- Barthélemy Guérini
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Barthélemy Guérini dit Mémé (1908-1982) est le frère d'Antoine Guérini. Issus d'une famille de Calenzana en Corse, ils furent tous deux des figures dominantes du milieu marseillais de l'après-guerre. Décoré de guerre pour fait de Résistance, Barthélemy Guérini sera condamné à vingt ans de prison en 1969 pour complicité d'assassinat[1].
Sommaire
Un jeune Corse au sang chaud
Né en 1908 à Calenzana, fils du bûcheron Félix Guérini, Barthélémy (dit Mémé) est membre d'une fratrie de huit enfants (six garçons et deux filles). En 1922, âgé de 13 ans, il sera le premier membre de la famille a quitter l'île de Beauté pour aller vivre sur le continent, sans même savoir parler français, ni lire ou écrire. Arrivé à Bordeaux il fait la connaissance de Titi Colonna, ami de son père et figure du Milieu bordelais, qui lui présente une certaine Léonie, tireuse de carte. Mémé se lie à cette jeune fille et enchaîne les petits boulots.
Deux ans plus tard il rejoint son frère Antoine à Nice avant de partir avec lui pour Marseille. Léonie commence à se prostituer tandis qu'Antoine se met lui aussi à jouer les proxénètes. Si Mémé est moins remarqué que son aîné, il reste néanmoins encore plus déterminé que lui, voulant s'éloigner le plus possible de la misère dans laquelle il a grandi.
Au début des années 1930 Antoine s'est fait un véritable nom dans le Milieu marseillais et propose alors à son frère de s'associer avec lui. Jusqu'à la guerre, ils ne cesseront de monter en puissance, possédant deux bars et une bonne dizaine de maisons closes à la fin des années 1930. Pour les aider dans cette activité, toute la fratrie débarque à Marseille, assurant des postes comme serveur ou barman. Antoine et Barthélémy ont aussi su à cette époque mettre tous les atouts de leur côté en s'assurant de solides appuis politiques (ils fournissaient des colleurs d'affiches et du personnel d'ordre à la SFIO) et en évitant d'affronter de face Carbone et Spirito, les patrons de la ville.
Un voyou Résistant
Les méthodes de l'occupant allemand, et a fortiori des collaborateurs français, indignent profondément Mémé Guérini. Il prend sans hésiter le parti de la Résistance et en 1940, il rejoint le groupe du contre-espionnage français du commissaire Blémant. Alors que la position d'Antoine reste ambiguë (il aide résistants et juifs à se cacher tout en commerçant avec l'occupant), Barthélemy prendra lui directement part aux combats (un autre des frères Guérini, Pascal, organise une filière de fuite pour les clandestins). Mémé se battra dans toute la France aux côtés des résistants et fera à cette occasion la rencontre de Gaston Defferre, une relation qui servira beaucoup à la fratrie après guerre.
Le courage et le patriotisme de Mémé lui permettront de faire partie des dirigeants du réseau clandestin "Joseph le Fou", branche du réseau "Brutus", et d'être décoré à la Libération. De nombreux faits d'armes émaillent la période résistante de Mémé : le guet-apens d'un convoi qui transportait une jeune juive de douze ans, la décapitation d'un traître qui avait dénoncé des résistants, l'attaque d'un char d’assaut en plein Marseille[réf. nécessaire]. Et des déchirures, comme la mort de son aimée du moment, une jeune fille rencontrée en Corse, noyée sous ses yeux suite au torpillage par un sous-marin italien du bateau dans lequel ils voyageaient. Ou cette fois où, attrapé par les allemands, il ne dût son salut qu'à l'aide d'une courageuse religieuse. Certains[Qui ?] doutent en revanche de la réalité de cette Résistance, et avancent que la décorations de Mémé à la Libération tient surtout à l'ampleur de ses relations politiques.[réf. nécessaire]
Retour aux affaires
Après la guerre, les Guérini ont le champ libre, leur deux principaux ennemis étant sur la touche : Paul Carbone est mort dans un accident de train tandis que François Spirito est en fuite. Et avec l'arrivée de Gaston Defferre à la mairie de Marseille en 1947, ils deviennent véritablement les nouveaux rois de la ville.
C'est à partir de cette époque que Mémé commence à s'éloigner du Milieu, préférant fréquenter le grand monde. Il organise régulièrement des banquets et des réceptions qui réunissent des personnalités de la politique, des affaires et du show-business. Même si dans les faits c'est Antoine qui dirige le clan, Barthélemy est le plus en vue de la fratrie Guérini. Apprécié des marseillais pour sa générosité, il a une réputation d'homme affable et diplomate. Chaque jour il accueille de nombreux voyous dans sa villa cossue, donnant des conseils, essayant de régler les différends, s'occupant des histoires d'honneur, des relations, donnant des feux verts et des interdictions... L'homme se plaît dans ce rôle de juge de paix.
En 1965, de vifs débats animent le clan. Antoine voudrait en effet abattre Robert Blémant, qu'il accuse d'être responsable de l'échec financier du "Grand Cercle". Bien que vivement opposé à cette exécution, Mémé n'arrivera pas à raisonner son frère : le 4 mai 1965, Blémant est abattu par deux tueurs motorisés. C'est le début de la fin pour le clan.
En 1966, le chauffeur et l'un des deux tireurs sont abattus. Le 23 juin 1967, c'est Antoine Guérini qui est tué, preuve que dans le Milieu personne n'est intouchable. Lors de l'enterrement du "seigneur", deux cambrioleurs ont l'audace de s'en prendre à sa villa. L'un ira s'excuser de lui-même auprès de Mémé Guérini qui le laissera partir après un tabassage en règle. Le second est tué de huit balles dans le corps. Barthélémy, Pascal et François Guérini sont arrêtés quelques jours plus tard, clamant à qui veut l'entendre leur innocence. François meurt à la prison des Baumettes d'une crise cardiaque tandis que Mémé est condamné à vingt ans de prison le 15 janvier 1969 (Pascal à quinze, deux autres hommes à dix et un troisième est relaxé). Peu avant, le 23 décembre, le fils naturel de Mémé - René Mondoloni - est poignardé dans son lit d'hôpital où il est plongé dans un profond coma suite à un accident de voiture, sous les yeux de son cousin Félix (qui avait déjà assisté à la mort de son père Antoine). Mondoloni aurait été l'un des assassins de Blémant et était lui-même à la recherche des hommes qui avaient tué son oncle.
Dernières années et décès
Le 4 mars 1978, après plus de dix ans de détention, atteint d'un cancer du rectum, Barthélemy Guérini est libéré en conditionnelle. Décidé à s'éloigner le plus possible du Milieu, il lâche les affaires et vit ses dernières années près des siens. Il mourra le 1er mars 1982 à La Valette, une clinique privée de Montpellier, à l'âge de 73 ans. Peu avant de mourir il aurait lâché "Je n'irai plus à Marseille".
Notes
- Steve Rivele, Les assassins de JF Kennedy, L'Express, 4 novembre 1988
Voir aussi
Articles connexes
Sources
- Marie-Christine Guérini, La Saga Guérini, Flammarion, 2003
- Jérôme Pierrat, Une Histoire du Milieu, éd. Denoël, 2003
- Jacques Follorou et Vincent Nouzille, Les Parrains Corses, éd. Fayard, 2004
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