Île Seguin

Île Seguin

48°49′25.61″N 2°13′59.67″E / 48.8237806, 2.2332417

L'Île Seguin en 2011

L'île Seguin est une île sur la Seine, dans l'ouest de la région parisienne, dans le département des Hauts-de-Seine. Elle est située face à Meudon, juste en aval de l'île Saint-Germain, entre Boulogne-Billancourt, dont elle dépend administrativement, sur sa rive droite, et Sèvres sur sa rive gauche.

Elle abrita de 1929 à 1992 une usine de construction automobile Renault qui couvrait la quasi-totalité de l'île. Les bâtiments industriels ont été rasés en 2004-2005 et le site est en attente d'une réaffectation. Le projet actuel, dévoilé en juin 2010, prévoit 310 000 m2 de droits à construire, cinq tours dont la plus haute atteindra 120m [3], sept hectares d'espaces verts, deux salles de concert, un pôle consacré à l'art contemporain, un autre au cinéma et aux arts numériques. Le début des travaux est prévu en 2012, pour un achèvement en 2017. Ce nouveau projet ne manque pas de faire débat, et a provoqué l'opposition de nombreuses associations.

Sommaire

Histoire

Avant Renault

Avant le XVIIe siècle, l'île est la propriété de l'abbaye de Saint-Victor et ses terres sont louées à des fermiers qui y pratiquent des cultures[1].

L'île se trouve subitement valorisée avec la création du château de Versailles. En effet, elle se situe sur la nouvelle route qui relie Versailles à Paris et devient alors un lieu fréquenté par l'aristocratie. En 1747, le roi Louis XV fait l'acquisition de l'île - alors dénommée île de Sève - pour ses filles[2]. Devenue l'île Madame, elle est ensuite revendue avant la Révolution française à une blanchisserie, la société Riffé, appelée « Buanderie de Sèvres ».

En 1790, avec la nationalisation de la blanchisserie, l'île revient dans le giron de l'État[3]. Brève propriété d'un banquier en 1793, Jean-Baptiste Vandenyver, qui meurt guillotiné quelques mois plus tard[3], elle est disputée par les municipalités de Sèvres, Issy et Auteuil lors des nouvelles délimitations de Paris. Elle est acquise en 1794 par un chimiste, Armand Seguin — qui lui laissera son nom — pour y appliquer une nouvelle méthode pour tanner le cuir[3]. Elle comporte alors essentiellement des tanneries et des blanchisseries.

Durant la Belle Époque, tout en conservant sa fonction industrielle, l'île Seguin redevient également un lieu prisé pour les loisirs : canotage, tir aux pigeons, pêche à la ligne[3].

La période de l'usine Renault

Île Seguin - ancienne usine et siège social historique de Renault - acquise par Louis Renault en 1919.

En 1919, Louis Renault patron de la « Société Renault Frères », dont les usines occupaient jusqu’ici des terrains sur la rive droite de la Seine, à Boulogne-Billancourt (« le Trapèze »), ainsi que sur la rive gauche, à Meudon (Bas-Meudon), acquiert l'île Seguin.

L'industriel y construit sa première usine entre 1929 et 1934. L'histoire de l'île va désormais coïncider avec celle de l'usine Renault. Complètement autonome, celle-ci possédait sa propre centrale électrique et plusieurs sites d'essais, dont une piste souterraine[1], ainsi qu'un pont d'embarquement pour transporter les véhicules par voie fluviale. C'est alors la plus grande usine de France, avec plus de 30 000 employés. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’usine, qui produit alors des camions pour l’occupant Allemand, subit plusieurs bombardements alliés.

Louis Renault accusé de collaboration avec l’ennemi meurt en prison en 1944, peu avant son procès. L'entreprise est alors nationalisée le 15 janvier 1945 sous le nom de « Régie nationale des usines Renault ».

Dans les années 1950, l'usine symbolise la croissance et la modernité de l'industrie française, notamment au moment où la Régie Renault lance la fabrication en grande série de la populaire 4CV. L'usine devient en même temps un bastion du syndicalisme, notamment pendant les événements de Mai 1968.

Alors qu'elle possède désormais de nombreux sites de production, en France comme à l'étranger, la régie annonce la fermeture de l'usine en 1989, celle-ci ne correspondant plus aux exigences des nouveaux processus de production. La dernière voiture, une Supercinq, sort des chaînes le 31 mars 1992. Le nettoyage des bâtiments a commencé presque immédiatement après, mais ce qui posa le plus de problème fut l'énorme chantier de désamiantage et de dépollution du sol. La démolition des bâtiments de l'usine Renault se trouvant sur l'île a démarré le 29 mars 2004 et s'est achevée le 8 mars 2005.

Ponts

Le pont Daydé et le pont Seibert de part et d'autre de l'Île
Articles détaillés : Pont Daydé et Pont Seibert.

Du temps de l'usine, l'île était accessible par deux passerelles métalliques (un pont suspendu fabriqué par Daydé en 1928 la reliait avec la rive droite et un pont en poutre-treillis fabriqué par Seibert en 1931 avec la rive gauche).

Un nouveau pont, le pont Renault, conçu par l'architecte Marc Barani a été inauguré en 2009.

Projets pour l'île

Depuis la fin des années 1990, plusieurs idées d'aménagement furent évoquées et des projets architecturaux ont été proposés mais aucun n'a abouti à ce jour.

L'île Seguin a été achetée 43 millions d'euros à la régie Renault par une société anonyme d'économie mixte (SAEM) dans laquelle la ville de Boulogne est largement majoritaire (64 %) à côté du département des Hauts-de-Seine (10 %) et de la Caisse des dépôts et consignations (15 %).

L'ancien projet de François Pinault

L'île a fait l'objet d'un concours d'urbanisme et sur une partie de l'île, un musée d'art contemporain devait être réalisé par le milliardaire François Pinault avec un bâtiment de l'architecte Tadao Andō, proposé dès 1999. François Pinault a officiellement renoncé à son projet le 10 mai 2005 dans une déclaration faite au journal Le Monde[4], et justifiant son choix par la longueur des délais administratifs et des tensions locales pour la réalisation du projet. Pinault a donc décidé de réaliser son musée au Palazzo Grassi de Venise, dont le projet s'est rapidement mis en place, avec l'aide de la municipalité vénitienne, et l'extension possible dans le bâtiment de la Douane de Venise.

Projet Façade-enveloppe

Après de nombreux projets avortés, un nouveau plan est mis en place par la société G3A, filiale de la Caisse des dépôts et consignations dirigée Jean-Louis Subileau. Le projet consiste à entourer l'île d'une « façade-enveloppe » qui aurait pour but de « rappeler la mémoire ouvrière » du site en échos à la façade construite par l'architecte Laprade. Ce packaging urbain vise à habiller les 175 000 m2 prévus sur l'île. L'objectif est d'associer, autour d'un jardin de 4 hectares, une cité des arts, un pôle d'innovation scientifique consacré à la santé et une cité internationale dotée d'une résidence de chercheurs et d'artistes et d'un centre de rencontres.

En octobre 2004, c'est le projet de l'équipe Arm Poitevin-Reynaud, Stéphane Maupin et Jérôme Sans qui a été choisi pour la « façade-enveloppe ». L'installation de l'Institut national du cancer, d'un hôtel quatre étoiles par Cogédim-Intercontinental, et de logements pour des chercheurs devait s'achever avant 2009. L'Université américaine de Paris souhaitait aussi s'y installer.

Projet culturel

Le départ inattendu de la fondation Pinault pour Venise fut l'occasion de voir émerger de nouvelles propositions. Parmi elles, la Cité des Savoirs du 21e siècle pour l'Île Seguin[5], projet culturel et éducatif en plusieurs espaces[6] de production, d'exposition et d'animation au cœur d'un "jardin aux cultures"[7], émergea par l'implication de la société civile boulonnaise réunie par Sylvain Canet[8] avec le soutien de personnalités telles Axel Kahn, Albert Jacquard, Philippe Meirieu, Régis Debray ou Jacques Séguéla.

Ce projet fut plus ou moins repris par l'ensemble de la classe politique. Il irriguait les programmes des candidats aux municipales 2008 et déboucha même sur l'engagement et la candidature du président de l'association, Sylvain Canet, qui mena une liste et poursuit encore actuellement ce combat culturel pour l'île.

Très critique sur l'orientation prise par la municipalité précédente, autant en termes de densification excessive qu'en termes de programmation (pas de chercheurs mais uniquement des administrations), le député-maire de la ville, Pierre-Christophe Baguet, propose à l'occasion des élections municipales de 2008 un nouveau projet intitulé l'« île des Deux Cultures »[9],[10] et soutenu par le président du département Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian et son prédécesseur Nicolas Sarkozy[10]. Ce nouveau projet abandonne l'idée de départ de mêler institutions culturelles (création d'une scène de musiques actuelles de 4 000 m2 et scientifiques (installation du siège du CNRS, de l'INSERM et de l'Institut national du cancer). Le projet du campus de l'université américaine de Paris sur 20 000 m2 est également en question, notamment en raison du désengagement d'un des partenaires, l'université de New York[9]. Le nouveau projet soutenu par Pierre-Christophe Baguet propose en revanche une île Seguin « ouverte aux Boulonnais » et se développant autour d'un jardin de sculptures de 4 000 m2 et 110 000 m2 d'activités et de service. L'arrivée de sociétés de l'industrie culturelle et de restaurants est souhaitée, notamment pour générer des revenus de la taxe professionnelle, à l'inverse des institutions précédemment envisagées. Le 22 avril 2008, Jean-Louis Subileau, directeur de la SAEM qui promouvait le précédent projet, est démis de ses fonctions par le maire Pierre-Christophe Baguet, président de la SAEM[10]. De nombreuses réactions paraîtront alors dans la presse pour défendre ce projet alternatif ou attaquer l'actuel, l'île Seguin ayant été un enjeu majeur lors des élections municipales de 2008 et potentiellement de 2014[10]. Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine a annoncé vendredi 16 janvier 2009 le lancement des études concernant les trois premiers projets de la future « Vallée de la Culture »[11]. Le 9 juillet 2009, Jean Nouvel est désigné pour réaménager l'île Seguin en « île de tous les arts »[12].

Le 7 juillet 2010, le projet de Jean Nouvel a été officiellement inauguré en présence de Pierre-Christophe Baguet. Les travaux commenceraient en 2012 pour une livraison prévue en 2017[13]. Ce projet porte à 335 000 m2 l'espace construit, ce qui ne manque pas de faire débat[14]. Le projet prévoit entre autres la construction de 5 tours de bureaux culminant a 120m de haut. Il a provoqué une violente opposition des associations de défense de l'environnement et des associations de riverains qui ne veulent pas voir défigurer un site unique[15]. Ce projet a déchiré la majorité municipale et entrainé la démission du premier adjoint, ainsi que de l'adjoint a la culture, au nom du respect des engagements pris vis a vis des électeurs[16].

Notes et références

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Gilbert Hatry, Pierre Mercier, L'Île Seguin, Éditions Jcm, 1991. 110 pages, Ouvrage extrêmement documenté.
  • [lire en ligne] Renault sur Seine: Hommes et lieux de mémoires de l'industrie automobile Costa-Lascoux, Jacqueline Éditions La Découverte 2007.
  • Île Seguin - , Jean-Louis Loubet, Etai Distribution 2004



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Île Seguin de Wikipédia en français (auteurs)

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