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Bataille de Camerone
Légionnaire et officierInformations générales Date 30 avril 1863 Lieu Camerone, à partir de 1927 Villa Tejeda, et aujourd'hui Camarón de Tejeda (1986) Issue Victoire mexicaine Belligérants Empire français Mexique Commandants Capitaine Danjou, puis le sous-lieutenant Maudet, porte-drapeau, puis le sous-lieutenant Jean Vilain, payeur Colonel Milan Forces en présence 62 fantassins de la Légion étrangère 1 200 fantassins
800 cavaliersPertes 40 morts,
17 blessés300 morts,
300 blessésExpédition du Mexique Batailles Las Cumbres — Puebla — San Pablo del Monte — Camerone — Tacambaro — La Loma — Bagdad —Ixmiquilpan — Carbonera — Querétaro modifier La bataille de Camerone est un combat qui opposa une compagnie de la Légion étrangère aux troupes mexicaines le 30 avril 1863 lors de l'expédition française au Mexique. La soixantaine de soldats de la Légion, assiégée dans un bâtiment d'une hacienda du petit village de Camarón de Tejeda, résista plus d'une journée à l'assaut de 2 000 soldats mexicains. À la fin de la journée, les six légionnaires encore en état de combattre, à court de munitions, chargèrent les troupes mexicaines à la baïonnette.
Camerone est célébré chaque année comme un haut-fait de la Légion étrangère, le 30 avril, dans toutes ses unités.
Sommaire
Campagne précédant la bataille
En 1863, pendant l'expédition française au Mexique, l'armée française assiège Puebla. Le 29 avril 1863, un convoi français part du port de Veracruz, chargé de vivres, matériel de siège et de 3 millions de francs en numéraire.
Le colonel Jeanningros, commandant le Régiment étranger, ayant eu des renseignements concernant l'attaque probable du convoi, décide d'envoyer la 3e compagnie explorer les abords de Palo Verde avant l'arrivée du convoi.
Soixante-deux fantassins et trois officiers de la 3e compagnie du Régiment étranger de la Légion étrangère sont donc envoyés à la rencontre du convoi, à l'aube du 30 avril.
La compagnie n'ayant pas d'officier disponible (ceux-ci étant atteints par le « vomito negro », la fièvre jaune, comme nombre de membres du corps expéditionnaire), le capitaine Jean Danjou, adjudant-major du régiment se porte volontaire pour la commander. Le sous-lieutenant Jean Vilain, payeur par interim du régiment, et le sous-lieutenant Clément Maudet, porte-drapeau, demandent à l'accompagner.
Le colonel mexicain Milan, qui commande 1200 fantassins et 800 cavaliers mexicains, averti de leur passage, met ses troupes en branle.
Déroulement
Partie de Chiquihuite vers une heure du matin, la compagnie passe devant le poste de Paso del Macho (Le Pas du mulet), commandé par le capitaine Saussier[1] et poursuit sa route. Après avoir dépassé le groupe de maisons appelé Camarón de Tejeda (55 km à l'ouest de Veracruz), elle arrive à Palo Verde vers sept heures du matin, après avoir parcouru en marche forcée les vingt-quatre kilomètres qui les séparent de leur garnison de départ. Les légionnaires s'arrêtent pour faire le café.
C'est alors qu'ils repèrent les Mexicains. Le capitaine Danjou décide de se replier sur le village. À peine sont-ils arrivés sur les lieux qu'un coup de feu claque, blessant un légionnaire. La colonne dépasse alors le groupe de maisons. C'est à ce moment que les cavaliers du colonel Milan chargent la troupe qui est contrainte de former le carré. La première salve brise la charge et met en fuite les Mexicains.
Après avoir brisé une seconde charge de cavalerie, le capitaine Danjou et ses hommes se réfugient dans l'hacienda, espérant retarder au maximum la tentative de prise du convoi du colonel Milan. Malheureusement, au cours du repli, les deux mules qui transportent les vivres et les munitions, effrayées par le bruit, échappent à leur contrôle et s'enfuient.
Une fois dans l'hacienda, les légionnaires s'empressent de barricader l'enceinte du mieux qu'ils le peuvent. Les Mexicains mettent pieds dans les pièces du rez-de-chaussée et interdisent, dès lors, l'accès à l'étage. Le sergent Morzycki est sur le toit du bâtiment principal pour observer les mouvements de l'ennemi.
Il est déjà dix heures du matin et les hommes du capitaine Danjou, qui n'ont rien mangé depuis la veille commencent à souffrir de la soif et de la chaleur. Un officier mexicain, le capitaine Ramon Laisné somme les Français de se rendre, ce à quoi le capitaine Danjou fait répondre : « Nous avons des cartouches et ne nous rendrons pas ! ». Il fait alors jurer à ses hommes de lutter jusqu'au bout.
Les Mexicains mettent le feu à l'hacienda mais n'osent pas donner l'assaut de manière frontale. Certains, depuis les chambres de l'étage tentent de pénétrer dans la pièce tenue par les légionnaires. Le capitaine Danjou est frappé d'une balle en plein cœur à la mi-journée et c'est au sous-lieutenant Jean Vilain que revient le commandement. Les Mexicains sont alors les seuls maîtres du corps de ferme.
Vers quatorze heures, c'est au tour du sous-lieutenant Jean Vilain de tomber, frappé en plein front. Le sous-lieutenant Maudet prend alors le commandement.
À 17 heures, autour du sous-lieutenant Maudet, il ne reste plus que douze hommes en état de combattre. C'est à ce moment-là que le colonel mexicain rassemble ses hommes et leur dit de quelle honte ils vont se couvrir s’ils n’arrivent pas à abattre cette poignée de braves.
Neuf heures durant, les légionnaires vont affronter les troupes mexicaines sans boire, accablés par la chaleur des Hautes-Plaines, étouffés par la fumée des incendies. En fin d'après-midi, il ne reste en état de combattre que le sous-lieutenant Maudet, le caporal Maine, les légionnaires Catteau, Wensel, Constantin et Leonhard. Au signal de l'officier, ils déchargent leurs fusils et chargent à la baïonnette. Victor Catteau, légionnaire Belge, meurt, criblé de balles en protégeant le sous-lieutenant de son corps ; celui-ci est lui-même blessé à deux reprises. Un officier mexicain somme les survivants de se rendre. Maine répond :
« Nous nous rendrons si vous nous faites la promesse la plus formelle de relever et de soigner notre sous-lieutenant et tous nos camarades atteints, comme lui, de blessures ; si vous nous promettez de nous laisser notre fourniment et nos armes. Enfin, nous nous rendrons, si vous vous engagez à dire à qui voudra l'entendre que, jusqu'au bout, nous avons fait notre devoir. »
« On ne refuse rien à des hommes comme vous » répondit un officier mexicain.
Les rescapés sont présentés au colonel Milan, qui s'écrie : « Pero no son hombres, son demonios ». (Mais ce ne sont pas des hommes ce sont des démons).
Lorsque les renforts arrivent sur les lieux, dans les ruines calcinées, il ne reste que les cadavres français et mexicains. Aux alentours, le tambour de la compagnie (Casimir Laï, de nationalité italienne, et né à Cagliari en Sardaigne), seul rescapé libre, est retrouvé par un éclaireur de la colonne de secours. Laissé pour mort sur le terrain (il avait été blessé de sept coups de lance et de deux balles), il avait été dépouillé de ses vêtements, jeté dans le fossé bordant la route avant d’être mis en fosse commune. Sa volonté de vivre hors du commun lui permit de faire plusieurs km en direction de Chiquihuite dans les broussailles. Il raconta la bataille et ses explications servirent au premier compte-rendu de la bataille. Il fut ensuite décoré de la croix de chevalier de la Légion d’honneur, le 14 août 1863.
Ordre de bataille de la 3e compagnie
Officiers :
Capitaine Danjou, Sous-lieutenant Maudet et Sous-lieutenant Vilain.Sous-officiers :
Sergent Major Tonel, Sergents Germeys, Morzycki, Alfred Palmaert[2] et Charles Schaffner[3]
Caporaux :
Berg, Delcaretto, Favas, Magnin, Maine et Pinzinger.Tambour
Lai.Légionnaires :
Baas, Bernardo, Bertolotto, Billod, Bogucki, Brunswick, Burgiser, Cathenhusen, Catteau, Conrad, Constantin, Dael, Daglincks, Dicken, De Vries, Dubois, Friedrich, Fritz, Fursbaz, Gaertner, Gorski, Groux, Haller, Hipp, Jeannin, Konrad, Kurz, Kunassec, Langmeier, Lemmer, Leonhard, Lernoud, Merlet, Rerbers, Reuss, Rohr, Schreiblich, Schifer, Seffrin, Seger, Seiler, Timmermans, Van Den Bulcke, Van Den Meersche, Vandesavel, Van Opstal, Verjus, Wilhelm, Wittgens et ZeyBilan
Article détaillé : Effectif de la bataille de Camerone.La moitié de la compagnie fut tuée ou mortellement blessée. Les blessés furent transportés aux hôpitaux de Huatusco et de Jalapa où ils furent soignés. Les prisonniers furent ensuite échangés contre des prisonniers mexicains. Le premier échange eut lieu trois mois plus tard et permit à huit légionnaires d'être échangés contre deux cents Mexicains[4].
Le convoi français put cependant éviter l'attaque mexicaine et parvenir sans encombre à Puebla.
Par décision du 4 octobre 1863, le ministre de la Guerre, le général Randon, ordonna que le nom de « Camerone » soit inscrit sur le drapeau du régiment étranger[5]. De plus, l'empereur Napoléon III décida que les noms de Danjou, Vilain et Maudet seraient gravés sur les murs des Invalides.
Un monument fut érigé sur le site du combat en 1892. Mais son abandon incita en 1948 le colonel Penette à en dresser un nouveau, inauguré officiellement en 1963[6]. C'est sur ce dernier que figure l'inscription :
Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
Abandonna ces soldats Français
A Camerone le 30 avril 1863Aujourd'hui encore, les militaires mexicains rendent hommage aux soldats mexicains et français tombés ce jour-là en présentant les armes lorsqu'ils passent devant ce monument.
L'Esprit de Camerone
Article détaillé : Récit de Camerone.L'expression « faire Camerone » est toujours usitée dans la Légion étrangère.
Chaque 30 avril, les héros de ce combat sont honorés dans tous les régiments et par toutes les amicales de la Légion ; à cette occasion est lu le récit « officiel » du combat de Camerone. L'idée du « serment de Camerone » est là pour rappeler le courage et la détermination des légionnaires et le respect à la parole donnée accomplie jusqu'au sacrifice suprême. Chaque année depuis 1906, sur le front des troupes qui présentent les armes, est lue l'inscription du monument.
Aujourd'hui, la main du capitaine Danjou est conservée dans la crypte du musée de la Légion étrangère à Aubagne.
La bataille de Camerone a été chantée par Jean-Pax Méfret.
Remarque
En 1983, J.P. Gourmelen et A.H. Palacios consacrent un album de bande dessinée de la série Mac Coy, à cette bataille. Le héros de la série, accompagné de son acolyte Charley, soldats confédérés engagés dans la Légion étrangère, aurait assisté à la bataille.
Notes et références
- Les héros de Camaron de l'abbé Lanusse - page45
- 3 juin 1842. Il s'engage dans la Légion Etrangère à l'âge de dix sept ans en mentant à propos de sa date de naissance. Blessé lors de la bataille de Camerone, et fait prisonnier, il est échangé contre un colonel mexicain le 14 juillet 1863 à Coscomatepec. Il est décoré de la Médaille militaire pour son héroïsme pendant le combat Alfred Palmaert est né le
- 26 octobre 1831, à Berne en Suisse. Sa grande taille le fait affecter aux grenadiers de la Légion Étrangère lorsqu'il s'engage. Il participe à la campagne d'Italie puis à celle du Mexique. Il est blessé lors de la bataille de Camerone et est il est fait chevalier de la Légion d'honneur après le combat. Charles Schaffner, est né le
- Eugène Lanusse, Les héros de Camaron, Ed. Cambourg
- Les héros de Camaron de l'abbé Lanusse, page 154
- El mito de Camaron de Joaquim Manes Postigo - p199
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Portail de la Légion étrangère
- Amicale des Anciens de la Légion Étrangère de Paris (site officiel)
- Texte officiel du récit de la bataille de Camerone.
Sources et bibliographie
Articles détaillés : Médaille commémorative de la campagne du Mexique 1862 et Récit de Camerone.- Les héros de Camaron, Eugène Lanusse, Ed. Cambourg - Ce livre a été rédigé par aumônier militaire ayant participé à la campagne du Mexique d'après le récit de l'un des protagonistes.ISBN 2-915686-20-3
- (es) Joaquim Manes Postigo, El mito de Camerone, Hergue Editores, 2004 - ISBN 84-95319-80-2
- Rapport manuscrit du colonel Jeanningros au général commandant le corps expéditionnaire au Mexique, consultable au Musée de la Légion étrangère
- Récit du caporal Louis Maine in La Hacienda de Camaron de L. Louis-Lande paru dans la Revue des Deux-Mondes du 15 juillet 1878
- Camerone, Pierre Sergent, Editions Fayard, 1980 - ISBN 2-213-00890-6
- Camarón, Jean-Joseph Julaud, Le Cherche midi éditeur, 2008 - ISBN 2-7491-1059-9
- La légion étrangère, Raphaël Schneider, revue Histoire mondiale des conflits n°14, 2004
- Camerone 30 avril 1863, Jean-Philippe Liardet, revue Champs de bataille n°7, 2005
- la campagne du mexique(1862-1867), jean Avenel, Ed. economica, 1996
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