- Bernard de Castanet
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Bernard de Castanet Biographie Naissance vers 1240
Montpellier FranceDécès 14 août 1317
Avignon FranceÉvêque de l'Église catholique Fonctions épiscopales Évêque d'Albi
Évêque du Puy-en-VelayCardinal de l'Église catholique Créé
cardinal17 décembre 1316 par le
pape Jean XXIITitre cardinalice Cardinal-évêque de Porto e Santa Rufina modifier Bernard de Castanet est un cardinal français vers 1240, probablement dans la région de Montpellier, et mort le 14 août 1317 à Avignon.
Repères biographiques
Juriste formé aux écoles de Montpellier (où il reçut la licence), Bernard de Castanet fut archidiacre de Fenouillet en l'église de Narbonne et détint aussi des bénéfices dans les églises d'Orléans et de Majorque.
Le pape français Clément IV le fit chapelain pontifical et auditeur des Causes du Sacré-Palais ou rote romaine). Après la victoire de Charles d'Anjou à Bénévent contre Manfred (l'héritier de l'empereur Frédéric II) en février 1266, Bernard de Castanet fut envoyé en mission à Crémone et à Plaisance pour organiser le ralliement à la cause guelfe de ces deux cités jusque là attachées au parti gibelin. En compagnie d'un autre chapelain pontifical, l'abbé de Trévi Bartolomeo, le jeune juriste remporta des succès inespérés, jusqu'à imposer aux cités de Lombardie une paix générale sous l'égide de la papauté ("Paix de Romano", conclue le 9 mai 1267).
Peu après, Bernard de Castanet fut nommé administrateur de l'archevêché de Trèves (dont l'archevêque Heinrich von Vistingen était en rébellion contre la papauté). A ce titre, il lutta aussi contre la ville de Cologne, désobéissante à son archevêque, contre laquelle il prononça des sentences d'excommunication et d'interdit.
Après avoir participé au deuxième concile de Lyon en 1274, au cours duquel il se fit l'instrument de négociations entre le roi d'Aragon Jacques Ier et Grégoire X, Bernard de Castanet fut envoyé par Innocent V en ambassade auprès du roi des Romains Rodolphe de Habsbourg (1275), puis nommé évêque d'Albi en 1276.
Dans cette ville, il fit reconstruire la cathédrale Sainte-Cécile et favorisa l'édification du couvent des dominicains. Il mena deux séries de procès d'Inquisition contre les hérétiques de son diocèse, en 1286-1287 puis en 1299-1300. Son intransigeance, aussi bien dans le gouvernement temporel qu'au spirituel, fit de lui un archétype de l'évêque théocrate du XIIIe siècle. Le gouvernement de Castanet rencontra une forte opposition de la part des bourgeois d'Albi. Ces derniers, en compagnie de notables de Castres, de Cordes, de Carcassonne et de Limoux, se lancèrent à partir de 1300 dans un mouvement anti-inquisitorial emmené par le frère Mineur Bernard Délicieux. En 1302, ces contestaires obtinrent du roi de France Philippe le Bel l'infliction d'une forte amende à Bernard de Castanet, suivie de la mise sous séquestre royal du temporel épiscopal. Castanet dut alors quitter Albi, qui se trouvait en état d'insurrection contre son pouvoir (et contre les dominicains du lieu - le prieur local était alors le célèbre Bernard Gui). Dès 1304, cependant, le roi de France retira son appui au mouvement anti-inquisitorial et l'agitation retomba.
Les opposants albigeois à Castanet ne désarmèrent pas pour autant. En 1307, deux chanoines de la cathédrale d'Albi obtinrent du pape Clément V le déclenchement d'une enquête judiciaire contre l'évêque, qu'ils accusaient de multiples homicides (notamment par empoisonnement), de négligence pastorale, de simonie, de dilapidation, d'irrégularités et de cruautés systématiques dans l'exercice de la justice, enfin d'incontinence. Après l'audition à Albi de 114 témoins (presque tous à charge), le pape n'émit pas de sentence. Mais il pénalisa l'évêque implicitement en le transférant au siège du Puy-en-Velay, moins prestigieux, à l'été 1308.
Après l'avènement du pape Jean XXII, ancien ami de Castanet, en 1316, l'évêque rentra en faveur à la Curie. Il fut nommé cardinal-évêque de Porto lors du consistoire du 17 décembre 1316.
Il fut enterré dans la cathédrale Notre-Dame des Doms d'Avignon, dans une chapelle qui accueillit plus tard le tombeau de Jean XXII.
Bibliographie
- Jean-Louis Biget, Un procès d’Inquisition à Albi en 1300, dans Le crédo, la morale et l’Inquisition. Cahiers de Fanjeaux 6, 1971, p. 273-341.
- Julien Théry, La parole aux Albigeois. Le procès de Bernard de Castanet, évêque d'Albi (1307-1308), thèse de l'école des chartes, 2000 résumé disponible en ligne
- Julien Théry, "Une politique de la terreur : l'évêque d'Albi Bernard de Castanet (v. 1240-1317) et l'Inquisition", dans Les inquisiteurs. Portraits de défenseurs de la foi en Languedoc (XIIIe-XIVe s.), dir. L. Albaret, Toulouse : Privat, 2001, p. 71-87, accessible sur le site halshs.
- Julien Théry, "Fama. L'opinion publique comme preuve. Aperçu sur la révolution médiévale de l'inquisitoire", dans La preuve en justice de l'Antiquité à nos jours, dir. Bruno Lemesle, Presses universitaires de Rennes, 2003, p. 119-147, accessible sur le site academia.edu.
- "La vague guelfe dans l'Italie des communes urbaines après la bataille de Bénévent : une mission pontificale à Crémone et à Plaisance (1266-1267)", dans Patrick Gilli, Julien Théry, Le gouvernement pontifical et l'Italie des villes au temps de la théocratie (fin-XIIe-mi-XIVe s.), Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2010, p. 113-200.
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