Équation polynomiale

Équation polynomiale

Une équation polynomiale est une équation de la forme :

 \qquad a_n x^n + a_{n - 1} x^{n - 1} + \cdots + a_1 x + a_0 = 0,

où les a_i \!, appelés coefficients de l’équation, sont donnés. Les coefficients sont le plus souvent des nombres réels ou complexes, mais ils peuvent prendre leurs valeurs dans n’importe quel anneau.

En mathématiques, l'équation polynomiale, est le sujet central de la théorie des équations. L'objectif de la théorie des équations est de trouver les racines d'un polynôme, ce qui revient à résoudre une équation polynomiale. Résoudre l’équation consiste à trouver l’ensemble des valeurs de l’inconnue x \! (appartenant à un certain ensemble, en général le même corps ou anneau que les coefficients), appelées solutions de l’équation, pour lesquelles l’équation polynomiale est vraie.

On appelle degré de l’équation la plus grande puissance de l’inconnue affectée d’un coefficient non nul. Par exemple, l’équation x^2 + 2x + 1 = 0 \! d’inconnue x \in \mathbb R est une équation polynomiale réelle du second degré. (Son unique solution (solution double) est − 1.)

Sommaire

Théorie

Polynômes

Soit l’équation

(\mathrm E) \qquad a_n x^n + a_{n - 1} x^{n - 1} + \cdots + a_1 x + a_0 = 0,

dont les coefficients ai appartiennent à un corps \mathbb K. Les solutions de (E) dans \mathbb K sont les racines du polynôme

P = a_n X^n + a_{n - 1} X^{n - 1} + \cdots + a_1 X + a_0 \quad \in \mathbb K[X],

obtenu en substituant à l'inconnue x l'indéterminée X.

On montre en algèbre qu'un polynôme de degré n possède au plus n racines. L'équation (E) admet donc au plus n solutions.

Si \mathbb K' est un surcorps de \mathbb K, on peut considérer (E) comme une équation à coefficients dans \mathbb K' ; et les solutions de (E) dans \mathbb K sont aussi solutions dans \mathbb K' (la réciproque étant en général fausse). Il est toujours possible de trouver un surcorps de \mathbb K, appelé corps de rupture du polynôme P, dans lequel (E) admet au moins une solution.

Existence de solutions pour les équations réelles et complexes

Le théorème de d'Alembert-Gauss affirme que le corps des complexes est algébriquement clos, c’est-à-dire que toute équation polynomiale à coefficients complexes et de degré au moins un admet une solution.

Il s’ensuit que toute équation polynomiale de degré un ou plus à coefficients réels admet une solution complexe. En revanche, une équation comme x2 + 1 = 0 n’a pas de solution dans \mathbb R (ses solutions sont les complexes i et i).

Autant l'intuition des solutions réelles d'équations réelles P(X) = 0 est immédiate (ce sont les points de la courbe Y=P(X) qui rencontrent l'axe (ox)), autant l'existence de ces solutions complexes d'équations réelles peut paraître étonnante et leur localisation indéterminable intuitivement.

Toutefois, une équation polynomiale réelle de degré impair admet nécessairement une solution réelle. En effet, la fonction polynôme associée est continue, et elle tend vers -\infty au voisinage de -\infty et vers +\infty au voisinage de +\infty. D’après le théorème des valeurs intermédiaires, elle prend donc la valeur zéro en un certain réel, qui est ainsi solution de l’équation.

Lien avec la théorie de Galois

On dispose de formules donnant les solutions des équations polynomiales réelles ou complexes de degré inférieur ou égal à 4 en fonction de leurs coefficients. Abel a montré qu’il n’est pas possible de trouver de telles formules générales (n’utilisant que les quatre opérations usuelles et les racines) pour les équations de degré 5 ou plus. La théorie de Galois donne un critère permettant de déterminer, étant donnée une équation polynomiale, si sa solution s’exprime par radicaux.

Résolution explicite des équations numériques

Démarche

La résolution explicite d’une équation réelle ou complexe du premier degré est immédiate. Résoudre une équation de degré supérieur n revient à factoriser le polynôme associé, c’est-à-dire à réécrire (E) sous la forme

a_n(x-z_1)\dots(x-z_n)=0,

où apparaissent naturellement les solutions z_1, \dots, z_n. On cherche donc à exprimer les zi en fonction des ai.

Cette démarche s’applique plus généralement si coefficients et solutions prennent leurs valeurs dans un anneau intègre.

Second degré

Article détaillé : Équation du second degré.

Pour résoudre une équation du second degré du type ax2 + bx + c = 0 on calcule son discriminant Δ défini par Δ = b2 − 4ac.

Si Δ > 0, alors l’équation a deux racines réelles distinctes x1 et x2, telles que :

x_1 = \frac{-b -\sqrt{\Delta}}{2a}
x_2 = \frac{-b +\sqrt{\Delta}}{2a}.

Si Δ = 0, l’équation a alors une racine réelle double x0, telle que :

x_0 = -\frac{b}{2a}.

Si Δ < 0, il n’existe aucune racine réelle au trinôme. Cependant il possède 2 racines complexes conjuguées z1 et z_2 = \bar{z_1}. Si Δ = (iδ)2, on peut écrire :

z_1 = \frac{-b - i\delta}{2a}
z_2 = \frac{-b + i\delta}{2a}.

Équations se ramenant au second degré

Certaines équations de degré trois ou quatre se ramènent facilement à des équations du second degré. Leur résolution nécessite de connaître la formule de résolution des équations du second degré et les nombres complexes.

Premier exemple : racine(s) évidente(s)

Lorsqu’une équation de degré n admet une solution évidente, on peut factoriser le polynôme associé en un facteur du premier degré et un polynôme de degré n − 1. La résolution de l’équation se ramène donc à celle d’une équation de degré n − 1.

On se propose d’étudier pour quelles valeurs de x la fonction réelle f : x \mapsto x^3 + x^2 + x + 1, polynomiale de degré 3, s’annule.

On remarque tout d’abord que f( − 1) = 0. Donc -1 est une racine du polynôme.

On cherche alors (α,β,γ) tels que

f(x) = (x + 1)(\alpha x^2 + \beta x + \gamma)\,\! .

On a :

f(x) = \alpha x^3 + \beta x^2 + \gamma x + \alpha x^2 + \beta x + \gamma\,\!
f(x) = \alpha x^3 + (\alpha + \beta)x^2 + (\beta + \gamma)x + \gamma\,\!

Or deux polynômes sont égaux s’ils sont de même degré et si leurs coefficients respectifs sont égaux deux à deux. Donc :

\left\{ 
\begin{matrix}
  \alpha = 1 \\
  \alpha + \beta = 1 \\
  \beta + \gamma = 1 \\
  \gamma = 1
\end{matrix}
\right.

et

\left\{
\begin{matrix}
  \alpha = 1 \\
  \beta = 0 \\
  \gamma = 1
\end{matrix}
\right.

Ainsi,

f(x) = (x + 1)(x^2 + 1)\,\!,

et résoudre f(x) = 0 revient à résoudre x + 1 = 0, puisque x2 + 1 > 0. L’unique solution réelle de l’équation est − 1.

Deuxième exemple : équations bicarrées

On se propose de rechercher les racines du polynôme bicarré

f(x) = 7x^4 + 4x^2 - 3\,\!

(est dit bicarré tout polynôme de la forme ax^4 + bx^2 + c\,\!). Pour cela, nous allons réaliser un changement d’inconnue.

Posons X = x2, on a alors f(x) = 7X2 + 4X − 3. L’équation du second degré obtenue a pour discriminant Δ = 42 − 4(7)( − 3) = 16 + 84 = 100. Ses solutions sont donc

X_1 = \frac{-4 + \sqrt{100}}{2 \times 7} = \frac{3}{7}\,\!
X_2 = \frac{-4 - \sqrt{100}}{2\times 7} = -1.\,\!

Ces solutions sont exactement les carrés des solutions de l’équation de départ

7x^4 + 4x^2 - 3 = 0\,\!.

L’ensemble des racines de f est donc

S = \left\{ -i ; i ; - \sqrt{\frac{3}{7}} ; \sqrt{\frac{3}{7}} \right\}\,\!.

Troisième exemple, où x ↦ ax + b√x + c

L’objectif est ici d’étudier les solutions de l’équation f(x) = 0, avec f : x \mapsto x - 4\sqrt{x} - 5. Cela illustre que certaines équations non polynomiales se ramènent, elles aussi, à des équations polynomiales du second degré.

On pose X = \sqrt{x} ; on peut donc écrire f(x) = X2 − 4X − 5. On résout alors l’équation f(x) = 0 d’inconnue X : X2 − 4X − 5 = 0 équivaut à (X − 2)2 − 9 = 0. Les solutions sont donc X1 = 5 et X2 = − 1. La solution X2 = − 1 doit être rejetée car le changement de variable X = \sqrt{x} impose X \ge 0.

La seule solution possible de f(x) = 0 est donc : x = X_1^2 = 25

Troisième et quatrième degré

Pour résoudre une équation du troisième ou du quatrième degré, on peut tenter de ramener l’équation à une multiplication d’au moins deux polynômes plus simples (voir ci-dessus).

Jérôme Cardan a résolu certaines équations de degré 3 et a exprimé les racines sous la forme de radicaux. Leonhard Euler a résolu ces équations d’une manière générale en commençant par rendre nul le terme de degré inférieur à celui du terme dominant en cherchant sans succès une méthode générale s’appliquant ensuite aux équations de degré supérieur.

Pour un exposé détaillé de certaines méthodes de résolution voir :

Équations de degré supérieur

Article détaillé : Théorème d'Abel (algèbre).

Évariste Galois et Niels Henrik Abel ont démontré indépendamment l’un de l’autre que d’une manière générale une équation polynomiale de degré 5 ou plus n’est pas résoluble par radicaux (voir paragraphe Théorie ci-dessus). Un exemple d'équation non résoluble par radicaux est donné dans l'article Groupe alterné. Certaines équations particulières le sont, comme par exemple celles associées aux polynômes cyclotomiques d'indice 5 ou 17.

Charles Hermite a en revanche démontré que les équations polynomiales de degré 5 sont résolubles à l’aide des fonctions elliptiques.

Voir en particulier :

Voir aussi

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Articles connexes

Lien externe

« Recherche instantanée des racines d'un polynôme de degré quelconque » sur le site personnel de Jean-Christophe Michel


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