Drapeau de la Franche-Comté

Drapeau de la Franche-Comté
Drapeau de la Franche-Comté
Flag of Franche-Comté.svg
Utilisation Drapeau et pavillon national
Proportions 2:3
Adoption Moyen Âge (blason)
Années 1980 (drapeau)
Éléments D’azur semé de billettes d’or, au lion couronné de même, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout.

Le drapeau de la Franche-Comté ou drapeau comtois est un drapeau régional français inspiré du blason de la province de Franche-Comté. Il se compose, au centre, d'un lion d'or couronné, debout et de profil, avec sa langue et ses griffes de couleur rouge sorties, sur un fond d’azur semé de billettes d’or. Le blason dont il est inspiré fut créé durant le Moyen Âge classique par Othon IV de Bourgogne pour remplacer l'aigle germanique qui fut l'emblème d'antan, afin de marquer son rapprochement avec le Royaume de France. Mais, comme de nombreux autres symboles locaux, il fut plusieurs fois menacé de disparition, soit par manque d'intérêt de la population pour ce symbole, soit lorsque les blasons de ce type furent abolis, suite notamment à la Révolution française ou de l'après Seconde Guerre mondiale à 1982. Mais, à la fin des années 1980, le blason comtois connait un regain d'attention et le président de la région Edgar Faure, voulant lui redonner ses titres de noblesse et le réutiliser, crée alors le drapeau tel qu'il est. Aujourd'hui, l'étendard franc-comtois est encore peu commun dans les nombreuses cités qui jalonnent le Territoire, même si on note depuis quelques années une démocratisation notable qui fait que de plus en plus de particuliers acquièrent et exhibent cet emblème. Il possède également sa propre devise : « Là où flotte le drapeau comtois, qui que tu sois, tu es chez toi ! »

Sommaire

Description

Le drapeau de la Franche-Comté est blasonné, c'est à dire qu'il s'agit d'une reproduction des armoiries de la région[1]. Le drapeau est donc décrit ainsi : sur champ d'azur semé de billettes d'or sans nombre, un lion d'or de Bourgogne rampant, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout[1],[2],[3],[4],[5]. Le choix des couleurs du lion renvoient à des symboliques, ainsi les métaux, or (jaune) et argent (blanc), les couleurs : azur (bleu), gueules (rouge), sable (noir), sinople (vert), pourpre (violacé), les fourrures : hermine (mouchettes noires sur fond blanc), et les vairs (clochettes blanches et bleues alternées) dont biens spécifiques[1]. En effet, le jaune détermine son intelligence, son prestige, ses vertus, sa grandeur ; le bleu lui apporte fidélité et persévérance ; le rouge lui confère le désir du service de sa patrie[1]. De nombreuses versions contemporaines du drapeau franc-comtois existent, dont beaucoup ne respectent pas fidèlement l'original officiel[1]. Ainsi, la quasi totalité des nouvelles versions arborées du lion omettent son sexe ainsi que souvent ses griffes et sa langue rouges[1]. Aussi, les couleurs sont le plus souvent réduites au seul or et azur[1].

Histoire

Le premier blason

Blason bourguignon.

L'actuel blason, qui a servi de modèle au drapeau, ne fut pas le premier de ce qui était à l'époque le Comté de Bourgogne[1]. En effet, quand les nobles se dotèrent de blasons dans la seconde moitié du XIIe siècle, les comtes de Bourgogne étaient issus d'un fils cadet de l'empereur Frédéric Ier Barberousse[1]. Ils choisirent l'aigle pour emblème qu'ils mirent d'argent sur un fond de gueules à l'image de leur connivence avec le Saint-Empire romain germanique[1].

Création du blason comtois

Article détaillé : Armoiries de la Franche-Comté.

L'origine du nouveau blason remonte au Moyen Âge, plus précisément à la fin du XIIIe siècle, à l’époque où le pouvoir du comté de Bourgogne est entre les mains d’Othon IV[1],[6]. Afin de se rapprocher du Royaume de France, il abandonne l’aigle de ses ancêtres, qui rappelait l’ancienne allégeance au Saint Empire romain germanique, et met au point un nouvel emblème pour la Comté[1],[3],[4]. Ainsi, Othon IV sélectionne le lion d’or qu'il positionne sur un fond d’azur pour représenter la région, à la base sans autres éléments[1],[6],[2]. Les billettes d’or ne sont apparues quelques dizaines d’années plus tard, afin de distinguer plus clairement ces armoiries de celles de la famille des Hohenstaufen, et aussi probablement pour représenter les forêts et plus largement la nature, ce symbole étant des morceaux de bois tranchés[1].

Louis XIV au siège de Besançon en 1674, prenant la Franche-Comté.

Au XVIe siècle, l’institution libérale des États de Franche-Comté acheva, de par la décoration de son sceau, le blason : le lion fut surmonté d’une couronne de comte, et entouré du collier de l'Ordre de la Toison d'or[1],[2],[4]. Cependant, on note à partir de cette époque que la confection des blasons varie, puisque cette ornementation, qui ne fut pas officiellement décrétée, fut plus ou moins appliquée[1],[3],[5]. De plus, le lion a perdu ses griffes, sa langue rouge et surtout son sexe sur certains drapeaux, apparemment par pudeur et surtout pour ne pas effrayer ceux qui le croisent[1]. Ainsi le membre viril a été camouflé sous un large pan de fourrure, bien que les spécialistes d’héraldique jugent que « le lion doit avoir un sexe car, s’il n’en a pas, c’est un lâche pendant la bataille[1]. »

Au cours de la Guerre de Dix Ans, plusieurs événements vont contribuer à la diffusion des valeurs comtoises[7]. Le plus célèbre est le « Comtois, rends-toi ! Nenni ma foi ! » devise de la Franche-Comté, qui aurait été prononcé au cours d'un conflit en 1636, lors du siège de Dole[7]. Les assaillants français auraient crié : « Comtois, rends-toi ! » auquel les assiégés dolois, du haut des remparts de leur ville, répondirent : « Nenni, ma foi ![7] » Après 1678 et la prise définitive de la Franche-Comté grâce au traité de Nimègue, le blason et tous autres symboles sont désavoués en faveur des fleurs de lys de Louis XIV[1]. Puis le blason disparait presque complètement après la Révolution française de 1789, dont un des décrets abolit les armoiries locales[1].

Le retour du lion

Hôtel de ville de Besançon, où flottent de nombreux drapeaux dont le franc-comtois.

Presque à l'état de disparition, le lion franc-comtois réapparaît cependant de manière sporadique grâce à l'initiative d’historiens ou de graveurs[1]. Ce n'est pourtant qu'à la fin des années 1980 qu'il fait son retour grâce aux élus de l'époque qui souhaitaient que la région ne rompe pas avec son passé[1]. Ainsi Edgar Faure et ses proches, très réticents au début car ils assimilaient cela à du régionalisme, réalisent le drapeau orné des anciennes armoiries de la province, et le mettent à la disposition des communes et organisateurs de manifestations[1]. Aujourd'hui, même si le succès est bien moindre qu'en Bretagne ou en Corse, le drapeau franc-comtois est tout de même parvenu à s'imposer et s’infiltre depuis quelques années chez des particuliers[1]. On peut en voir quelques-uns dans la région, en haut des maisons ou sur un balcon, et même chez certains expatriés à l'étranger[1]. Il fut également arboré en Afghanistan lorsque un soldat originaire de la région fut affecté dans ce pays[8].

Même s'il est encore parfois difficile de se procurer ces étendards, plusieurs magasins le proposent à la vente, et il est notamment possible d'en acquérir sur Internet[1]. Il existe plusieurs références du lion comtois : on le retrouve par exemple dans la sculpture de Frédéric Auguste Bartholdi à Belfort, sur la marque Peugeot qui s'approcha progressivement du blason alors qu'ils n'avaient aucun lien à la base, ou encore sur le logo du Football Club Sochaux-Montbéliard qui a contribué à son succès en arborant un lion y ressemblant[1]. Les blasons de toutes les villes comtoises sont coupés en tête du lion de la province, à la seule exception de Besançon en sa qualité de capitale porte des armoiries complètes et sans coupure[2],[9],[10].

De nos jours, peu de municipalités pavoisent leur commune aux couleurs du drapeau franc-comtois, et les rares qui le font utilisent le plus souvent une reproduction plus ou moins proche de l'original[1]. Cela est dû à la fois à un souci de budget et à une perte globale des valeurs et de l'identité comtoise[1]. Cependant dans la ville de Besançon, il est visible à Micropolis et sur certains bâtiments officiels tel que l'hôtel de ville, la mairie ou le conseil régional, et parfois sur le pont Battant[11]. On le voit également fréquemment dans d'autres localités, notamment à Pontarlier, Dole, Belfort, Ornans et Arc-et-Senans (sur la route du sel). Le Mouvement Franche-Comté tente d'amener le drapeau au rang de véritable emblème, et son président Jean-Philippe Allenbach s'est d'ailleurs ému que les plaques minéralogiques de la région ne puissent pas intégrer cet étendard[12]. Selon un sondage d'opinion, plus de 90% des Francs-Comtois se déclarent satisfaits d'avoir leur drapeau[13].

Déclinaisons

Le blason de la Franche-Comté fut utilisé comme base pour la création des blasons des départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône, ainsi que de nombreuses communes, tel que Baume-les-Dames, Montferrand-le-Château, Ornans, Sochaux, Andelot-en-Montagne, Beaufort, Bletterans, Château-Chalon, Chaumergy, Courbouzon, Dole, Montmirey-la-Ville, Mouchard, La Pesse, Le Pin, Poligny, Port-Lesney, Saint-Amour, Tavaux, Villers-Farlay, Aillevillers-et-Lyaumont, Barges, Clairegoutte, Faucogney-et-la-Mer, Jussey, Luxeuil-les-Bains, Noidans-le-Ferroux, Saulx, Vauvillers, Gray, Vesoul, Villersexel, Angeot, Auxelles-Bas, Bavilliers, Chavannes-les-Grands, Frais, Pérouse, Petitmagny, Romagny-sous-Rougemont ou encore Saint-Dizier-l'Évêque, et existe sous de multiples formes dans plusieurs autres régions de France. Certains de ces blasons ont inspirés des drapeaux, comme pour les départements du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône.

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, y, z, aa, ab et ac Journaux Pays Comtois numéros 93 et 94, du 20 novembre 2010 et du 20 janvier 2011 (voir en ligne).
  2. a, b, c et d Les armoiries de la Franche-Comté sur Racinescomtoises.net (consulté le 03 novembre 2011).
  3. a, b et c Auguste Castan, Revue franc-comtoise, juin 1883, page 121.
  4. a, b et c Jules Gauthier, Mémoires de l'Académie de Besançon, 1882, page 52.
  5. a et b Meurgey de Tupigny et Robert Louis, Les armoiries des provinces françaises, pages 22 et 23.
  6. a et b Les armoiries du Comté de Bourgogne sur Francegenweb.org (consulté le 03 novembre 2011).
  7. a, b et c André Besson, Mon pays comtois, éditions France Empire, 1983.
  8. « Le drapeau franc-comtois flotte en Afghanistan... » sur MaCommune.info (consulté le 03 novembre 2011).
  9. Rougebief, Histoire de la Franche-Comté, 1851, pages 10-28-29.
  10. Gaston Coindre, Mon vieux Besançon, éditions Cêtre, 1980, page 78.
  11. Les drapeaux de Besançon sur Emblemes.free.fr (consulté le 03 novembre 2011).
  12. « Ils y ont droit, pourquoi pas nous ? » sur le site officiel du Mouvement Franche-Comté (consulté le 03 novembre 2011).
  13. L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, Numéros 552 à 562, Paris, 1998.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) Émile Longin, La Franche-Comté doit-elle avoir un drapeau ?, Besançon, de Dodivers, 1924, 15 p. 

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Drapeau de la Franche-Comté de Wikipédia en français (auteurs)

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