Classe Indiana

Classe Indiana
Classe Indiana
USS Indiana, premier cuirassé de la classeUSS Indiana, premier cuirassé de la classe
Histoire
Classe précédente : USS Maine et United States Navy
Période de service : 20 novembre 1895 - 4 octobre 1919
Navires construits : 3
Navires démolis : 3
Navires préservés : 0
Caractéristiques techniques
Type : Cuirassé pré-dreadnought
Longueur : 107 m[2]
Maître-bau : 21,11 m[2]
Tirant d’eau : 8,2 m[2]
Déplacement : 10 453 t[2]
Propulsion :
  • 2 arbres[2]
  • 4 chaudières Scotch par la suite remplacées par 8 chaudières Babcock & Wilcox[2]
Puissance : 9 000 hp (6,7 MW) (conception)[4]
9 700 hp-11 000 hp (7,2-8,2 MW) (essais)[2]
Vitesse : 28 km/h (conception)[4]
28,9-31,1 km/h (essais)[2]
Caractéristiques militaires
Blindage :
  • Ceinture : 460-200 mm[2]
  • Coque : 127 mm[2]
  • Tourelle : 381 mm[2]
  • Kiosque : 254 mm[2]
  • Pont : 76 mm[2]
Armement :
  • 4 × 330 mm (2x2)[2]
  • 8 × 203 mm (4x2)[2]
  • 4 × 152 mm retirés en 1908[2]
  • 12 × 76 mm ajoutés en 1910[2]
  • 20 × 57 mm[2]
  • 6 × 37 mm [2]
  • 6 × tubes torpilles de 450 mm[note 1]
Autres caractéristiques
Équipage : 473 officiers et marins[5]

Les navires de la classe Indiana furent les premiers cuirassés mis en service par l'United States Navy qui soient comparables aux navires européens comme le HMS Hood. Commandés en 1890 et lancés entre novembre 1895 et avril 1896, ils étaient relativement petit avec un important blindage et une artillerie qui ouvrait la voie aux batteries intermédiaires. Conçus pour la défense côtière, leur franc-bord était trop bas pour qu'ils puissent affronter la haute-mer. Leurs tourelles manquaient de contrepoids et leurs ceintures blindées étaient placées trop bas pour pouvoir être efficace en toute circonstance.

Les trois cuirassés furent nommés USS Indiana, USS Massachusetts et guerre hispano-américaine même si l'USS Oregon, stationné sur la côte ouest des États-Unis, dut contourner l'Amérique du Sud pour rejoindre la côte est des États-Unis. Après la guerre ce dernier retourna dans la Pacifique et participa à la guerre américano-philippine et à la révolte des Boxers tandis que ses sister-ships étaient affectés des missions dans l'océan Atlantique. Après 1903, les cuirassés obsolètes furent décommissionnés et recommissionnés à plusieurs reprises. Lors de la Première Guerre mondiale, l'USS Indiana et l'USS Massachusetts servirent de navires écoles tandis que l'USS Oregon escorta les transports de troupes lors de l'intervention américaine en Sibérie.

En 1919, les trois cuirassés furent décommissionnés pour la dernière fois. L'USS Indiana fut coulé dans des eaux peu profondes alors qu'il servait de cible pour des tests d'explosifs et fut vendu pour la ferraille en 1924. L''USS Massachussets fut sabordé au large de Pensacola en 1920 pour servir de cible d'artillerie. L'épave ne fut jamais ferraillée et fait maintenant partie du Florida Underwater Archaeological Preserves. L'USS Oregon fut initialement transformé en navire-musée mais fut par la suite vendu pour le ferraillage durant la Seconde Guerre mondiale. Le démantèlement fut ensuite stoppé et la coque dépouillée servit de transport de munition lors de la bataille de Guam de 1944. La carcasse fut finalement ferraillée en 1956.

Sommaire

Contexte

La classe Indiana était très controversée au moment de son approbation par le Congrès des États-Unis. Un comité convoqué par le Secrétaire à la Marine Benjamin Tracy proposa un ambitieux plan de construction naval sur 15 ans le 16 juillet 1889, trois ans après l'autorisation de l'USS Maine et du 1er rang possédant une vitesse maximale de 31 km/h et un rayon d'action de 10 000 km à la vitesse de 19 km/h. Ces navires de haute-mer étaient envisagés comme une possible flotte de dissuasion. 25 navires de 2e rang à faible rayon d'action devaient assurer la défense côtière des États-Unis dans l'Atlantique et le Pacifique et soutenir les grands cuirassés. Avec un rayon d'action de 5 000 km à 19 km/h et un tirant d'eau de 7 m, ils pouvaient naviguer depuis le fleuve Saint-Laurent au nord jusqu'aux îles du Vent et le Panamá au sud et pouvaient atteindre tous les ports du sud des États-Unis[6],[7].

Il fut également proposé, probablement pour des raisons financières, que les navires à court rayon d'action soient répartis en trois sous-classes. La première composée de huit navires de 8 100 t emporterait quatre canons de 330 mm, la seconde composée de dix navires de 7 200 t serait équipée avec quatre canons de 305 mm et la troisième composée de cinq navires de 6 100 t emporterait deux canons de 305 mm et deux de 254 mm. Les deux cuirassés déjà en construction, l'USS Texas et l'USS Maine seraient placés sous cette dernière catégorie. De plus, 167 navires plus petits dont des croiseurs, des torpilleurs et des béliers cuirassés devaient être construits pour un cout total de 281.55 millions de $[7][8] ce qui était approximativement égal à la somme des budgets de la marine américaine durant les 15 années précédentes (en tenant compte de l'inflation, ce cout est équivalent à 6,6 milliards de dollars de 2009)[9].

Le Congrès était peu favorable à ce plan qui semblait marquer la fin de la politique d'isolation américaine et le début de l'impérialisme. Même les partisans d'une expansion de la marine étaient réticents ; Le sénateur Eugene Hale craignait que du fait de l'ampleur du plan proposé, la loi entière serait rejetée et qu'aucun navire ne serait construit. Cependant, en avril 1890, la chambre des représentants des États-Unis approuva la construction de trois cuirassés de 8 100 t. Benjamin Tracy, soucieux d'apaiser les tensions au sein du Congrès, constata que ces navires étaient tellement performants que 12 seulement seraient nécessaires au lieu des 35 prévus par le plan initial. Il réduisit également les couts de fonctionnement de l'US Navy en cédant les monitors datant de la Guerre de Sécession, qui étaient dorénavant completement obsolètes, aux milices navales opérées par les états[10]. Ce transfert fut approuvé par le Sénat et au total trois cuirassés à court rayon d'action (la classe Indiana), un croiseur et un torpilleur furent autorisés le 30 juin 1890[10][11].

La première classe de navires à court rayon d'action proposée par le comité devait être équipé de canons de 330 mm et des nouveaux affuts de 127 mm. Le blindage devait mesurer 431 mm au niveau de la ceinture principale, 70 mm sur le pont supérieur et 102 mm au niveau des casemates. Cependant la classe Indiana dépassait ces spécifications. Son déplacement était 25% supérieur et la ceinture principale portait un blindage de 406 mm. Une batterie secondaire composée de canons de 203 mm et 152 mm fut également ajoutée car les canons à tir rapide de 127 mm n'étaient pas disponibles. Ces canons étaient plus lents à utiliser et plus lourds mais sans eux, les navires auraient put ne pas être capable de percer le blindage des cuirassés ennemis[12].

Conception

Profils de l'USS Oregon montrant l'emplacement de l'armement

Caractéristiques générales

Les navires de la classe Indiana étaient conçus spécifiquement pour la défense côtière et non pour des actions offensives[13]. Cette conception était reflété par leur rayon d'action limité, leur déplacement relativement faible et par le franc-bord assez bas qui limitait les capacités en haute mer[11]. Ils étaient cependant lourdement armés et protégés, tellement en fait que l'encyclopédie maritime Conway's All The Worlds Fighting Ships les décrit comme une "tentative excessive sur un déplacement très limité"[14]. Ils ressemblaient au HMS Hood britannique mais étaient 18 m plus courts et déployaient une artillerie intermédiaire composée de huit canons de 203 mm qui n'étaient pas utilisés en Europe[11], cela leur donnait une puissance de feu très respectable pour l'époque[7].

Le dessin initial de la classe Indiana incluait des bouchains mais ils furent supprimés au moment de la construction car aucune cale sèche américaine ne pouvait les réaliser. Cela réduisit la stabilité et causa un sérieux problème sur l'USS Indiana lorsque les deux principales tourelles brisèrent leurs accroches lors d'une tempête un an après son lancement. Comme les tourelles n'étaient pas équilibrée, elles balancèrent d'un côté et de l'autre avec les mouvements du navire jusqu'à ce qu'elles soient bloquée par des cordes. Lorsque le navire rencontra une tempête quatre mois plus tard, il fit rapidement route vers un port de peur que les accroches ne cèdent à nouveau[15]. Cela convainquit l'US Navy que les bouchains étaient nécessaires et ils furent par la suite installés sur les trois navires de la classe[16].

Armement

Étant donné leur déplacement limité, la classe Indiana disposait d'un armement impressionnant pour l'époque : quatre canons de 330 mm, une batterie intermédiaire de huit canons de 203 mm, une artillerie secondaire de quatre canons de 152 mm, 20 canons de 57 mm et six de 37 mm ainsi que six[note 1] tubes torpilles de 480 mm[17].

Gaillard d'avant de l'USS Indiana montrant sa tourelle de 330 mm et une tourelle de 203 mm à l'arrière.

Les canons de 330 mm avaient un calibre de 35 (rapport de la longueur du tube sur le diamètre du canon) et employaient de la poudre à canon. Cela leur permettait de tirer un projectile à 11 000 m avec une élévation de 15°. À 5 500 m, un obus pouvait percer 250-300 mm de blindage[18]. Les quatre canons étaient montés en deux tourelles doubles situées au centre du navire à l'avant et à l'arrière. Les tourelles devaient initialement présenter un blindage incliné sur les côtés mais les contraintes d'espace rendirent cela impossible à moins d'utiliser des tourelles beaucoup plus larges ou de modifier leur conception comme cela fut fait pour la donner de la bande dans la direction visée par les canons. Cela réduisait l'élévation maximale (et donc la portée) à environ 5°, plaçait la ceinture principale sous l'eau d'un côté et exposait la portion de coque peu protégée de l'autre. La marine envisagea en 1901 de remplacer les tourelles avec de nouveaux modèles mieux équilibrés employés sur les navires plus récents mais cela fut jugé trop couteux du fait de l'obsolescence des navires. Des contrepoids furent ajoutés et permirent de résoudre partiellement le problème. Les mécanismes hydrauliques de rotation des tourelles de 203 mm furent remplacés par des systèmes électriques plus efficaces. Des nouveaux systèmes de visée furent ajoutés sur l'USS Massachussets et l'USS Oregon ainsi que des nouveaux palans dans les tourelles pour accélérer la vitesse de rechargement[20] mais les montures des canons ne parvinrent jamais à satisfaire toute les attentes[11].

Les huit canons de 203 mm étaient disposés dans quatre tourelles doubles situées dans la superstructure. Leur arc de tir, important en théorie, était en réalité limité. Les canons adjacents et la superstructure pouvaient être endommagés par le souffle du tir si le canon était orienté dans leur direction, un problème également rencontré par les canons de 303 mm[16]. Les canons de 152 mm étaient montés dans deux casemates jumelles situées sur les flancs du navire au niveau du pont principal. Un canon de 57 mm se trouvait entre elles. Les autres canons de 57 mm étaient situés sur la superstructure et les ponts supérieurs. Quatre des canons de 37 mm étaient placés dans des casemates à la poupe et à la proue du navire et deux de plus trouvaient dans la hune[7]. En 1908, tous les canons de 152 mm et ceux d'un calibre inférieur furent retirés pour compenser l'ajout des contrepoids dans les tourelles principales et parce que l'approvisionnement en munitions de ces canons était jugé problématique. Un an plus tard, 12 canons de 76 mm furent ajoutés[20].

Les sources sont contradictoires sur le nombre de tubes torpilles présent sur les navires[note 1] mais il est clair qu'ils se trouvaient dans le "pont-couchette" et se situaient à l'avant et à l'arrière du navire et possiblement au milieu du navire. Situés trop près de la ligne de flottaison pour pouvoir être utilisés pendant le déplacement du navire et vulnérables aux tirs ennemis en cas d'ouverture, ils furent jugés inutiles et leur nombre fut rapidement réduit avant une suppression complète en 1908[20].

Protection

À l'exception du blindage du pont, des tourelles de 203 mm et du château, constitué d'un acier conventionnel allié au nickel, la classe Indiana était protégée avec le nouvel acier Harvey. La principale protection du navire était sa ceinture principale épaisse de 406 mm placée sur les deux-tiers de la coque et s'étendant de 0,9 m au dessus de la ligne de flottaison à 0,3 m au dessous. Au delà de ce point, l'épaisseur diminuait jusqu'à son extrémité 1,3 m sous la ligne de flottaison où la ceinture n'était plus que de 220 mm d'épaisseur. En dessous de la ceinture, le navire n'avait aucun blindage, seulement une double coque. De l'autre côté, la ceinture était reliée aux barbettes des canons principaux protégés par 360 mm de blindage. Dans les sections situées en dehors de la citadelle centrale, les compartiments étaient remplis de cellulose compressée. En cas de dégâts, l'expansion de la cellulose devait permettre de colmater la brèche. Le blindage du pont avait une épaisseur de 70 mm dans la citadelle et 76 mm à l'extérieur. Le château creux était formé d'un blindage de 254 mm d'épaisseur. Les batteries de 330 mm étaient protégées par des barbettes de 381 mm tandis que l'épaisseur de celles protégeant les canons de 203 mm faisaient 203 mm. Les casemates des canons de 152 mm mesuraient 127 mm d'épaisseur tandis que les canons d'un calibre inférieur étaient légèrement protégés[note 2][21].

Chaudière de l'USS Massachusetts

Le placement de la ceinture principale était basée sur le tirant d'eau définit par la conception qui était de 8,2 m avec un chargement normal de 410 t de charbon à bord. Sa capacité totale en charbon était de 1 600 t et lorsque celle-ci était atteinte la ceinture principale était completement immergée. Au cours de leur service actif, en particulier durant la guerre, les navires étaient habituellement chargés au maximum ce qui rendait la ceinture principale presque inutile. Que cela ne fut pas envisagé dans la conception scandalisa le comité Walker chargé de l'évaluation de tous les navires de guerre américains en 1896 et de la conception de la nouvelle modifier] Propulsion

Deux machines à vapeur à triple expansion alimentées par quatre chaudières Scotch entrainaient deux hélices tandis que deux autres chaudières fournissaient de la vapeur pour les machineries auxiliaires[3]. Les machines étaient conçus pour fournir 9 000 hp (6 700 kW) qui permettaient au navire d'atteindre les 28 km/h[4]. Durant les essais en mer, qui furent réalisés avec un chargement limité en charbon et en munitions, il fut remarqué que la puissance développée et la vitesse maximale dépassait les valeurs prévues et qu'il existait des variations significatives entre les trois navires. Les machines de l'USS Indiana développaient 9 700 hp et permettaient au navire d'atteindre les 28,9 km/h. L'USS Massachusetts avait une vitesse maximale de 30,0 km/h avec 10 400 hp tandis que l'USS Oregon atteignit les 31,1 km/h avec 11 000 hp[2]. Huit chaudières Babcock & Wilcox, comprenant huit surchauffeurs furent installés sur l''USS Indiana en 1904 et le même nombre le fut sur l'USS Massachusetts pour remplacer les chaudières Scotch obsolètes[20].

Navires

Nom Coque Constructeur Pose de la quille Lancement Commissionné Destin
USS Indiana BB-1 William Cramp and Sons 7 mai 1891 28 février 1893 20 novembre 1895 Coulé lors de tests d'explosifs ; carcasse ferraillée en 1924
USS Massachusetts BB-2 William Cramp and Sons 25 juin 1891 10 juin 1893 10 juin 1896 Coulé lors de tests d'artillerie ; à présent un récif artificiel
modifier] USS Indiana (BB-1)
L'USS Indiana après la Guerre hispano-américaine. Le navire à l'arrière-plan est probablement l'USS Massachusetts.
Article principal : USS Indiana (BB-1).

Commissionné en 1895, l'USS Indiana ne participa à aucun événement notable jusqu'au déclenchement de la Guerre hispano-américaine en 1898 lorsque le navire entra au sein du North Atlantic Squadron commandé par le contre-amiral William T. Sampson[23]. L'escadre appareilla pour le port espagnol de San Juan dans une tentative pour intercepter la flotte de l'amiral Pascual Cervera y Topete qui quittait les Caraïbes pour l'Espagne. Le port était vide mais l'USS Indiana et le reste des navires américains le bombardèrent durant deux heures avant de réaliser leur méprise. Trois semaines plus tard, les nouvelles rapportèrent que le Flying Squadron du commodore Winfield Scott Schley avait repéré Cervera et que ce dernier était bloqué dans le port de Santiago de Cuba. Sampson rejoignit Schley deux jours plus tard et assuma le commandement[24]. La situation de Cervera était désespéré et il tenta de forcer le blocus le 3 juillet 1898. L'USS Indiana ne participa pas à la poursuite des rapides croiseurs espagnols du fait de son positionnement à l'extrême est du dispositif du blocus[23] et de sa faible vitesse liée à des problèmes mécaniques[25] mais il était près de l'entrée du port lorsque les destroyers espagnols Pluton et Furor émergèrent. Avec le cuirassé Première Guerre mondiale. Il fut finalement décommissionné pour la dernière fois le 31 janvier 1919 peu après avoir été reclassée Coast Battleship Number 1 pour que le nom d'Indiana puisse être attribué au futur navire de la classe South Dakota (la construction de la classe fut cependant annulée en 1922 avant que les navires ne soient terminés). Il fut coulé dans des eaux peu profondes lors de tests d'explosifs sous-marins et d'essais de bombardements aériens en novembre 1920. La carcasse fut vendue pour la ferraille le 19 mars 1924[23].

USS Massachusetts (BB-2)

Article principal : USS Massachusetts (BB-2).
Sabordage de l'USS Massachusetts au large de Pensacola.

Entre son commissionnement en 1896 et le déclenchement de la Guerre hispano-américaine en 1898, l'USS Massachusetts conduisit des exercices d'entrainement au large de la côte est des États-Unis[26]. Durant la guerre, il fut affecté au Flying Squadron du commodore Winfield Scott Schley. Schley partit à la recherche de l'escadre espagnole de Cervera et la trouva dans le port de Santiago. Le cuirassé participa au blocus de la ville jusqu'au 3 juillet mais ne participa à la bataille de Santiago de Cuba car il se rendait à la baie de Guantánamo pour se ravitailler en charbon[27]. Le jour suivant, le navire retourna à Santiago où, avec l'USS Texas, il ouvrit le feu sur le croiseur espagnol Mercedes qui fut sabordé par les espagnols dans une tentative ratée pour bloquer l'entrée du port[28].

Durant les sept années suivantes, l'USS Massachusetts servit au sein du North Atlantic Squadron puis passa une année en tant que navire-école pour les marins de l'académie navale d'Annapolis jusqu'à son décommissionnement en janvier 1906. En mai 1910, il fut recommissionné en tant que navire-école avant d'être placé dans la flotte de réserve de l'Atlantique où il resta jusqu'à son décommissionnement en mai 1914. L'USS Massachusetts fut recommissionné en juin 1917 pour servir de navire-école pour les artilleurs durant la Première Guerre mondiale. Il fut finalement décommissionné pour la derrière fois le 31 mars 1919 peu après avoir été reclassé Coast Battleship Number 2 pour que le nom de Massachusetts puisse être attribué au futur navire de la classe South Dakota. Le 6 janvier 1921, il fut sabordé au lrge de Pensacola et servit de cible pour l'artillerie du Fort Pickens. La marine tenta de vendre la carcasse mais aucun acheteur ne fut trouvé et en 1956 l'épave fut déclarée la propriété de l'état de Floride[26] L'épave fait maintenant partie du Florida Underwater Archaeological Preserves et sert de récif artificiel[29].

USS Oregon (BB-3)

Article principal : USS Oregon (BB-3).

L'USS Oregon servit brièvement au sein de l'escadre du Pacifique avant de réaliser le contournement de l'Amérique du Sud pour rejoindre la côte est en prévision de la guerre avec l'Espagne. Il quitta San Francisco le 19 mars et arriva dans le port de Jupiter en Floride le 24 mai après avoir fait plusieurs escales pour se ravitailler en charbon. Le voyage de 26 000 km fut réalisé en 66 jours, une durée remarquable pour l'époque[30]. Le Dictionary of American Naval Fighting Ships décrivit les effets du voyage sur le public et le gouvernement américain comme "d'un côté l'exploit démontra les nombreuses capacités d'un cuirassé dans toutes les conditions de mer et de vent. D'un autre côté, il balaya toute opposition à la construction du canal de Panama car il devenait évident que le pays ne pouvait pas se permettre de perdre deux mois pour envoyer un navire de guerre d'un océan à l'autre en cas d'urgence"[31]. Après ce périple, l'USS Oregon rejoignit le blocus de Santiago. Il prit part à la bataille de Santiago de Cuba où, avec le croiseur USS Brooklyn, il était le seul navire assez rapide pour pouvoir poursuivre le croiseur espagnol Cristóbal Colón qui se rendit[32]. À cette époque, ol reçut le surnom de "Bulldog de la Navy", probablement du fait de sa haute vague d'étrave qui était désigné comme "avoir un os dans les dents" dans l'argot nautique et de sa persévérance lors du périple autour de l'Amérique du Sud[33].

L'USS Oregon à New York durant une revue militaire après la victoire sur l'Espagne.

Après la guerre, l'USS Oregon fut rééquipé à New York avant d'être renvoyé dans le Pacifique ou il servit de navire-amiral durant deux années. Il participa à la Guerre américano-philippine et passa un an en Chine à Wusong lors de la Révolte des Boxers jusqu'en mai 1901 avant d'être rappelé aux États-Unis pour y être modernisé. En mars 1903, l'USS Oregon retourna dans les eaux asiatiques et le navire resta en Extrême-Orient avant d'être décommissionné en avril 1906. L'USS Oregon fut recommissionné en aout 1911 mais fut placé en réserve en 1914. Le 2 janvier 1915 le navire se rendit à San Francisco pour l'exposition universelle. Il fut replacé au sein du serice actif en avril 1917 lors de l'entrée en guerre des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. L'USS Oregon servit d'escorteur pour les transports de troupes lors de l'intervention américaine en Sibérie. En juin 1919, il fut décommissionné mais fut temporairement recommissionné un mois plus tard lors de la revue militaire du président Woodrow Wilson à l'arrivée de la Flotte du Pacifique à Seattle. Il fut finalement décommissionné pour la dernière fois en octobre 1919. À la suite du Traité de Washington de 1922, l'USS Oregon fut déclaré "inapte au service militaire" en janvier 1924. En juin 1925, il fut prêté à l'état de l'Oregon où il servit de navire-musée et de monument à Portland[31].

En février 1941, l'USS Oregon fut redésigné IX-22. Lors du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale il fut décidé d'utiliser le navire et sa coque dépouillée participa à la bataille de Guam en tant que transport de munition. La coque resta sur place durant plusieurs années mais en novembre 1948, elle brisa ses amarres lors d'un typhon et dériva en mer. Elle fut repérée à 700 km au sud-est de Guam et fut remorquée. La carcasse fut vendue le 15 mars 1956 et ferraillée au Japon[31].

Notes et références

  1. ↑ a, b et c Les sources sont en contradiction sur ce point. Reilly & Scheina évoquent six tubes à la page 57 puis quatre à la page 68. Ils avancent également que sur l'USS Massachussets et l'USS Oregon, l'un des tubes fut supprimé pour des raisons d'encombrement, ce qui laissait cinq ou trois tubes. Le DANFS rapporte six tubes pour les deux derniers mais aucune information n'est donnée pour l'USS Indiana. Friedman rapporte que le contrat prévoyait sept tubes mais deux des navires n'en reçurent que cinq et seulement quatre pour l'USS Indiana.
  2. ↑ Le blindage de l'USS Oregon, construit dans un chantier naval différent, avait des dimensions légèrement différentes, 203 mm au niveau le moins épais de la ceinture principale et le navire n'avait pas de double coque en dehors de la citadelle centrale[21]


  1. ↑ Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 51.
  2. ↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s et t Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 68.
  3. ↑ a et b Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 58.
  4. ↑ a, b et c Friedman, U.S. Battleships, p. 425.
  5. ↑ Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 63.
  6. ↑ Friedman, U.S. Battleships, pp. 23–24, 29.
  7. ↑ a, b, c et d Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 52.
  8. ↑ Friedman, U.S. Battleships, p. 24.
  9. ↑ Budget of the US Navy: 1794 to 2004, www.history.navy.mil, 27 April 2006. Consulté le 1 May 2010
  10. ↑ a et b Friedman, U.S. Battleships, p. 24–25.
  11. ↑ a, b, c et d Gardiner, Steam, Steel & Shellfire: The Steam Warship 1815–1905, p. 121.
  12. ↑ Friedman, U.S. Battleships, pp. 26–27.
  13. ↑ Erreur dans la syntaxe du modèle Article« {{{title}}} », dans Scientific American, vol. 74, 9 May 1896, p. 97 ; cited in Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 210.
  14. ↑ (en) Roger Chesneau, Eugène M. Koleśnik et N.J.M. Campbell, Conway's All the World's Fighting Ships, 1860–1905, London, Conway Maritime Press, 1979 (ISBN 0-85177-133-5), p. 140 
  15. ↑ Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 59.
  16. ↑ a et b Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 60.
  17. ↑ Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 54-55.
  18. ↑ United States of America 13"/35 (33 cm) Mark 1 and Mark 2, navweaps.com, 15 August 2008. Consulté le 1 May 2010
  19. ↑ Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 55.
  20. ↑ a, b, c et d Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, p. 62.
  21. ↑ a et b Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, pp. 56, 58 & 68.
  22. ↑ Friedman, U.S. Battleships, p. 29.
  23. ↑ a, b, c et d Modèle:Cite DANFS
  24. ↑ Graham & Schley, Schley and Santiago, p. 203.
  25. ↑ Graham & Schley, Schley and Santiago, pp. 304 & 317.
  26. ↑ a et b Modèle:Cite DANFS
  27. ↑ Graham & Schley, Schley and Santiago, p. 300.
  28. ↑ Graham & Schley, Schley and Santiago, pp. 471–472.
  29. ↑ USS Massachusetts, Florida's "Museums in the Sea". Consulté le 18 April 2010
  30. ↑ Reilly & Scheina, American Battleships 1886–1923, pp. 66–67.
  31. ↑ a, b et c Modèle:Cite DANFS
  32. ↑ Graham & Schley, Schley and Santiago, pp. 339 & 345
  33. ↑ Ken Lomax, « A Chronicle of the Battleship Oregon », dans Oregon Historical Quarterly, Portland, Oregon, Oregon Historical Society, vol. 106, no 1, 2005, p. 132–146 [texte intégral (page consultée le 31 May 2010)] 


Annexes

Bibliographie

  • (en) Roger Chesneau, Eugène M. Koleśnik et N.J.M. Campbell, Conway's All the World's Fighting Ships, 1860–1905, London, Conway Maritime Press, 1979 (ISBN 0-85177-133-5) 
  • (en) Norman Friedman, U.S. Battleships, An Illustrated Design History, Annapolis, Maryland, Naval Institute Press, 1985 (ISBN 0-87021-715-1) 
  • (en) Robert Gardiner et Andrew D. Lambert, Steam, Steel & Shellfire: The Steam Warship 1815–1905, London, Conway Maritime Press, 1992 (ISBN 0-85177-564-0) 
  • (en) George E. Graham et Schley Winfield S., Schley and Santiago: an historical account of the blockade and final destruction of the Spanish fleet under command of Admiral Pasquale Cervera, July 3, 1898, Texas, W.B. Conkey company, 1902 [lire en ligne] 
  • (en) John C. Reilly et Scheina Robert L., American Battleships 1886–1923: Predreadnought Design and Construction, London, Arms and Armour Press, 1980 (ISBN 0-85368-446-4) 

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