Élisabeth Le Bas

Élisabeth Le Bas
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Élisabeth Le Bas, née Duplay le 26 août 1773[1], morte à Rouen le 16 avril 1859[2],[3], est une personnalité de la Révolution française. Fille de Maurice Duplay et de Françoise-Éléonore Vaugeois (qui accueillirent chez eux Maximilien de Robespierre de 1791 à 1794), sœur d'Éléonore Duplay, elle épousa Philippe-François-Joseph Le Bas.

Sommaire

Biographie

Née en 1773, c'est une jeune fille vive et enjouée. Elle se démarque de sa sœur aînée, Éléonore, par ses manières « populaires », ainsi que par sa verve.

Michelet, dans son Histoire de la Révolution française, la décrit comme « vive et charmante, [elle] ne perdait pas une occasion de dérider [Robespierre] ».

Le 24 avril 1793, jour de l'acquittement de Jean-Paul Marat par le tribunal révolutionnaire, elle se rend à la Convention nationale avec Charlotte de Robespierre ; dans les tribunes, elle fait la connaissance de Philippe Le Bas, l'un des collègues et amis de l'Incorruptible, futur membre du comité de sûreté générale. Elle le revoit par la suite, à la Convention ou au club des Jacobins, où elle se rend quelquefois avec sa mère quand Robespierre y intervient[4].

Le 26 août 1793, elle épouse Philippe Le Bas en présence de Jacques-René Hébert, qui fait les fonctions d'officier municipal, de Robespierre, témoin de l'époux, de Jacques-Louis David et de Pierre Vaugeois, frère de Mme Duplay, menuisier à Choisy[4]. Le 29 prairial an II (17 juin 1794), elle met au monde un petit garçon prénommé également Philippe et qui deviendra, par la suite, précepteur de Napoléon III.

Le soir du 9 thermidor, elle arrive avec sa belle-sœur Henriette devant la prison où son mari est interné quand il en est libéré par la Commune. Quelques heures plus tard, celui-ci se suicide, et elle est emprisonnée le 13 (31 juillet 1794), ainsi que toute sa famille (dont son bébé). Libérée cinq mois après, elle emménage avec sa sœur aînée et élève seule son fils.

Elle se remarie le 20 nivôse an VII (9 janvier 1798) avec Charles Le Bas, frère de son premier mari[5], commissaire général à Lorient, qui meurt en 1829[6]. Ensemble, ils ont deux enfants : Charles, nommé bibliothécaire à la bibliothèque de la Sorbonne le 1er janvier 1847 grâce à son demi-frère[7], et Caroline.

Après le décès de son second époux, elle s'installe avec son fils Philippe, rentré de Suisse, dans un appartement au troisième étage du n° 30 de la rue de Condé[6].

Elle meurt en 1859, à l'âge de 86 ans, chez sa fille Caroline, mariée au propriétaire de l'Hôtel du Nord, à Rouen[8].

Ses Mémoires, inédits, nous fournissent de précieux renseignements sur la vie que mena Robespierre au sein de la famille Duplay pendant la Révolution.

Anecdotes

Dans le livre IX de son Histoire de la Révolution Française, Jules Michelet signale en notes l'événement suivant, rapporté d'après lui par « un ami de Robespierre, [...] ennemi de Camille Desmoulins » : « Un jour Camille, avec une légèreté très coupable et très libertine, aurait donné un livre obscène à l'une des plus jeunes demoiselles Duplay. Robespierre le lui surprit dans les mains, et, comme tout homme sage eût fait, il le retira adroitement à la jeune fille, en lui donnant pour compensation un livre de belles images qui n'avait rien de dangereux. Il ne montra ni aigreur ni violence. Mais, soit haine du libertinage, soit profonde blessure d'amour propre contre l'insolent qui respectait si peu le saint des saints de Robespierre, il oublia tous les services de l'ami, de l'ancien camarade, qui avait travaillé tant d'années à sa réputation et dès cette heure, il voulut sa mort[9]. »

L'historien rapporte également que, lors d'une visite qu'il fit, enfant, avec sa mère chez Élisabeth Le Bas, cette dernière lui dit : « Ces hommes étaient des saints[10] ».

Pour approfondir

Bibliographie

  • Stéfane-Pol, Autour de Robespierre: Le conventionnel Le Bas, d'après des documents inédits et les mémoires de sa veuve, E. Flammarion, 1901, 340 p. [lire en ligne] 

Articles connexes

Notes et références

  1. Hector Fleischmann, Robespierre et les femmes, Paris, Albin Michel, 1909, 400 pages, p. 122.
  2. Paul Bauer‎, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire & documents, 2006, 867 pages, p. 303 (ISBN 2-914611-48-X).
  3. Jean Bastier, La Féodalité au siècle des lumières dans la région de Toulouse, Paris, Bibliothèque nationale, 1975, 312 pages, p. 40 (ISBN 2-7177-1256-9).
  4. a et b Ernest Hamel, Histoire de Robespierre et du coup d'état du 9 thermidor, vol. 3, A. Cinqualbre, 1867 [lire en ligne], p. 289-293 
  5. Ernest Hamel, Thermidor: d'après les sources orginales et les documents authentiques, avec un portrait de Robespierre gravé sur acier, Jouvet, 1891, 363 pages, p. 59.
  6. a et b G. Lenôtre, Paris révolutionnaire: Vieilles maisons, vieux papiers, vol. 3, Perrin et cie, 1921, p. 81.
  7. Mélanges de la Bibliothèque de la Sorbonne,‎ vol. 1-4, Bibliothèque de la Sorbonne, 1980, p. 101.
  8. Jacques Chabannes, Amours sous la Révolution‎, Librairie académique Perrin, 1967, 347 pages, p. 148.
  9. Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, vol. 5, Paris, A. Le Vasseur, 1869 [lire en ligne], p. 100 
  10. François Wartelle, « Lebas Philippe François Joseph », in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, PUF, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, p. 655).

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