Bataille de Guetaria

Bataille de Guetaria
Bataille de Guetaria
Bataille navale de Guetaria 1638.jpg
La bataille de Guetaria, 22 août 1638
Huile sur toile d'Andries van Eertvelt
Informations générales
Date 22 août 1638
Lieu Port de Guetaria, Espagne
Issue Victoire française
Belligérants
Royaume de France Royaume de France Flag of New Spain.svg Monarchie hispanique
Commandants
Henri d'Escoubleau de Sourdis Lopez des Hoges
Forces en présence
21 vaisseaux, 7 ou 8 brûlots, 6 flûtes 14 galions ou vaisseaux, 4 frégates
Pertes
Aucun navire perdu, 40 morts 17 navires incendiés, 4 à 5000 morts
Guerre de Trente Ans
Batailles
Pilsen — Sablat — Montagne Blanche — Cap Saint-Vincent — Mingolsheim — Wimpfen — Höchst — Fleurus — Stadtlohn — Dessau — Lutter — Magdebourg — Abrolhos — Breitenfeld — Rain am Lech — Lützen — Nördlingen — Avein — Louvain — Tornavento — Wittstock — Rheinfelden — Guetaria — Cabañas — Fontarrabie — Thionville — Downs — Montjuic — Marfée — Saint-Vincent (1641) — Honnecourt — Barcelone — 1er Lérida — Leipzig — Rocroi — Carthagène — Tuttlinghem — Fribourg — Jankau — Alerheim — Orbetello — Mardyck — Dunkerque — 2e Lérida — Cavite — 3 e Lérida — Zusmarshausen — Lens — Tortosa — Valenciennes

La bataille de Guetaria est une bataille navale livrée le 22 août 1638 dans le petit port de Guetaria, sur la côte du pays basque espagnol, durant la guerre de Trente Ans. Elle se passe trois ans après l'engagement français dans le conflit alors que celui est encore très indécis. Le combat oppose une escadre française qui soutient les forces terrestres progressant le long du littoral à une escadre espagnole arrivée en renfort. Alors que plusieurs affrontements ont déjà eu lieu en Méditerranée, c'est la première grande bataille navale franco-espagnole dans l'Atlantique.

Sommaire

Les enjeux et les forces en présence

Les vaisseaux de Sourdis longeant la côte basque en 1638 (gravure allemande).
Vue actuelle de la rade de Guetaria, lieu de la bataille.

La guerre entre la France et lEspagne avait commencé en 1635, et les opérations militaires, tant sur terre que sur mer, sont en 1638 loin dêtre favorables à la France. L'opération vise à contribuer au siège de Fontarabie engagé par les Français de Condé. Larchevêque Henri d'Escoubleau de Sourdis, à la tête de 21 vaisseaux, 7 ou 8 brûlots et quelques bâtiments légers (essentiellement des flûtes), vient attaquer les forces de Don Lopez de Hoges sur les côtes du pays basque espagnol[1]. Celui-ci, venant de la Corogne, mouille le 17 août dans la baie de Guetaria avec 14 galions ou vaisseaux et 4 frégates[2]. Sourdis prend position à lentrée de la rade dès le 19, et y bloque immédiatement Lopez de Hoges. Le chef espagnol embosse ses navires sur un front très resserré près du rivage[3]. Cette configuration défensive interdit aux Français un combat rapproché avec abordage -tactique alors habituelle- car les Espagnols sont si près de la terre que le risque de séchouer est trop important. Par contre la position est favorable à lemploi des brûlots car elle ne met pas en danger les navires français et Lopez de Hoges na pris aucune précaution particulière contre une attaque de ce genre. Absence de protection qui sexplique aussi par une ruse de Sourdis qui a fait maquiller ses brûlots pour quils ne puissent pas être identifiés comme tels[3].

Lanéantissement de lescadre espagnole

Il ne reste plus quà attendre les vents favorables, c'est-à-dire soufflant vers les terres. Ceux-ci se lèvent dans la journée du dimanche 22 août. Larchevêque-amiral réunit un conseil de guerre qui na pas besoin de discuter longtemps : « Le vent promet une victoire certaine ; on conclut unanimement à lattaque ; chacun se rend à son bord ; la joie remplit le cœur de tous les Français » note le père Fournier[4]. On décide que la manœuvre se déroulera en trois temps : 1° attaque au canon avec les plus gros vaisseaux ; 2° lancement des brûlots sous leur protection ; 3° retraite coupée à lennemi au moyen de bâtiments légers[3].

Lattaque démarre vers 11h00 du matin. Six vaisseaux français, sous les ordres de Montigny, viennent mouiller à une encablure de la ligne espagnole ; chacun deux emmenant avec lui un brûlot. Deux autres lignes de vaisseaux français se placent en soutien de la première. Sourdis, sur la deuxième ligne à bâbord de la précédente, se tient en réserve avec 7 bâtiments et un brûlot. Le reste de la flotte forme la troisième ligne, au large, prête à intervenir. Conformément au plan, la ligne dattaque française déclenche une violente canonnade, à laquelle les Espagnols répondent aussitôt. « Ce tonnerre dura un bon demi quart dheure », puis Montigny lâche ses brûlots[5]. Leffet est dévastateur sur lescadre ennemie : les navires de Lopez de Hoges sembrasent les uns après les autres. Le Chevalier Paul s'illustre particulièrement lors de la bataille. A lissue de six heures de combats, il ne reste plus quun seul des 18 navires espagnols, « troué et rasé de coups de canons », une frégate semble-t-il[3]. Entre 4 et 5 000 Espagnols ont trouvé la mort dans lopération alors que Sourdis na perdu quune quarantaine dhommes[6].

Une première victoire française prometteuse mais non décisive

Cest la première victoire navale française de la guerre. Sourdis envoie au roi le pavillon de lunique navire espagnol rescapé et attribue généreusement le mérite de la victoire à son adjoint, le commandeur Des Gouttes[7]. Richelieu, qui depuis 1624 a déployé des efforts gigantesques pour convaincre Louis XIII de donner à la France une marine de guerre, laisse éclater sa joie et remercie chaleureusement larchevêque-amiral et ses officiers : «  Je ne saurais vous témoigner la joie de la victoire que vous avez remporté sur les ennemis. Cest un effet de votre cœur, de votre activité et de votre bonne conduiteIl est certain que contre les Espagnols il faut hardiesse à entreprendre. »[8]

La victoire donne à Sourdis la maîtrise des eaux de cette région. Pourtant, en dépit de lenthousiasme de Richelieu, elle nest pas décisive, lEspagne disposant avec l'or des Amériques, de ressources considérables pour poursuivre la guerre sur terre comme sur mer, avec dailleurs une flotte qui reste bien plus importante que celle dont disposent Louis XIII et Richelieu. La victoire navale ne trouve pas son prolongement terrestre, puisque le siège de Fontarabie mené non loin de tourne au fiasco pour larmée française qui se débande[9]. Condé doit lever le siège le 8 septembre, soit moins de trois semaines après la victoire navale, à la consternation de Louis XIII et de Richelieu[10]

Guetaria est l'un des rares combat naval du siècle à être une bataille de destruction ; et ce grâce à l'usage que Sourdis fit de ses brûlots. Duquesne retint la leçon et il imitera son maître à Palerme en 1676. La principale conséquence de la victoire française, sur le long terme, fut de commencer à ébranler la domination espagnole aussi bien au Portugal qu'en Catalogne. Les soulèvements de 1640, après dautres victoires navales françaises, y puisèrent une partie de leur force[3] et la guerre franco-espagnole durera jusquen 1659.

Liste partielle des navires engagés

Royaume de France

  • La Couronne, 72 canons, 500 homme vice-amiral, Claude de Launay-Razilly
  • Navire du Roi, 52 300 h., chef d'escadre Philippe des Gouttes
  • Vaisseau de la Reine, (38), 245 h., capitaine Danerac
  • La Vierge, (34), 245 h., Jacques du
  • Le Cardinal,(30), 245 h., capitaine de Coypeauville.
  • Le Triomphe, (30), 205 h., capitaine de Caen
  • La Victoire, (30), 205 h., capitaine Contenaut
  • Saint-Louis de Hollande, (24), 205 h., capitaine Treillebois
  • Trois-Rois: (30), 205 h., capitaine Baptiste
  • La Fortune, (30), 205 h., capitaine de Casenac
  • L'Europe, (34), 205 h., Chevalier Jules de Montigny
  • Le Triton, (30), 155 h., capitaine Villemoulin
  • Le Faucon, (30), 155 h., capitaine Dumenillet
  • Le Cygne, (30), 205 h., capitaine Chevalier de Cangé
  • Le Cocq, (30), 205 h., capitaine De Chastelus
  • La Licorne, (30), 205 h., capitaine La Chesnaye
  • Le Corail, (30), 205 h., capitaine de Porte-Noire
  • L'Emerillon, 125 h?, capitaine de Morsay.
  • Le Saint-Charles, (28), 155. 400 t. Saint-Etienne
  • Le Dauphin du Havre, (28), 155 h., Boisjoly
  • La Perle, (24), 125 h., capitaine La Roullerie
  • La Renommée, (24), 125 h., capitaine Daniel
  • L'Intendant, (24), 125 h., capitaine de Conflans
  • Le Saint-Jean, (24), 125 h., Abraham Duquesne
  • La Magdelaine de Brest, (24) 125 h., Louis de Senantes
    • 7 ou 8 brûlots[11]
  • Turc, 100 h., capitaine Guiton
  • Saint-Francois, (16) 100 h., capitaine Regnier
  • Marguerite, 14 cañones. 100 h., capitaine La Treille
  • Hermine, 14 cañones. 100 h., capitaine de Lignieres
  • Neptune, (16) 100 h., Chevalier Paul
  • Esperance-enDieu, (24) 100h., Chevalier Garnier
  • Petit-Saint-Jean, (16) 100. capitaine Razet / De Broq
  • Fregate du Havre, 66 h., capitaine Clerisse
  • Royale, (8), 82 h., capitaine Savigny
  • Cardinale, (8), 92 h., capitaine Baronnie
  • Lion
  • Nassau
  • Licorne
  • Grande Fregate de Brest, (8), 92 h.
  • Flibot de Brest

Royaume d'Espagne

  • 14 galions ou vaisseaux, dont :
  • Capitana, général Don Lope de Hoces y Corbova (c.1659-1639)
  • Santiago, général Nicolas Judice/Judici Fiesco
  • Neptuno,
  • Samta Teresa,
  • Carmen,
  • San Juan,
  • Nuestra Senora de la Anunciacion,
  • Nuestra Señora del Caro,
  • 4 frégates

(17 navires brulés sur 18, 1 échoué)

Galerie

Bibliographie

  • Daniel Dessert, La Royale, éditions Fayard, 1996.
  • Collectif, Dictionnaire d'histoire maritime, collection Bouquins, éditions Robert Laffont, Paris 2002, ISBN 9782221097441.
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Editions, 2011. 
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, éditions Tallandier, 2002 

Notes et références

  1. Michel Vergé-Franceschi donne le chiffre de 41 vaisseaux, 8 brûlots, 6 flûtes et 6 000 hommes. Cest pour les vaisseaux, le double du nombre retenu par tous les historiens pour cette bataille. Ecart qui sexplique par le fait que Michel Vergé-Franceschi cite la totalité des unités dont dispose la flotte française à ce moment , mais tous les navires ne sont pas engagés dans cette opération car la flotte est partagée entre lAtlantique et la Méditerranée. Dictionnaire d'Histoire Maritime, éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 2002, p.709. Henri d'Escoubleau de Sourdis est non seulement un marin et un homme de guerre, mais c'est aussi l'archevêque de Bordeaux. Il a participé au siège de la Rochelle avec Richelieu, et ses talents militaires ont été remarqués par le cardinal qui cherche à confier les responsabilités à des hommes nouveaux éloignés de la haute noblesse, toujours prompte à comploter.
  2. Guy Le Mong, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Editions, 2011, p.304. A cette époque, la distinction entre le galion et le vaisseau de ligne nest pas encore apparente. Le galion peut sutiliser au commerce ou en guerre, alors que le vaisseau de ligne nest réservé quà la guerre, mais on commence à peine à en construire les premiers exemplaires et le combat en ligne de file nest pas encore théorisé.
  3. a, b, c, d et e Ibidem.
  4. Cité par Guy Le Moing, op. cit., p.203.
  5. Cité par Guy Le Moing, op. cit., p.203, sans préciser lorigine du témoignage. Peut-être sagit-il encore du père Fournier.
  6. Michel Vergé-Franceschi donne 4 000 espagnols tués (op. cit., p.709). Guy Le Moing pousse le chiffre jusquà 5 000 morts (op. cit., p.205).
  7. Guy Le Moing, op. cit., p.205.
  8. Lettre citée par Guy Le Moing, op. cit., p.205.
  9. Michel Vergé-Franceschi, op. cit., p.709.
  10. Philippe Erlanger, Richelieu, éditions Tempus, 2006, p.705. Jean-Christian Petitfils, Louis XIII, éditions Perrin, 2008, p.767.
  11. La liste ci-dessus, donnée par le rédacteur du premier brouillon de l'article, n'est pas référencée. Il s'agit probablement des 6 navires ayant attaqué sur la première ligne avec les brûlots. Quant au nombre de brûlots, il varie de 6 à 8 selon les auteurs. Six d'entre-eux, on l'a vu, ont participé à l'attaque et le septième, resté sur la deuxième ligne avec Sourdis, semble ne pas avoir été utilisé, ce qui explique que certains auteurs réduisent la comptabilité de ces navires à ceux réellement engagés. Michel Vergé-Franceschi, seul, parle de 8 brûlots. Il s'agit probablement d'une erreur, mais cela n'est guère gênant pour le compte-rendu des opérations (op. cit., p.709).

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bataille de Guetaria de Wikipédia en français (auteurs)

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