Barbireau

Barbireau

Jacques Barbireau

Manuscrit enluminé de la Missa Virgo parens Christi de Jacobus Barbireau, composée à la fin du XVe siècle et copiée au début du XVIe siècle, fait partie d'un don au pape Léon X

.

Jacques, Jacob ou Jacobus Barbireau (également Barbirianus), né à Anvers en 1455, décédé le 7 août 1491) est un polyphoniste franco-flamand.

Ses contemporains le considérèrent comme un excellent compositeur. Encore de nos jours, cette appréciation est souscrite par les musicologues, même si peu de ses œuvres sont conservées, ce qui est dû aussi à sa mort prématurée.

Sommaire

Biographie

Jusque dans les années 1960, Barbireau fut confondu avec Barbingant, un compositeur plus âgé; les sources de l’époque utilisent souvent une orthographe différente ou elles ne mentionnent pas les noms des compositeurs, ce qui prête à toute sorte de confusion.

Barbireau était probablement né à Anvers. Ses parents étaient résidents de cette ville et de descendance riche. Les grands-parents de Barbireau étaient Aernout Barbireau et Johanne, son père était Jan Barbireau (né en 1425/6; † après 1487), le mari de Johanne de St Pol, qui meurt en 1487. Apparemment, il eut une solide formation musicale et académique, puisque les premiers documents conservés relatifs à sa personne, indiquent qu’il fut un étudiant curieux et influent.

Le célèbre philosophe et musicien Rudolph Agricola, qui eut travaillé à Ferrara dans les années 1470, arriva à Anvers dans la seconde moitié de 1481. "Un certain nombre de chanoines et de nombreux jeunes" l’eurent prié de donner des conférences annuelles rémunérées à 100 couronnes. Agricola fut prêt à accepter cette offre à condition de se faire acquitter par la ville. Barbireau fut chargé de négocier avec les représentants de cette dernière à ce sujet. Dans sa lettre datée du 27 mars 1482, envoyée de Groningue, Barbireau rappela Agricola le contrat relatif aux conférences. Les circonstances, c'est-à-dire la guerre, ralentirent les négociations, et eurent comme conséquence que ce ne fut que le 25 octobre 1482 que Rudolph Agricola recevra la lettre de Barbireau dans laquelle celui-ci lui transmit l'approbation de la ville. Entre-temps, Agricola eut décidé d’accepter une autre invitation, celle de l'Université d'Heidelberg. Il en informa Barbireau dans sa lettre datée du 1er novembre 1482, envoyée de Cologne. Comme Barbireau ne se trouva pas dans la possibilité d’entamer des études auprès d’Agricola à Heidelberg, ce dernier lui écrit le tract "De formando studio" (1484), genre de manuel qu’il offrit Barbireau pour ces études. On a conservé différentes lettres d’Agricola écrites à Barbireau : l’une d’elles donne des renseignements utiles sur la vie du dernier. De ce que l’on peut conclure à partir de la lecture des lettres, Barbireau eût déjà été actif en tant que compositeur autour de 1484 et sa réputation n’eût pas encore dépassée l’enceinte de sa ville natale. Barbireau termina ses études aux alentours de 1482.

Dès le début de l'année 1480, Barbireau se fait apprécier en tant que musicien et compositeur. Il se peut qu’il eût déjà été attaché à l’église Notre-Dame d’Anvers depuis son enfance. Déjà au moins depuis 1482, l’église fut au centre de sa vie. En 1484, il devint maître de chapelle de la future cathédrale, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort. Quoique Barbireau fut inscrit dans les livres de comptes de l’église comme zangmeester (maître de chant) ou magister choralum depuis 1487. Il eut ce poste vraisemblablement déjà depuis 1484-85, période dans laquelle il versa, à titre de magister, une contribution à ce capellanía "Notre Dame du Nieuwwerk", une fondation qui fut créée pour les maîtres de chant. Le chœur que dirigea Barbireau, se composa à cette époque de 8 coraux et 12 chanteurs. Plusieurs Corps de métiers anversois partagèrent la responsabilité pour le programme musicale du service divin. Chaque matin à 7 heures une messe fut chantée, chaque soir les laudes. Le rôle du maître de chant fut, entre autres, de veiller sur le bien-être des coraux (les enfants de chœur), de les instruire dans la musique et les usages de l'église et de les enseigner la morale et la décence : il dut les accompagner de l’église au logement, où ils habitèrent avec leur maître de chant, et en sens inverse. Aussi, il dut veiller sur l’intonation des psaumes et des répons lors du service divin.

À part de s’occuper de ses tâches à l’église principale d’Anvers, Barbireau eut été en contact étroit avec la cour de Maximilien Ier du Saint-Empire romain germanique. À partir de 1486, il reçut la mission du roi des Romains d'éduquer Guillaume de Ternay. En 1489, Barbireau demeura à Bois-le-Duc. Peut-être, cette visite est à mettre en rapport avec le long voyage qui le mena à Buda, où il arriva vers la fin de 1489 ou début 1490, avec dans sa poche une lettre de recommandation de Maximilien Ier. Il y fut présenté à la reine Beatrix d'Aragon (1457-1508). En 1490-91, Barbireau retourna à Anvers, où il est décédé le 7 août 1491. Il inclut dans son testament la femme qu’il maria après 1487 et la fille qu'il a eue avec elle, Jacomyne Barbireau (né après 1487, décédé après 1525).

Maximilien semble avoir apprécié Barbireau hautement et quand celui-ci alla à Buda en Hongrie en 1490, la reine Beatrix eut fait son éloge.

Il semble que son état de santé eût été faible dans les neuf dernières années de sa vie. Barbireau est décédé à Anvers, peu après son retour de Hongrie.

Musique

La bibliothèque de la (future) cathédrale d'Anvers fut détruite en 1556 suite à des difficultés qui trouvèrent leur origine dans la Réforme protestante et à la cause de laquelle la plupart des travaux de Barbireau furent perdus. Certaines compositions ont cependant été conservées, souvent dans des sources étrangères, y compris le Codex Chigi. Et l’œuvre conservée fait sans contredit preuve d’une qualité extrêmement élevée. En 2001, Rob Wegman nota dans le "New Grove" : Barbireau présente un degré de finesse dans le contrepoint et une inventivité harmonique et mélodique qui le rendent l’égal de compositeurs tels que Isaac et Obrecht. Son style est étroitement lié à celui d’Isaac, un polyphoniste franco-flamand, qui passa la plus grande partie de sa carrière de compositeur dans des pays germanophones.

Deux messes à quatre et cinq voix ont survécu. En outre, un Kyrie de Pâques et un motet célèbre à quatre voix, basé sur le Cantique de Salomon, Osculetur me. La messe à cinq voix est composée de façon inhabituelle : les voix ont des parties divisi qui indiquent qu’au moins dix voix sont nécessaires pour les chanter. Cette une composition dans laquelle la texture est pleine de contrastes, avec une polyphonie alternée de passages homophones, et des parties qui s’avancent plutôt rapidement pour s’entrelacer avec les parties qui s’avancent plutôt lentement. Le motet Osculetur fait usage de tessitures à voix basse qui ne sont pas sans rappeler Ockeghem.

Parmi ses œuvres profanes, dont deux tiers sont sur des textes en néerlandais, la chanson à trois voix Een vroylic wesen (une personne charmante), devint un tube. On la retrouve dans différents arrangements, en Espagne, en Italie et en Angleterre ; Heinrich Isaac emprunta la mélodie pour sa messe Frölich wesen. Les trois chansons profanes furent d’ailleurs utilisées comme base pour des messes d'Isaac et d’Obrecht.

Œuvres

Messes et parties de messe

  • Missa Virgo Parens Christi, à cinq voix.
Sources:
Vienne, Bibliothèque nationale autrichienne (ÖNB), Ms 1783 (n° 1), f. 1v-17r (Jacobus Barbyrianus);
Rome, Bibliothèque apostolique vaticane, Ms Chigi CVIII 234 (n° 20), f. 143v-153r (anonyme, sans Agnus Dei III).
  • Missa Faulx Perverse, à quatre voix.
Sources:
Vienne, ÖNB, Ms. 11883 (nr. 13) f. 174v-185 (Barberiaw);
Vienne, ÖNB, Ms 1783 (n ° 2), f. 17v-33r (Barbiraw).
  • Kyrie Paschale, à quatre voix.
Sources:
Vienne, ÖNB, Ms 1883 (n ° 13), f. 167v-170r (Barbirianus);
Vienne, ÖNB, Ms 15497 (1), f. 1v-5r (Barbireau);
Iéna, Bibliothèque de l’Université, livre de chœur 22 (n ° 86), f. 113v-116r (Barbiraw)

Motets

  • Osculeum me, à quatre voix.
Source: Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Ms 9126 (n ° 20), f. 174v-177r, (Jac. B.)

Chansons profanes

  • Scoen lief (nl), à quatre voix.
Source: Rome, Biblioteca Casanatense, Ms. 2856 (nr. 27), f. 2856 (n ° 27), f. 30v-31r (Ja. barbirau).
  • Gracioulx et biaulx (fr), à quatre voix.
Source: Rome, Biblioteca Casanatense, Ms. f. 2856 (n ° 29), f. 32v-34r (B.).
  • Een vroylic wesen (nl) (Qu'en dictes vous, Se une fois.), 3(4) voix.
Sources:
Copenhague 1848-2° (Jacquies d'Anvers),
Ségovie (n ° 94) f. 166r (Jacobus B.) ;
RISM 15389 (dans la copie de Iéna, attribué à JB).
Saint-Gall 462 (alto ajouté; Obrecht),
Saint-Gall 463 (alto ajouté; Obrecht),
RISM 15389 (attribué à Obrecht dans la copie de Berlin).
Greifswald 640-41 (uniquement S,B; Isaac);
Ulm, Archives de la cathédrale, Schermarsche Sammlung Ms. Ulm, Domarchiv, 237 a,b,c,d (anonyme),
Tournai, Bibliothèque municipale, chansonnier de Tournai (n ° 20) f. 26v.27r (anonymes).

Références et sources

  • Charles Warren Fox, Jacobus Barbireau, The New Grove Dictionary of Music and Musicians , ed. Stanley Sadie., 20 vol. Londres, Macmillan Publishers Ltd., 1980. ISBN 1-56159-174-2 (remarque : contenu différent de la version en ligne de Grove, mais reflétant l’ancienne confusion entre Barbireau et au moins un autre compositeur)
  • Gustave Reese, Music in the Renaissance. New York, WW Norton & Co., 1954. ISBN 0-393-09530-4 New York.
  • Alberdingk Thijm, Barbireau, Jacques in: Allgemeine Deutsche Biographie (ADB). Band 2, Duncker & Humblot, Leipzig 1875, p. 51
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