- Jacques-François Grout de Saint-Georges
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Cet article concerne l'officier de marine. Pour la figure de l'émancipation des esclaves, voir Chevalier de Saint-George.
Jacques-François Grout Seigneur de Saint-Georges Surnom Chevalier de Saint-Georges[1] Naissance 17 septembre 1704
à Saint-MaloDécès 24 janvier 1763 (à 58 ans)
à bord du vaisseau Le Fortuné
Canal de MozambiqueOrigine Royaume de France
Allégeance Royaume de France
Arme Marine royale française
Grade Chef d'escadre Années de service - 1763 Conflits Guerre de succession d'Autriche
Guerre de Sept AnsCommandement L’Invincible Faits d'armes Bataille du cap Finisterre (mai 1747) Distinctions Chevalier de Saint-Louis Hommages Rue Grout de Saint-Georges à Saint-Malo Autres fonctions Membre du Conseil de la marine Famille Famille Grout modifier Jacques-François Grout, seigneur de Saint-Georges, né le 17 septembre 1704 à Saint-Malo et tué le 24 janvier 1763 à bord du vaisseau Le Fortuné, qui se trouvait alors dans le canal de Mozambique, est un officier de marine et aristocrate français du XVIIIe siècle. Il se distingue dans la Marine royale pendant la guerre de succession d'Autriche et la guerre de Sept Ans au cours de laquelle il est chargé de protéger les îles de France et de Bourbon. Il parvient au grade de chef d'escadre des armées navales.
Sommaire
Biographie
Origines et famille
Jacques-François Grout de Saint-Georges descend de la famille famille Grout, qui a une origine commune avec celle de Grotius, en Hollande, dont le nom en français est Grout, et en hollandais Groot. Cette famille a donné des bourgmestres et des pensionnaires à la République des Provinces-Unies; des ambassadeurs envoyés dans plusieurs cours de l'Europe et plusieurs savants et hommes de lettres.
Un des descendants de cette famille, Josselin Grout, passe de Hollande à Saint-Malo, en 1430, et s'y établit. Lorsque le roi François Ier, vint en Bretagne, en octobre 1518, il fait tenir en son nom, sur les fonts de baptême, par Galeas de Saint-Severin, Grand écuyer de France, le fils de Jean Grout, l'un des principaux habitants de Saint-Malo ; à cette occasion, le roi accorde plusieurs privilèges à la famille de Grout, et ajoute à l'écusson de ses armes trois fusées de gueules[2].
Le père de Jacques-François Grout est procureur du roi en l'amirauté de Saint-Malo, et sa mère la demoiselle de la Haye. De cette union naissent cinq enfants[3] :
- Bernard Grout, seigneur de Campaneux (5 septembre 1702-), dit le commandeur Grout, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, de l'ordre royal de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, brigadier des armées du roi, mort sans alliance;
- X. dit labbé Grout, grand-vicaire à Saint-Omer;
- Jacques-François Grout, seigneur de Saint-Georges;
- Mademoiselle Grout de la Villejacquin;
- François-Nicolas Grout, seigneur de la Grassinais, capitaine-général garde-côte, en Bretagne
Carrière militaire dans la Marine royale
Jeunesse et débuts au service de la Compagnie des Indes
Jacques-François Grout naît à Saint-Malo, le 27 septembre 1704, et est baptisé le 29 du même mois. Entré à l'âge de seize ans au service de la Compagnie française des Indes orientales, il navigue en sous-ordre sur les vaisseaux de cette compagnie entre 1720 et 1734, époque à laquelle il est appelé à les commander en chef[4].
Lors d'un voyage en compagnie de M. Danycan, à Canton, en Chine, lorsqu'un violent incendie éclate en cette ville. Apprenant le désastre les deux Malouins accourent aussitôt avec leur équipage; et parviennent à sauver la plus grande partie de cette cité. L'empereur ayant su ce qu'avaient fait en cette occasion les Français, leur envoie en remerciement, un pain d'or, un autre d'argent, et une certaine quantité de thé impérial, nommé ainsi parce qu'il était réservé pour l'usage particulier de la cour du souverain.
Guerre de succession d'Autriche (1740-1748)
Article détaillé : Guerre de succession d'Autriche.Il revenait, en 1744, de son huitième voyage aux Indes ou à la Chine, lorsqu'il reçoit en route la nouvelle de la déclaration de guerre entre l'Angleterre et la France. Ayant relâché à Louisbourg sur l'île Royal, suivant ses instructions, il y trouve de nouveaux ordres lui demandant d'armer son vaisseau en guerre et d'escorter en France la flotte du Canada et des Indes, avec trois vaisseaux du roi et un de la Compagnie, aussi armé en guerre. Séparé par une tempête des vaisseaux de guerre deux jours seulement après son départ, Saint-Georges parvient le premier de tous en France sans que les flottes ou escadres anglaises qu'il lui avait fallu éviter ne lui causent de dommages[4].
Vers la fin de 1746, le roi ayant accordé à la compagnie trois vaisseaux de guerre pour escorter ceux qu'elle armait et pour soutenir ses établissements dans l'Inde, le ministre de la Marine Maurepas lui en donne le commandement en chef avec la commission de capitaine de vaisseau pour la campagne[4].
Bataille du cap Finistère, 14 mai 1747
Article détaillé : Bataille du cap Finisterre (mai 1747).L’Invincible, démâté dans un port anglais. Le vaisseau de 74 canons n'a été saisi qu'après 8 heures de combat et l'épuisement de ses munitions. Le 1er mars 1747, il est associé à l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, avec permission d'en porter la croix jusqu'au temps où il serait reçu chevalier; ce qui n'avait pu lui être accordé à cette époque, par défaut de service.
Il se distingue, trois mois après, dans son fameux combat au large du cap Finisterre dans l'escadre du marquis de La Jonquière contre la flotte anglaise de l'amiral Anson. Il commande à cette occasion L’Invincible, 74 canons, qui livre un combat aussi acharné que désespéré à toute l'escadre anglaise. Ce beau et puissant navire, sorti depuis peu des chantiers navals (1744) montre sa valeur et ne se rend qu'après huit heures de combat, ses munitions étant épuisées[5]. Il permet ainsi à la flotte marchande escortée de s'enfuir.
Un capitaine anglais fait l'éloge du comportement des officiers français : « Je n'ai jamais vu une meilleure conduite que celle du commodore français; et, pour dire la vérité, tous les officiers de cette nation ont montré un grand courage; aucun d'eux ne s'est rendu que quand il leur a été absolument impossible de manœuvrer[6] ». L'amiral anglais, impressionné par sa bravoure, et par la belle résistance qui lui avait été opposée, lui offre une montre d'or à répétition. Le roi George II, à son tour, n'est pas moins courtois envers le commandant de L'Invincible. Lorsque le brave Malouin lui est présenté à Kingston, en Jamaïque, il lui exprime toute son admiration pour sa belle conduite dans le combat si inégal du 14 mai, et il lui dit, en présence de toute sa cour, qu'on ne pouvait donner d'assez grands éloges à la bravoure que la marine française avait déployée dans cette journée, ni assez féliciter le roi de France d'avoir des serviteurs tels que lui.
Guerre de Sept Ans (1756-1763)
Article détaillé : Guerre de Sept Ans.Devenu chef d'escadre il est chargé, en 1761, de protéger les îles de France et de Bourbon, avec ce qui nous restait, dans ces parages, des vaisseaux échappés a la défaite du comte d'Aché. Monsieur de Saint-Georges force la flotte anglaise, vainqueur dans presque toute l'Inde à respecter ces deux colonies. Ayant secouru, en 1762, l'imam de Mascate, allié de la France, il remporte une grande victoire sur les Arabes bien qu'il dispose alors de forces bien moins nombreuses.
Il meurt dans la nuit du 23 au 24 janvier 1763, à bord du vaisseau le Fortuné, étant alors par le « travers de Mosambique ».
Quand Louis XV apprit sa mort : « C'est un vrai malheur pour le royaume! je perds en lui un de mes meilleurs officiers » et, par reconnaissance, le monarque assigne à son frère François-Nicolas-Louis Grout de la Grassinais, capitaine général garde-côte de Bretagne, une pension de 1000 livres, réversible sur ses enfants. Non moins bienfaisant que brave, M. de Saint-Georges, dans son testament, dressé à Paris le 9 janvier 1761, entre autres legs pieux, avait assigné un fonds de 3000 livres pour l'établissement à perpétuité, dans l'Hôtel-Dieu de Saint-Malo, (l'un lit en faveur d'un matelot de ce département, blessé soit au service du roi, soit en course. Il avait fondé en même temps deux grandes messes annuelles de requiem; l'une pour le repos de son âme et de celle de tous ses parents inhumés dans l'église Saint-Sauveur; l'autre pour tous les marins tués à ses côtés en 1747, sur le vaisseau L'Invincible.
Notes et références
- Ordre de Saint-Louis À partir de son entrée dans l'
- Écartelé, aux 1 et 4, de sable, à trois têtes de léopard d'or ; aux 2 et 3, d'argent, à trois fusées rangées accolées de gueules
- Viton de Saint-Allais, pp. 84-85
- Michaud, p. 318
- Le chevalier de Saint-Georges, qui commande l’Invincible aurait fait tirer en chargeant les canons avec son argenterie. Anecdote contée par Georges Lacour-Gayet, p.170-171.
- Cité par Guy Le Mong, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Editions, 2011, p.304. « The French fought with equal conduct and valour » note l'historien anglais Grant (« Les Français se sont battus avec une égale conduite et valeur »). Cité par Jean-Claude Castex, p.82-83.
Sources et bibliographie
- François Gille Pierre Barnabé Manet, Biographie des Malouins célèbres, nés depuis le 15e siècle jusqu'à nos jours sur Google Livres, chez l'auteur, 1824, pages 86 et suivantes
- Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne sur Google Livres, Michaud, Paris, 1857, pages 317-321
- Nicolas Viton de Saint-Allais (dir.), Nobiliaire universel de France: ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Volume 4, Au bureau du Nobiliaire universel de France, Réimprimé à la Librairie Bachelin-Deflorenne, 1873, pages 83-85
- Charles Cunat, Saint-Malo illustré par ses marins: précédé d'une notice historique sur cette ville depuis sa fondation jusqu'à nos jours sur Google Livres, Imprimerie de F. Péalat, 1857, pages 361-369
- Jean-Claude Castex, Dictionnaire des batailles navales franco-anglaises, 2004, Presses de l'Université Laval, (ISBN 2-7637-8061-X).
- Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Editions, 2011.
- George Lacour-Gayet, La Marine militaire de la France sous le règne de Louis XV, Honoré Champion éditeur, 1902, (ouvrage dans le domaine public, consultable sur le site archive.org).
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