- Bradley Manning
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Bradley Manning, binational américano-britannique[1], est né en 1987 à Crescent, dans le Comté de Logan en Oklahoma (États-Unis). Analyste militaire de l'armée américaine de grade PFC (anciennement Specialist, ou SPC) il est accusé d'avoir transmis à Wikileaks différents documents militaires classés secret défense. Certains le voient comme un criminel, d'autres, comme un « lanceur d'alerte » garant de la démocratie. Actuellement en détention, il n'a pas encore été jugé.
Sommaire
Biographie
Bradley nait aux États-unis en 1987 et grandit à Crescent, une localité de la Bible Belt. Son père, militaire, est un homme sévère, mais souvent absent du foyer familial[2],[3].
Sa mère, Galloise, ne s’adaptant pas au mode de vie américaine, repart au Royaume-Uni avec Bradley, lors de son divorce en 2001. Il suit alors sa scolarité au pays de Galles et notamment à la Tasker Milward school : il y subit des vexations, non pas du fait de son orientation sexuelle alors ignorée par ses propres amis, mais du fait de sa singularité ; des amis d'alors se souviennent aussi d'un jeune homme qui n'hésitait pas à dénoncer les injustices dont il pouvait être le témoin[4]. Après le lycée, sa mère le renvoie aux États-Unis où il part vivre chez son père. Ce dernier le jette à la rue lorsqu’il découvre l’homosexualité de Bradley.
D’un caractère réservé, il passe son temps devant son ordinateur, mais défend des opinions très arrêtées (dans l'Oklahoma, par exemple, il refuse de réciter le verset qui se réfère à Dieu dans le serment d’allégeance au drapeau américain), mais pouvait parfois se montrer caractériel lorsqu’il est contrarié. Chassé du domicile paternel, il vit alors dans sa voiture et enchaîne les petits boulots où, là encore, il se distingue par ses coups de gueule. Le patron d’une petite entreprise informatique, qui l’a brièvement employé, se souvient d’un garçon certes très doué pour la programmation mais avec « la personnalité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine »[5].
En 2007, il s’engage dans l’armée, sur les conseils d’un ami, espérant y trouver enfin sa place. Il est reconnu pour ses compétences en matière informatique, et on le dirige alors vers une carrière d’agent de renseignement et est envoyé en Irak. Mais de nouveau, Manning a du mal à cacher son homosexualité comme il est censé le faire en vertu de la loi Don't ask, don't tell (« ne rien demander, ne rien dire »). À ses amis extérieurs à la caserne, il fait part des allusions, moqueries et brimades dont il est l’objet.
Avant son affectation en Irak, Bradley Manning avait fait connaissance − par l'intermédiaire d'un amant — de personnes qualifiées de « gauchistes et pirates informatique »[réf. nécessaire]. Ses contacts avec Wikileaks auraient eu lieu à cette période-là.
Contexte de l'accusation
En avril 2010, WikiLeaks donnait à voir une vidéo titrée Collateral Murder ; le 7 juillet, les autorités américaines désignaient Bradley Manning comme l'informateur de WikiLeaks[6].
C'est le magazine Wired qui annonça le premier l'arrestation de Bradley Manning : le 6 juin un article co-signé par Kevin Poulsen racontait comment Manning aurait provoqué son arrestation par ses propres vantardises qui furent ultérieurement rapportées aux autorités par son interlocuteur, Adrian Lamo[7]. L'article précisait que ni le Département d'État, ni le FBI ni l'Armée n'avaient encore confirmé cette arrestation[8]. Le 7 juin, l'Armée publiait un très bref communiqué sur cette affaire[9]. Le 8 juin, le magazine Wired rapportait que les autorités américaines s'interrogeaient sur la responsabilité de Manning dans la publication de 260 000 cables. Le Département d'État n'avait pas alors la certitude que les dépêches aient été déjà transmises à Wikileaks (ce n'est qu'à partir du 28 novembre 2010 que Wikileaks diffusera ces dépêches). Début juin, Bradley Manning n'est pas encore officiellement accusé ; suspect, il n'est l'objet que d'une enquête[10].
Le 25 juillet 2010 Wikileaks rendait publics les Afghan War Diaries ; le 26 juillet la presse rapportait que Bradley Manning avait été désigné comme la source des Afghan War Diaries[11].
À partir du 21 mai 2010, Manning aurait eu des conversations en ligne avec Adrian Lamo[12]. Manning aurait prétendument expliqué à un journaliste, et précédemment au hacker Adrian Lamo, avec qui il avait sympathisé, qu'il aurait publié la vidéo titrée Collateral Murder du raid aérien du 12 juillet 2007 à Bagdad. Lamo ayant eu par le passé des ennuis avec la justice américaine, prit peur, craignant d’être de nouveau suspecté pour complicité. Il le dénonça alors au FBI et envoya également une copie de ses discussions par Mails avec le jeune soldat au magazine Wired, qui en publia des extraits[13].
Poursuites contre Bradley Manning
Arrêté par l'United States Army Criminal Investigation Command en juin 2010[14],[15], Manning a d'abord été détenu plus d'un mois dans une prison militaire de Camp Arifjan, au Koweït, sans aucune charges[6],[16],[17]. Il est détenu sur la base de Quantico, en Virginie depuis le 29 juillet 2010. Il devrait être entendu au début de l'année 2011 à l'occasion d'une audience préliminaire, avant de comparaître devant une Cour Martiale probablement au printemps 2011[18],[19].
Accusations portées contre Manning
Début juillet, Bradley Manning a été inculpé de huit chefs d'inculpation criminels et de quatre violations du règlement militaire[20]. Deux accusations, fondées sur le Uniform Code of Military Justice (UCMJ) en ses articles 92 et 134, sont portées contre lui : « transfert de données secrètes sur son ordinateur personnel et ajout de logiciel non autorisé sur un système informatique confidentiel », ainsi que « communication, transmission et envoi d'information traitant de sécurité nationale à une source non autorisée »[6],[21].
Il encourt 52 ans de prison pour les actes qui lui sont reprochés[16].
Son avocat militaire commis d'office est Maj. Thomas F. Hurley. Depuis fin août 2010 son avocat civil est David Coombs[14]. On ne dispose d'aucun témoignage public de Bradley Manning lui-même depuis son incarcération. L'une des rares personnes à l'avoir rencontré depuis à Quantico est David House[1].
Conditions de détention
Bradley Manning est soumis à un isolement carcéral maximum (Maximum Custody Detainee) dans des conditions qui prêtent à controverse[22] : tandis que certains rappellent que l'isolement dans lequel Manning se trouve est comparable à une situation de torture psychologique[1]
Conséquences et développements de l'Affaire Manning
Hilary Clinton accepte « avec regrets » en mars 2011 la démission d'un de ses porte-paroles au département d'Etat américain, Philip J. Crowley, suite aux propos « pleinement revendiqués » par ce dernier qu'un journaliste de la BBC a rapportés dans lesquels le traitement que le Pentagone réserve à Bradley Manning est qualifié de « ridicule, improductif, et stupide »[23],[24],[25].
Soutien à Bradley Manning
Manifestations de soutien de par le monde
Des manifestations de soutien à Bradley Manning ont eu lieu en Irlande[26], aux Pays-Bas[26], au Canada[26], en Australie[27] et aux États-Unis[26] (à Washington[28], à San Diego[27], à Cambridge/Boston[27], à Oakland[27]…)
Courage de résister
Courage de résister (en anglais, Courage to resist) est un réseau basé à Oakland et défend les soldats qui refusent de se battre[29] au travers de son site web.
Comité de soutien à Bradley Manning
Le Comité de soutien à Bradley Manning (en anglais, Bradley Manning Support Network) a été monté par Mike Gogulski[30], citoyen américain vivant en Slovaquie, dans le but de lever des fonds pour payer les frais d'avocat (estimés à 130 000 $)[19] de Bradley Manning. Un ami de celui-ci, David House, est aussi impliqué dans le montage de ce comité qui a été coordonné par Courage de résister.
Plusieurs personnalités ont rejoint ce comité. Parmi elles, le lanceur d'alerte américain qui a livré pendant la guerre du Viêt Nam les Papiers du Pentagone, Daniel Ellsberg[31], le réalisateur engagé Michael Moore[31] qui a soutenu le comité à hauteur de 5 000 dollars[30], l'ancien agent de la CIA et militant politique Ray McGovern[32], le colonel à la retraite Mary Ann Wright[32].
Wikileaks a contribué au comité de soutien à hauteur de 15 000 $ et l'ensemble des fonds levés par le comité dépassaient en janvier 2011 les 100 000 $[33].
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « Bradley Manning » (voir la liste des auteurs)
- (en) La question de la double nationalité de Bradley Manning - né de mère britannique, sur le sol américain - a été soulevée par le journaliste Glenn Greenwald « The inhumane conditions of Bradley Manning's detention », salon.com, le 15 décembre 2010. La législation britannique le confirme
- Le père de Bradley, Brian Manning connut sa femme Susan alors qu'il était en garnison en au Royaume-Uni à Cawdor Barracks (Brawdy). Après leur mariage, ils se rendirent aux États-Unis en 1979.
- (en) Andy Whelan, Sharon Churcher, « FBI question WikiLeaks mother at Welsh home: Agents interrogate 'distressed' woman, then search her son's bedroom », Mail online, 1er aout 2010
- (en) « WikiLeaks: Bradley Manning 'set up own Facebook' », Channel4News, le 1er décembre 2010
- « Bradley Manning, “Gorge profonde” de WikiLeaks », Libération, 29 novembre 2010 Lorraine Millot,
- (en) US soldier charged over Apache Wikileaks video, ABC News, le 7 juillet 2010
- (en) Soldier Suspected Of Leaking Classified Data Arrested, NPR News, le 7 juin 2010
- (en) Kevin Poulsen, Kim Zetter, « U.S. Intelligence Analyst Arrested in Wikileaks Video Probe », Wired, le 6 juin 2010
- (en) Army Intel Analyst Arrested In Connection With Leak Of Iraq Video, NPR, le 7 juin 2010
- (en) Kevin Poulsen, Kim Zetter, « State Department Anxious About Possible Leak of Cables to Wikileaks », Wired, le 8 juin 2010
- (en) Leak of Afghan war logs condemned, CBC, le 26 juillet 2010
- (en) Kevin Poulsen, Kim Zetter, « ‘I Can’t Believe What I’m Confessing to You’: The Wikileaks Chats », Wired, le 10 juin 2010
- « L'auteur de la plus grande “fuite” américaine est un militaire désœuvré », Le Monde, 28 novembre 2010
- (en) Bradley Manning Support Network accepts responsibility for all expenses to defend accused Wikileaks whistle-blower, bradleymanning.org, le 8 décembre 2010
- (en) Xeni Jardin, « US will press criminal charges against Manning, alleged Wikileaks source », Boing Boing, le 6 juillet 2010
- (en) Xeni Jardin, « US Army: alleged Wikileaks source Manning faces 52 years », Boing Boing, 6 juillet 2010.
- (en) Kevin Poulsen, Kim Zetter, « Three Weeks After Arrest, Still No Charges in Wikileaks Probe », Wired, 16 juin 2010.
- (en) David Coombs, « Bradley Manning legal update and overview », Courage to resist, le 1er novembre 2010
- (en) Robert Booth, Heather Brooke, Steven Morris, « WikiLeaks cables: Bradley Manning faces 52 years in jail », Guardian.co.uk, le 30 novembre 2010
- Bradley Manning, la taupe supposée de WikiLeaks, NouvelObs.com, le 30 novembre 2010
- (en) David Dishneau, « Alleged Army whistleblower felt angry and alone », Associated Press, 7 juillet 2010
- (fr) « WikiLeaks : Bradley Manning, le détenu qui embarrasse les Etats-Unis », lemonde.fr, le 21 avril 2011
- (en) « ridiculous and counterproductive and stupid »
- (en) PJ Crowley: Bradley Manning's treatment by US "stupid", BBC, 12 mars 2011
- Démission du porte-parole du département d'Etat américain, L'Express, 13 mars 2011
- (en) Montreal protesters rally in support of WikiLeaks, The Montreal Gazette, 18 décembre 2010
- Wikileaks : manifestations pour le soldat accusé, Gilles Klein, Arrêt sur images, le 16 septembre 2010
- Le soldat Manning, source de WikiLeaks, « puni » en prison Laure Mandeville, Le Figaro du 27 janvier 2011
- (en) Lien vers le site Courage to resist
- (en) Michael Moore Praises Suspected WikiLeaks Source,David Dishneau, Associated Press, 21 août 2010
- WikiLeaks : l'enquête sur Bradley Manning patine Le Monde du 25 janvier 2011
- (en) Michael Moore campaigns to free Bradley Manning in war logs case, Chris McGreal. The Guardian, 15 septembre 2010
- (en) WikiLeaks contributes to Manning defense, support group says, CNN, 15 janvier 2011
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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