Biosurveillance humaine

Biosurveillance humaine

La biosurveillance humaine (ou « surveillance biologique humaine ») est l'une des multiples formes possibles de biosurveillance ; qui considère le corps humain comme récepteur ou traceur de certains polluants (ou pathogènes), via l'analyses de ;

La biosurveillance humaine est de plus en plus utilisée et intégrée dans les approches épidémiologiques voire éco-épidémiologiques, qui consistent à examiner la relation de cause à effet entre les problèmes de santé et l'exposition aux substances chimiques dans l'environnement. Elle consiste à évaluer la présence de certaines substances indésirables ou toxiques dans l'organisme humain comme on le fait déjà dans les plantes, champignons, animaux, bactéries.. pour mieux évaluer leur « biodisponibilité » spécifique pour l'homme (en particulier pour l'enfant ou d'autres groupes vulnérables)[1]. Elle permet éventuellement de détecter des effets synergique entre plusieurs produits (synergies positives ou négatives).

En France, le Grenelle de l’environnement (2007) et le Plan national santé environnement soutiennent le développement d'une biosurveillance appuyée par des enquêtes transversales et des études clinico-biologiques.

Sommaire

Les cibles de la biosurveillance humaine

Ce sont des molécules connues, suspectées ou à découvrir, ou éventuellement des pathogènes. Les polluants les plus souvent ciblés et recherchés dans les années 1990-2010 sont :

etc.

Utilité, objectifs de la biosurveillance humaine

il s'agit de :

  • mieux détecter, connaitre et comprendre afin de les mieux traiter (quand cela est possible) les impacts des substances listées ci-dessus (produits chimique le plus souvent) ainsi que des produits qui en découlent (produits de dégradation, ou métabolites) ;
  • permettre une surveillance permanentes de l'état de santé de la population ;
  • contribuer à la veille vigilance et alerte sanitaire ;
  • anticiper, améliorer et évaluer la gestion de crise sanitaire ;
  • évaluer l'efficacité des mesures (pour la santé mais aussi pour l'état de l'environnement).

Ces enquêtes permettent aussi d'avoir des références nationales plus précises de taille, poids, tension, facteurs génétique ou environnementaux de prédisposition, etc.

Échelles

  • spatiale : les études de biosurveillance humaine peuvent porter sur un quartier, une ville, une région, un pays, un continent ou toute la planète ;
  • temporelle : les études peuvent durer de quelques années à une période sans date-butoir précisée ;
  • de populations : les études peuvent concerner toute une population ou une sous-populations (femmes, enfants, personnes âgées, origine ethnique particulière, population vulnérable ou supposée surexposée, etc... pour déterminer des niveaux d'exposition et de risque pour ces groupes particuliers.

L'être humain comme bioindicateur ?

L’homme, le spermatozoïde, la fertilité humaine, la durée moyenne de vie, ou le taux de cancers (et leur nature) ou d'autres maladies peuvent faire partie des batteries d'indicateurs évaluant l'état de l'Environnement.

Ce sont les « intégrateurs naturels » les plus objectifs d'un état environnemental, et donc des impacts des activités humaines combinés à d’éventuels aléas bio-géo-climatiques naturels... (ce qui les rend éventuellement plus facilement contestables).

  • Avantages : ils traduisent une réalité biologique. Ils peuvent confirmer ou infirmer les indices de performance.
  • Inconvénients : ils sont parfois frustrants pour l’utilisateur, car s’ils mettent en évidence un problème et ses symptômes, ils n'en désignent pas avec certitude (avant expérience de confirmation) les causes (souvent multiples).

Les bioindicateurs ne sont pas une agrégation d’indicateurs mesurés. Ils intègrent naturellement l’extrême complexité, les synergies et les inerties propres aux écosystèmes. De nombreux acteurs susceptibles d’être responsables d'une dégradation environnementale nieront donc aisément leur responsabilité. La bioindication est cependant utile ou nécessaire à de nombreux protocoles d'évaluation, et parfois à l’application du précaution.

La commission européenne en 2007, après quatre ans de discussions sur le thème Santé-Environnement a validé un projet pilote de biosurveillance chez l'homme.

Dans le monde

À titre d'exemple, l’OMS suit depuis 1997 l'exposition humaine à certaines dioxines et PCB via le lait maternel.

En Europe

Une stratégie européenne (adopté en 2003) en matière d’Environnement et de Santé vise à réduire les maladies environnementales en Europe, et a été suivie d'un plan d'action européen 2004-2010 en faveur de l'environnement et de la santé intégrant notamment un « système d’information intégré sur l’environnement et la santé », et une biosurveillance humaine que les États-membres doivent coordonner en veillant à harmoniser leurs pratiques pour aboutir à l'inter-comparabilité de leurs résultats. Mi-2008 le parlement européen suite à une première évaluation du plan d’action, considérant « l'importance de la surveillance biologique humaine comme outil d'évaluation du degré d'exposition de la population européenne aux effets de la pollution et la volonté maintes fois répétée par le Parlement au point 3 de sa résolution du 23 fevrier 2005, précitée », et « dans les conclusions du Conseil "Environnement" du 20 décembre 2007 de hâter la mise en place d'un programme de surveillance biologique a l'échelle de l'Union » a recommandé « la mise en place d'un système de biosurveillanceà l'échelle de l'Union afin de faciliter la mesure de l'interaction polluants/impact sur la santé. »[2] Ce même rapport rappelle que « la mise en place d'un système de bio surveillance a l'échelle de l'Union afin de faciliter la mesure de l'interaction polluants/impact sur la santé » était la seconde recommandation du parlement pour le Plan d'action environnement et sante ;

En Allemagne

  • La German Environmental Survey (GerES) lancée par l’Agence fédérale allemande de l’environnement (Umweltbundesamt [3]) examine à intervalles réguliers un pool de volontaires, pour mesurer l'exposition des allemands à certains polluants, et leurs impacts sanitaires (y compris dans l'environnement intérieur, et pour le bruit).
  • La GerES IV porte sur un sous-échantillon de 1 790 enfants (3 à 14 ans) choisis dans le pool German Health Interview and Examination Survey (GHIES) (sang et urine sont analysés. Des audiométries sont aussi faites chez une partie des enfants depuis 1991 par le Robert Koch Institute[4]). De mai 2003 à mai 2006 17 641 jeunes de 0 à 17 ans ont été suivis par la GHIES. La Commission nationale de biosurveillance, créée en 1992, accompagne ces projets en validant les protocoles, critères et valeurs guides.

Belgique

La Région Flamande soutient la biosurveillance via l’Institut flamand de recherche technologique (VITO) avec un suvi de la population générale et localement de populations exposés à des sites pollués. Un programme de biosurveillance sur cinq ans a démarré en 2002, couvrant 5 % du territoire et de la population avec suivi de plusieurs biomarqueurs d’exposition et d’effets sur 8 territoires et pour trois classes d’âges. Un plan d’action associe des experts aux parties prenantes et vise à évaluer d'éventuelles anomalies dans les biomarqueurs et à prioriser les problèmes, rechercher l'orgine des polluants et le cas échéant traiter les problèmes.

Les données recueillies de 2007 à 2011 en Flandres ont permis de proposer des valeurs de référence[5] pour les nouveau-nés, adolescents et adultes pour des métaux lourds, polluants organiques persistants, phtalates, bisphénol A, composés perfluorés, retardateurs de flamme...)[6].

France

Plusieurs expériences, dont l'Étude nationale nutrition et santé ont mis en œuvre des protocoles de biosurveillance. Le PNSE II doit la renforcer en incluant « un programme de biosurveillance permettant de mettre en relation la santé de la population et l’état de son environnement et d’évaluer les politiques publiques en matière de lien entre la santé et l’environnement. »

Suède

L'Institut Karolinska mène des actions de biosurveillance depuis plus de 30 ans, avec par exemple un suivi de la teneur des laits maternels de divers polluants, un suivi de la plombémie des enfants. Le mercure a été mesuré depuis les années 1990 chez les femmes enceintes (cheveux) ainsi que le cadmium urinaire chez femmes suédoises, puis les phtalates, perfluorés, ont été suivis (chez des personnes a priori à risque d'exposition)…

République tchèque

L’Institut national de santé publique tchèque a mis en place une surveillance en santé environnementale (Environmental Health Monitoring System) en 1994, notamment utilisé pour faire évoluer la réglementation.

Canada

L'enquête canadienne sur les mesures de la santé (Canadian Health Measures Survey) est nationale, conduite Statistique Canada et Santé Canada ; son 1er cycle (2007 - 2009) comprend une étude de biosurveillance de l'exposition humains à certaines substances chimique chez 5000 canadiens de six à 79 ans (avec sang et urine analysé chez une partie de ces volontaires)[7]

États-Unis

Le Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) fait de la biosurveillance depuis plus les années 1970 au moins[8] (depuis 1976 par exemple pour l'enquête National Health and Nutrition Examination Survey, ou NHANES[9], devenue est une référence mondiale), avec une approche épidémiologiques puis parfois éco-épidémiologiques (mercure et méthylmercure dans le poissons par exemple et risque pour la femme enceinte ou en âge d'enfanter).

5 000 personnes différentes sont suivies chaque année par le NHANES, qui offre donc un échantillon jugé représentatif de la population nord américaine. Les NHANES I, II et III produisent régulièrement des enquêtes plus poussées (et en continu depuis 1999), via des véhicules allant à la rencontre de la population pour des examens de santé et analyse d'échantillons.

En 2005, 150 substances chimiques avaient été dosées dans la population américaine et en 2009, elles seraient plus de 250[10].

Vers une normalisation

Un effort de stadardisation est en cours[Quand ?] pour :

  • le matériel, les protocoles (sont quand au choix des biomarqueurs) et la mise en œuvre des études
  • l'analyse et l’interprétation des résultats (valeurs de référence à harmoniser...)
  • pour certains polluants
  • les laboratoires (émergence d'un réseau de laboratoires européens)

Notes et références

  1. Colloque européen sur la biosurveillance humaine : « des biomarqueurs à la biosurveillance humaine comme instrument de soutien à la politique de santé environnementale » - Dossier de presse, Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie Associative, 4-5 novembre 2008 , 18 pages [PDF]
  2. Rapport : sur "l'Évaluation à mi-parcours du plan d'action européen en matière d'environnement et de santé 2004-2010" - Commission de l'environnement, de la sante publique et de la sécurité alimentaire, rapporteur: Frederique Ries, 15 pages, 17 juin 2008 [PDF]
  3. Site de l’Agence fédérale (Umweltbundesamt)
  4. Robert Koch Institute
  5. Valeurs de référence et études de cas
  6. Communication et consultation
  7. Site La biosurveillance des substances chimiques dans l'environnement à l'intérieur de l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé
  8. (en) Bases de données pour la surveillance de la santé aux USA - Centers for Disease Control and Prevention
  9. (en) About the National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) - Centers for Disease Control and Prevention
  10. (en) National Report on Human Exposure to Environmental Chemicals - Centers for Disease Control and Prevention (CDC)

Annexes

Articles connexes

Liens externes



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Biosurveillance humaine de Wikipédia en français (auteurs)

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