Université Al Quaraouiyine

Université Al Quaraouiyine
Al Quaraouiyine
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Nom original Al Quaraouiyine
Informations
Fondation 877 médersa (date incertaine); 1947 université[1]
Fondateur Fatima el Fihriya
Type Université publique
Régime linguistique Arabe
Localisation
Coordonnées 34° 03′ 52″ N 4° 58′ 24″ W / 34.064444, -4.97333334° 03′ 52″ Nord
       4° 58′ 24″ Ouest
/ 34.064444, -4.973333
  
Ville Fès
Pays Maroc
Direction
Recteur Abdelwahab Tazi Saoud
Particularités Mosquée

Géolocalisation sur la carte : Maroc

(Voir situation sur carte : Maroc)
Université Al Quaraouiyine

Al Quaraouiyine arabe : القرويين est une université marocaine située à Fès. Selon la tradition, la construction de la médersa débute en 859 sous le règne de la dynastie idrisside. En 1947, la médersa devenait une université[1].

Toujours selon la tradition, c'est une femme, Oum Al Banine fatima Al Fihriya, héritière d'un riche kairouanais, qui est à l'origine de sa fondation. Tout au long des siècles, la mosquée voit son architecture évoluer et s'agrandir. Elle devient, du Xe siècle au XIIe siècle, un important centre d'enseignement et une des premières universités au monde.

Au XIIe siècle, toute une série de noms parmi les plus grands vont être associés d'une manière ou d'une autre à la Quaraouiyine : les grands précurseurs du soufisme, tels Ibn Hrizim, Abou Madyane, Abdeslam Ben Mchich Alami, les philosophes Avenpace et Averroès, le géographe Al Idrissi mais aussi Maïmonide et Ibn Khaldoun pour ne citer que ceux-là.

Sommaire

Réflexions sur la fondation de la Quaraouiyine

En raison du manque de sources, le contexte historique de la fondation de la Qarawiyyĭn ne pourrait être présenté qu’en quelques lignes et encore la plupart de ces lignes seraient de trop[2]. Car, en plus de l’inexistence de sources parlant de la Qarawiyyĭn avant Ibn Abī Zarʻ (début VIIIè H./XIVè siècles), la malchance (si ce n’est la malveillance) a voulu que les archives des awqāf (conservés à la Qarawiyyĭn) brûlent en 723H./1323… au moment précis où l’histoire quasi mythique des premiers Idrissides, des fondations de Fès et de la Qarawiyyĭn est en train d’être fixée par les Mérinides… ?! Pour se faciliter sûrement la tâche, l’écrasante majorité des historiens contemporains attribue la fondation de la Qarawiyyĭn à Fāṭima al-Fihriya[3], comme l’affirme sereinement l’auteur d’Al-Anīs al-muṭrib.

Cependant, Chafik T. Benchekroun, un jeune historien marocain, dans un mémoire sur les Idrissides qu'il vient de soutenir à l'université de Toulouse, a apporté un éclairage tout à fait nouveau sur l'histoire de la fondation de la Qarawiyyîn. A vrai dire, déjà avant M. Benchekroun, la découverte du panneau en bois portant l’inscription de la fondation de la Qarawiyyĭn en 263H./877 par Dawwūd Ibn Idrīs portait un coup dur au mythe zarien (d’Ibn Abī Zarʻ) voulant que la Qarawiyyĭn ait été fondée en 245H./859 par une femme (chose unique et très étonnante dans l’histoire de l’Islam) portant le nom de Fāṭima al-Fihriya<. Sans oublier que le même auteur prétend que l’autre grande mosquée de la ville, dans l’autre rive, Masğid al-Andalus, aurait été fondée par la sœur de cette même fondatrice de la Qarawiyyĭn. Jusqu’à présent, les historiens ne savaient à qui donner raison, à Ibn Abī Zarʻ, ou à l’inscription retrouvée, certains osant des théories harmonisant les données d'Ibn Abī Zarʻ) et de l’inscription[4]

Tout d’abord, fait remarquer Chafik Benchekroun[5], Fāṭima al-Fihriya, qui est sensée avoir émigré de Qayrawān (Kairouan) vers Fès avec sa famille, porte le nom et du fondateur de la ville et du plus grand conquérant du Maghreb : ‘Uqba Ibn Nāfiʻ al-Fihrī. Ne pas omettre non plus que son prénom est celui de la plus célèbre fille du Prophète : Fāṭima, et que son père s'appelait Muḥammad Ibn ʻAbd-Allāh[6] (nom complet du Prophète)… qu’elle a comme surnom Umm al-Qāsim[7] (le Prophète se nommait Abū al-Qāsim), que la première lettre de son prénom et de son nom est la même que la première lettre de Fès, un fāe…

Tous ces détails semblent tirés par les cheveux, mais le suivant que présente M. Benchekroun est beaucoup plus probant. Ce détail est de taille. Fāṭima al-Fihriya est présentée comme une « femme isolée » (son père est mort ainsi que son mari) qui a hérité toute sa fortune de ces derniers. Or, à l'époque du Prophète, une muhāğira (qui a émigré avec les premiers musulmans persécutés à Médine) nommée également Fāṭima al-Fihriya[8], figure féminine proche du Prophète (il la conseillera notamment dans son mariage), sera celle qui rapportera les plus importants hadīṯs sur la situation financière de la femme isolée en islam...et plus particulièrement de la femme divorcée[9]. Il va sans dire que ce parallèle entre le personnage historique de la Fāṭima al-Fihriya contemporaine du Prophète et le personnage légendaire de la Fāṭima al-Fihriya dont Ibn Abī Zarʻ est le premier à parler (environ 500 ans après son existence prétendue) est troublant. Lorsqu’Ibn Abī Zarʻ raconte la fondation de la Qarawiyyĭn, remarque ensuite Chafik Benchekroun[10], il insiste beaucoup sur le souci extrême qu’aurait eu ce personnage de Fāṭima al-Fihriya à construire la mosquée de la façon la plus réglementaire, juste, et honnête possible. Un désir qui n'est pas nouveau et qu'il est possible de faire remonter jusqu'à l'époque antéislamique où le grand-père du Prophète, ʻAbd al-Muṭṭalib, avait, déjà, voulu que l'argent nécessaire à la reconstruction de la Kaʻba soit « pur » et légitimement acquis[11]. Cependant, l'insistance méticuleuse d'Ibn Abī Zarʻ sur les détails minutieux de la construction est tellement longue qu’elle en devient bizarre et par conséquent suspecte. Car, dans la quantité de détails pointilleux qu’il cite pour démontrer que la construction de la mosquée se déroula en parfaite conformité avec toutes les règles de l’islam, il y’ en a un, selon M. Benchekroun, qui fait péricliter la masse fumeuse de tous les autres et met à nouveau à nu la subjectivité spécieuse d’Ibn Abī Zarʻ. Ce dernier prétend en effet que l’eau qu’utilisèrent les « maçons » pour construire la Qarawiyyĭn fut tirée du propre sol de la mosquée (pour démontrer que les matériaux de construction ne vinrent d’aucune autre terre dont la propriété des ressources serait sujette à polémique), plus précisément du puits qu’aurait fait creuser Fāṭima au milieu de la cour. Ce puits, ajoute Ibn Abī Zarʻ, serait celui qui existe toujours au milieu de la cour à son époque (VIIIè H./XIVè) et donc jusqu’à aujourd’hui…[12] Ce détail prouve donc la fausseté de toutes les dernières informations corollaires qu’il rapporte, vu que M. Benchekroun allègue que la cour de l’époque d'Ibn Abī Zarʻ a été rajouté par le Zénète Abū al-‘Abbās Aḥmad Ibn Abī Bakr aux alentours de 345H./956[13], c'est-à-dire bien après la fondation de la Qarawiyyĭn…la cour de la Qarawiyyĭn primitive ayant été remplacée en travées par ce même gouverneur zénète… Le puits ne peut donc se trouver ni dans la cour dont parle Ibn Abī Zarʻ (vu qu’elle a été construite bien après la fondation de la mosquée), ni dans l’ancienne cour (vu qu’elle n’existe plus, transformée qu’elle a été en travées ordinaires pour la prière).

Non satisfait de toutes ces découvertes, M. Benchekroun continue sa démarche critique en disant qu'Ibn Abī Zarʻ parle du règne d’Idrīs I, puis de celui d’Idrīs II, puis de celui de Muḥammad Ibn Idrīs II, puis de celui de ‘Alī Ibn Muḥammad Ibn Idrīs, puis de celui de Yaḥyā Ibn Idrīs II…et s’arrête brusquement pour immédiatement narrer la fabuleuse histoire de Fāṭima al-Fihriya[14]Pourquoi ? Il faut dire qu’à la mort de Yaḥyā Ibn Idrīs II, son fils Yaḥyā Ibn Yaḥyā va lui succéder en 245H./859 (l’année précise de la fondation de la Qarawiyyĭn par Fāṭima al-Fihriya selon Ibn Abī Zarʻ )… En cette même année, son règne ne durera que quelques mois (ou semaines ou jours ?), Yaḥyā Ibn Yaḥyā (qui aurait passé son court règne dans la luxure et le stupre) abusera d’une Juive nommée Hanna dans un hammām, ce qui lui vaudra la colère de la population qui le poussera à fuir vers la rive des Andalous où il serait mort la nuit même de la honte dont il se serait couvert... Sa femme, ‘Ātiqa, aurait eu le courage de rester dans la rive des Kairouanais d’où elle aurait rapidement « orchestré » la prise de la ville par sa famille (en écrivant à son père ‘Alī Ibn ‘Umar Ibn Idrīs)[15]. Cette année 245H./859 fut donc celle où une femme (Hanna) fut la principale actrice d’un épisode humiliant de l’histoire des Idrissides, et où une autre femme (‘Ātiqa[16]) fut la principale actrice d’un épisode glorieux de cette même histoire. Cette même année où Ibn Abī Zarʻ arrête son récit de l’histoire idrisside pour y placer précisément une histoire merveilleuse dont l’actrice principale est une femme, Fāṭima al-Fihriya… Alors que pour tout le reste de l’histoire idrisside il n’y a pratiquement aucune figure féminine notable, pendant une seule et unique année trois femmes brillent d’une présence affichée. Il faut dire que les auteurs arabes mentionnent souvent des figures féminines au milieu des moments délicats de leurs récits. Il suffit de se rappeler l’histoire de la fille du célèbre al-Muqawqis, gouverneur de l'Égypte lors de la conquête arabe. Ou encore l’histoire de la fille du gouverneur byzantin de l’Ifrīqiyya, Ğurğīr, lors de cette même conquête. Sans oublier la fille du non moins célèbre comte Julien… Mais, il faut avouer que Fāṭima al-Fihriya tient un rôle relativement différent de toutes ses illustres sœurs de l’historiographie arabe. Car, ces dernières tiennent toutes des rôles passifs (elles sont soit violées, offertes en récompenses ou en train de jouer des rôles tout à fait classiques), alors que Fāṭima al-Fihriya joue un rôle très actif, traditionnellement viril, vu qu’elle construit un monument religieux appelé à devenir célèbre dans l’histoire.

Ibn Abī Zarʻ raconte que la Qarawiyyĭn a été fondée par une femme pieuse nommée Fāṭima al-Fihriya[17], et que le Masğid al-Andalus a été fondée par sa sœur Maryam al-Fihriya grâce à l’héritage qu’elles reçurent. Alors que de tels monuments fondés par des femmes sont extrêmement rares dont l’histoire de l’islam, Ibn Abī Zarʻ prétend que les deux plus prestigieux monuments de Fès ont été fondés par deux femmes, de plus deux sœurs. C’est une belle histoire. Mais cette belle histoire a été éventrée il y a de cela quelques décennies par la découverte, lors d’une restauration de la Qarawiyyĭn, d’un chevron en bois couvert de gypse au-dessus du mihrâb primitif et portant l’inscription de la fondation de la Qarawiyyĭn[18]. Dans un ancien coufique (le même à s’y méprendre que celui employé dans l’inscription, datée de 821, du ribāṭ de Sousse, et que celui des alphabets de Kairouan parmi lesquels le relief apparaitrait en 862[19]), l’inscription proclame que la Qarawiyyĭn a été fondée en 263H./877 par Dawwūd Ibn Idrīs, dont un contemporain comme al-Yaʻqūbī affirme qu’il a effectivement « régné » à environ cette époque à Fès[20]. Ce même Dawwūd Ibn Idrīs qui devait être un des enfants les plus célèbres d'Idrīs II, vu que ce dernier était surnommé Abū Dawwūd (le père de Dawwūd)[21]. Ceci alors qu’Ibn Abī Zarʻ avait érigé comme vérité absolue que la Qarawiyyĭn avait été fondée par l’illustre inconnue Fāṭima al-Fihriya en 245H./859 (cette date qui se situe comme par hasard 100 ans exactement avant la fondation du minaret de la Qarawiyyĭn, qui subsiste jusqu’à aujourd’hui, en 345H[22].

Comme le souligne judicieusement Chafik Benchekroun[23]l'inscription de fondation de la Qarawiyyîn a été découverte au-dessus de l’arcade qui devait surplomber le miḥrāb primitif de la toute première mosquée. Il était recouvert de gypse, ce qui achève de lui octroyer son sceau mérité d'authenticité car les Almoravides s'étaient empressés de recouvrir de gypse toutes les belles arabesques et inscriptions dont ils craignaient que l'esthétique déplaise aux rigoristes Almohades, qui arrivaient alors à Fès et qui allaient directement prier dans la Qarawiyyĭn[24]. De surcroît, la mosquée a-Zaytūna à Tunis, dont la fondation est contemporaine à celle de la Qarawiyyĭn, 241-249 H. / 856-864 J.C., conserve une inscription de fondation de style coufique, similaire à celui figurant sur l’inscription de fondation de la Qarawiyyĭn, sur la coupole précédant le miḥrāb, c'est-à-dire pratiquement le même endroit où a été trouvé celle de la Qarawiyyĭn[25]

La question devient donc d’une évidence à faire brouiller les sens. Ibn Abī Zarʻ a menti sur l’histoire de la fondation de la Qarawiyyĭn. Car il ne faut pas oublier, comme le fait observer M. Benchekroun[26], qu’aucun auteur avant Ibn Abī Zarʻ ne parle de cette formidable histoire de Fāṭima al-Fihriya, ni Ibn ʻIḏārī ni al-‘Uḏrī, et encore moins al-Bakrī qui se plait à donner autant de détails sur Fès (d’ailleurs, il ne parle que de la mosquée de la rive des Andalous, et ne souffle pas un traître mot sur la Qarawiyyĭn). Ibn ‘Abd al-Wāḥid al-Murrākušī, qui écrirait aux environs de 621H./1223 (donc juste avant l’arrivée des Mérinides au pouvoir), parle longuement de Fès et de son éclat intellectuel, en s’enorgueillissant d’y avoir poursuivi toutes ses études dès l’âge de neuf ans, mais il ne fait à aucun moment la moindre allusion ni aux Idrissides ni à la Qarawiyyĭn[27], ceci alors que lorsqu’il parle de l’Ifrīqiyya ou de Qayrawān il n’oublie pas de mentionner les Aghlabides[28]. Un auteur du VIè H./XIIe siècle, comme l'anonyme du Kitāb al-Istibṣār, parle longuement de Fès et s'attarde durant plusieurs lignes sur ce qu'il appelle (جامع عدوة القرويين) la mosquée de la rive des Kairouanais. Il parle alors des ajouts almohades à la mosquée (deux fontaines et une porte), mais ne remonte aucunement plus loin, et ne la lie aucunement aux Idrissides. Il parle tout aussi indifféremment de la mosquée de la rive des Andalous[29]

C’est pourquoi, après la présentation de tous ces arguments, M. Benchekroun pense qu'il devient alors tout-à-fait légitime de douter de l’existence de ce personnage légendaire et sûrement totalement fictif qu’est Fāṭima al-Fihriya[30]

Du lieu de culte au lieu d'enseignement

Des historiens comme Alfred Bel[31] et Lévi-Provençal[32] ne donnent à la Qarawiyyĭn le titre d’université qu’à l’époque mérinide, bien que le premier affirme qu'elle fut le cœur religieux et intellectuel du Maghreb depuis l'époque idrisside[33]. L'historien marocain Muḥammad al-Manūnī pense, quant à lui, que c'est sous le règne des Almoravides que l'université s'ajouta réellement à la mosquée[34]. Ce dernier est peut-être le plus proche de la réalité historique, car, en effet, il faut attendre la première moitié du VIè H./XIIe siècle pour voir sortir de Fès de grands philosophes (à l'image d'Ibn Bāğa ou Avempace), mathématiciens (comme le Juif Ibn al-Yasmīne, inventeur du triangle, dit à tort, de Pascal), en plus de nombreux théologiens et personnalités littéraires. Cela signifie naturellement qu'à cette époque la ville de Fès est devenue capable de présenter des enseignements dans diverses branches (théologie, jurisprudence, philosophie, mathématiques, astrologie-astronomie, sciences de la langue...). Ces diverses branches qui, si elles sont concentrées dès l'époque à la Qarawiyyĭn avec logiquement des professeurs pour chaque matière, peuvent symboliser les futures facultés d'après les futures notions occidentales. Donc, l' « université » d'al-Qarawiyyĭn n'a tout simplement jamais existé à l'époque idrisside, comme le prétend la tradition. La Qarawiyyĭn idrisside ne fut qu'une mosquée parmi d'autres. Le prêche du vendredi n'y était même pas effectué.

Au VIIIè H./XIVe siècle et au-delà (époques wattasside, saʻdienne, alaouite), la plupart des grands savants et lettrés du Maghreb et de ce qui restait de l’Andalousie sont passés à Fès et sa Qarawiyyĭn en tant qu’étudiants, professeurs ou simples auditeurs (Ibn al-Ḫaṭīb, Ibn Ḫaldūn, Ḥasan al-Wazzān ou Léon l'Africain, al-Yūsī…), alors qu’à l’époque idrisside, et en gros avant l’an Mil, les quelques chroniqueurs, juristes et poètes que devaient compter ces mêmes régions ne devaient connaitre au mieux la Qarawiyyĭn que de nom, une mosquée parmi tant d’autres dont l’éventuelle grandeur ne devait même pas dépasser la hauteur de ses murs.


Architecture

Fes Mosquee El Qaraouiyyine.jpg

Tous les matériaux nécessaires furent extraits d'une carrière établie sur le terrain même. L'eau fut fournie par un puits creusé également au même lieu.

La mosquée mesurait alors 150 empans (environ 35 mètres) de longueur du nord au sud. Elle comprenait quatre nefs, une petite cour, un mirhab ainsi qu'un minaret peu élevé.

La mosquée compte 270 colonnes formant 16 nefs de 21 arcs chacune. Chaque nef contient 4 rangées de 210 fidèles, soit 840 ce qui donne pour les 16 nefs 13 440. Ajoutons 160 , nombre des fidèles pouvant se placer au besoin devant les colonnes ; 2700 autres peuvent trouver place dans la cour et 6000 dans la galerie, les vestibules et les seuils des portes. Au final, pas moins de 22 700 fidèles peuvent entendre la prière à la fois.

Enseignement

L'université propose de nombreux enseignements tournés vers l'étude de la religion. L'université est subdivisée en facultés réparties sur plusieurs villes du Maroc (Fès, Agadir, Tétouan, Marrakech). L'université délivre des diplômes visés par l'État marocain[35].

Recherches :

  • Droit Musulman (Fès, Agadir)
  • Déontologie, Théologie et sciences des religions (Tétouan)
  • Langue Arabe et Sciences Islamiques (Marrakech)

Diplômes :

  • Certificat Universitaire d'Études Littéraires (CUEL)
  • Al Ijaza Oulya (Licence)
  • At takhssiss (DES)
  • Al A’limya (Doctorat d’État)

Publications périodiques :

  • Revue Al Quaraouiyine
  • Revue de la faculté Al Logha al Arabia (Marrakech)
  • Revue de la faculté Ach-charia (Fès)
  • Revue de la faculté Ach-chariat (Agadir)
  • Revue de la faculté Ossouleddine (Tétouan)


Statistiques (1996-1997) :

  • Étudiants : 6 178
  • Enseignants : 123
  • Personnel administratif : 226

Références

  1. a et b Kevin Shillington: "Encyclopedia of African history", Vol. 1, New York: Taylor & Francis Group, 2005, ISBN 1579582451, p. 1025
  2. . Pourtant, malgré le vide des sources, il est facilement possible de trouver des historiens qui dissertent longuement sur l’histoire de la Qarawiyyin durant ses premières années comme s’ils avaient des tonnes d’archives à portée de main. Henri Pérès dit par exemple : « Il n’est pas douteux pourtant que Fès, à partir du IXe siècle, ait été, grâce à sa mosquée université d’al-Karawiyyin, « la demeure de la science et de la sagesse », comme l’avait prédit son fondateur ; mais il importe de remarquer que, dès la fondation d’al-Karawiyyin, presque toute l’activité intellectuelle des habitants de Fès se tourne vers les disciplines purement islamiques… » Hespéris, 1934, XVIII, p. 9-10. Alfred Bel tient à peu près le même discours : - Al-Jaznaï, Zahrat al-Âs, trad. Alfred Bel, Publications de la faculté des lettres d’Alger, fascicule 59, 1923, p.85, note 1.
  3. Parmi les historiens contemporains qui ont attribué la fondation de la Qarawiyyin à Fāṭima al-Fihriya : Edmond Pauty, Le plan de l’Université Qarawiyin à Fès, Hespéris, IV, 1923, p. 539. L’article concernant l’histoire de la Qarawiyyĭn sur le site www.qantara-med.org (consulté le 21/11/09) reprend mot pour mot le récit d'Ibn Abī Zarʻ. Du côté des historiens marocains tous chantent la gloire de Fāṭima al-Fihriya (symbole exceptionnel de l’ouverture d’esprit de l’islam, femme pionnière dans l’histoire de l’humanité, blablabla blablabla...). Parmi ces derniers, il est possible de citer Muḥammad al-Muntaṣir Bi-Allāh al-Kattānī, Aḥmad a-Risūnī… ‘Abd al-Hādī a-Tāzī essaie de marier les deux versions de Fāṭima et de Dawwūd. Il faut aussi noter qu'Ibn Ḫaldūn parle brièvement de la fondation de la Qarawiyyĭn, en citant Ibn Abī Zarʻ et en confondant les informations présentées par ce dernier (par exemple lorsqu'il dit que Fāṭima faisait partie de la tribu des Huūra, alors qu'Ibn Abī Zarʻ dit que c'est le propriétaire de la terre de la future mosquée qui l'était…). Voir : Ibn Ḫaldūn, Kitāb al-'ibar wa dīwān al-mubtada' wa al-ḫabar fī ayyām al-ʻarab wa al-ʻajam wa al-barbar wa man ʻāṣarahum min dawī a-sultān al-akbar, Dār al-kutub al-ʻilmiya, Beyrouth, sans date, tome IV, p. 18.
  4. ‘Abd al-Hādī a-Tāzī soutient la théorie voulant que la date donnée par Ibn Abī Zarʻ comme celle de l’édification de la Qarawiyyĭn (245H./859) ne soit que celle du début de la construction, et que la date donnée par l’inscription de fondation soit celle de la fin de la construction et donc de la fondation (263H./877), l’exceptionnelle longueur de la durée des travaux (18 ans pour un modeste oratoire) serait imputable à la sécheresse qui sévissait à l’époque, aux importants problèmes économiques que connaissait Fès, ainsi qu’aux luttes intestines que se livrait la classe politique de l’époque. De plus, pour expliquer l’absence du nom de Fāṭima al-Fihriya de l’inscription de fondation, et la présence de celui de Dawwūd Ibn Idrīs, a-Tāzī recourt au fait que Fāṭima soit une femme, et que la fondation de mosquées était souvent mise au nom des souverains. Voir l’article sur la Qarawiyyĭn publié sur Internet : www.islamonline.net/
  5. Chafik T. Benchekroun, Les Idrissides (L'histoire contre son histoire), Mémoire de Master I, Université de Toulouse, septembre 2010, p. 69.
  6. Un auteur très tardif comme Ibn al-Qāḍī (né à Fès en 960H./1562 et décédé en 1025H./1616) prétend en effet que son père s'appelait Muḥammad IbnʻAbd-Allāh al-Fihrī. Voir : Évariste Lévi-Provençal, Extraits des historiens arabes du Maroc, Emile Larose, Paris, 1923, p. 22.
  7. Ibn Abi Zar’, Rawd al-Qirtas, traducido y anotado por Ambrosio Huici Miranda, J. Nacher, Valencia, 1964, p. 106.
  8. Plus précisément Fāṭima bint Qays al-Fihriya.
  9. Šams a-dīn a-ḏahabī, Tahḏīb siyar aʻlām a-nubalāe, Muassasat a-risāla, 1992, tome I, p. 165.
  10. Chafik T. Benchekroun, Les Idrissides (L'histoire contre son histoire), Mémoire de Master I, Université de Toulouse, septembre 2010, p. 70.
  11. Al-Yaʻqūbī, Tārīḫ al-Yaʻqūbī, Dār Ṣādir, Beyrouth, sans date, Tome II, p. 19.
  12. Ibn Abi Zar’, idem, p. 107.
  13. Ibn Abi Zar’, idem, p. 110.
  14. Ibn Abi Zar’, idem, p. 105-6. Ibn Abī Zarʻ prétend que c’est sous le règne de Yaḥyā Ibn Muḥammad Ibn Idrīs que la Qarawiyyĭn fut fondée, donc, en 244H./858 ou, l’année où ce dernier mourut, en 245H./859. Voir pages 105 et 149.
  15. Ibn Abi Zar’, idem, p. 151-152.
  16. Noter au passage que ce serait le prénom de la mère d’Idrīs Ibn ‘Abd-Allāh. Voir : Zaġlūl 'Abd al-Ḥamīd, Tārīḫ al-Maġrib al-ʻarabī, Munšaat al-maʻārif, Alexandrie, 2003 (1re édition : 1964), tome II, p. 423.
  17. Histoire des souverains du Maghreb, trad. Beaumier, Paris, 1860, p. 67.
  18. Pour un rapport détaillé sur cette découverte voir, notamment : Mélanges d’histoire et d’archéologie de l’Occident musulman, II, Gouvernement général de l’Algérie, Alger, 1957. Pour l’article (Une nouvelle inscription idrisside, G. Deverdun, p. 67-73), ainsi que : ‘Abd al-Hādī a-Tāzī, Ğāmiʻ al-Qarawiyyīn al-masğid wa al-ğāmiʻa bi-madīnat Fās, Dār al-kitāb a-lubnānī, 1972, tome I, p. 200-201.
  19. Mélanges d’histoire et d’archéologie de l’Occident musulman, p. 69. Cependant, il faut reconnaître que, comme le fait d’ailleurs Gaston Deverdun : « Dawûd sur l’unique monnaie (datant de 222H) connue à son nom, porte la kunya d’al-Muntaçir billah qui n’est pas utilisée ici. » (p. 69). Le titre d’imam peut aussi surprendre (p. 72).
  20. Al-Ya’kubi, Les pays, trad. Gaston Wiet, Institut français d’archéologie orientale, Le Caire, 1937, p. 223-224.
  21. Ibn al-Abbār, Al-ḥulla a-sayrāe, texte révisé par Ḥusayn Muenis, Dār al-Ma'ārif, Le Caire, 1985, tome I, p. 131.
  22. Ibn Ḫaldūn, Kitāb al-'ibar wa dīwān al-mubtada' wa al-ḫabar fī ayyām al-ʻarab wa al-ʻajam wa al-barbar wa man ʻāṣarahum min dawī a-sultān al-akbar, Dār al-kutub al-ʻilmiya, Beyrouth, sans date, tome IV, p. 18.
  23. Chafik T. Benchekroun, Les Idrissides (L'histoire contre son histoire), Mémoire de Master I, Université de Toulouse, septembre 2010, p. 71.
  24. Ibn Abi Zar’, idem, p. 121. Ceci se serait passé précisément lors de la nuit du 14 au 15 rabīʻ a-tānī 540H./4 au 5 septembre 1145 (ou bien la nuit du 11 au 12, ou encore celle du 13 au 14)
  25. Zaġlūl 'Abd al-Ḥamīd, Tārīḫ al-Maġrib al-ʻarabī, Munšaat al-maʻārif, Alexandrie, 2003 (1re édition : 1964), tome II, p. 102.
  26. Chafik T. Benchekroun, Les Idrissides (L'histoire contre son histoire), Mémoire de Master I, Université de Toulouse, septembre 2010, p. 72.
  27. Ibn ‘Abd al-Wāḥid al-Murrākušī, al-Muʻğib fī talḫīs aḫbār al-Maġrib, Dār al-kutub al-ʻilmiya, Beyrouth, 2005, p. 257
  28. Ibn ‘Abd al-Wāḥid al-Murrākušī, idem, p. 255.
  29. Kitāb al-Istibṣār fī ʻağāib al-amṣār, Texte commenté et annoté par Saʻd Zaġlūl 'Abd al-Ḥamīd, dār a-šuūn a-ṯaqāfiya al-ʻāmma, Baghdad, 1986, p. 180-181.
  30. Le caractère légendaire de ce personnage se révèle d’autant plus vrai qu’avec le temps, les générations attribueront de plus en plus de traits sacrés à Fāṭima al-Fihriya comme celui d’avoir affecté la ḥuṭba à la Qarawiyyĭn rien que par sa seule autorité (alors que la ḥuṭba n’y sera transférée que quelques décennies après la fondation de la mosquée sous les Zénètes). En tous cas, c’est ce qu’affirme sérieusement a-Tanasī au IXè H./XVe siècle. Ce même a-Tanasī qui affirme que la Qarawiyyĭn fut fondée par une femme qarawiyya (campagnarde)… Qarawiyyĭn étant le pluriel de qarawī (campagnard), cela pourrait autrement expliquer l’étymologie de la mosquée, voire de la rive droite de Fès en entier, mais il faut aussi faire remarquer que qarawī peut également être synonyme de qayrawānī, c'est-à-dire habitant de Qayrawān (un anonyme du VIIIè H./XIVe siècle dit aussi Fāṭima al-Qarawiyya). Voir : Le fragment parlant d’histoire idrisside tiré du livre d’a-Tanasī intitulé Naẓm a-ḏurr wa al-ʻiqyān fī bayān šaraf banī zayyān publié par Ismāʻīl al-‘Arabī en annexe de son ouvrage : Ismāʻīl al-ʻArabī, Dawlat al-adārisa mulūk Tilimsān wa Fās wa Qurtuba, Dār al-Ġarb al-islāmī, Beyrouth, 1983, p. 285.
  31. Al-Jaznaï, Zahrat al-Âs, trad. Alfred Bel, Publications de la faculté des lettres d’Alger, fascicule 59, 1923, p. 7.
  32. Lévi-Provençal, Les historiens des Chorfas suivi de La fondation de Fès, Maisonneuve, Paris, 2001.
  33. Al-Jaznaï, Zahrat al-Âs, trad. Alfred Bel, Publications de la faculté des lettres d’Alger, fascicule 59, 1923, note 1, page 85 de la traduction)
  34. Gaston Deverdun, al-Karawiyyîn, Encyclopédie de l'Islam, E.J.Brill/Maisonneuve & Larose, Leyde/Paris, 1971, volume IV, p. 659.
  35. http://www.enssup.gov.ma

Bibliographie

  • Roudh el Cartas par Abou Mohammed Saleh Ben Abd el Halim, 1325 (traduction d'Auguste Beaumier, 1858).
  • Monographie sur Fez par le Capitaine Thomas, 1892-1893, papiers La Martinière.
  • Chafik T. Benchekroun, Les Idrissides (L'histoire contre son histoire), Mémoire de Master I, Université de Toulouse, septembre 2010.

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