- Baronnies (Dauphiné)
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Les Baronnies (en occitan lei/las Baroniás) sont une région naturelle et historique entre le sud de la Drôme, l'ouest des Hautes-Alpes, et le nord de Vaucluse.
Sommaire
Géographie
Les Baronnies sont un pays de moyenne montagne (altitude inférieure à 1600 m), au relief tourmenté, qui se développe, d'ouest en est, de la plaine de Valréas à la moyenne vallée de la Durance et, du sud au nord, du mont Ventoux et de la montagne de Lure aux marges du Diois.
Un pays compartimenté en vallées (du nord au sud, vallées de l'Eygues et de la Blaisance, de l'Ouvèze et du Céans, du Charuis et de la Méouge, celles enfin du Toulourenc et du Jabron) entrecoupées ici et là d'amples cuvettes synclinales (Rosans, Sainte-Jalle, Montauban, Lachau...) ou des bassins exigus mais fertiles. Les communications permettant de passer d'une vallée à l'autre n'ont jamais été faciles, malgré de nombreux cols de moyenne altitude.
Un pays contrasté avec, dans la plaine, des terres à vignes, des arbres fruitiers, des oliveraies sur les collines, des champs de lavande sur les plateaux, mais aussi d'immenses espaces couverts de taillis de chênes, de genévriers, de buis, de genêts, et à perte de vue des pentes ravinées que tendent à fixer des colonies de pins sylvestre ou des plantations de pins noirs.
Un pays très largement ensoleillé, aux paysages lumineux, au climat encore méditerranéen, ponctué de villages perchés et de fermes isolées. Un pays où l'agriculture voit son champ d'action diminuer et où la population, sur le plan économique, est entraînée vers des centres urbains périphériques : Nyons, Valréas, Bollène, Vaison-la-Romaine, Orange, Carpentras et Avignon à l'ouest, et, dans une moindre mesure, vers Serres, Laragne, Sisteron et Gap à l'est.
Histoire
Ce territoire est connu pour être peuplé depuis la préhistoire et profondément marqué par l’influence gauloise (il relève de la fédération des Voconces) et romaine.
Les Baronnies tirent leur nom des Barons de Mévouillon et de Montauban qui, du XIe au XIIIe siècle, avaient acquis une certaine indépendance sous la suzeraineté lointaine de l'Empereur. Ces deux seigneuries furent définitivement annexées au Dauphiné en 1315 et 1317, avant d'être cédées, comme partie de cette principauté, au royaume de France en 1349.
Le Moyen Âge a profondément marqué l'histoire et le patrimoine de cette région, en organisant la population à partir de castra, eux-mêmes sièges de seigneuries. Les nombreux vestiges de tours du XIIIe siècle, qui dominent les vallées et contrôlent aussi les lieux de passage, illustrent cette occupation particulière du territoire. Ces castra ont majoritairement résisté à la vague de dépeuplement des XIVe et XVe siècle, même si de nombreux villages furent refondés sur de nouveaux sites à partir du XVe siècle.
Les guerres de religion, entre 1562 et 1598, ont été durement ressenties par les destructions de monuments et les troubles qu'elles ont entrainés. Elles correspondent également, ici comme ailleurs, à une période de crise, qui faisait suite à une période d'expansion économique particulièrement visible entre 1530 et 1560.
La région des Baronnies a toutefois longtemps été marquée par le protestantisme, encore présent au XIXe siècle, malgré un siècle de clandestinité (à Orpierre, Nyons, Vinsobres, Venterol, Sainte-Euphémie-sur-Ouvèze, Serres). De nombreux temples attestent de cette présence encore importante.
Au cours de la première moitié du XIXe siècle, l'agriculture se développe fortement. L'expansion démographique entraîne l'exploitation de terres abandonnées depuis plusieurs siècles. Des activités annexes, comme l'élevage des cocons, destinés aux filatures et moulinages à soie de la région, constituent des sources de revenus importantes et améliorent le sort des paysans. Toutefois, un exode rural peut s'observer à partir des années 1830, même s'il s'accentue à partir de la fin du XIXe siècle. Au cours de la première moitié du XXe siècle, de nouvelles cultures se développent comme le tilleul ou la lavande.
La région est fortement marquée par les événements liés à la Seconde Guerre mondiale, par la Résistance, très active dans la région.
De cette longue histoire résulte un sentiment de solidarité, d’appartenance à un même pays, en dépit des divisions administratives actuelles.
Population
Pour près de 2 000 km², les Baronnies rassemblent un peu plus de 30 000 habitants (recensement de 1999), soit une densité moyenne guère supérieure à 15 h/km², mais cette densité peut tomber à moins de 5 dans les communes de l’intérieur dont trois sur cinq comptent moins de 100 habitants et une sur quatre moins de 50. Cette faiblesse du peuplement résulte d’un intense dépeuplement du milieu du XIXe siècle à 1975, qui s’explique par un fort exode rural et par les effets des guerres. Depuis 1975, la dépopulation semble arrêtée et la population s’accroît notamment sur les bordures orientale et occidentale où se trouvent les villes principales, Nyons, Buis-les-Baronnies dans la Drôme, Serres et Laragne-Montéglin dans les Hautes-Alpes.
Climat
Ce pays possède un climat à la fois méditerranéen et une petite fraîcheur alpine pas désagréable – nous sommes en moyenne montagne. En hiver, la neige vient parfois recouvrir les sommets. En été, on cherche l’ombre de la sieste au chant des cigales. Cette double influence, de la Méditerranée et des Alpes, crée une richesse étonnante de la flore et la faune.
Activités
Terroir
L'économie a connu de profondes transformations depuis 1945. L’agriculture reste prépondérante, employant près du tiers des actifs. La polyculture traditionnelle associée à un petit élevage a disparu au profit :
- des arbres fruitiers qui progressent vers l’intérieur à la faveur des vallées de l’Eygues et de l’Ouvèze (abricotiers, cerisiers) ou du Céans et de la Méouge (pommiers, poiriers) ; dans la région Nyons – Buis-les-Baronnies, les oliviers restent importants (A.O.P. olives et huile de Nyons).
- De la vigne, A.O.C. Côtes du Rhône dans le secteur Nyons - Vinsobres, vins des Coteaux des Baronnies (Buis-les-Baronnies – Sainte-Jalle)
- La région possède enfin un important secteur plantes à parfum (lavande, lavandin) médicinales et aromatiques qui donne lieu à un important commerce de fleurs séchées et d’huiles essentielles.
Article détaillé : Huile essentielle de lavande de Haute-Provence AOC.- l'élevage ovin subsiste comme dans la région voisine du pays du Buëch, principalement pour la production d'agneaux de Sisteron, mais dans une plus faible proportion. Les prairies et parcours représentent cependant une part importante du terroir. De nombreux parcours ont été abandonnés et ont cédé la place à des forêts de conifères.
- le lait issu de cet élevage permet la fabrication du fameux picodon.
Article détaillé : Cuisine dauphinoise.Tourisme
Le tourisme tend à se développer dans tout l’espace baronniard au climat réputé et aux paysages magnifiques jusqu’à présent préservés : activités sportives (VTT, vol libre, randonnées, escalade...) climatisme et tourisme de terroir. Tous les secteurs de l’économie profitent de son essor.
Parc naturel régional des Baronnies provençales
L'idée de créer un parc naturel régional dans les Baronnies provençales, à cheval sur deux départements (Hautes-Alpes et Drôme) et deux régions (Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur) date de la fin des années 1990. Localement, elle a été lancée par le Groupement pour la Promotion et l'Expansion du Nyonsais Baronnies et des élus locaux, qui étaient conscients des difficultés économiques de cette région très rurale où l'agriculture reste menacée et le développement fragile.
En 2003, les deux conseils régionaux décident de financer une étude d'opportunité et de faisabilité qui leur permet de prendre une délibération commune le 17 décembre 2004 retenant un périmètre (130 communes concernées) et des principes d'organisation.
Le 30 mars 2007, le préfet de la Drôme, constatant qu'une majorité de communes et de communautés de communes concernées avait donné son accord, publie un arrêté de création d'un Syndicat Mixte de préfiguration d'un parc naturel régional et d'aménagement des Baronnies Provençales. Son siège est établi à Sahune et sa mission essentielle est de rédiger la charte du futur Parc qui sera soumise pour vote à l'ensemble des communes du territoire concerné. Cette charte devrait être finalisée en 2011 et le label Parc naturel en 2012. Le projet de parc a été soumis à enquête publique du 20 juin au 22 juillet 2011.
Le parc pourrait regrouper 130 communes. Il aurait pour objectifs de préserver l'environnement, soutenir les activités agricoles et de doper le tourisme vert.
L'appellation « Baronnies provençales » a fait l'objet de discussions sur sa légitimité puisque ces territoires appartenaient au Dauphiné. Quelques terres adjacentes de la Provence existaient en enclaves dans le Dauphiné en 1789, mais leur étendue était faible[1]. Cependant, si l'on se réfère à la carte du partage de la Provence en 1125 sur ce site, on peut considérer que les Baronnies ont un temps fait partie de la Provence.
Voir aussi
Bibliographie
- Guy Barruol, Michèle Bois, Marie-Pierre Estienne, Patrick Ollivier-Elliott, Maurice Jorda, Jean-Yves Royer, Les Baronnies au Moyen Âge : femmes, hommes, territoires, villages, châteaux et élises, Les Alpes de Lumière, 1997. (série d'études historiques et monographiques sur l'histoire de la région au Moyen Âge).
- Patrick Ollivier-Elliott, Les Baronnies, mode d'emploi d'un fragment de paradis, Edisud, 2001 (guide à destination de tous les curieux, présenté par villages et qui concerne toute la région)
- Conservation du Patrimoine de la Drôme, Patrimoines des Baronnies, paysage, architecture et histoire, Conseil général de la Drôme (diffusion La Mirandole), 2006 (synthèse sur les patrimoines naturels et culturels des quatre cantons drômois situés dans les Baronnies)
Articles connexes
Liens externes
- Les Baronnies, site du GPENB
- Les Baronnies provençales, site du syndicat mixte des Baronnies provençales, promoteur du projet de Parc Naturel Régional
Notes et références
- Atlas historique de Provence, collectif d'auteurs dont Edouard Baratier, Georges Duby et Ernest Hildesheimer, Éd. Armand Colin, 1969.
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