

  • Abbé Angot, « L'assassinat de Criqueboeuf au château de Montjean », dans Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1912, tome 28, p. 298-314. [1] ;
  • Jules Le Fizelier, « Essais d’histoire locale [I. Une expropriation pour cause d'utilité publique en 1499 : le cimetière Saint-Vénérand à Laval. - II. Un épisode des guerres de la Ligue dans le Maine : le drame de Montjean (octobre 1591). - III. L'année 1790.]» [2]

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