Saint-Michel (chambre de rhétorique)

Saint-Michel (chambre de rhétorique)

De Kersouwe (les Carsonniers) ou Sint-Michiel (saint Michel) est une chambre de rhétorique de Dunkerque.

Bref historique

Couverture de Keyser Carel den Vijfden, Tonneel-spel door M. de Swaen, réédition du XIXe siècle de la pièce de De Swaen, publiée premièrement en 1707

Les Carsonniers, qui auraient pu être les ancêtres de cette chambre, avaient organisé un grand esbattement (genre de farce) en 1426, auquel assistèrent les compagnons d’Audenarde[1].

Il faut signaler qu’une chambre de Retoricke van Dunkerke participa le 29 juin 1495 au concours de Nieuport à l'occasion de la procession du sacrement. Dans les plus anciens comptes de la ville sont mentionnés les compaignons de la Retoricke, qui jouèrent devant en dans l'hôtel de ville. Une même compagnie est mentionnée régulièrement dans les comptes de la ville jusqu'en 1557 et de nouveau en 1565 et 1571/75[2],[3] Toutefois, les cinq sociétés de rhétorique de Dunkerque furent abolies en mai 1584 par le duc de Parme.

La Confrérie de saint Michel s'érigea néanmoins un peu après[3]. Quelques décennies plus tard, une nouvelle chambre fut érigée ayant comme patron l’archange saint Michel[2]. Il se fait que dans les comptes de la ville de 1620-1621 est mentionnée une confrérie de Saint-Michel, alias Rethorica[2],[4]. Il y aurait eu un rapport entre d’un côté le fait que Dunkerque était l’une des villes dont les rhétoriciens furent mal réputés sous le gouvernement aussi catholique qu’espagnol, lors de la révolte des gueux, et de l’autre côté le patronage par saint Michel de la chambre de rhétorique reconstituée, puisque l’archange était l’un des saints favoris de la cour, réputé comme destructeur des hérésies[5]. Probablement ce fut à la faveur de ce titre de confrérie que cette nouvelle société obtint le droit de vivre[3]. À la fin du XVIIe siècle, cette chambre portait aussi le nom De Kersouwe et la devise Verblydt in den tydt (réjouissez-vous en temps opportun ; traduction tentative)[2].

Selon Carlier, dans la société, le plus grand éclat fut été en 1700, lorsque Michiel de Swaen remportait partout dans les concours de nombreux prix. De la chambre, à cette époque, le premier vicaire de la paroisse, M. Deseck, était doyen et administrateur ; M. Hector, échevin, en était président, Hoofdman, alors que De Swaen portait le titre de prince de la rhétorique, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Parmi les membres à cette époque figurent l’avocat Pierre Lootens ainsi que l’imprimeur Pieter Labus, lequel édita les Zedelycke Rym-wercken (poésies lyriques, religieuses et morales) de De Swaen, en 1722, et des fragments de sa tragédie de la Mort de Charles-Quint, en 1702[3],[6] La devise poétique et typographique de Labus était : « geluck in druck » (jeu de mots [?] : chance dans l’impression, mais aussi chance parmi les vicissitudes)[6]. En 1700, les membres de cette chambre jouèrent la traduction que De Swaen, membre de la société depuis - au plus tard – 1688, fit du Cid de Corneille.

C’est donc De Swaen qui rendit célèbre, sur la fin de siècle suivant, cette chambre de rhétorique, lorsqu’il commença à y réciter ses vers. Un curieux incident est que, lorsque Michiel de Swaen ne remporta que le second prix à Bruges en 1700, sa chambre s’opposa à cette décision des Brugeois et publia même son recours, l’année suivante, chez l’imprimeur dunkerquois Anth. Franc. van Ursel[7].

Pieter Labus de Dunkerque, contemporain de De Swaen dont il était aussi l'ami et le collègue à la chambre rhétoricienne de saint Michel, écrivit des pièces de vers auxquelles on attribue quelque mérite. Son élégie sur la mort de De Swaen se trouve insérée dans le Vogel Phenix, recueil de chansons néerlandaises imprimé en 1737[6].

L’emblème de la chambre était à ce temps la petite marguerite des champs, de Carssouwebloeme ; de là aussi le nom de Carssouwieren donné à ses membres, leur devise étant Verblyders in den tyd (se réjouissant dans le temps). À partir de là, la société ne jeta plus que de pâles reflets, jusqu'à ce qu'elle s’éteigne elle-même à l'époque de la Révolution. Le dernier président de la chambre aurait été un nommé Lauwereyns, rentier dunkerquois[3].

Notes, sources et références

Couverture des Zedelycke Rym-wercken, de Michiel de Swaen, publiées en 1722 par Pieter Labus
  1. G. D. J. Schotel, Geschiedenis der rederijkers in Nederland, volume 2, J. C. Loman Jr., 1861, p. 247
  2. a, b, c et d Anne-Laure van Bruaene, Article sur une chambre de rhétorique inconnue de Dunkerque dans le Repertorium van rederijkerskamers in de Zuidelijke Nederlanden en Luik 1400-1650 ; le répertoire numérique des chambres de rhétorique des Pays-Bas méridionaux et de la Principauté de Liège
  3. a, b, c, d et e L'Abbé D. Carnel, Les Sociétés de Rhétorique et leurs Représentations dramatiques chez lee (sic) Flamands de France in Annales du Comité flamand de France, Moedertael en Vaderland, tome V, 1860, pp. 63-64
  4. Victor Derode, Histoire de Dunkerque, Reboux, 1852, p 320
  5. Anne-Laure van Bruaene, Om beters wille: rederijkerskamers en de stedelijke cultuur in de Zuidelijke Nederlanden 1400-1650, Amsterdam University Press, 2008, p. 180
  6. a, b et c L'Abbé D. Carnel, Les Sociétés de Rhétorique et leurs Représentations dramatiques chez lee (sic) Flamands de France in Annales du Comité flamand de France, Moedertael en Vaderland, tome V, 1860, pp. 77
  7. G. D. J. Schotel, Geschiedenis der rederijkers in Nederland, volume 2, J. C. Loman Jr., 1861, p. 248

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