Eleonore Duplay

Eleonore Duplay

Éléonore Duplay

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Pastel d'Éléonore Duplay présumé d'elle-même, Musée Carnavalet

Françoise-Éléonore Duplay[1], dite Cornélie, née en 1768, décédée à Paris le 26 juillet 1832, est la fille de Maurice Duplay et de Françoise-Éléonore Vaugeois, qui accueillirent Maximilien de Robespierre chez eux de 1791 à sa mort en 1794.

Nous savons peu de choses sur elle. Elle avait un caractère droit et fier (d'où son surnom de Cornélie en référence à la mère des Gracques) mais semblait un peu inhibée dans son rôle d'aînée. Elle étudiait la peinture et se révélait assez douée mais n'ambitionnait pas d'en faire son métier.

Selon la légende de la famille Duplay, Éléonore serait devenue la fiancée de l'Incorruptible pendant son séjour dans sa famille.

A ce sujet, plusieurs opinions s'opposent:

  • À en croire sa sœur Élisabeth, elle était « promise » à Maximilien de Robespierre, qui aurait dit à son sujet : « Âme virile, elle saurait mourir comme elle sait aimer ».
  • Un juré au tribunal révolutionnaire, Joachim Vilate, explique qu'Éléonore « passait pour sa femme et avait une sorte d'emprise sur lui. »
  • Tandis que Joseph Souberbielle raconte qu' « On répète dans toutes les histoires qu’il était l’amant de la fille Duplay. Comme commensal habituel de cette maison, dont j’étais le médecin, je fais le serment que c’est une calomnie. Ils s’aimaient beaucoup, leur mariage était arrêté ; mais il ne s’est rien passé entre eux qui pût faire rougir une vierge. Sans affectation et sans pruderie, Robespierre évitait, arrêtait même, les conversations libres. Ses mœurs étaient pures. »
  • Et que le conventionnel Monnel écrit dans ses papiers, arrangés et publiés sous le titre de Mémoires d'un prêtre régicide: « On a répandu que cette fille [Éléonore] avait été la maîtresse de Robespierre. Je crois pouvoir affirmer qu’elle était sa femme ; d’après le témoignage d’un de mes collègues, que Saint-Just était instruit de ce mariage secret, auquel il avait assisté. »
  • Au contraire, la sœur de Robespierre, Charlotte, rejette ces affirmations. Elle écrit d'ailleurs dans ses Mémoires : « Accablé d'affaires et de travaux comme il [Maximilien de Robespierre] l'était, entièrement absorbé par ses fonctions de membre de Comité de salut public, mon frère aîné pouvait-il s'occuper d'amour et de mariage? Y avait-il place dans son cœur pour de pareilles futilités lorsque son cœur était rempli tout entier de l'amour de la patrie, lorsque tous ses sentiments, toutes ses pensées étaient concentrées dans un seul sentiment, dans une seule pensée, le bonheur du peuple ; lorsque sans cesse assailli d'ennemis personnels, sa vie était un perpétuel combat? Non, mon frère aîné n'a pas pu s'amuser à faire le Céladon avec Éléonore Duplay. On peut juger s'il était disposé à s'unir à la fille aînée de Mme Duplay par un mot que je l'ai entendu dire à Augustin : "Tu devrais épouser Éléonore. - Ma foi, non." répondit mon jeune frère. »
  • L'un de ses adversaires à la Convention, Merlin de Thionville, rapporte : « Il est faux qu'il [Robespierre] ait eu l'honneur d'aimer les femmes, au contraire, il leur a fait l'honneur de les haïr. »
  • Jules Michelet, dans son Histoire de la Révolution Française, renchérit : « Pour Robespierre, il n'y avait pas à songer à lui donner une maîtresse. »

Les plans de la maison de la famille Duplay, publiés par Victorien Sardou, prouvent que l'Incorruptible n'aurait pu rejoindre Éléonore dans sa chambre sans traverser celle de ses parents.

On la laissa en liberté après le 9-Thermidor an II (27 juillet 1794). Mais elle alla volontairement s'enfermer avec Élisabeth (qui avait épousé en 1793 l'un des collègues et amis de Robespierre, Philippe Le Bas), qui avait été traînée en prison avec son bébé âgé de six semaines. « Oh ! je ne t'oublierai pas de ma vie, écrivit par la suite Élisabeth Le Bas dans ses Mémoires, car sans toi j'aurais succombé ; mais par ton courage, tu as ranimé mes forces et tu m'a appris que j'avais une grande tâche à remplir que j'avais un fils, qu'il fallait vivre pour lui. »

Elle traversa la vie en silence, portant sans fléchir jusqu'à son dernier jour le poids écrasant d'un deuil hors de toute commune mesure. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise (Division 34) ; sa tombe se situe en contrebas de la division.

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Notes et références

  1. G. Lenôtre, Le mysticisme révolutionnaire: Robespierre et la « Mère de Dieu », Perrin et cie, 1926, 333 pages, p. 314.
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