FEMEN

FEMEN
Devise : « Sors, déshabille-toi et gagne » (ukrainien : Прийшла, роздяглася, перемогла)
Création	2008
Siège	Kiev  Ukraine
Membre(s)	300[1]

FEMEN (ukrainien : Фемен) est un groupe de protestation ukrainien, fondé à Kiev en 2008 et dirigé par Anna Hutsol (ou Ania Goutsol^[2]ou Anja Gutzol^[3]), sociologue et actuellement présidente du mouvement. L'organisation est devenue internationalement connue pour avoir organisé des manifestations, happening ou performances seins nus pour la démocratie, la liberté de la presse, les droits des femmes, la protection de l'environnement, et contre la corruption, la prostitution, le tourisme sexuel, les agences matrimoniales internationales, le sexisme, la pornographie, la violence conjugale, le racisme, et la pauvreté. Le mouvement FEMEN, comme le mouvement Slutwalk (ou « marche des salopes ») qui a débuté au Canada en 2010, est considéré comme une prémisse de ce qui pourrait être une « quatrième vague féministe »^[4].

Historique

Membres de FEMEN lors d'une manifestation le 10 mars 2009.

Anna Hutsol explique avoir lancé FEMEN en 2008 pour défendre la démocratie quatre années après la révolution orange et car elle pensait que l’Ukraine manquait de militantes pour défendre les droits des femmes : « L’Ukraine est un pays dominé par des hommes, où les femmes sont passives ». Elle fut influencées par La Femme et le socialisme (1883), de l'agitateur socialiste allemand August Bebel^[2].

Lors des premières manifestations, les militantes défilaient habillées mais les seins nus symbolisent parfaitement la condition des femmes ukrainiennes : pauvres, vulnérables et seulement propriétaires de leurs corps. Anna Hutsol déclare également que avec FEMEN a été « inventé une façon unique de nous exprimer, basée sur la créativité, le courage, l’humour, l’efficacité, sans hésiter à choquer. Les gens ne s’intéresseraient pas à notre message si nous n’étions pas habillées de cette façon. Pour la cause, nous n’avons pas peur de nous mettre seins nus ou de porter des bikinis »^[5].

En avril 2010, FEMEN envisageait de devenir un parti politique afin de présenter des candidats lors des élections parlementaires de 2012^[6].

Membres et financement

En 2011 FEMEN compte environ 300 membres^[1]. Le mouvement est totalement indépendant et ne bénéficie pas de financements publics. Le mouvement est financé par les activistes, par des donations de personnes privées comme DJ Hell, et par la vente de produits à l'effigie de FEMEN^[7].

Objectifs

FEMEN lutte pour la démocratie, les droits des hommes et des femmes, et la protection de l'environnement en Ukraine et dans le monde.

Méthode

La méthode de FENEM repose en partie sur des actions directes non-violentes provocatrices spectaculaires et parfois également empreinte d'auto-dérision^[8]. Ces actions sont parfois très médiatisées^[9],[10].

Campagnes

Action en Ukraine

Membres de FEMEN lors d'une manifestation contre ce qu'ils considèrent comme la manipulation du système démocratique à un bureau de vote à Kiev, en Ukraine, le dimanche 7 février 2010. On peut lire: "La guerre commence ici" et "Stop au viol du pays".

Le mouvement défend l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne^[11], et dénonce « l'ingérence des dirigeants russes dans les affaires intérieures » de l'Ukraine.

Démocratie

En mars 2010, FEMEN a accusé le Premier ministre ukrainien Mykola Azarov de sexisme et appelé toutes les femmes du pays à faire la grève du sexe pour protester contre l'absence totale de femmes dans le nouveau gouvernement. Mykola Azarov avait déclaré que « La situation dans le pays est difficile, et on a pris dans le gouvernement des gens capables de travailler 16-18 heures par jour et de mener à bien les réformes. Ce n'est pas une affaire de femmes de réaliser des réformes »^[12].

FEMEN a organisé une manifestation contre la visite de du président russe Vladimir Poutine en octobre 2010 afin de protester contre « l'ingérence » russe en Ukraine^[13]. Six activistes l'avaient alors accueilli aux cris de « Ukraïna ne Alina! » (en français : L'Ukraine n'est pas Alina) - en allusion à une gymnaste que la rumeur publique présente comme étant sa maîtresse -, afin de lui rappeler que Moscou n'était plus souverain en Ukraine^[2].

Droits des femmes

FEMEN dénonce le sexisme, le harcèlement sexuel, la prostitution et le tourisme sexuel. Le tourisme sexuel s'est fortement développé en Ukraine au cours des dernières années.

En 2009 FEMEN a mené une campagne pour dénoncer le harcèlement sexuel des étudiantes par des professeurs d'université^[14].

FEMEN demande à l’UEFA d’organiser des campagnes d’information contre le tourisme sexuel à l'occasion du championnat d'Europe de football 2012^[15].

Protection de l'environnement

Manifestation sur le site de la catastrophe de Tchernobyl en 2011.

En 2011 FEMEN a dénoncé la situation sanitaire du zoo de Kiev et la corruption de l'administration de l'établissement^[16].

Censure sur le web ukrainien, intimidations, et répression

À la demande des autorités ukrainiennes, les administrateurs de Facebook ont supprimé au mois au mai 2011 la page des activistes de FEMEN. La raison invoquée est la mauvaise image qui serait donnée au pays sur internet par les militantes^[17]. En réaction des partisans du mouvement FEMEN en Belgique ont créé le FIST (FEMEN International Support Team)^[18].

Durant l'année 2011 les descentes de police se sont multipliées au café-restaurant Cupidon de Kiev où se réunissent les activistes de FEMEN. Des agents en civil visitent les domiciles des militantes les plus actives qui sont parfois forcées de déménager^[2].

Certain membres ont effectué de brefs séjours en prison mais le député indépendant Taras Chornovil estime que « Le pouvoir est désemparé, car chaque arrestation accroît la popularité de FEMEN »^[19].

Action en Europe

En octobre 2011 les activistes de FEMEN ont débuté en Suisse une tournée dans plusieurs pays européens dont la France et l'Italie.

France

Anna Hutsol et DJ Hell lors de la manifestation "L'Ukraine n'est pas un bordel" contre le tourisme sexuel et la prostitution, à Kiev, en Ukraine, le 23 mai 2009.

Le 31 octobre 2011 quatre activistes de FEMEN, en tenue de soubrette (allusion au métier de chambrière de Nafissatou Diallo), ont mené une action devant le domicile parisien de Dominique Strauss-Kahn. Les slogans étaient : « Fuck me in Porsche Cayenne », « La honte ne part pas au lavage », « Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? », ou encore « Descends, si t’es un homme »^[20].

Italie

Des activistes de FEMEN devaient être présentes en Italie en novembre 2011 pour protester contre la corruption et le comportement envers les femmes, du président du Conseil des ministres Silvio Berlusconi et demander que des mesures contre la prostitution soient prises lors du championnat d'Europe de football 2012^[21].

Action internationale

À l'automne 2010, des membres de FEMEN se sont dénudées devant l'ambassade d'Iran pour exprimer leur solidarité avec Sakineh Mohammadi Ashtiani, l'Iranienne accusée d'adultère à Téhéran et condamnée à la lapidation^[2].

Le 16 juin 2011 des activistes de FEMEN ont manifesté devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Kiev, dénudées et portant un niqab, pour dénoncer l’interdiction de conduire faite au femme dans ce pays. Les slogans étaient « cars for women camels for men » (des voitures pour les femmes des chameaux pour les hommes) ou encore « Stop gender inequality » (Arrêtez l'inégalité des sexes)^[22]. Le lendemain en Arabie saoudite plusieurs saoudiennes prenaient le volant en réponse à un appel à défier l'interdiction pour les femmes de conduire^[23].

Lors d'une performance à Kiev le mouvement a dénoncé les propos sexistes et homophobes du président biélorusse Alexandre Loukachenko.

En juillet 2011 des membres de FEMEN ont manifesté contre la répressions des journalistes en Géorgie^[24].

En octobre 2011 FEMEN a apporté son soutien au mouvement Occupy Wall Street^[25].

Impact national et international

Alexandra Shevchenko (au centre), économiste et co-fondatrice de Femen^[26], le 11 avril 2010.

En Ukraine le mouvement FEMEN bénéficie désormais d’une meilleure couverture médiatique que tous les autres, qu’ils soient associatifs ou politiques^[1].

Les actions de FEMEN ont été signalés dans de grands médias internationaux tels que BBC News^[27], Der Spiegel^[28], Die Welt, France 24, Euronews, Arte, USA Today^[29], Reuters, Libération^[30], ou The Washington Post^[31], ou CNN^[32].

Le mouvement Slutwalk (littéralement, marches des salopes), né au Canada en 2010, semble inspiré par FEMEN.

Critiques

Selon ses détracteurs, comme Strada, fondation néerlandaise spécialisée dans la lutte contre la prostitution, FEMEN nuit à l'image des femmes et conforte les clichés sexistes. Les activistes de FEMEN répondent que plus personne n'écoute les féministes traditionnelles et que le féminisme du XXI^e siècle passe par la réappropriation du corps des femmes par elles-mêmes^[2].

Notes et références

• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « FEMEN » (voir la liste des auteurs)

Voir aussi

• Censure de l'Internet
• Activisme politique
• Féminisme
• Troisième vague féministe
• Condition féminine
• Sexisme

Lien externe

• Site officiel (blog)

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