Auguste Mimerel

Auguste Mimerel
Auguste Mimerel

Parlementaire français
Date de naissance 1er juin 1786
Date de décès 16 avril 1871
Mandat Représentant 1849-1851
puis Sénateur 1852-1870
Circonscription Nord
IIe république

Auguste Pierre Rémi Mimerel est un industriel et homme politique français, né à Amiens (Somme) le 1er juin 1786 et mort le 16 avril 1871 dans son château de Roubaix. Il est le pionnier de l'organisation syndicale du patronat français en ayant fondé en 1842 le « Comité de l'industrie », dont le journaliste Roger Priouret, historien du patronat français, écrit qu'il était « aussi représentatif de l’industrie de l’époque que le sera le CNPF un siècle plus tard »[1].

Sommaire

Biographie

  • 1er juin 1786 : naissance à Amiens[2]
  • 11 mai 1809 : mariage civil avec Marie Joséphine Flahaut
  • 14 août 1809 : mariage religieux en l'église Saint-Germain l'Auxerrois de Paris
  • 13 mars 1812 : naissance de son fils Antoine Auguste Édouard
  • 18 juin 1837 : mariage à Lille de son fils Auguste avec Laure Henriette Marie Anne Scrive. Contrairement à la tradition du patronat roubaisisien, il n'épousa pas une Roubaisienne, mais une Lilloise, scellant ainsi une alliance avec l'une des plus importantes familles industrielles de Lille, la ville « ennemie »[3].
  • 21 mars 1866 : Comte de l'Empire (titre conféré par décret impérial[4]).
  • 31 août 1867 : il reçoit l'empereur Napoléon III et l'impératrice dans son château, rue du Grand chemin
  • 16 avril 1871 : mort dans son château de Roubaix
  • 12 novembre 1875 : mort de sa femme, Marie Joséphine Flahaut

L'industriel

Auguste Mimerel est le fondateur d'une des plus importantes filatures de coton du département du Nord. En 1816 il est envoyé par le conseil des prud'hommes de Roubaix, pour obtenir du ministère de l'intérieur le droit de marquer, dans les bureaux publics de mesurage, la largeur des étoffes aussi bien que leur longueur. En 1827, il est envoyé par le commerce de Lille et de Roubaix pour répondre dans l'enquête sur l'utilité et les moyens de réprimer la fraude des cotons filés anglais. La même année, il est nommé président du conseil de prud'hommes de Roubaix, et en 1830, président de la chambre consultative des manufactures de la même ville[5].

En 1833, il est envoyé par les villes de Lille, Roubaix et Tourcoing, pour s'opposer à la levée de la prohibition sur les produits des filatures et tissus étrangers : l'enquête se tenait devant le conseil supérieur du commerce et en présence de MM. d'Argout, Thiers et Duchâtel, successivement ministres du commerce. Cette mission qu'il remplit avec un zèle et une aptitude au-dessus de tout éloge, lui valut la croix de la Légion d'honneur[5].

Nommé en 1834, par le gouvernement, membre du conseil général des manufactures, il n'accepte l'année suivante les fonctions de maire de Roubaix que pour poursuivre l'obtention d'un canal qui devait donner les eaux indispensables à l'industrie de Roubaix. Une loi ayant décrété le percement de ce canal en 1836, Auguste Mimerel résigne ses fonctions de maire pour accepter celles de membre de la chambre de commerce de Lille où il siège jusqu'en 1852. Il est envoyé par cette chambre en Belgique où il demande, et obtient par une loi, la continuation du canal de Roubaix. Il est nommé en 1840, président du conseil général des manufactures[5].

En 1844, il est nommé membre du jury de l'exposition nationale et préside dans cette assemblée la « section des filatures et tissus », de 1849 à 1855[5].

Auguste Mimerel a vécu et prospéré dans les affaires industrielles ; « c'est l'un des premiers manufacturiers de Roubaix où il a élevé l'une des plus belles fabriques de France, connue sous le nom de fabrique monstre. Il était adoré de ses ouvriers qu'il a toujours conduits avec une modération, un esprit de justice et une bienveillance qui l'ont fait généralement estimer »[6].

De par l'importance de la filature de coton qu'il possédait à Roubaix, Auguste Mimerel était connu sous le nom de « Mimerel de Roubaix », l'un des plus riches manufacturiers du Nord[4].

La fondation du patronat français, pour lutter contre le libre-échange

Auguste Mimerel fonda en 1842 le « Comité de l'industrie », appelé « Comité Mimerel » qui sera modifié en 1846 en « Association pour la défense du travail national »[7]. En fondant ce comité, son but était de regrouper les énergies pour lutter contre le libre-échange qui se développait compte tenu de l'importance que prenaient alors les marchés internationaux. Hanté par l'ouverture des frontières et la baisse des tarifs douaniers, il fut l'infatigable défenseur du protectionnisme. Président du conseil supérieur des manufactures et du commerce, il passait pour un esprit fort indépendant. Il est surtout connu par l'énegie avec laquelle il combattit les doctrines du libre-échange lorsqu'elles agitaient la France en 1847. Il était alors le tès actif président du comité central protectionniste[8].

Auguste Mimerel s'inscrit dans la tradition protectionniste[9],[10],[11] entretenue depuis de nombreux siècles par la monarchie française puis par Napoléon à la suite du blocus continental. Orléaniste pendant dix-huit ans, républicain de circonstance (le temps d'une campagne électorale en 1849 pour se faire élire représentant du peuple), bonapartiste pendant vingt-et-un ans, ses actes et ses paroles à la tête du patronat français prouvent que la muraille de Chine a été voulue par la très grande majorité du monde industriel dont l'ascendant sur le monde politique était irrésistible[12]. C'est ainsi qu'il obtient en février 1849 l’exclusion des produits étrangers à l’Exposition universelle de Paris[13].

Auguste Mimerel justifie sa thèse : défendre le travail national et créer le bien-être pour la classe ouvrière, selon lui heureuse en France grâce au protectionnisme et malheureuse en Angleterre à cause du libre-échange.

Le politique

Nommé au conseil municipal de Roubaix, le 5 octobre 1830, c'est le 9 avril 1834 qu'il est nommé maire de Roubaix par Louis-Philippe. Il en démissionne deux ans plus tard, après le vote de la loi décidant le percement du canal de Roubaix.

Il se présente à la députation dans le 3e collège du Nord (Lille), le 1er août 1846 mais il échoue avec 491 voix contre 529 à l'élu. M. de Villeneuve-Bargemon[14]. Il échoue à nouveau le 23 avril 1848 puis le 4 juin 1848.

À partir de 1849, les suffrages de ses concitoyens viennent le chercher, Auguste Mimerel, candidat du parti modéré, est élu par le département du Nord le 13 mai 1849 à l'Assemblée législative, le 7e sur 24, par 92 982 voix (183 521 votants, 290 196 inscrits)[14]. « À l'assemblée, il a, dans les commissions, été souvent d'un grand secours par son esprit droit et son expérience. Il a en général soutenu tous les projets présentés par le gouvernement[6]. »

En 1851, Auguste Mimerel propose au conseil général des manufactures et fait adopter par les trois conseils généraux réunis de l'agriculture, des manufactures et du commerce, un vœu demandant la stabilité dans le pouvoir suprême. C'était demander l'Empire dont on ne prononçait pas encore le nom[5].

le 23 janvier 1852, il est nommé « sénateur à vie » et le 22 août 1860, par décret impérial, président du Conseil général du Nord. On le surnommera ensuite le « vice-roi du Nord ».

Distinctions

Décorations

  • Grand officier de l'ordre de la légion d'honneur en 1863 (nommé chevalier en 1833, promu officier en 1846, promu commandeur le 15 août 1852)[15]
  • Commandeur de l'ordre de Léopold de Belgique[5]
  • Commandeur de l'ordre de Notre-Dame Conception de Villavicosa de Portugal[5]
  • médaille d'or de la chambre de commerce de Lille (1838)
  • médaille d'or de la Chambre consultative des arts et manufactures de Roubaix (1843)
  • médaille d'or de la Chambre consultative des arts et manufactures de Roubaix (1859). Cette médaille lui a été remise en témoignage de reconnaissance pour les nombreux services rendus à la France manufacturière, en tant que président du Comité pour la défense du travail national, et en particulier par son action ayant permis l'ajournement de la réforme douanière du 11 mai 1859[16].

Hommage

Depuis le 14 novembre 1890, une rue porte son nom à Roubaix. Cette rue a été ouverte au sein du parc de sa propriété[17].

Humour

C'est dans le pavillon de chasse de son château que naîtra Raymond Devos, le 9 novembre 1922[18].

Armoiries et devise

Armoiries

Armoiries du Comte Mimerel

Lorsque le titre de comte lui a été conféré, on pensait qu'Auguste Mimerel prendrait les armoiries des anciens seigneurs de Roubaix. Mais il a préféré des armes parlantes, et les lettres patentes de la collation de titre lui donnent pour blason : écartelé, au 1er de gueules, à la roue crénelée d'argent ; au 2e d'argent, au navire équipé, flottant dans une baie de sable ; au 3e d'or, à la tour de sable ; au 4e de sinople, au canal courant d'argent : au franc quartier de comté sénateur[4].

Ces armoiries ont été concédées à la famille Mimerel dans les lettres patentes du titre de comte conféré à son chef actuel par l'Empereur Napoléon III le 21 mars 1866 : écartelé, au 1, de gueules, à une roue d'horloge d'argent ; au franc quartier de Comte-sénateur, qui est, d'azur, au miroir d'or en pal, autour duquel se tortille et se mire un serpent d'argent ; au 2, d'argent à un navire de sable équipé, voguant sur une mère du même ; au 3, d'or, à une tour ouverte de sable ; au 4, de sinople, à un canal d'argent ondé, maçonné sur les bords. Elles sont emblématiques et allusives et peuvent s'expliquer ainsi : la roue placée au premier quartier rappelle l'industrie à laquelle la famille Mimerel s'est consacrée depuis plus de deux siècles ; le navire, au deuxième, fait allusion aux foncions de président du conseil général des manufactures dont les délibérations ont trait au grand commerce extérieur ; la tour, u troisième, rappelle les fonctions de maire de la ville de Roubaix ; enfin, le canal, au quatrième, la part importante et décisive qu'a prise le titulaire à la création du canal de Roubaix, canal qui a donné à cette ville les eaux indispensables à ses nombreux établissements industriels[5].

Une autre description est donnée dans un armorial : Écartelé: au 1, de gueules, à une roue de moulin d'argent; au 2, d'argent, à un navire équipé de sable, voguant sur une mer du même; au 3, d'or, à une tour de sable; au 4, de sinople, à la fasce d'argent.[19].

Devise

Sa devise était « Labore decus »[5].

Œuvres : rapports, interventions et discours

  • La prohibition sur les fils de coton (27 octobre 1834)
  • La question du paupérisme envisagée dans ses rapports avec l'industrie (29 octobre 1841)
  • Du paupérisme dans ses rapports avec l'industrie en France et en Angleterre (1842)
  • Sur l'internationalisation de l'exposition de Paris en 1849 (8 mars 1849)
  • Le travail de nuit et le travail des enfants (23 et 28 novembre 1848)
  • Les retraites ouvrières (avril 1850)
  • Rapport sur l'industrie cotonnière à l'occasion de l'exposition universelle de Londres en 1851
  • Les tarifs douaniers (7 septembre 1856)

Pour approfondir

Bibliographie

  • Jean Piat, Quand Mimerel gouvernait la France, Maison du livre, 1992

Iconographie

  • Auguste Mimerel, tableau de Claudius Jacquand (1803 - 1878), 1866, musée de Roubaix
  • L’Empereur et l’Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel à Roubaix, le 29 août 1867[20], tableau de Claudius Jacquand, musée national du château de Compiègne

Articles connexes

Liens externes

  • Sa fiche sur la base de données des députés français depuis 1789

Notes et références

  1. Roger Priouret, Origines du Patronat français, Paris, Grasset, 1963, p. 83
  2. Actes de naissance sur le site des archives départementales de la Somme. Consulté le 15 avril 2011
  3. Jean Piat, p. 307
  4. a, b et c M. Borel d'Hauterive, Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, Paris, 1867, [lire en ligne]
  5. a, b, c, d, e, f, g, h et i Ludovic de Magny, Nobiliaire universel (recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de l'Europe), Paris 1866
  6. a et b Biographie des membres du sénat, Paris, 1852, [lire en ligne]
  7. Marion Rabier, Organisations patronales en France et en Europe, ENS/EHESS - DARES), décembre 2007, [lire en ligne]
  8. Achille Leymarie, Profils critiques et biographies des sénateurs, conseillers d’état et députés, Paris, 1852 [lire en ligne]
  9. David Todd, La naissance du « patriotisme économique » : sentiment national et échanges commerciaux en France, 1814-1851, Centre for History and Economics et Trinity Hall, Cambridge, [lire en ligne]
  10. Igor Moullier, La préférence française pour le protectionnisme, laviedesidees.fr, 1er décembre 2008, [lire en ligne]
  11. Gabriel Galvez-Behar, Compte rendu de lecture de l'ouvrage de David Todd, H-France Review, 2009, [lire en ligne]
  12. Jean Piat p.5
  13. Repères historiques pour les organisations patronales, documentation cgt, [lire en ligne]
  14. a et b Base de données des députés français depuis 1789 sur site de l'Assemblée nationale. Consulté le 15 mars 2010
  15. Jean Piat, p. 313
  16. Le Journal de Roubaix, in l'hebdomadaire Le Travail national, 3e année, no 23, jeudi 15 septembre 1859 [lire en ligne]
  17. Jean Piat, p. 314
  18. Les Tourelles, berceau du grand Raymond sur site du journal Nord-Elair, 24 juin 2006. Consulté le 16 mars 2010
  19. Héraldique - Armorial de J.B. RIETSTAP sur euraldic.com. Consulté le 16 mars 2010
  20. L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel sur site de la Réunion des musées nationaux. Consulté le 15 mars 2010

Wikimedia Foundation. 2010.

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